
de défoxi dation, & qui pourroit n'être qu’rfne
fimple union de l'ammoniaque > eft beaucoup plus
forte & va plus loin lorfqiron emploie la chaleur.
Alors il fe dégage du gaz azote ; l’-hidrogèrie de
l'ammoniaque le porte fur l ’oxigène de l’oxide , &
forme avec lui de l’eau s l'oxide paffe au brun,
& même à la fin à l'état entièrement métallique.
M. Berthoiet s’eft fervi de cette expérience pour
trouver la nature de l’ammoniaque & pour déterminer
la proportion de ces principes par celle .de
l'azote dégagé en gaz.
82. Quoique le cuivre contracte aifémènt de la
rouille & du vert-de-gris par les diffolutions dès
matières falinesqui le recouvrent & où il plonge,
il n’a cependant qu'une très-foible aétion fur la
plupart des fels. Il ne décompofe point les fulfates
a froid ni à chaud. Laiffé, & furtout bouilli avec
la diffolution d’alun, il s'oxide & fe diffout en
partie à raifon de l'acide fulfurique excédant que
ce fel contient. Il paroît d’ailleurs que le fulfate
de cuivre, qui fe forme dans ce cas, s'unit en fel
triple au fulfate d'alumine & de potaffe , comme
il s’unit aux fulfates de zinc & de fer également
en fels triples. C'eft pour ceia que l’alumine, précipitée
de l’alun , dont la diffolution a féjourné
quelque tems dans des vaiffeaux de cuivre , a une
légère teinte de bleu.
85. Les nitrates, & fpécialement celui de po-
taffe ou le nitre commun, brûlent le cuivre, l'oxi-
dent, mais fans inflammation ni détonation fen-
fibles ; il n'y a que de légères ftintillations quand
le cuivre eft fondu & rouge, ou bien quand on jette
le cuivre en limaille fine fur du nitre en fufion dans
un creufet. Il fe forme par ce procédé un oxide
de cuivre brun mêlé de potaffe : quand on le lave
avec de l’eau , l ’alcali eft diffous & il ne refte que
de l'oxide de cuivre pur, qu'on prépare ainfi pour
quelques atrs , & notamment pour la fabrication
des émaux. Cette efpèce d'oxide fe fond facilement
en verre brun ou marron.
84. On affure, dans beaucoup dp livres de chimie
, que la diffolution de muriate de foude diffout
du cuivre par l’ébullition. Eller a même calculé
que huit onces de fel avoient diffous vingt,
grains de cuivre Wallerius a remarqué que ce métal
, fondu avec le muriate de foude & expofé en-
fuite à l'air, fe couvroit promptement de vert-de-
gris : & tout le monde fait que du fel gardé quelque
tems & humeéié dans des vaiffeaux de cuivre,
les couvre de vert-de-gris avec beaucoup de facilité
5 mais cet effet eft dû à l'eau & à l'air plutôt
qu'au fel, & celui-ci ne paraît pas recevoir d'altération
dans fes principes.
Le muriate d'ammoniaque eft décompofé par le
cuivre à l'aide de la chaleur j il fe dégage du gaz
hidrogène & du gaz ammoniaque : pour produit,
il refte un muriate de cuivre. L'ammoniaque liquide
qui en faitauffi partie, en raifon de l'eau contenue
dans le fe l, eft toujours colorée, en bleu , en raifon
d’un peu d'oxide de cuivre- quelle entraîne. La diffolution
de muriate d'ammoniaque agit aufïi fur le
cuivre, & elle fe colore en bleu toutes les fois
qu’on la laiffe féjourner dans des vaiffeaux de ce
métal. L’oxide de cuivre décompofe également,
par la diftillation , le muriate d'ammoniaque, &
donne même du carbonate d’ammoniaque s’il
contient de l'acide carbonique.
On fait en pharmacie deux préparations avec le
muriate ammoniacal & le cuivre ; l’une, portant le
nom d'ens Veneris ou dé fleurs ammoniacales cui-
vreufes, n’eft autre chofe que ce fel coloré par un
peu de muriate de cuivre. Pour l’obtenir, on fu-
blime du muriate d’ammoniaque avec à peu près
un foixantième de fon poids d’oxide de cuivre vert
dans deux terrines pofées l’une fur l’autre, ou
dans un chapiteau de verre qui recouvre un pot
de terre : il n’y a, comme on v o it , que très-peu
de muriate ammoniacal décompofé, & celui qui
fe fublime entraîne avec lui le peu de muriate de
cuivre formé. L'autre préparation pharmaceutique
eft nommée* eau célefte, à caufe de fa belle couleur
bleue. On laiffe féjourner, pendant dix à douze
heures, une quantité quelconque d'eau de chaux
avec le fixième de fon poids de muriate d'ammoniaque
, dans une baffine de cuivre. La portion
d'ammoniaque dégagée par la chaux diffout quelques
parcelles de cuivre, & colore toute la liqueur
de la couleur bleue dont cette diffolution efLconf-
tàmment nuancée. On peut faire l’eau céleftè dans
un vafe de verre , en ajoutant un peu de limaille
ou de copeau de cuivre, ou même d'oxide de ce
métal, à l'eau de chaux & au muriate d'ammoniaque.
85. Le muriate furoxigéné de potaffe brûle très-
promptement , & enflamme même le cuivre fans
l'allumer à la vérité par le choc , mais: feulement
par le contaéi d’un corps embrâfé, & furtout du
charbon rouge.
Les phofphates, les fluates, les borates & les
carbonates n'ont d'autre aétion fur lê cuivre que
par l’eau dans laquelle ils font diffous 5 & cette
aétion , comme beaucoup de celles qui ont été
décrites jufqu’ic i, eft aidée finguliérement par le
contaét de l'air.
f l . Il n'y a point de métal qui foit plus utile
que le cuivre après le fer, auquel il cède, & dont
il n’a pas toutes les propriétés & tous les états
variables. Tout le monde fait qu’on fait une multitude
d’inftrumens & d’uftenfiles avec le cuivre.
Les vafes qui vont au feu en font furtout fabriqués,
parce qu’il s’ altère beaucoup moins que le
fe r , & parce qu’il eft en même tems beaucoup
plus facile à travailler. Ses alliages avec le zinc &
l'étain font employés pour un grand nombre de
befoins des arts & de la vie. Malheureufement ce
métal, dont on ne peut pas fe paffer, agit comme
poifon fur l'économie animale, & c’eft un des
corps qui menacent le plus notre exifteoce. Il
feroit fort à defirer qu’on le profcrivît au moins
;dan$ les ufages économiques & domeftiques. Déjà
des lois fages l’ont défendu dans la vente du-fel, 1
du lait & de plufieurs alimens 5 mais il fera bien j
difficile de fubftituer les vafes de fer battu, comme i
on l’a propofé, aux vafes de cuifine en cuivre. Les j
fontaines, les réfervoirs, les tuyaux , les robinets, j
faits avec ce métal ou fes alliages , ne font pas |
moins dangereux que les cafferoles, & Souvent i
même ils font plus pernicieux, parce qu'on, ne les
foigne pas autant qu'on le fait à l’égard des vaiffeaux
qu’on voit tout entiers d'un feul coup
d’oeil, & qui fervent plufieurs fois par jour. On
ne fauroit prendre trop de foin, d’attention & de
prudence dans i’ufage de tous les uftenfiles de
cuivre. On verra par la fuite que fes oxides font
extrêmement fufceptibles de fe diffoudre dans les
grailles, les huiles & la plupart des corps gras qui
fervent aux apprêts de nos. alimen?. Un étamage
.fréquent eft le plus fûr rempart contre ce terrible
ennemi. A plus forte raifon doit-on entièrement
l’exiler de la matière médicale interne ,& ne peut-
on jamais fe permettre de l’employer à l’intérieur
du corps. On doit même ne l’appliquer à l’extérieur
que dans des circonftances rares, & ne le
laiffer féjourner que très-peu de tems fur la peau
& en topique lorfqu’il eft indiqué, foit comme
léger cathérétique, foit comme deflîccatif.
87. Malgré les dangers du cuivre, fi redoutables
& fi connus , on a propofé, & quelques médecins
emploient plufieurs préparations cuivreufes à l ’intérieur,
furtout le fulfate de cuivre t l ’oxide de
cuivre ammoniacal, les fleurs ammoniacales cuivreufes
: on a même été jufqu’à leur attribuer des
propriétés très-énergiques & des fuccès prefque
merveilleux dans les maladies les plus difficiles à
guérir, comme le cancer, la paralyüe, les tumeurs
intérieures, la dyfphagie y Scc. : néanmoins lès |
médecins les plus fages & les plus prudens redoutent
avec raifon l’emploi de ces remèdes, toujours
dangereux & fi rarement utiles ; ils ne les prefcri-
vent, à l’extérieur même, qu’avec la plus grande
circonfpeétion.
88. Outre les ufages fi variés & fi multipliés du
cuivre fous la forme métallique, on emploie plufieurs
mines & plufieurs préparations de ce métal
dans un grand nombre a ’arts. Les fulfures pyri-
teux fervent à la fabrication du fulfate de cuivre,
par leur effiorefcence fpontanée & leur lixiviation:
on le fabrique encore en brûlant un mélange \
de foufre & de cuivre. On taille, on polit les ma- 1
lachités pour les bijoux j on allie fans ceffe le:
cuivre vie c le zinc & l'étain, pour fabriquer le
laiton, couler des ftatues, des cloches, des pièces
d’artillerie, &c. Ses divers fels & oxides entrent
dans la préparation des couleurs pour les peintres
; des bains, des apprêts & des mordans pou*
la teinture ; des émaux, des couvertes pour les
poteries & les porcelaines, des verres colorés.
C u iv r e ,./ / . ( Métallurgie.) Art dé la fonte
des minéraux de cuivre. C’eft un métal imparfait,
Ch im i e . Tom. I V .
d'un rouge éclatant, très-fonore, dur & duélile.
Il diffère des autres métaux, non-feulement par
fa couleur, mais encore par le fon, qu’il poffcde
à un plus haut degréque tous les autres. Son poids
eft à celui de l'o r , comme quatre eft à neuf. Il
eft moins peTant que l'argent ; il n’y a que le fer
qui foit plus dur & plus difficile à fondre que lui.
11 rougit long-tems au feu avant que d’entrer en
fufion > il donne à là flamme une couleur qui tient
du bleu & du vert : un feu violent & continué
diflîpe une portion de ce métal fous la forme de
vapeurs ou de fumée, tandis qu'une autre partie
eft réduite en une chaux rougeâtre qui n'a plus fa
forme métallique : c’eft ce qu’on appelle chaux de
cuivre. Quand ce métal eft en fufion , le conta61 de
la moindre humidité lui fait faire une explofion
très-confidérable & dangereufe.
La nature ne nous préfente que rarement & en
petite quantité le cuivre fous fa forme métallique,
j il faut qu’il foit tiré des minerais qui le
contiennent, 3t feparé d’une infinité de fubftances
étrangères qui contribuent à le mafquer, comme
quartz, fpath & autres pierres & terres. Voyez
au mot Filons , comme le minerai de cuivre fe
trouve dans le fein de la terre, & au mot Mines ,
les "differentes manipulations du triage , du bo-
cardage & du lavage qu’il faut lui faire éprouver
avant que de le foumettre à la fonte ; nous ren- ;
voyons auffi le leéteur à la Minéralogie y il y trouvera
la defcription des différentes variétés des ■
minerais de cuivre} notre objet n’étant ici que de
traiter des procédés par lefquels on retire ce métal
de fes minerais après qu'ils ont été fuffifam-
ment nétoyés & caffés.
Outre la gangue ou matrice des minerais de
[ Cuivre qu’on leur enlève par le triage , bocardage ’
& lavage, ils contiennent fouvent une grande
quantité de foufre & quelquefois de l’anenic
qui fervent de minéralifateurs au cuivre , dont il
eft néceffaite de le dégager afin qu’il paroiffe fous
fa forme métallique.
Il y en a qui, avant que de fondre les minerais
de cuivre, les font griller une ou plufieurs fois afin
d’en diflîper une partie du foufre, d'autres les fondent
crus, d’où il réfulte une matte qui contient
encore beaucoup de foufre , à laquelle on donne
î plufieurs feux de grillage afin d’en diffiper cette
{ fubftance volatile.
I Les grillages dominerais de cuivre, ainfi que
f de fes raattes, fe font dé différentes manières ï
I; Sehlütcer en donne cinq principales : i° . en rafe
| campagne & à l’air libre ; i ° . fur une aire en-
I tourée de murailles fans toit; 30. fous un toit ,
}; mais fans que l’aire foit entourée de murs ; 40, fur
S une aire murée & couverte d’un to it, ce qu’ on
: nomme hutte a griller; y°. enfin, il y a une autre
manière de griller, qu’on nomme brûler ou cal-
cinèrle minéral ; elle fe fait dans un fourneau de
î réverbère , fur une aire, au deffus de laquelle eft
| une voûte*
Q