
” 1 g Après trois ou quatre grandes infpiradons
Il fentit une gêne dans la poitrine 8c un étouffe-
msnt qui ne lui permirent pas d'en refpirer davantage
^ maigre l'envie qu'il en avoir.
» 2°. Prefqu auffitôt fa vue fe troubla , fon teint
devint livide 8c fon pouls s'accéléra.
? )°- Il éprouva dans la tête un bourdonnement
qui croiflbit avec une fi grande rapidité-, qu'il lui
fembloit qu'on battoit le tambour près de fes
oreilles.
” 4°- Ses forces l’abandonnèrent abfolument ; il
tomba de fachaife, étendu par terre. Là, les yeux
troubles 8c dirigés vers le ciel, il ne pouvoit
parler, refpirer ni faire aucun mouvement, il
éprouvoit en même'tems une défaillance, un mal-
aife, comme lorfqu’on eft près de perdre con-
noiffance. 11 confervoit cependant la faculté d'entendre
ce que l'on difoit autour de Juij ce qui le
jeta dans une grande inquiétude, fuivant ce qu’il
dit apres que la parole lui fut revenue, parce que
quelques perfonnes, effrayées de fon état, dénia
nd oient qu'on le relevât, & qu'on lui donnât
du fecours tandis que M. Pi die t & ceux qui
avoient la même opinion que lui, perfuadés aue
M. Vauquelin étoit dans la plus douce des jouif-
fancés, défendoient de le toucher. Éprouvant
donc un grand mal-aife , craignant de perdre entièrement
connoiffance, 8c même de périr, on
doit croire qu’il defiroit ardemment qu'on le tirât
de cet état, 8c que les difcours qu'il entendoit fur
fon compte'n étoient pas très-tranquillifans 5 mais
ne pouvant parler ni faire aucun ligne pour ma-
mfefter fon delir, il fut abandonné â la nature ,
dans la perfuafion où l'on étoit qu'il fe trou voit
bien.
. ” Après trois ou quatre minutes d'une immobilité
parfaite , le jeu de la poitrine fe rétablit.
M. Vauquelin fit une grande infpiration, la parole
lui rev int8 c au bout de quelques inftans il put fe
lever. 11 conferva , pendant plufîeurs heures, un
étonnement dans la tête, un tremblement dans les
jambes, & le lendemain il rendit quelques filets
de fan g dans fes'crachats, mais fans douleur.
» Il femble réfulter de ces.expériences, que le
Zal oxide a a^te produit véritablement des effets
fur ceux qui le refpirent ; que ces effets font différents
fuivant le tempérament 8c la fenfibilité des
individus 5 que ceux éprouvés par MM. Thénard,
Thierry & Vauquelin paroiffent être fort analogues
à un commencement d’afphyxie, 8c qu'il eft.
vrai femb labié que, fi ce dernier a voit pu en refpir
rer davantage, ou s'il avoit été plongé dans une
atmofphère de ce gai 3 il auroit indubitablement
P5r^? c°nnoifiance, & peut-être même péri s'il
eut éré fans fecours.
” ^ olls fommes très-portés à croire que c’eft à
un commencement d’afphyxie qu'il faut attribuer
meme les fenfations vcduptue sfes que plulieurs i
individus paroiffent avoir éprouvées en Angleterre
par la refpiracion du ga£ oxide d'àiote, &
cela nous paroît bien d'accord avec ce que l’on
tait fur les perfonnes qui ont été foumifes aux
premiers effets de la ftrangulation, à ceux de l’air
altéré par la combuftion du charbon, parla fermentation
du raifin, &c. »
Ga z o x i g e n e . Le gai oxigene, qui a d’abord
porte le nom d'air vital, enfuite celui dega? oxl- gyne3 que quelques auteurs anglais ont nommé
empyiee, eit la portion de l'air atmofphérique ,
qui feule fert à la combuftion & à la refpiration
ou a 1 entretien de la flamme & de la vie. Il y eft
tellement néceffaire, que fans lui ces deux phé-
nomenes naurment^pas lieu. On a longuement
aetaiüe les propriétés aux rhots air 8c chimie : j'ai
iurtout înfifté dans ce dernier article fur la fuc-
cefiion des découvertes qui font dues à l’illuftre
a voilier, 8c j ai fait voir comment ces découvertes
avoient établi fur des bafes folides. la doctrine
pneumatique, dont la création eft due à cet
homme immortel, 8c qui a reçu de grands déve-
^aisPemenS eS â È S t0US *GS fran-
On doit donc regarder le gàr oxigene comme le
plus important des fluides élaftiques ; on doit étudier
tout ce qui le concerne , avec beaucoup de
loin, & méditer les vérités qui conftïtuent fon
hiitoire : celle-ci comprend les plus beaux & en
même tems les plus généraux réfultats de la fcience
cnimique, en même tems que les plus nombreufes
applications de la chimie à toutes les branches de
la lcience de la nature , te les que la combuftion
oc la decombuftion, l'acidification 8c la défacidi-
hcation, l’oxidation 8c la diffolution des métaux'
la mineralifation, la végétation 8c l'animalifation *
i une Sel autre confidérées, dans toutes les fonctions
qui appartiennent, comme autant dé caractères
propres, aux végétaux 8c aux animaux.
Four bien faire concevoir l ’utilité 8c l'importance
de cette étude, je donnerai ici une courte
notice d un Traité que j'ai conçu il y a dix ans,
dont j ai.meme commencé la rédaction, que des
affaires multipliées m’ont empêché de continuer
& que j efpère reprendre au premier loifir qui me
fera accorde., , n
Cet ouvrage, fous le 'titre d’Oxigénologie, eft
deltiné a prouver que l'hiftoire de l'oxigène em-
Drafle dans toute fon étendue le vafte fyftème des
connoiffances chimiques. 11 fera compofé de quarante
chapitres, divifés comme il fuit :
Dans le premier, j'expoferai l'hiftoire de la découverte
de l’oxigène, fi Iong-tems caché dans le
lein de la nature.
Dans le fécond chapitre je ferai connoître les
diverfes dénominations qu'il a reçues à différentes
époques, 8c les raifons de chacune de ces dénominations.
Dans le troifième je parlerai des différens états
de l'oxigène en général; je le confidérerai fous
forme folide, dans l’état liquide 8c dans l'état
gazeux ; je comparerai fes principales propriétés
caraPériftiques fous cette triple forme.
Dans le quatrième je traiterai de l'oxigène fluide
élaftique ou du gaz oxigène, 8c par occafion de la
nature de cet état, comparé à celui de liquide 8c
de folide, de la diffolution gazeufe dans le calorique
, de l’influence du calorique 8c de la lumière
fur la production .des gai.
Dans le cinquième, j ’étudierai le gai oxigene fai—
fant partie de l’air atmofphérique, qu'il conftitue
comme fervant à la combuftion,'8cc-
Dans lefixième, je m’occuperai du paffage de
l’oxigène, de l'état de gai à l'état liquide ou folide,
de l'efpèce de précipitation plus ou moins
complète de fon difiolvant qu'il éprouve par le
paffage.
Dans le feptième, je décrirai l’oxigène fe fixant
dans les corps combuftibles , avec dégagement
fenfible de calorique 8c de lumière, 8c par con-
féquent de la combujlion rapide , l'un des plus beaux
phénomènes, 8c l’un de ceux dont la chimie moderne
a le plus exactement réfolu le problème.
Dans le huitième, j’examinerai l’oxigène fe fixant
dans les corps combuftibles, fans dégagement fenfible
de calorique 8c de lumière , ou de la combuftion
lente, efpèce de phénomène qui, pour avoir
été long-tems inapperçu des favans, n'en eft pas
moins l’un des plus fréquens dans la nature, 8c
l'un des plus utiles à bien connoître.
Dans le neuvième, je déterminerai la proportion
de calorique 8c de lumière, dégagée par les
différens corps combuftibles du gai oxigene, au moment
où il quitte, en s'y fixant, la forme gazeufe
pour devenir plus ou moins folide. Ce chapitre,
l’un des plus inftruCtifs dans fes réfultats, eft en
même tems peut-être celui de tous qui prouve le
mieux combien les procédés 8c les inftrumens des
chimiftes jnodernes l’emportent par la précifion
8c l ’habile induftrie, fur tous ceux qu’on poffédoit
dans les laboratoires avant la brillante époque où
Lavoifier s'eft ouvert la route à l’immortalité par
fes belles expériences 8c fes précieux appareils.
Dans le dixième, je ferai voir l'oxigène fe dégageant
des corps où il a été fixq, reprenant une
forme moins folide ou plus condenfée que celle
qu'il quitte, paffant même à l’état de fluide élaftique,
8c je montrerai ce phénomène affez frappant
par fa fréquence 8c fon influence fur beaucoup
d’autres phénomènes de la nature 8c de l'art,
pour mériter le nom de decombuftion que je lui
ai donné.
Le onzième chapitre aura pour objet l'influence
de la lumière fur le dégagement du gai oxigene :
on fait qu’elle eft telle que fouvent le gai oxigene
fe dégage par le feul contaèt des rayons du foleil
avec les corps qui contiennent la bafe de ce corps
gazeux.
• De fujet du douzième chapitre fera la préfençe
de l'oxigène dans l'eau qui le contient, comme
principe couftjtuant à la quantité de,o^8j, & à
laquelle il communique des propriétés très-remarquables.
Ce chapitre roulera fur une des plus
belles 8c des plus extraordinaires découvertes qui
a fignalé le dix-huitième fiècle, celle de la nature,
compofée de la décompofition 8c de la formation
artificielle de l'eau.
Les chapitres 13, 14 8c 1 y feront confacrés à
l’hiftoire de l'oxigène contenu dans les acides,
conftituant le principe de l’acidité. J'y confidérerai,
i° . l'acidification comme un des plus grands
phénomènès de la nature, 8c l'un des plus beaux
réfultats des connoiffances acquifes aujourd'hui j.
1°. la furoxigénation de plufîeurs acides, 8c les
caraPères qui les diftinguent dans cet état ; 30. les
propriétés que la proportion diverfe de l'oxigène
fait naître dans les différens acides. Ces chapitres
offriront fpécialement la preuve la plus forte 'des
grands progrès que la fcience a faits dans les vingt
dernières années, 8c de la clarté que les nouvelles
découvertes ont répandue fur des points de
théorie qui n'avoient, jufqu'à ces découvertes ,
préfenté que des hypothèfes invraifemblables 8c
incohérentes.
Les chapitres 16 8c 17 comprendront l’examen
de l’union des métaux avec l'oxigène, l'hiftoire
de l’oxidation métallique, dont la connoiffance
après avoir éré pendant plufîeurs lïècles le fujet
de beaucoup d'hypothèfes, eft une des plus belles
conquêtes des expériences pneumatiques faites
par les modernes. La théorie de la défoxidation
ou de la réduction des métaux fera jointe à celle
de l ’oxidation j 8c ce double problème, qui n'a
été réfolu que vers 1776 par Lavoifier, quoique
fa- fqlution ait été entrevue près d'un fiècle 8c
demi auparavant, fera traité avec tous les déve-
loppemens qu'il exige.
Les chapitres 18 8c 19, continuation de l'hiftoire
de l'oxigène, confédéré dans fes combinai-
fons avec les matières minérales, offriront ce
corps comme principe des faveurs 8c même de la.
cauftieité des compofés minéraux, 8c en fixeront
les attrapions pour les mêmes matières. On le
verra donc jouant le principal rôle dans les altérations
chimiques que la nature 8c l'art font fubir
aux fofliles, 8c déterminant les principales propriétés
qui les carapérifent.
. Les fept chapitres fuivans feront deftinés à étudier
l'influence de l’oxigène fur les compofés végétaux.
Après avoir indiqué, dans le chapitre 20
la préfençe de ce principe dans les matières végétales
en général, je le fuivrai (chap. 21 ) , ai,;fi
que fes effets fe fixant dans ces matières, 8c modifiant
leurs couleurs j chap. 21, facilement ab-
forbépar les couleurs, 8c finiffantpar les détruire;
chap. 23, fe précipitant dans les huiles, opérant
leur concrétion, formant les beurres, les fuifs
végétaux 8c les cires végétales; chap. 24, déterminant
la formation des acides.de ce règne 8c
préfidant en quelque forte à l'acidification qui y
eft fi fréquente 5 chap. 25, obëiffam à des attise