
rens degrés qu’ on fait entrer dans leur compofî- ’
tion > & fi Ton emploie quelquefois des terres
pour cet objet, ce font toujours les métaux qu'elles
contiennent qui les remplirent.
Le minium, par exemple , ne fert que de fondant
au fable & autres terres, & quand il eft bien
faturé de ces fubftances, l'acide, à l’aide d’une
chaleur é'evée 3 forme un criftal tranfparent 3 qui
n’ eft prefque pas coloré.
Le fer donne du jaune, du rougeâtre, du brun
& du noir, fuivant qu’il eft plus ou moins oxidé ,
plus ou nîoins abondant, ou plus ou moins vitrifié.
La manganèfe fournit le brun, le noir & la
métifte , fuivant les mêmes circonftances.
S’il eft très-abondant, & qu’une partie ne foit
point entrée en combinaifon avec les autres principes
du vernis, c’eft le noir qu’il produit ; s’ il
eft moins abondant & qu’il foit entré en vitrification
, c’eft: le brun d’écaille qui en réfulte; enfin
, s’il eft peu abondant & qu’il foit vitrifié par
une forte chaleur, il fe montre fous la couleur
purpurine ou lilas.
On fait aufli les fonds de couleur noire pour
les poteries qui font cuites au grand feu , avec
du coba't, du cuivre & du fe r , un minium d’oxi-
dation. Le cuivre fournit le vert & le rouge-marron.
L’oxide, le verre d’antimoine & le jaune de
Naples, qui eft une efpèce du muriate de plomb ,
donnent enfemble ou féparément les differentes
nuances du jaune.
Le cobalt fournit les différens tons de bleu,
fuivant fa proportion & fon degré de vitrification
, &c.
L’étain & l ’arfenic oxidé produifent le bleu
opaque , laiteux ou opalin.
On obtient de l’or une foule de couleurs 3 telles
que le rouge, le cerife, le violet, le pourpre,
le penféè, &c. 5 mais ce métal n’eft employé que
pour les poteries précieufes.
L’art du potier, aufli bien que celui de l’émail-
leu r , pourroit encore tirer beaucoup d’ autres
couleurs de plufieurs métaux que je ne nomme pas
ici. J ~
Quand les différentes efpèces de vernis dont
j’ai parlé, & celles que j’ai pu omettre , font
appliquées fur les poteries , on les expofe à une
chaleur fuffifante pour les faire fondre ; ce qu’on
appelle cuire ou glacer la couverte.
■ La faïence & en général toutes les poteries
blanches dont le travail eft un peu foigné, font
cuites dans des gazettes ou étuis , parce que la
fumée du combuftiblé avec lequel on chauffe le
four, les coloreroit, tant par la fixation du charbon
qu’elle contient, que parce qu’elle réduiroit
une partie du minium à l’état métallique.
Les poteries très-colorées & très-groflières ,
qu’on appelle terres communes, peuvent être
cuites, & le font en effet à feu nu , & dans ce cas l’on conçoit qu’ il faut proportionnellement
moins de chaleur que dans le premier. Pour
favoir quand le vernis eft fondu ou glacé, on introduit
dans le four , par une ouverture qu’on a
ménagée dans la porte d’enfournement, un échantillon
de poterie vernie, renfermé dans une petite
gazette, & porté à l’extrémité d’un bâton de
terre cuite. Vers l’époque où l ’opération doit
finir, on retire cet échantillon qu’on nomme la
montre, & s’il éft bien parfondu on arrête le
feu , & vice verfâ.
Je terminerai cet article , qui pourroit être beaucoup
plus long fi l’on vouloit entrer dans tous les
détails des procédés, en répétant fommairement ce
que j ’ai dit au commencement : i 9. que tout vernis
doit être afforti, autant, que poflïble, par fa
nature & fa fufibilité aux corps des poteries >
2°. que le plomb qui entre dans la compofition
d’un grand nombre d’entr’eux, doit être faturé
de terre ; ce qui peut s’effeétuer en mêlant d’abord
au minium la quantité fuffifante de ces fubf-
tances, ou en vitrifiant les matières à un grand
feu long-tems continué , ou en cuifant fortement
le vernis fur la poterie , parce qu’alors une partie
du plomp fe volatilife, & une autre partie fe fa-
tare de terre en s’unifiant à la furface de la poterie;
30. que quand les vernis terres-métalliques,
blancs ou colorés, ont été cuits à un bon feu ,
ils ne préfentent aucun danger pour la fanté dans
l’ufage qu’on en fait ordinairement dans l’ économie
domeftique ; 4e*. que fi au contraire , ayant
été fondus à une chaleur médiocre , le plomb
n’eft pas enchaîné par une combinaifon intime &
faturé avec les terres , il peut caufer des incon-
véniens lorfqu’ün laide féjourner des acides, des
graiffes, &c. dans des vafes enduits de pareils
vernis ; 50. que cependant il ne faut pas palier
certaines limites Sc tomber dans l’excès contraire,
parce que le plomb & les alcalis s’évaporant, les
vernis fe dévitrifieroient & deviendroient opaques
; 6°. que les vernis doivent toujours être
appliqués en couches'minces, principalement fur
les poteries fortement bifeuitées, pour les raifons
que nous avons dites ci-devant; 70. enfin, que les
vernis doivent être bien fondus, bien glacés &
bien unis, & bien également répandus fur toute la
furface de la poterie. (V .)
CRAIE. Le mot craie, très-ufité dans les .arts,
les ateliers, &c. défigne le carbonate de chaux
natif, ordinairement délayé dans l’eau précipitée
& féché, fous la forme de pains cylindriques.
( WÊÈm *e moX'Carbonate de c,haux.): ;
Craies terreuses et métalliques. Avant
r.établiflfement de la nomenclature méthodique e n
1787, j’avois nommé, craies toutes les combinai-
fons falines de l’acide carbonique avec les terres,
les alcalis & les' oxides métalliques. Je nommois ,
I par exemple , craie de fer le carbonate dé ci mit al
I contenu dans la nature, ou formé à la furface
des barres de fer rouillées. Cette dénomination
étoit tirée de celle d'acide crayeux. donnée en
1779 j Par mon ma‘ tre Bucquet, à l'air fixe. Depuis
que cet acide a été nommé acide carbonique,
tous fes compofés falins portent les noms de car-
bonates.
Craie de Briançon. La craie de Briançon eft
une efpèce de ftéatite ou une variété du talc de
M. Haiiy, qu’il nomme talc écailleux. Cette pierre,
d'un blanc nacré ou d’une couleur verdâtre, divisible
par écailles & fans joints continus, d’un
toucher doux & onétueux, facile à racler avec
le couteau même s’ufant par les canelures des
plantes dures, fpécialement de la prêle, eft très-
rapprochée, par cette propriété, du talc de Venife.
Cette pierre , en rai fon des traces qu’elle laifle
fur les tiffùs fur lefquels on la frotte, de fa division
facile & de la pouflière onéfueufe qu’elle
donne, fert aux tailleurs à marquer leurs coupes
fur le drap, & aux fabricans de rouge, qui le
mêlent avec la teinture du carthame.
On a regardé cette pierre, tantôt comme argi-
îeufe, tantôt comme magnéfienne, en y admettant
la furabondance de l’union de l’autre de ces
terres. L’analyfe n’en a point encore été faite’
»fiez exa&ement pour prononcer.
Craie d’Espagne. On nomme craie d’EJpagne
line variété de talc, nommée ftéatite par Walle-
rîus, fpeckftein p,ar Emmerüng. Elle eft, fuivant
M. Haiiy, blanchâtre , jaunâtre, vert-pâle, vert-
noirâtre : fa caffure eft à grains fins, fouvent
écailîeufe ; elle eft fufceptible de poli. Il y en a
une variété nommée céroide , parce qu’elle a l’ af-
peét de la cire jaune. 11 ne faut pas confondre
cette pierre avec le blanc d’Efpagne, qui eft du
carbonate de chaux friable.
CRAMOISI. C ’eft une efpèce de rouge-violet,
foigneufement diftingué par les teinturiers, &
qui eft regardé comme nuance principale parmi
eux. On le donne avec des bois , avec la cochenille,
&c. fuivant le genre de teinture qu’on veut
préparer. ( Voye[ les articles Couleurs , T eintures,
& furtout 1 s Dictionnaire des Arts3 ou cet
objet doit être traité avec les détails convenables.
)
CRAYON DES CHARPENTIERS., Le crayon que
les charpentiers, les menuifiers, les ébéniftes, &
en général les ouvriers en bois, emploient pour
laiffer fur le corps des traces bien marquées &
allez durables, eft une variété d’argile fehifteufè,
nommée graphique par les minéralogiftes. Elle eft
d’ur.e couleur noire, plus ou moins tendre & frià-
. blé, facile à tailler ; elle rougit au feu, à caufe
du fer qu’ellé contient : fes traces , long-tems
expofées à l’air & à l’eau, prennent une nuance
rouge ; elle contient du fulfure de fer fi drnfé,
qu’elle eft très-altérable à l’air humide, y tombe
en efHorefcence & même en pouflière par le fui-
fate de fer qui s’y forme. On l’a nommée ampé-
lite ou pierre des vignes , foit parce qu’on la
trouve dans des terres propres à la culture de
cette plante, foit parce qu’on lui a attribué la
propriété de détruire les vers qui attaquent ce
végétal précieux. On la débite en petits fragmens
applatis, ou en grofles écailles plus minces par un
côté, pour pouvoir être employées facilement par
les menuifiers & les charpentiers, qui la portent
toujours dans leur poche.
Crayon artificiel. M. Comté, artifte français,
très-diflingue par fes connoiflances & fon
.génie inventif, a imaginé de faire avec le carbure
de fer pulvérifé & une pât.e d’alumine, qu’il def-
fèche ou cuit enfui te à différens degrés, des
crayons artificiels, qui font aufli utiles que les
crayons anglais, faits avec le carbure de fer du
duché de Cumberland. Les deflinateurs préfè.rent
les crayons de Comté aux crayons anglais , trop
mous & trop caffans.
Crayon noir. Deux fubftances différentes
portent dans les arts le nom de crayon noir. L’ une
eft un fehifte friable, une variété de l’ampélite.,
dont il eft déjà queftion au mot Crayon des
CHARPENTIERS.
L ’autre eft le carbure de fer natif, nommé aufli
improprement mine de plomb, plombagine on pote-
lot. ( Voye[ les mots CARBURE DE FER & Fer. )
Crayon rouge. Le crayon rouge eft une efpèce
à*argile ochreufe , rouge, graphique , en malles
tendres, d’une a fiez belle couleur rouge, qu’elles
doivent au fer oxidé, & qui ont a fiez de confif-
tance pour recevoir par la taiHe la forme de
crayon. ,
On en fabrique d’artificiel en incorporant de
l’oxide de fer rouge dans une pâte d’alumine, &
en donnant à cette pâte la confiftance requife &
variée par différens degrés de cuiflon. On doit
cette invention utile à M. Comté.
Le général Lomet, très-inftruit en phyfique &
en chimie, a publié un procédé ingénieux pour la
compofition des crayons de fanguine, fi utiles au
deflin.
Ces crayons fe font avec de la pierre fanguine
tendre : c’eft: un oxide de fer limoneux , contenant
un mélange de terre de la nature des argiles,
auquel on a donné le nom à*hématite : on l’incorpore
avec une fubftance aglutinative quelconque ;
on-y. ajoute quelquefois du favon pour ado.ucir
l’âpreté de cette compofition.
Il faut prendre la fanguine en roche la plus tendre,
& la broyer à l’ eau pure fur le marbre.
Lorfque l’on veut exécuter cette opération en
grand, on pile les fubftances, on les paffe au tamis
de foie /puis on les délaie dans des baquets, où,