
plus ou moins étendus de coquilles, des empreintes
de poilTons & des madrépores follïles ; ce qui a
fut penfer à quelques modernes", & particuliérement
à M. Parmentier, que le charbon de terre
avoir été formé dans la mer par le dépôt & Pal té-
ration des matières huileufesou graiffeufes des animaux
marins. La plupart des naturalises le regardent
comme le produit d’un réfidu des bois enfouis &
altérés par l’eau & les fais de la mer. On rencontre
fouvent au deffus du charbon de terre des plantes
& des bois en partie reconnoiffables & en partie
convertis en bitume charboné. Il paroit que c’eft
à la décompofition d’une invmenfe quantité de végétaux
marins & terreftres., & à la réparation de leur
hnile unie à de l’alumine & à de la matière calcaire
qu’eft due fa formation. On ne peut pas nier que
des matières animales n’encrent aufli dans fa coih-
pofition. ■.
2°. On exploite les carrières de houille comme
les mines, en creufant des puits & des galeries, &
en détachant ce bitume à l’aide de pics ou efpèces
de pioches. Les ouvriers qui la retirent, font fou-
vent expofés au danger de perdre la vie par les
fluides élaftiques qui s’en dégagent. Cette efpèce
de mofette eft no mm ée.pouffe ou toujfe par les ouvriers}
elle éteint les lampes, & paroït être du gaz
acide carbonique. 11 fe développe aufli dans ces
mines une efpèce de gaz hidrogène carboné très-
délétère , qui produit quelquefois des explolîons
„ dangereufes.
3°. La houille eft très-abondante dans la nature.
On en trouve en Angleterre, en Ecofle, en Irlande
, dansle Hainaut, le pays de Liège, la Suède,
h Bohême , la Saxe, &c. Plufieurs départements de
Ja France en fourniffent beaucoup , & fpécialement
ceux qui remplacent la Bourgogne, le Lyonnais,
le Forez, l’Auvergne la Normandie, &c. Quoique
l’Angleterre furpaffe beaucoup la France dans
l’art d’exploiter la houille & de la faire fervir aux
befoins de la foriété ; quoique les Anglaisaient
fait de grandes dépenfes & de magnifiques travaux
pour cette exploitation , tels que lè canal fourer-
rain de Bridgweter, qui a près de cinq mille mètres
de longueur , la France poffède plus de riche fies
encore dans ce genre, que l’Angleterre ; & fou in-
duftrie, éveillée par le befoin, égalera bientôt celle,
de fes voifins & de fes rivaux»
4°. La houille a été difiinguée en charbon de
fiene ou charbon de terre , fuivant fa dureté & fa
friabilité} mais la manière dont elle brûle & les
phénomènes qu’elle préfente dans fa combufiion
fourniflent des caractères bien plus importa, s pour
en faire leconnoître les différentes variétés. Wal-
lerius en diftinguoit trois fous ce point de vue :
1°. le charbon de terre écailleux , qui refie noir après
fa combufiion , 2°. le charbon de terre compacte &
feuilleté, qui, après avoir été brûlé, donne une
matière fpongieufe, femblable à des fcories.$ 30. le
charbon de terre fibreux , comme le bois , & qui fe
séduit en cendres par la combufiion»
y0. LaAoH/7/e, chauffée avec le contadl de l’air 8e
celui d’un corps en combufiion, s’embrâfe "d’autant
plus lentement 8e difficilement, qu’elle eft plus
'pefaute 8e plus compacte. Une fois embrâiée, elle
répand une chaleur vive 8e durable, 8e elle elt long-
tems en ignition avant d’être confumëe : on peut
même l’éteindre 8e la faire fervir plufieurs fois de
fuite à de nouvelles combuftions. Sa matière inflammable
paroït très-denfe, 8e comme fixée par une
autre fubftance non combuftible qui en arrête la
deftruétion. Elle exhalé,en brûlant, une odeur forte
particulière , mais qurn’eft nullement fi hureufe
lorfque la houille eft bien pure 8e ne contient pas
de pyrites. Lacombuftiondece bitume paroït être
fort analogue à celle des matières organiques, en
ce qu’elle eft fufceptible de s’arrêter 8e d’être partagée
en deux tems. En effet, la partie combuftible
huileufe la plus volatile que contient la houille , le
diflipe 8es’enflamme parla première a&iondufeu}
8e fi, lorfque tout ce principe eft diffipé, on arrête
la combufiion, le bitume ne retient que la portion
la plus fixe 8e la moins inflammable de fon huile
réduite dans un véritable état çharboneux, 8e combinée
avec une bafe terreufe. C’eft par un procédé
de cette nature, que les Anglais préparent leur
coaks, qui n’eft que de h houille privée de fa partie
huileufe 8e fufible par l’a&ion du feu,
6°. On voit très-bien ce qui fe paffe dans l’aétion
du feu fur la houille , en chauffant ce bitume dans
des vailfeaux fermés 8e dans un appareil diftilla-
toire. On en obtient une eau ammoniacale, du carbonate
d’ammoniaque concret, une -huile qui fe
fonce en couleur, 8e qui devient plus pefante à
mefure que la diftillation avance. 11 paffe en même
< tems une grande quantité de fluide élaftique 8e in-
/ flammabîe, que l'on regarde comme une huile en
vapeur , mais qui eft du gaz hydrogène mêlé de
gaz azote, de carbone en diilolution 8e de gaz
acide carbonique. Il refie dans la cornue une matière
fcorifiée, charboneufe, qui eft encore fufceptible
de brûler : c’eft le coaks des Anglais. Si
l'on obferve avec foin l’aétion du feu fur la houille.
très-pure, on voit quelle éprouve un ramolliffe-
ment évident, & qu’elle fetnble paffer à uns demi-
iufion»Or, on conçoit que cet état pouvant nuire
à la fonte des mines * il eft effentiel de priver le
bitume de cette propriété» On y réuffit en lui enlevant
le principe dece ramolliffement, c’efi-à-dire,
j'huile qu’elle contient en grande abondance, &
en ia réduifant dans fin état analogue à celui du
charbon fait avec les végétaux. Il faut obferver que
l’ammoniaque fournie en affez grande quantité par
la houille favorife l’opinion de fon origine animale,
puifque, comme on le verra ailleurs , les corps qui
appartiennent à cette claffe de compofés, donnent
toujours de l’ammoniaque dans leur diftillation»
: Cette analyfe eft faite en grand en Ecoffe dans des
fourneaux particuliers établis par le lord Dondo-
nald;4’huile qu’on y recueille dans des réfervoirs
. refroidis par l’eau d’une rivière qui paffe par-deffus*
eft employée comme goudron : l’ammoniaque fert
aux fabriques de muriate ammoniacal, 8c le réfidu
eft un très-bon coaks. M. Faujas a tranfporté cet
art utile en France^ 8c les expériences qu'il a faites
au Muféum d'hiftoire naturelle ont très-bien réufli
en petit. Malgré cela, il n’y a cependant encore
aucun établiffement de ce procédé en grand. Après
la combuftionde la houille, fa cendre contient des
fulfates de fer, de magnéfie, de chaux, d’alumine,
ou bien les baies de ces Tels fi la combufiion a été
fort rapide.
7°^. La houille eft un combuftible partout utile,
mais finguliérement dans les pays où il n’y a pas de
bois. On l'emploie à tous les u/ages domeftiques,
& fans avoir à craindre les dangers que quelques
perfônnes ont attribués à fon ufage. La vapeur ful-
fureufe que l’on croit qu’il répand dans fa comhuf-
tion, ne doit pas être redoutée, puifque l’analyfe la
plus exaéle a prouvé à tous les chimiftes, que lorfque
la houille eft pure, elle ne contient pas un atome de
foufre. On voit d’après cela combien eft fauffe 8c
trompeufe la prétention de quelques hommes peu
inftruits, qui annoncent des procédés pour défou-
Frer ce bitume. Une autre confidération qui doit
engager à tirer tout le parti poflible de la houille,
furtout en France, c’elt que les travaux des mines
confommant des quantités énormes de charbon de
bois, il ëft à craindre que le bois ne manque quelque
jour. C ’eft fpécialement dans ces fortes de travaux
que l’indüftrie doit chercher à employer la
houille, comme le font depuis long-tems les Anglais.
Déjà fon ufage commence à s’ établir dans
beaucoup d’ateliers, & les faille 11 fes fonderies'de
fer du Creufot prèsMont-Cenis 8c Autun en offrent
un grand 8c utile exemple.
8°. La houille épurée, fauffement nommée defou-
frée, n’eft autre choie que celle qui a été privée de
fon huile par l’aéüon du feu. Cette efpèce de charbon
brûle fans fumée, fans ramolliffement, fans
odeur forre : c’eft, en un mot, du véritable coaks,
& , en raifon de ces propriétés, il eft préféré pour
les cheminées des appartemens.
Un des grands inconvéniens de la houille s outre
là fumée très-abondante & très-épaiffe quelle
«xhale* 8c qui noircit tous les meubles , c’ eft que
le courant d’air très-rapide 8é très-abondant qu’elle
exige pour fa combufiion, enlève8c volatilife une
partie de fes cendres, qui s'attachent fur tous les
corps environnans; mais on remédiera en grande
partie à ces deux inconvéniens par une conftru&ion
bien entendue des cheminées, & telle que le couvant
excité par fa combufiion foit tout entier entraîné
au dehors, 8c qu’il n’ y en ait aucune portion
refoulée dans les chambres.
La grande utilité que ce combuftible aura en
France, eft plus relative'encore aux arts 8c aux ma-
tnifaâurês de toutes lès' efpèces : on ménagera finguliérement
par fon ufage les bois pouf lé chauffage
& pour la conftru&iofl«
HUILE en général. Voilà un de ces mots dont
la définition exaéte& la connoiffance approfondie
intéreffent le plus les progrès de la fcience, & qui
mérite par conféquent d'être traité avec le plus de
foin. Les chimiftes du dix-feptième fiècle,enfe fer-
vant du mot huile comme d’une expreflïon vague ,
l'avoient préfentée comme un de leurs élémens :
c’étoit à peu près le phlogiftique de Stahl. Il y a
près d’un fiècle que cette expreflïon eft bannie de
la fcience.
Depuis cette époque, on a réfetvé cette dénomination
pour une matière provenante des végétaux
ou des animaux, & qui a pour caraâère un contaét
gras,une immifeibilité avec l’eau, 8c une combuf-
tibilité plus ou moins marquée. Comme on ne
trouve point de véritable huile appartenante aux
minéraux, on en a conclu que l’origine de ce corps
étoit due aux êtres organifês : on a même penlé
que les végétaux feuls formoient ce combuftible
compofé, 8c que l ’huile qu’on rencontroit dans les
animaux avoit conftamment une origine végétale, 8c paffoit toute formée dans leur corps , où elle
fubiffoit feulement quelque modification dépendante
furtout de Faction d’un acide. Mais cette
opinion n’eft plus regardée comme probable depuis
qu’un examen plus attentif des compofés animaux
y a fait reconnoïtre une difpofition très-prononcée
pour paffer à l’état huileux.
Toutes les propriétés qu’on a découvertes dans
les huiles en général, & I’analyfe exaéte qu’on en a
faite depuis les nouveaux procédés de la chimie
pneumatique, ont prouvé que le corps huileux eft
un compofé d’hydrogène 8c de carbone, contenant
fouvent une petite quantité de carbone 8c préfen-
1 tant une foule de variétés d’après les proportions de
cès trois principes. Voilà pourquoi toute huile finit
toujours par fe réduire au dernier terme de fon
analyfe en eau 8c en acide carbonique, quoiqu’ a-
vant ce terme, & par des décompofitions partielles,
elle fe convertiffe en acide acétèux-, en huiles d’une
autre efpèce, & en charbon ou fuie.
On voit aufli par cette nature générale de l’huile
pourquoi ce corps a delà tendance pour abforber
l’oxigène, 8c former avec lui des matières cotn-
buftibîes concrètes, qui- fe rapprochent plus ou
moins du beurre, du iiiif ou de la cire. Il eft d’ailleurs
facile d’expliquer, d'après l’analyfe de Vhuile,
pourquoi elle ne fe forme que dans les végétaux &
les animaux dont l’organifanon eft difpofée pour
donner naiffance à des compofés ternaires.
Les hu lesétant très-nombreufes & très-variées*
on a cherché à les daller méthodiquement , 8c on
a fuivi pour cela différentes méthodes, fuivant les
ffivferfes époques de la fcience. Autrefois on difiin-
gu oit des huiles minérales, des huiles végétales 8c
des huiles animales , mais on fait aujourd'hui qu’il
n’exifte point parmi les feffiles, à‘huile c\m n’ait une
origine végétale ou animale. On cara&érifoit les
huiles végétales par leur nature acide ou leur tendance
à former des acides, & les huiles animales
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