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eflayé d'en extraire du phofphore, nous en avons
traité trois cents grammes, comme on a coutume de
le faire à l’égard des os pour en tirer le phofphore,
& nous avons obtenu quinze grammes de cette
fubftance très-pure. Cette quantité de phofphore
eft à peu près la même que celle qu’on obtient
ordinairement des os, & il eft probable que nous
en aurions encore eu davantage fi la cornue n’a-
voit pas cafte avant que l’opération en fut entièrement
finie.
«Si par la première opération à laquelle nous avons
fournis Y ivoire frais, nous n’avons pu appercevoir
aucun veftige d’acide fluorique, celle que nous
venons de rapporter prouve qu’ il contient abondamment
de l’acide phofphorique, & probablement
autant que les os.
« La vapeur piquante qui fe dégage au moment
où l’on mêle de l’acide fulfurique avec l’ivozV* frais
calciné, ne doit pas être regardée comme une marque
certaine de la préfence de l’ acide fluorique,
parce qu’il fe produit, dans ce cas, un degré de
chaleur fi confidérable, qu’il fuffit pour volatilifer
avec l’eau une petite quantité d’acide fulfurique.
D’ailleurs, cette vapeur fe manifefte aufli pendant
le mélange de l’acide fulfurique avec les os, où l’on
n’admet pas d’acide fluorique.
« Nous pafions ici fous filence les détails de plu-
fieurs expériences que nous avons faites dans 1 intention
de découvrir dans les fubftances dont il
s’agit, l’exiftence de l’acide fluorique , telle que
leur analyfe, au moyen de divers réa&ifs, le mélange
de Y ivoire frais avec l’acide fulfuricjue, dans
un vafe de verre placé fur un bain de fable chaud,
& couvert d’un morceau de chapeau mouillé, lef-
quelles ont été fans aucun fuccès.
» Plufieurs chimiftes de Paris, ayant répété les
mêmes expériences fur l'ivoire, ont obtenu des
réfultats à peu près femblables aux nôtres.
i v o
« Quoique nous n’ayions pas trouvé d'acide fluc.
rique dans l’ivoir* frais ni uans l’émail des dents,
comme l’a annoncé M. Morichini,il n’en refte pas
moins confiant que ceux des ivoires foffîles qui ont
perdu leur matière animale, de quelque pays qu’ils
foient, contiennent quelques centièmes de leur
poids d’acide fluorique. Cette circonftance vraiment
fingulière femble indiquer que ces fubftances
fe font à la longue imprégnées d’acide fluorique
j ce qui en fuppofel’exiftence dansl’intérieur
de la terre, car foupçonner , avec M. Klaproth,
que l'acide phofphorique s'eft en partie converti
en acide fluorique, c’en faire une hypothëfe trop
éloignée de l’état aétuel de nos connoiflances pour
qu’elle puifle paroître même vraifemblable.
« Si l’acide fluorique exiftoit véritablement dans
Yivoire frais & l’émail des dents, il faudroit que
l’analyfe chimique le retrouvât dans les fubftances
végétales & animales , à moins qu’on ne fuppofât
qu’il fe développe dans'j’économieanimale vivante]
ce qui eft très-hypothétique & fans aucun fondement
raifonnable.
« Il paroïtdonc plus vraifemblable que, pendant
le long féjour de ces fubftances dans l’intérieur de
la terre, elles fe combinent avec l’acide fluorique,
foit que cet acide vienne de l’extérieur, foit qu’il
fe développe dans leur propre fubftance. Par la
première hypothèfe, l’acide fluorique feroit fup-
pofé par toute la furfaçe de la terre , puifque les
ivoires foJJUes trouvés dans des lieux très-éloignés,
contiennent également cet acide > dans la fécondé,
on feroit forcé d’admettre le changement de quelque
principe de l’ivoire en acide fluorique j ce qui
n’eft pas reconnu impoffible. A la vérité, comme
nous ignorons la nature de l’acide fluorique, nous
ne pouvons apprécier le mode & la caufe des
tranfmutations dont l’état a&uei de la chimie re-
poufte même l’exiftence. »
J A S
JADE. Le jade eft une pierre dure, verdâtre,
nommée néphrite ou pierre néphrétique par quelques
minéralogiftes.
Sa pefanteur fpécifique varie entre 2.95 &
5.38. t , . Elle fait feu avec le briquet & raie le verre.
Les ouvriers la trouvent dure & difficile à travailler
comme à polir.
Elle fe fond au chalumeau.
Le jade, nommé aufli jadien, isxifte dans les
montagnes des environs de Genève, & dans celle
du Muffinet, à deux lieuts de Turin.
On en diftingue deux variétés : i° . le jade néphrétique
, vert & très-dur, que l’on portoit en
amulette pour guérir la colique néphrétique j 20. le
jade tenace de Saufiiire > il eft blanchâtre ou lilas,
& ne fe brife que très-difficilement.
C’eft à cette efpèce qu’appartiennent aufli le
jade de Chine, la pierre des Amazones, les pierres
taillées par les fauvages, & connues fous le nom de
pierre de haches , de café-têtes , de pierres de l üe de
la Citconcifion.
JADIEN. J a d e , dont ce mot eft le fy- j
nonyme. )
JAIS. Quoique le mot jais foit fy nonyme de
celui de jayet, & s'applique fous ce rapport au
bitume qui porte ce nom , il exprime le plus fou-
vent l'efpèce de verre ou d’émail noir artificiel
avec lequel on fait les bijoux de deuil. On recon-
noît promptement & facilement le jais vitreux du
jais bitume ou jayet, en ce qu’il ne brûle pas & ne
répand pas d’odeur lorfqù’on le chauffe à la bougie
ou fur les charbons ardens.
JALAP, racine d’un convolvulus, d’où on tire
par l’alcool une réfine purgative qui fert beaucoup
en médecine. (Voye^ Résines.)
JARGON. Le jargon, forte de pierre dure que
les lapidaires & les joailliers emploient comme un
diamant jaune ou de qualité inférieure, eft une
variété du zircon que l’on trouve à Ceilan. Cette
pierre, qui raie le verre & même le quartz, qui
préfente une'affez belle tranfparence & reçoit un
beau poli, eft compofée de foixante-dix parties
de zircon, de vingt-fix de filice > fa pefanteur fpécifique
eft entre 4.20 & 4.38. Il en fera parlé
encore à l’article Z i r c o n .
JARRE. Ô11 donne dans l’économie domeftique
le-nom de jarre à des vafes de grès fa&ice ou de
terre cuite en grès, dans lefquels on conferve de
l’eau. On en place un ou deux dans un labori^
toire.
Il y a aufli quelques vafes de verre qu’on nomme
jarres : ce font des efpèces de grands poudriers,
larges & peu profonds , atfec ou fans rebord ,
de verre mince ou de criftal, dont on fe fert pour
faire des expériences de phyfique & de chimie.
Ils font furtout employés pour l’éle&ricité & pour
les précipitations chimiques.
JASMIN, arbufte cultivé dans les jardins, dont
les fleurs, très-odorantes & t r è s - a g r é a b l e s , four-
nüfent un parfum recherché. On les fait macérer
toutes fraîches dans de l’huile fixe inodore, fur-
tout dans celle de ben, en les plaçant par lits fur
du coton imprégné de cette huile, dans un bain-
marie d’étain bien fermé, qu’on entretient pen-r
dant q u e lq u e s heures à une chaleur douce. L’huilé
fe charge ainfi de la matière odorante qu’on ne
peut pas extraire des fleurs de jafmin par la diftii-
lation. Lorfqu’elje en eft faturée on exprime le
coton, & l’on a une forte d’effence faélice de
jafmin y qu’on diftille enfuite avec de l’alcool à un
feu très-doux 5 celui-ci enlève l’odeur à l’huile,
& forme ce qu’on nomme improprement l’eau de
jafmin des boutiquestlie fert à la toilette, à parfumer
les cheveux & le linge.
JASPE. Le jafpe eft une pierre dure, filicée,
fcintillante, opaque, riche en couleur, qui reçoit
un fi beau poli, qu’on la plaçoit autrefois parmi les
pierres précieufes du deuxième ou du troifième
ordre.
C’eft à la grande quantité d’alumine & d’oxide
de fer qu’il contient, que font dues fon opacité &.
fes belles couleurs. C’eft aufli à la proporrion du
métal qu’ il faut attribuer la propriété qu’a le jafpe
d’être bon condu&eur d’éleélricité. M. Haüy en
fait une’ variété du quartz. ( Voye% ce mot. )
On en diftingue les variétés rouge, brune ,
verte , jaune, violette & noire : on recherche
! furtout l ejapfe onyx, le jafpe fanguin, qui, fur un
; fond vert-foncé, préfente des taches rouges de
; fan g } le jafpe panaché, le jafpe veiné, le jaf.e
fleuri. Quelquefois le jifpe offre des couches de
quartz tranfparent ou d'agate demi-tranfparenie {
dans ce dernier cas on le nomme quartç agate.
On trouve le jafpe en couches dans les montagnes
5 il n’eft pas en cailloux roulés comme les
agates. *;
Il eft employé pour faire des bijoux, des coupes,
; des ftatues, de petites colonnes, des focles,&c.