
qui éft très-bonne ' & très-pure ; il attribuoit ce
changement au dégagement de Ton caujlicum vola-
tilile par la chaleur quia lieu dans le mélangé. J'ai
regarde cette expérience comme très-importante,-
& je 1 ai répétée de la manière fuivante :
Expérience cinquième*
” verfé quatre onces à'huile de vitriol fumante
de Saxe dans huit onces d'eau diftillée. Amefure
que cet acide tomboit dans l'eau, il yexcitoit un
mouvement plus confidérable & un bruit plus fort
que ne fait Y huile de vitriol concentrée ordinaire :
jl y avoir une efpèce d'effervefcence violente, &
les builes qui s’élevoient à la furface de la liqueur
la faifoientjaillirengouttelettes à quelque diftance.
Comme il paroiffoit fe dégager un fluide élaftique
de ce mélange, j’ai plo/igé une bougie dans la partie
vide du bocal qui le concenoit ; elle parut y
brûler un peu mieux que dans l’air ordinaire, -mais
cette différence n’étoit que très-légère. Les va-
peuis blanches que 1 huile de vitriol de Saxe exhale,
augmentèrent, ainfique fon odeur fulfureufe,dans
le moment de fon mélange avec l’eau 5 mais elles
cefferent très-promptement. Il y eut une chaleur
affez femblable à celle que produit Y huile de vitriol
ordinaire avec l’eau. Lorfque le bruit & le mouvement
eurent ceffé, l ’efpnt de vitriol formé par
cette combinaifon, étoit d’une couleur jaune. En
l'agitant, il fe dégageoit de tous les points de ce
liquide de petites bulles qui ve.noient crever à
la furface avec le pétillement léger qui annonce
& accompagne ordinairement une effervefcence.
Cette liqueur pefoit deux gros plus que l’eau fous
le volume d une once 5 ellen’exnaloic plus ni fumée
ni odeur quand elle eut acquis la température de
11 degrés, quiétoit celle du laboratoire. On-la mit
dans une cornue de verre, à laquelle on adapta un
récipient fans le luter. On chauffa ce vaifléau à feu
nu , & en graduant la chaleur avec précaution, il
ne paffa point de vapeurs blanches, mais on apper- "
çut affez promptement des gouttes de liqueur très*
blanches, qui fe raffemblèrent dans le récipient. La
liqueur de la cornue étant bouillante, les gouttes
qui diftilloient^ fe fuccédèrent plus rapidement,
mais ne furent accompagnées d’aucune vapeur fen-
iible. Apres neuf heures de feu on avoir obtenu
environ huit opces de flegme très-blanc, d’une'
faveur légèrement acidulé, rougiffant fans détruire
la couleur do tournefol, ne fai fan t. pas d’effervef-
cence avec- ie fel fixe de tartre ou le tartre crayeux
ayamrune petite odeur d’acide fulfureux, & pefant
dix-huit grains plus que l’eau fous le volume d’une
once. Il reffoit dans la cornue à peu près quatre
onces d une liqueur moins foncée en couleur que
1 huile de vitriol de Saxe , & n’en ayant plus qu’une .
oiangee; elle ne fumoit point, & a voit même moins
o odeur que le flegme du récipient,- elle pefoit
vingt-deux grains de moins que Y huile de vitriol
employée fous le volume d’une "once > ce qui dépend
delà portion qui s’étoitvolatilifée avec l’eau.
Qn diftilla jufqu’à lïccité ces quatre onces dans la
même cornue : l'acide paffa en vapeurs ; il étoit
abfolument fans couleur; il pefoit fix gros de plus
que l’eau diftillée fous le volume d’une once de ce
dernier fluide. Il reftoit dans la cornue un léger
enduit alumineux , femblable à ceux des précédentes
expériences. Je ferai obferver que cette-dif-
tiilation eft la feule qui nous ait donné une huile de
vitriol très-blanche & très-claire , & que s’il ne
s'agiffoit que de purifier l ’acide noir de Saxe, on
pourroit employer cette , addition d'eau pour la
rectifier.
» L’eau a donc la propriété de faire difparoître les
vapeurs de Y huile de vitriol de S a x e , & de détruire
le fel volatil concret que cet acide donne par l’action
de la chaleur. Mais comment opère-t-elie ce
changement? Cè qui a été expofé jufqu’ici annonce
que ce fel doit fon état concret à une grandequan-
tité de gaz fulfureux, fixé & diflôus dans l’acide
vitriolique très-concentré.
»» On a vu qu’en mêlant cet acide vitriolique
fumant , & furtout le fel concret avec de. l’eau, il
fe dégage avec un mouvement & une effervefcence
confidérables une grande quantité de gaz fulfureux:
c’eft à ce dégagement de l'acide fulfureux aériforme
que font dues, & la ceffation des vapeurs qu'exhale
Y huile de vitriol de Saxe dans fon état ordinaire , &
: la propriété de ne plus donner de fel concret par
la diftiilation. L'exiftence de ce gaz dans l'acide
vitriolique fumant eft donc la caiife des phénomènes
particuliers que préfente cet acide ? L’ eau,
en fe combinant avec Y huile de vitr io l, produit de,
la chaleur qui volatilife tout à coup Je gaz fulfu-
reux, & détruit conféquemment les propriétés que
ce gaz donne à l’acide.
Expérience [txieme►
» Quelque doux que foitle feu que l’on emploie-
dans la diftiilation de Y huile de vitriol de Saxe pour
obtenir Ton fel concret, ce dernier eft toujours
d'une couleur fale plus ou moins brune iorfqu’on.
veut retirer, tout cè que l’acide fumant peut en
fournir par une première diftiilation. C ’eft pour
cela que Chriftian Bernhardt confeille de la rectifier,
& jnfifte beaucoup fur cette fécondé opération.
J'ai mis pour cela quatre'onces de fel acide concret
brun-noirâtre dans une cornue de verre dont
le bec étoit fort large ; j’y.ai adapté pour récipient
un flacon dont l’ouverture étoit affez exactement
bouchée par. le col de la cornue; j’ai eu foin de
faire refroidir cevaiffeau en le couvrant de linges
trempés dans l’eau froide. La cornue futpofée fur
un bain de fable qu’on échauffa avec beaucoupde,
précaution. La première-impreflîon de la chaleur
fit fondre le.,fel, qui prit la forme d’un liquide
noir, & il en Sortit une grande quantité de vapeurs
blanches qui remplirent en un moment Ie jlaeon.
Lorfqu’an veut avoir promptement ce fel rê&ifié,
cômme ôn ne peut point fe fervir de lut ordinaire , 1
11 faut choiftr une cornue dont le bec avance vers
le milieu du récipient : fans cela la vapeur blanche
fort par les jointures fans pénétrer dans le ballon.
L'air échauffé de celui-ci repouffe cette vapeur qui
paroît beaucoup moins élaftique.que lui ^ & la refoule
vers le col du récipient. Le refroiaiftement
du ballon', joint à cette première précaution, facilite
& accélère beaucoup la concrétion du fel en
le condenfant, ainfi que l'air des réeipiens. Après
une demi-heure de feu, la partie fupérieure du flacon
prefenta de petites houpes falkies blanches &
criftallines, qui, augmenta n t peu.à peu, formèrent
parla réunion d'aiguilles brillantes & farinées, des
efpèces de faifeeaux difpofés en rôles ou en foleils,
dont les rayons salongeoient à mefure que les vapeurs
fe condenfoient; il romboit en même te ms
par le bec de la cornue quelques gouttes de liqueur
légèrement colorée, & bientô: on vit fe former
dans le fond du flacon plufîeurs concrétions arron- .
dies, d’abord blanches, enfuite brunes & reffem-
blant parfaitement à ces champignons de couleur
de rouille, qui croiffent rapidement fur les vieilles
fouches humides & pourries. Ces concrétions
avoient pour bafes quelques aiguilles blanches ra-
mifiéés, fur lefqueSles il fe dépofa une. matière
grenue, d’un brun-clair, dont l’affemblage donna
la forme arrondie qu'on y remarquoit. Cescr-iftaux
pefoient enfembie un peu plus de trois onces.
« Voilà donc les deux fëls différens diftingués
par Chrifiian Bernhardt ; le premier aiguillé &: plus
volatil que l’autre, dont le tiffu eft grenu, la couleur
un peu brune & la volatilité moins grande ;
mais ce dernier n’eft pas réellement different du
premier, & il n'a de la couleur & une forme grenue,
que. parce qu’ il eft fali par. un peu d [huile de vitriol
c o l o r é e & parce qu’il provient de vapeurs plus
denfes & qui fe criftallifent plus confufément.
» Ces deux fels rectifiés confervent leur forme ;
& leur nature lorfqu’ils font- dans.un vaifleaii bien
bouché & à une température au deffus de 30 degrés.
Si on les expofeà l’air ils exhalent une vapeur blanche
très-épaiffe, une odeur forte d'acide fulfureux,
& une partie fe réfout en une liqueur comme hui-,
leufe, d'une couleur brune-claire, qui ne fume
plus lorfqu’on la tient quelque tems à l'air. Ils fe
fondent dans l’eau avec chaleur & en produifant
lui bruit femblable à celui d’un fer rouge qu’on
plonge dans ce fluide ; ils excitent dans ce mélange
une violente;.effervefcence due au dégagement du
gaz fulfureux,v& ne donnent plus enfuite que de
i’efpiit de vitriol un peu coloré, & le décolorent
même en partie »ils fe réfolvent très-promptement
en liqueur ; enfin ils préfentent tous les caractères
d’un acide vitriolique concret, modifié par une
combjnaifon gazeufe particulière ,. comme je crois
l'avoir démontré dans ce Mémoire. »
H u i l e d e s m é t a u x . A l’époque où les chi-
miftes.avoient. donné.le nom èY huile au principe
inflammable qu’ils admertoient dans une foule de
corps, & furtout dans les corps combuftibles ,
ils nômmoient huile des métaux celle qu ils ad-
mettoient dans les fubftances. C’étoit le phlogif-
tique de Stahl. {Voye^tarticle P h l o g i s t i Q U E . )
H u i l e d e s p h i l o s o p h e s . Rien n’eft moins
philofophique que cette dénomination donnée a
Y huile graffe diftillée fur du fable. ( Eoy*T l ‘aniclc
IT u i l e d e b r i q u e s , & l'article IT u i l e e i x e . )
H u i l e s e m p y r e u m a t i q u e s . On nomme en
chimie huiles empyreumatiques les produits huileux
obtenus des matières végétales & animales
foumifes à la diftiilation à feu nu. Ces huiles font
| noires, épaiffes, fétides & fouvent ammoniacales.
Leur odeur forte & âcre eft en même tems
! tenace & perfiftante. On doit les confidérer comme
i des efpèces d’huiles volatiles, qui tiennent en fnf-
; penfion du charbon, & qui font plus ou moins
chargées d’acide acéteux , fouvent même d’acétate
ammoniacal ou de queîqu’autre fel à bafs, &
avec excès d’ammoniaque.
Quand on les foumet à la diftiilation à un feu
doux, on en extrait unehu ile légère affez colorée,
qui laiffe un réfidu huileux, noir, épais & ficcatif
comme un bitume.
C e s huiles ont même beaucoup d’analogie avec
les bitumes-, & il paroît que lorfque les matières
végétales enfouies dans la terre prennent le caractère
bitumineux, elles éprouvent une décom-
pofition analogue à celle que le feu leur fait
éprouver.
Comme c’eft ordinairement des bois ou de matières
végétales ligneu.fes en général qu’on obtient
les huiles empyreumatiques , elles ont une
odeur forte & piquante de fumée, qu’on rapporte
toujours à la combuftion du bois fans flamme, qui
excite l’ëternu.ement, le larmoiement 8i la toux,
& qui forme la fuie dans les tuyaux des poêles &
des cheminées où elle eft reçue. On avoit nommé
acide pyroligueux cette vapeur odorante, conden-
fée en liquide & mêlée avec Y huile empyreumatique
végétale. 11 eft aujourd’hui reconnu qu’au lieu
d’être un acide particulier, comme on l’avoit cru,
ce corps n’eft que de l’acide acéteux , tenant un
peu d'huile empyreumatique en drffolution.
Toutes les huiles empyreumatiques végétales fe
reffemblent, & font à très-peu près de la même
nature. : • • ■
Quant aux huiles empyreumatiques animales, outre
qu'elles font plus fétides que les premières ,
, elles ne contiennent point toutes de l’acide acéteux
comme celles-ci, mais de l’ammoniaque &
quelquefois du pruffiate ammoniacal. C ’eft à la pré-
fence de cette ammoniaque huileufeque font dues
la fétidité & la ténacité de leur odeur. C’eft auffi
en diftillant ces huiles à un feu doux, en leur fai-
! Tant fubir une efpèce de re&ification, qu’on pré