
nature des compofes végétaux & des plantes, permet
auflî d’expliquer les effets & la théorie des
engrais. On fait aujourd'hui que les végétaux
abforbent par leur racine une eau chargée d’une
matière brune, qu'on regarde comme une ht-
drure de carbone ou carbone d’hyürogène., fui-
vant la proportion de fes principes. C ’eft en effet
à cet état que la matière organique fe réduit par
la décompofition fente & naturelle. Or * comme il
faut* pour l’accroiffement des plantes & pour la
formation des matériaux qui les conftituent, une
quantité proportionnée à leur végétation * de carbone
& d’hydrogène, on conçoit que l’intro-
duèlion de ce corps dans leurs filières, au moyen
de l’eau qui s’y innnue comme dans des tubes capillaires,
doit accélérer la compofition des matières
qui rempliffent leur tiffu. L’eau elle-même,
la chaleur & la lumière, le conta# de l’air atmof-
phérique, contribuent en même tems aux progrès
de la végétation & à l’entretien des phénomènes
dont elle offre l’enfemblé.
Voilà l’idée la plus fimple & la plus exa#e que
J’on puiffe donner des engrais. On voit d’après
.cela qu’il n’eft pas permis de ranger dans cette
.claffe, ou de compter parmi les véritables engrais,
la craie, la marne, le crou, le fahlun, qu’on jette
fur la terre trop forte, trop grade, trop vifqueufe
& trop froide, ou qu’on mêle avec le fol trop
denfe , pour la divifer , y retenir moins d’eau, la
faire pénétrer plus également. L’argile, mêlée
aux terres fableufes, arides, pulvérulentes, feroit
autant engrais Xts précédentes. Il faudroitauffi
y affocier le plâtre , la chaux, le fei, les coquilles
broyées, dont on fefert dans quelques contrées j
encore ces dernières contiennenfc-elles une matière
animale qui peut être confidérée comme
engrais à mefure qu’il fe décompofe, & qu’il peut
porter de l’hydrure de carbone dans la terre,
ENS MARTIS. On nommoit autrefois ens
■ martis ou fleurs ammoniacales martiales le fel ammoniac
ou muriate d’ammoniaque fublimé avec
un peu d’oxide de fer dans des terrines ver-
niffëes. Ce fublimé, d’une couleur jaune, contient
un peu de muriate de fer qui colore le muriate
d’ammoniaque. On ne fait plus aujourd’hui
cette préparation dans les pharmacies , parce
qu’elle n’eft plus prefcrite par les médecins.
ENS VENERIS, nom ancien du fel ammoniac,
fublimé avec un oxide de cuivre dans deux terrines
verniffées, placées l’une fur l’autre dans un
fourneau. Il contenoit un peu de muriate de cuivre
qui coloroit en vert le muriate d’ammoniaque:
on le nommoit fleurs ammoniacales cuivreufes ou
muriate et ammoniaque cuivreux fublijné. Quelque
petite que foit la quantité de cuivre contenue dans
-ce fublimé, les médecins ne l’emploient qu’avec
beaucoup de circonfpe#ion : il eft aujourd’hui
^entièrement -abandonné.
EPIDERME. Quoiqu’on n’ait pas encore fait
une analyfe exa#e du tiffu de l’épiderme, les expériences
que l’on a faites fur la peau , & les effais
auxquels on la foumet tous les jours dans plufieurs
arts, ont déjà prouvé que cette membrane extérieure
, écailleufe, prefque inorganique, qui recouvre
de toutes parts la peau humaine, & qui
n’exifte pas avec la même apparence & la même
énergie dans les animaux, a un tilfu & fans doute
une conftitution différente de la peau proprement
dite ou du derme. On avoit déjà obfervé
que la peau, plongée dans le jus de tan, n’en
étoit pas pénétrée du côté de Yépiderme lorfque
le débourrement n’a pas été complet. On diftingue
la face de la peau qui regarde Yépidtrme par le
nom de fleur, & celle qui s’applique aux mufcles
par celui de chair.
M. Chaptal a pouffé plus loin l’obfervation-des
différences entre Yépidtrme & le derme j il a remarqué
qu’en faifant bouillir la peau humaine dans
l’eau, elle fe fépare en deux parties diftin#es :
le cuir ou derme fe contracte, s'épaiflit & prend
la coniîftance d’un cartillage ramolli avant dé fe
convertir en mucilage gélatineux, tandis que l’é*
piderme refte fans fe ramollir ni fe diffoudre.
Les leflives alcalinesüiffolvent promptement &
facilement Y épiderme ; ce dont on s’apperçoit par
le conta# gras & doux des leflives cauftiques.
L’eau de chaux ramollit, détache & diffout auffi
Vépiderme j c ’eft ainfi qu’elle agit dans le débour-
rement, pour lequel on l’emploie avec fuccès.
M. Chaptal, d’après ces obfervations , compare
Yépiderme à la matière qui revêt la foie. On voit
par-là que cette membrane mérite toute l ’attention
des chimiftes.
ÉPIDOTE, pierre nommée ainfi par M. Haüy,
à caufe de la forme de fa molécule intégrante, &
qui avoit été nommée fchorl vert du Dauphiné par
Delifle, delphinitte par Sauffure, thallite par Karf-
ten, Lamétherie & Daubenton j arendalite akan-
tic&ne par Dandrada , rayonnante vitreufe par Brochant.
On le trouve au ci-devant Dauphiné, près le
bourg d’Oifans,aux Pyrénées, près Chamouny dans
les Alpes, dans le Valais en Suiffe, à Arenaal en
Norwège, dans la Caroline du fud en Amérique,
& fans doute dans beaucoup d’autres lieux encore.
Sa pefanteur fpécifique eft de 5,4529.
Sa dureté eft telle , qu’il raie le verre & fait feu
avec le briquet.
Sa réfra#ion eft fimple : il n’a pas d’éle#ricité
par la chaleur, & il n’en acquiert qu’une foible
par le frottement.
Sa pouflière eft blanchâtre dans ceux de France,
d’un jaune-verdâtre dans ceux de Norwège. C’eft
de la couleur verte de fa roaffe qu'avoit été tiré le
nom de thallite, & de'la jaune-verdâtre de fa pouf-
fière le nom d’'akant icône, qui veut dire pierre de
fçrin*
if eft vert-foncé, olivâtre ou jaune-verdâtre, ]
ou gris.
Sa forme primitive eft un prifme rhomboïdal.
M. Haüy en a décrit fept variétés de forme déterminable,
& deux de forme indéterminable.
On a récemment trouvé, dans le Valais en Suiffe,
une variété grife de Yépidote , dont M. Haüy n’a
pu parler dans fon Traité de Minéralogie. Sa. forme
eft la même, quoique la couleur diffère. M. Laugier
vient d’en faire l’analyfe pour s’affurer fi elle
contient les mêmes principes que celles qui avoient
déjà été analyfées par MM. Defcotils & Vau-
quelin.
On verra, par le tableau ci-après, que les trois
épidotes analyfées ne contiennent pas feulement
les mêmes principes, mais à très-peu près les
mêmes proportions de ces principes.
É f l D O T S E p ID O T È E p ID O T S
du Dauphiné. d'Arendal. du Palais.
M. Defcotils. M. Vauqaelin. M. Laugier,
Silice............... 37,0 B.. ••• 37,0 ......... • 37>°
Alumine....... 27,0 . . . . i 6 36
Chaux............. 14,0 . . . 1 3 ; ° ......... . 20,0
Oxide de f e r .. 17,0 . . . . 13,0
Oxide de mané
Eau & perte.. ••• M ......... . 1,8
100,0
-------Perte.
IC©,0 . 1,0
100,0
ÉPONGE. U éponge eft un tiffu animal, membraneux
ou fibreux, élaftique , du#ile, qui eft
fabriqué par les polypes nombreux qui l’habitent.
L’analyfe chimique montre dans Y éponge tous les
cara#ères d’ un compofé animal y elle brûle en répandant
une fumée épaiffe & une odeur fétide :
elle donne beaucoup d’ammoniaque & d’huile
empyreumarique à la diftillation ; elle eft diffolu-
ble dans les leflives alcalines cauftiquesy elle jaunit
par l’acide nitrique, & donne la réfine & la
matière jaune, criftalliney amère, inflammable, dont
ü fera queftion à l’article de I’Indigo j elle fe
pourrit, fe déchire, & fè réduit en une gelée pu-
trilagineufe lorfqu’elle eft long-tems macérée dans
Peau.
ESPRIT. Les chimiftes ont pendant long-tems
employé le mot efprit pour défïgner un grand nombre
de liqueurs volatiles & odorantes, obtenues
par la diftillation.
A une certaine époque, ils ont même donné ce
nom à un de leurs elémens qu’ils admettoient partout
où il y avoit en même tems odeur & volatilité,
en lui attribuant la caufe de ces deux propriétés.
Cette opinion de Paracelfe fur un efprit
élémentaire eft entièrement abandonnée & regardée
comme une erreur depuis plus d’un fiècle y
mais là dénomination à!efprit, appliquée à différentes
liqueurs, a fubfifté jufqu’en 1787 , époque
de l'établiffement de là nomenclature méthodique.
Voici les principales efpèces de ces ejprits> d’après-
l’ordre alphabétique.
Esprit acide. On employoit fouvent ce nom
pour défigner les liquides afgres-qu’on obtenoit par
la diftillation du bois, du papier, du pain, des
fourmis, &c. C ’étoit de l’acide acétique huileux.
Esprit alcalin volatil. C’étoit l’ammoniaque
liquide obtenu de la diftillation du muriate-
d’ammoniaque avec trois fois fon poids de chaux
éteinte & un peu d’eau. On chaufroit ce mélange
dans une cornue de grès, à laquelle on adaptoie
deux ballons qu’on refroidiffoit avec des linges
mouillés. On perdoit beaucoup de gaz ammoniac
dans cette opération, & celui qu'on obtenoit
à la faveur de l ’eau ajoutée, étoit fale , huileux
& empyreumarique. Ce mauvais & ancien procédé
a duré jufqu’à la découverte du gaz ammoniacal
, de fa diffolubilité dans l’eau de l’ap-
I pareil de Woulfe. ( Voyt£ l'article Ammo-'
niaque. )
Esprit-ardent. Ancienne dénomination d&
l’alcool, ( Poye% ce mot. )
Esprit de" corne de cerf, nom donné à la-
liqueur chargée dé carbonate d’ammoniaque &c
d’huile empyreumatique, qu’on obtient dans la
; diftillation de la corne de cerf a la cornue. ( Voyeç
Varticle CORNE DE CERF. )
• Esprit de Mendïrerus. On nommoit ainfi'
du nom dü médecin qui en a propofé l’emploi
comme médicament, 1 acétate d’ammoniaque, à?
caufe de fon odeur vive & de fa volatilité; ( Voye'ç
■ l'article Acétate d’ammoniaque. )
Esprit de nitre , ancien nom de l’acide nitrique
& furtout de l’acide nitreux fumant. On
; l’eftimoit d’autant plus, qu’il étoit plus rouge, &
' qu’il exhaloit une fumée plus épaiffe de la même-
• couleur. ( Voye\ Acide nitrique. )
Esprit de nitre d u l c i f i é . C ’étoit le mé~
| lange de l’acide nitrique & de l’alcool.
Esprit de nitre fumant. On défignoit par
; ce nom l’acide nitreux bien rouge, exhalant de
| fortes vapeurs rutilantes.-
Esprit de sel , dénomination de l’acide mu-
: riatique fumant,.qu’on obtenoit avant la connoif-
fance des-gaz & du procédé de Woulfe , en dif-
tillànt du fel marin avec l’acide fulfurique dans*
une cornue de grès ou de verre , à laquelle on-
adaptoit deux ballons. Ceracide étoit jaune~citri«: