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l'acide carbonique, & il fe forme de l'acide acétique;
mais elle ne produit pas un atome d'alcool :
avec le tems elle fe pourrit & exhale une odeur
fétide.
LÉPIDOLITHE, nom moderne d'une efpèce
de pierre que quelques minéralogiftes regardent
comm. une variété de talc. Cette pierre a une
pefanteur de 2,8. ; le couteau l'entame facilement:
fa pouffièré eil douce au toucher ; les mafiès ont
l'afpedt granuleux j & préfèntent des paillettes
d'un blanc nacré.
Au chalumeau elle fe bourfoufle, & donne un
globule de verre tranfparent que le nitre rend
violet. M. Kiaproth y a trouvé, par l'analyfe, 54
parti, s ne lilice , 38 d'alumine, 4 de potaffe & 2
d 'e a u & moins-d'une partie d'oxide de fer & de
manganéfe. M. Vauquelin y indique les proportions
fuivantes : filice 54, alumine 20, potaffe i8,fluate
de chaux 4 , oxide de manganèfe 3 , & oxide de
fer ï . On diftingue la lêpid&lithe, la me 11 iforme ,
la fquamiforme, la tranfparente, la violette & la
blanche.- On la trouve dans le Tyrol, dans la Moravie
, dans file d'Elbe, &c.
LESSIVE, LESSIVER. Dans les arts & dans
les ufages économiques, on nommelefjivc la liqueur
alcaline qui réfulte de la foude fur laquelle on pafîe
de t’eau , & qu'on aiguife fouvent avec un peu.de
chaux, pour former une portion de foude caufti-
que par l’enlèvement de l’acide carbonique. On
fait tremper les linges fales dans cette liqueur
plus ou moi-s chargée & chaude, pour les dé-
gpaiffcF, les nétoyer & les blanchir. On dit dans
ce fens, Cire la lejfîve, couler la lejfîve, parce
qu'on fait pafîer ordinairement plufîeurs fois de
fuite la liqueur alcaline à travers le linge placé dans
le haut d'un cuvier: on nomme auffi lejfîver l'art de
faire cette opération.
En chimie on nomme fouvent lejfîve toute liqueur
employée pour laver ou lejfîver des matières
quelconques, & fur tout des pouffières, des précipités,
de s fek mêlés, des poudres végétales, &c.
( Voye% L-AVAGL. )
Lessive des savoniers. On nomthoit ainfî
autrefois, dans les laboratoires de chimie, la dif-
folution de potaffe, & furtout celle de foude, rendue
eauftique par la chaux, & affez concentrée
pour qu'elle pût agir fur l’huile & la convertir en
fa von. C'eft à cet art qu’eft due la première préparation
connue d'alcali rendu eauftique par la
chaux, & c’eft de là que le nom de la lejfîve alcaline
lui a-voit été donné. On nomme aujourd’hui cette
liqueur dijfolution de potajfe ou de foude. ^ Voye^ les
articles Potasse , Soude & Savon. )
LEVAIN. On nomme levain la pâte levée ou
fermentée que l'on mêle avec la pâte fraîche pour
lui donner la propriété de fermenter & de lever à
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fon tour. Les boulangers réfervent ainfî , fous le
nom de levain, une petite portion de la pâte levée
pour la fabrication du pain du lendemain. C'eft un
véritable ferment deftiné à communiquer fît propriété
à une quantité de farine convertie en pâte,
beaucoup plus confidérable que la fienne, propre.
On ignore encore la nature de ce ferment; on ne
fait pas fi c'eft une matière particulière d'abord
toute contenue dans la farine & qui s’en développe
par la fermentation, ou fi elle eft formée
dans la farine par ce mouvement inteftin. Aucun
chimifte n'a encore analyfé le levain comparé à la
pâte de froment récente , & c'eft cependant un
objet de la plus grande importance. On fait feulement
qu'il s'aigrit avec beaucoup de promptitude^
qu’il communique dans ce cas fa faveur aigre
au pain , & qu'il contient de l'acide acétique. Quelques
chimiftes penfent qu'il eft le produit des trois
fermentations commencées ; favoir : de la vineufe
de la part de la matière fucrée, de l'aeéteufe de
la part de l'amidon, & de la putride de la part
du glutineux. ( Voye1 iarticle Fermentation
pannaire.)
L E V E E . On nomme ordinairement levée de
criftaux dans les laboratoires de chimie , la couche
de fels criftallifés qu'on obtient lorfqu'on
fait évaporer & refroidir les diffolutions falines
faturées. On dit ainfî première levée, fécondé levée,
troifîéme levée de criftaux , pour défîgner la première
criftallifation, la fécondé, la t^oifîème, obtenue
d’une même difîolution. ( Voye\ les mots
C r ista l l isa t io n , Sels.)
LEyURE. La levure eft cette écume épaiffe,
ou cette matière jaunâtre écumeufe , vifqueufe
& légère1 qui fe forme & s'élève au defîus de la
bierre en fermentation. Il paroît qu'elle eft formés
par la matière du ferment même qui fe fépare de
la liqueur à mefure que celle-ci pafîe à l'état vineux
& prend le caractère de liquide fermenté.
Si cela eft comme quelques chimiftes modernes
le penfent, la matière de la levure feroit toute
contenue dans l'orge ; mais cette affertion n'eft
pas encore prouvée , quoiqu'elle ait beaucoup de
vraifemblance.
Je ne connois qu’une indication des principes
conftituans de la levure , & par conféquent qu'ua
premier efTai d'analyfe de ce compofé très-remarquable
; c’eft celui qui a été donné par Lavoifîer
dans/on beau Mémoire fur la fermentation, & dans
fes Elément de Chimie. En recherchant la eouver-
fion de principes qui a lieu dans la formation de
l'alcool, ce chimifte habile annonce que la Levure
de bierre en pâte eft formée de près de trois parties
d’eau & d'une partie de levure fèche, & que
cette dernière contient à très-peu près fur cent
parties foixante parties d'hydrogène, vingt-huit
parties de carbone, dix d’azote & deux d’oxi*
gène»
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Ce premier réfultat, donné par Lavoifîer fans
qu'il l’ait accompagné du récit des moyens qu’il a
employés pour l’obtenir, ne fournit encore que
peu de lumières fur la nature de ce fingulier produit.
Il femble l'annoncer comme un hydrure de
cirbone un peu azoté & très-peu oxigéné , &
cela eft bien loin de fatisfaire la curiofîté qu'on
porte aujourd’hui dans les analyfes chimiques. C'eft
donc encore un fujet neuf & qui refte à traiter aux
chimiftes; mais c'eft èn même tems un des fujets
les plus difficiles à traiter, & qui demande le plus
de perfpicacité & de travail délicat autant que
fôutenu.
Il faudra rechercher fi la levure eft la même matière
que le ferment: contenu dans le fuc de raïfîn ,
auquel eft due la propriété de ce fuc, de paffer à la
fermentation vineufe ; fî ce ferment exifte auffi
dans les fucs de pommes, de poires, de cerifes &
dans tous les fucs de fruits qui fermentent & fe
convertirent fpontanément en vins & en alcool;
enfin, fî c’eft le même qui exifte dans la pâte de
la farine de froment, & qui forme le levain de cette
pâte.
On n’emploie la levure de bierre que pour donner
à la pâte de farine fine la propriété de lever , &
l'on fait qu'il la rend beaucoup plus poreufe, légère
& facile à digérer, que ne le fait le levain.
C'eft pour cela qu'on la mêle furtout au pain léger
& délicat qu'on nomme communément pain mollet.
Ce pain eft tout rempli d’yeux, & il a une pâte
très-fine, très-légère, qui fe digère promptement,
& ne convient qu’aux eftomacs foibles, à ceux
qui ne font pas beaucoup d’exercice. ( Voye% les
articles ALCOOL, BlERRE, FERMENT ÔTeRMEN-
TATION. )
LEUCITE, nom donné par Werner, Emmer-
ling & Kiaproth, à une pierre qu’on avoit d’abord
appelée grenat blanc, & que M. Haüy a nommée
depuis amphigene. ( Voye^ ce dernier mot dans le
Supplément. )
LEUCOLITHE, nom donné par quelques minéralogiftes
allemands & par M. Daubenton, à une
pierre, efpèce de fchorl blanc d’autrefois, que
M. Haüy nommepyenite. ( Voyez ce mot. )
LEUTTRITE, nom donné-par quelques minéralogiftes
modernes à une marne d’un blanc-gris
ou jaune, & qui eft très-phofphorique quand on i
la frotte, même avec un cure-dent. Quelquefois 1
elle forme des géodes remplies de criftaux de car- :
bonate de chaux..On la trouve à Leuttra, près j
d’Yéna en Saxe, où elle fert d’engrais. Sa dénomination
eft, comme on voit, tiréedulieu où elle
eft offerte par la nature.
LÉVIGATION, LÉVIGER, nom peu employé
aujourd'hui, d'une opération par laquelle
on réduifoit en poudre fine, fur un porphyre,une
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matière dure , telle qu'une pierre, une mine, un
oxide métallique, & en général toute fubftance
| très*confiante qu’on a de la peine à réduire en
! particules très-fines, & que cependant on eft obii-
I gé d’amener à cet état de divifion pour pouvoir la
! foumettre, ou à l'analyfe, ou à diverfes opérations
j chimiques. ( Voye\ Poudre, Pulvérisation ù
Por ph yrisa tio n . )
LIE, nom communément donné dans les arts
& dans l’économie domeftique, à une ponfîière
plus ou moins criftalline, pu groffiçre & impure ,
qui trouble quelques liqueurs & ne s’en dépofe
que lentement. On dit dans ce fens, lie de vin , lie
a huile ; tirer de defîus fa lie l'une oul’aurre de ces
liqueurs, le vin ou l'huile rempli de lie.
Lie de v in , c'eft une pouffièré graveleufe, grofe
fière, rouge ou blanche, quife trouve au fond des
tonneaux où l'on conferve le vin ; elle eft plus ou
moins groffière ou fine, abondante ou rare, lourde
ou légère, colorée ou incolore, fuivant la nature
des vins qui la dépofent. La lie eft du tartre ou
tartrite acidulé de potaffe, mêlé de quelques fui-
fates, furtout de celui de potaffe, combinée avec
une matière colorante peu foluble dans l’eau , &
qu’on peut purifier pour en obtenir du tartre pur
ou tartrite acidulé blanc. Comme elle eft ordinairement
délayée dans une certaine quantité de vin
lorfqu’on la tire des tonneaux , dont elle forme ce
qu’on appelle la baiffière dans les caves, on la dif-
tille d’abord pour en obtenir de i'eau-de-vie, ou
bien on la convertit en vinaigre avant de la brûler,
pour avoir I’efpèce d’alcali impur qu'on nomme
cendres gravelées. ( Voyeç les articles CENDRES
gravelées , T artrite acidulé ù V in. )
Lie d'huile , Amurca, efpèce de fécule groffière,
grafîe, qu’on trouve au fond des huiles
lorfqu'on les a fâiffé dépofer. Il feroit utile de
l’examiner avec foin ; elle pourroit conduire à
quelques découvertes fur les huiles fixes & fur
leur différence d'avec les volatiles.
LIEGE. 1. Le liège eft l’épiderme n aturellement
renflé & plus ou moins épais d’une efpèce
de chêne qui croît abondamment en Efpagne, en
Italie & dans quelques départeméns méridionaux
de la France, formant les anciennes provinces de
Gafcogne, de Provence & de Rouffillon. C'eft
furtout dans tes Pyrénées qu’il eft abondant. On
le détache de l'arbre lorfqu'ii a pris l'épaifîeur &
la confiftance convenables, en allumant autour un
feu qui le deffèche & lui fait prendre une autre
courbure que celle qu'il avoit fur l’arbre. On l’enlève
auffi en faîfaht des incifions. On le trempe
dans l'eau pour le ramollir; on le fèche après
fur des charbons ardens , enfin on le charge de
pierres pour le rendre droit, & en former des
efpèces de planche ; c ’eft ce qu'on nomme liège