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LARMES, i. Les larmes fp,nt fournies par une
glande conglomérée , placée dans un.e ip.fle çreij-
fée a l'angle externe & fupérieure de l'orbite , foutant
par fix à fept petits canaux ouvert? daqs la
conjonctive , au ciefïus de la paupière fupérieure,
& coulant le long de l'oeil vers les.points laçry-
rniux. Elles n’ont pas été l'objet de recherches
fui vies. On les avqit reprefentées comme une li7
Oueur aqueufe un peu fajée * ne donnant prefr
qu'aucun réfîdu par l'évaporation j & Pierre Petit,
dans fon Traité curieux fur les larmes , occupé
tout entier de leur fourçe & de leurs rapports avec
les pallions , n'avait prefque rien dit de leur nature
L’illuftre Haller fe plaigno.it de cette difette
de fit its dans fa grande Pkyfiologie,* il s'étoit contenté
de çiter quelques exemples rares des çriftaux
falins qu'elle avoit montrés à Brqclçman, de ceux
d’une fayeur acide auftère que Schaper avp.it ob-
fcrvés dans une ophtalmie, du fan g qui s'y mêle
fouvent:, de la qualité douce qu'on l#ur avoir
trouvée dans quelques maladies. Plufieqrs oçça-
fîons heureufes de nous en procurer s'étant pré-
fentéss à nous en 1791, nous, en avons fait un
objet particulier de recherches , M. Vauquelin
& moi, & nous avons publie fur l’an^lyfe de çette
humeur dans le? Annales de Chimie, août de cette
même année, un Mémoire dont je vais offrir ici
le réfultat.
« 2. Nous nous fqmme? procuré de? larmes aflez
abondamment pour les foumettre à nos expériences
, foit- chez des perfonnes fujètes au larmoiement
& qui ont bien voulu les recevoir dans
de petits vailleaux de verre, foit en les faifant
couler plus abondamment par l'irritation mécanique
de? narine?, foit par l'effet du froid qui en
augmente la fortie chez quelques individus. Çette
hurpeur eft claire comme de l'ea,u, inodore, d'une
faveur falée, d'une pefauteur peu fupérieure à
celle de l'eau diftillée. Elle verdit le papier teint
avec les mauves & les violettes, fans que cette
çouleur fe diflipe à l'air : preuve- qu’elle eft due
à l'aCtion d'un alcali fix,e., Quand on lav chauffe,
elle offre à fa furface beaucoup de bulles permanentes,
comme une liqueur muqueufe. Évaporée
à fîccite, elle laiffe au plus <3.04. d'un, réfîdu fec
& jaunâtre d'une faveur âcre. Dans des vaifleaux
fermés elle donne beaucoup d’eau, quelques traces
d’huile & d! ’ammçjiiaque., 82 un charbon très-fa-
lin. L’incinération du produit de l'éyâppration
fpontanéq nous a montré du muriate de fou de,
du carbonate de foude , très-peu de phofphate
de fonde & de phof%hate de chaux.
” 3 - Les larmes 3 expo fées à l'air chaud & fec
dans un vaifleau plat, s'épaifliflent aflez promptement
, deviennent vifqueufes 82 filantes fans perdre
leur tranfparence y elles prennent, une couleur
ja.ii.n;â;tr-e & quelquefois verte. Il s’y forme, desi
cri.ftaux cubiques que l'alcool diffout fans toucher
q.;l_a. Partie muqueiu.fe & épaifle : ces,.çriftaux verdirent
le papier de mauve & annoncent un. exçqs,
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d’alcali. L'eau qui diflout fur le champ çn toute
proportion & délaie l'humeur lacrymale dans fon
état naturel, n’opère pas de même fur cette humeur
épaiflîe & devenue filante par fon expofîtion
à l’air, Çellerci y refte fufpen.dqe comme une matière
glaireufe, ou ne s’y diffbut que très-lente-^
ment, car l’eau moufle par l’agitation après avoir
féjpurné, long-tems fur cette matière. Voilà te conta
Ct de l’ajr qui enlève à une matière animale fa
diffpliihilité dans l'eau.
*> Le? diffblutions alcalines , qui n'ont aucune
a$ion fenfible fur ljïs larmes pures , diffolvent
promptement les larmes. épaifîies à l'air, & leur
rendent leur première liquidité avec leur première
tranfparence.
» L’eau de chaux , les diffolutions de haryte &
de ftrpntiane ne produisent aucun effet fur les
larmes zu moment de leur écoulements njaislorfi
qu’elles ont été quelque tems expofées à l’air,
elles troublent ces liquides, 82 donnent des précipités
de carbonates terreux très-fe-nfibles. Ce
phénomène eft du à ce que ces larmes çontiennen t
un peu de fopde pure, qui, attirant l’acide carbonique
atmQfphérique, §2 paflant peu à peu par
le contaét de l’air à l’état de carbonate alcalin,
devient ainfî fufçeptihte d’être déeompofé par les
djAblutions des trois terres dont l’attraétion pour
l’acide carbonique eft plus forte que celle de la
foude, L’a.lçooi forme dans les larmes des flocon?
blancs très-fenfibles, & en retient en diflolution
la plupart des. ÏÊm
»3 4. Aucun acide n’a d’a&ion fur les larmes au
moment où elles s’écoulent, & lorfquelles n’ont
éprouvé encore aucune altération. Il ne leur arrive
d’autre changement que la faturation de la
foude quelles contiennent ; de forte que la plus
petite'quantité d’acide fuffit pour les empêcher
de verdir le papier de mauve. Le réfîdu de leur
évaporation fpontanée fe comporte autrement
avec les acides. Une goutte d’acide fulfurique
concentré, jetée fur ce réfîdu, y produit une effer-
vefçence. très-fenfible, accompagnée d’une vapèur
blapche} il fe dégage de l’acide muriatique 82 de
l’acide;carbonique à la fois.} ce qui annonce la
déçompofîtion du muriate de foude contenu dans
cet a.cide, $2 du carbonate de foude qui s’v
forme par l’expofition à l’air. Les acides muriatique
8c açéteux ne donnent- au- contraire qu’une
légère, effervescence avec ce réfîdu fpontané des
larmes, parce qu’ils ne décompofent que le carbonate
de foude & ne dégagent que l’acide carbonique.
* L’acMe mnriatique oxjgéné eft un des,réactifs
qui. nous ont donné le plus de lumières fur la
nature des larmes- Déjà nous favions, par un.e ex-*
perience à laquelle on n échappe poinf dans les
laborattires erï aèhvité, que le contaél du gaz
acide muria.tiquo oxigéné épaifïit les. humeurs lacrymales,
au point de rendre difficile & douloureux
le., rno.pyement: des paupières fur le globe de l oeil.
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En verfant de l’acide muriatique oxigéné liquide
fur des larmes au moment où elles coulent de i'oe i,
il fe forme dans ce liquide une légère coagulation j
il fa précipite des flocons d’abord blancs, qui jaa-
niffent promptement par une plus grande proportion
d’acide. Ces flocons font indifïolubleà dans
l’eau. À mefure qu’ils fe forment, l’acide muriatique
oxigéné perd fon odeur âpre, & l’on recofi-
noît par-là qu’il cède fon oxigène à la matière animale.
Il n’y a pas lieu de douter que ce qui arrive
ici rapidement ne foit pioduic lentement par le
contact de l’air fur les larmes,• que ce n’eft, là
comme ici , qu’à la fixation de l’oxigène atmof-
phérique qu'on doive attribuer l’épailliifement &
la formation d'une humfêür blanche , comme pu-
riforirie , qui a lieu dans le fac nafa-1 iorfque les
larmes y féjo tir fient arrêtées par quelqu'obftacle.
Une’ légère compreflion , follicitée' chez les pei-
fonftesfujètes à l’obfiruétion de-ce fac par uni fénr-
timent de démangeai fon, fait for tir par les points
lacrymaux cette humeur épaiflie, jaunâtre, en petits
cylindres ou en gouttelettes alongées, plus ou
moins folides, moulées par lès branches de? fi- ,
phon? lacrymaux. On doit ajouter, à la vérité,
à cette aéfion de 1 oxigène atmofphérique l'évaporation
de l'eau comme eaufe de cet épaifliffe-
ment , puifque nous nous fommes convaincus chez
un fujet atteint d’une,obftruètion au fac nafal,
qu'il pouvoir extraire qùat-te fois plus-d’humeur
de ce fac engorgé , en l’exprimant toutes le?
heures-, qu’erï la- fâi'fant fortir toutes les quatre
heures. Le même épailfvfl'ement, dû à l'a'oforp-
tion: de l'ait par les larmes, 82 à l’évaporation
de' leur eau, donne naiftance à ces petites glèbes
d'humeur épaiffe ,. jaunâtre & concrète , qui fè
forment , pendant le fommeil, autour dé? caroncules
lacryrrialeS'.
w-é'. Il refaite' de cétte arfalyfe , que le? larmes
font formées- d’une' grand'© quantité' d’eau q-ut
tient en diffolution un müeilagé. animal qui n’eft
pas-albumineux , puifque les acides- (impies ne
le coagulent pas , mais d'une nattire' gélatineufe',-
ik plufieurs fubftànees fàiities', du muriate de
foüdè, de la foude fùire , du phofphate dé foude’
& du4 phofphate ;dè‘chaux. Ges- deux: derniers y
font' moins- fenfîbles que les dèu-x-premiers.- Un;
des caraétères'qiu diftinguent le plus éminemment
cette matière anïmâlé, c’eft la propriété qu’elle
a d’abforber promptement11'oxigène , &• de' former
des flocons épais-, concfe'ts , indi(ïb!ubles.
Quoique- les1 u'i iat'é & phofphare de' foude ÿ
foient en affcz1 petite' quantité , le premier' fuffit
encore pour dbrïner à céttë humeur ufife; fa-vetfr5
falée-, 82 pour lui permettre dé dépofer quélques1
criftnux falins au dehors dè fes cou-loirs', coftHne-
quelques-pbfèrvatiorts1 rares l-’ont-' fait vôiri
>3 Le phofphate'de: cfiaux , dont nèus'navôn?
trouvé que quelquesindicés léger? dansles larniës',
peut, à ce qu'il paroît', augmenter' en proportion
dan? ■ quelques^ çirconftàncfe?, dè fe féparer
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fous forme folide : c'eft ce qui donne naiftance
aux concrétions calculeufes qui fe forment quelquefois
dans la glande lacrymale , 82 qui fe dé-
pofent même en petits grains réparés autour de
cette glande. J'ai eu deux fois l’occafion d’anal y fer
cette concrétion, 82 j’en ai trouvé la baie folide
en phofphate calcaire.
LAVAGE. On nomme fouvent lavage, dars
les laboratoires de chimie, l’opération par laquelle
on lavé avec IVau diftillée les poudres , les précipités,
82e. 82 l’eau elle-même qui y a fervi. On
dit dans ce dernier Cens., eau . du. premier lavage,
ou Amplement premier lavage , eau du fécond , du.
troifiéme lavage, ou fécond & tràifiérne lavage. ( Ces
dénominations font nécèftaires pour fixer l’attention
de celui qui lit des deferiptions d’expériences
chimiques, 82 pour l ’empêcher-de perdre les ré-
fultats des recherches lorfqu'il s'agit de déterminer
les proportions dés principes ou élémens
conftituafis d’un compofé. )
L a v a g e . ( Métallurgie. ) C’eft une opération
aflez importante quoique très-fini pi eque l’on
i fait fur plufieurs. mines avant de les paffer aux
; fourneaux. Cette opération, ainfi qufe plufieurs
: autres manipulations préparatoires, eft décrite à
: l’article P r é p a r a t i o n d e s m i n é r a u x .
LAVES. On ’homme laves \es matières terreufes
: ou plutôt pîérreufes fondues ou liquéfiées par le
; fë'u' des vol'câns, & qu? fe’ répandent en coulant
: depuis leur bouche ou leur cratère, jufqü'à dés
diftance? plus ou moins confidérables.
Le? minéralogiftes modernes'qui ont le mieux
: traité cet objet, ont divifé le? laves en trois
I ordres";
! Le pfemièr Ordre comprend les laves lithoïdes
| ou- \e&ldves qui ont i’afpeél d’une pierre, 82 il fè
| divife en quatre genres} favoir : i°. les laves h-
| tkerides'bafaltîquës y criftallifées ôu à pans réguliers,
! qu’on nomme b afai tes ; i°. les laves lithoïdes pê-
' trdfiliceùfes, beaucoup plu? rares" que les précé-
; défîtes j 30. Le'S: laves lithoïdes feldfpatiques j 40. les
i laves lith'oïde's amphigéniqUes.
| Le fécond ordre renferme les laves vitreufes,
; C’éft-àLdire', cèlle?' qui ont plus ou moins l’appa-
! ténee d’unë matière vitrifiée. La-pierre obfidiène ,
le' Verre dé Volcâif, lé laitier de volcan ,-le perlf-
I rèindes! Allêmâr.dsyla pierre-ponce, forment les
i efpècè?1 où principaléS ' variété s de cet ordre.
Le troiuèmë ord'ré appartient aux laves feori-
\fèées 3 femblables aïix fcoiies des forges ou des
jfburheaii'x1} elle? font, ou maflives , ou arénacées,
; ou uniforfhes , ou mélangée?". ( f^oyeç le Dîïiion-
i riàiré & lès Traitée de viinéfcdogie. )
\ LAVURES. Ce- met s’emploie fouvent
|dans-lé§ arts chimique? pour'défignér le produit
; de métaux- précieux d'or 82 d'argent' qu’on extrait
1 i i i a