
<ju'il contient, doit brûler avec activité : de U vient
que ces fourneaux produifent d'autant plus de chaleur
, que le tuyau qui eft à leur partie fupérieure,
& que je nomme tuyau d>afpiration , eft long. Mais
une obferyation eftentiejle à faire,c'eftque, quoique
ce fourneau doive fon aâivité, en très-grande
partie, au rétréciffement de fa partie fupérieure
ou à fon tuyau,ce feroit cependant un très-grand
inconvénient que ce tuyau fût trop étroit, parce
qu'apparemment l'air, raréfié & forcé de fortir par
le haut ï ne peut prendre qu'un certain degré de
viteffe déterminé : d’où il fuit que fi ce tuyau par
où doit fortir l'air raréfié, étoit affez étroit pour
que cet air ne pût y palier fans prendre une viteffe
fupérieure à celle dont il eft fufceptible, alors cet
air , trouvant un obftacle de ce cô té , feroit forcé
à fe refouler en partie vers le bas, & que par
coniequent ce trop grand rétréciffement en ralen-
tïroit néceffairementle cours, bien loin de l'augmenter.
Audi l'expérience a-t-elle appris qu'un
fourneau Ae fufion , auquel on adapte un tuyau
«i'afpiration trop étroit, quelle que foit d'ailleurs
la longueur de ce tuyau, ne produit prefqu’aucun
effet en comparaifon de celui qu’il peut produire
lorfqu’ü a un tuyau d’un diamètre fuffifant. Je me
fuis même affuré, par l’expérience, que quand le
tuyau d’afpiration eft trop étroit, plus il a de hauteur
, moins Je fourneau a de tirage.
Il fuit de là qu’il faut néceffairement qu’il y ait
Un certain rapport entre le diamètre du tuyau d’af-
piratiqn, la capacité intérieure & l’ouverture du
cendrier ou du bas du fourneau de fufion. On a
trouvé que le diamètre de ce tuyau doit être à
«elui du fourneau à peu près comme 2 à J , c’eft-
à-dire, qu'il en doit être les deux tiers, furtout
lorfqu’on donne une longueur fuffifante à ce tuyau.
A l’égard de l'ouverture du bas du fourneau, elle
peut être prefque de toute l’étendue du corps
même An fourneau : on peut cependant la rétrécir
fi l'on veut que l'air entre dans le foyer , & en
frappe avec plus de force & de rapidité l'endroit
auquel elle répond.
Û apres tous ces principes, voici quelle eft la
cormrucnon d’un bon fourneau de fufion. Le corps
de ce fourneau ne diffère point de celui An fourneau
simple, fi ce n’eft qu’il peut être ouvert entièrement
ou prefqu'entiérement par-deffus, & fou-
tenu fur des piliers & fur une efpèce de trépied
qui, dans ce cas, lui fert de cendrier. On lui
donne ordinairement une courbure elliptique,
dans l’intention de mieux concentrer la chaleur!
Le haut de ce fourneau eft terminé par un dôme
plus élevé que celui du fourneau de réverbère} ce
dôme fe nomme la chape. Cette chape a deux
ouvertures; l’une latérale & antérieure, qui doit
être grande & pouvoir fe fermer exactement -par
une porte , & 1 autre au fommec : celle-ci doit
avoir la forme d’un tuyau d’un diamètre convenable,
fur lequel on puiffe ajufter d’autres tuyaux
a une longueur indéterminée.
Ce fourneau n’a point de laboratoire, ou plutôt
fon laboratoire n'eft que le foyer mêmej car c’eft
dans le foyer, & au milieu des charbons, qu’ou
place les matières auxquelles on veut appliquer.
Le fourneau de fufion peut avoir une porte à
fon foyer ; mais cette porte doit être toujours
fermée quand le fourneau travaille pelle ne fert que
pouq pouvoir examiner plus commodément, au
befoin, l’état des creufets ou autres matières contenues
dans ie fourneau , & non pour y introduire
du charbon : c’tft la porte de la chape qui eft def-
tinée à cet ufage ; elle doit être fort- large, afin
qu’on puiffe y jeter, à la fois & promptement,
tins bonne quantité de charbon, attendu qu’il fe
confirme très-rapidement, & que, pour ne point
déranger le courant d'air qui traverfe le fourneau,
il ne doit relier ouvert latéralement que le moins
de tems qu’il eft poflible.
Lorfqu’un pareil fourneau a douze à quinze pouces
dé diamètre en dedans, qu’il eft furmonté d’un
tuyau d'afpiration de huit à neuf pouces de large,
& de dix-huit ou vingt pieds de haut, Sc qu'il eft
bien fervi avec de bon charbon caffé à peu près
de la v rolleur d’un petit oeuf dé poule, il produit
une chaleur extrême. En moins d’rrne heure, fon
feu eft abfolument blanc & éblouiffant comme le
foleil ; c’eft le degré du plus fort feu des fours de
verreries, & en moins de deux heures on peut
i y fondre tout ce qu’il eft pofftble de fondre dans
‘ les fourneaux. Il eft bon de remarquer que l’endroit
le plus chaud de ce fourneau eft a la hauteur, de-
i; puis environ quatre pouces, jufqu’à fîx au deffus
de la grille qui sft au bas de ion foyer.
C’eft une opinion affez généralement répandue
parmi les chimiftes, qu’on augmente beaucoup
i’aélivité An fourneau de fufion quand on iui pratique
un cendrier très-grand & très-haut, ou qu’on
amène l’air, qui doit entrer par le bas, au moyen
d’un long tuyau qui le prend à l’extérieur. Cepen-
i darrr les avantages qu'on peut tirer de cette dif-
pofition, ou font abfolument nuis, ou fe rapportent
entièrement au vide formé dans la partie fupérieure
du fournettu. Il eft bien vrai que fi l'on
place un fourneau de manière que l'ouverture de
fon cendrier réponde à l’ouverture d’une grande
: cavité, telle, par exemple, qu’une cave dont on
aura percé la voûte, & qu'il n’y ait pas d’autre
ouverture que celle-là dans le bas du fourneau, il
fe déterminera à un courant d’air très-fort, qui
paffera de la cave à travers lefourneau, quand même
ce fourneau n’auroit ni chape ni tuyau d'afpiration.;
mais il faut obferver à ce fujet, premièrement,
que ce courant d’air fera toujours plus fort fi le
fourneau eft garni de fa chape & de fon tuyau, &
en fécond lieu, que fi l ’air eft déterminé à paffcr
de la cave à travers du fourneau, même fans chape
& fans tuyau, cela ne vient que de ce que la chaleur
du fourneau même raréfie beaucoup l’air du
lieu dans lequel il eft placé. C ’eft une néceifité
que l'aft beaucoup plus caudenfé de la cave aille
remplacer celui que\c fourneau raréfie, ce qu’il
ne peut faire qu'en paflant à travers du fourneau 3
puifque ce fourneau fe trouve placé précifément
dans la communication entre la pièce inférieure
& la fupérieure} mais alors il eft évident que’c’eft
la chambre même-dans laquelle fe trouve, le fourneau
y qui fait fonction de la chape & du tuyau }
c ’eft ce qui arrive dans les fours <Ie verreries. Ces
fours font établis fur des terrains voûtés, qui leur
•fervent de cendriers. La capacité intérieure de ces
fours eft très-grande, & n’eft occupée qu’en petite
partie, tant par les matières combuftible$,que
par les pots qui contiennent le verre : d'où il
arrive que l’air du cendrier s'y introduit continu
J k ment pour remplir ce vide. D'ailleurs, la
chaleur eft toujours très-grande dans les halles
fous lefqueiles font les fours de verreries} l'air y
eft par confisquent continuellement raréfié, en
forte qu’elles fervent comme de chapes &: .de
tuyaux pour afpirer auffi l'air des fôuterrains.
A l’égard du tuyau qu'on adapte au cendrier
du fourneau d:e fufion pour y amener l’air extérieur,
il ne contribue abfolument en rien à faire
tirer davantage ce fourneau, fi ce n’eft dans le cas
ou le fourneau feroit placé dans un laboratoire fort
petit & exactement clos ; car a’ors l’air de ce laboratoire
, étant bientôt échauffé & raréfié, feroit
moins propre à donner de l’aCbvi té au feu du fourneau,
que l’air plus frais que ie tuyau dont il s’agit,
tire de l’extérieur.
On voit, figure X I y clajfe première des inftrutnens
& fourneaux , un fourneau de fufion avec fa cheminée.
f®. Le fourneau qu’on nomme fourneau de coupelle,
eft de figure prifmatique quidrangulaire } il
fert principalement à faire les effais du titre de
l’argent ou ceux desmines tenant argent. Ce four-
'neau eft compofé d’un cendrier, d’un foyer, &
d'une efpèce de chape qui le termine, par le haut,
en une pyramide quadrangulaire tronquée. Le foyer
& le cendrier du fourneau d’eflài ne font point, à
proprement parler, féparésl’un de l’autre, parce
qu’il n’y a pas de grille dans ce fourneau y en forte
que le charbon qu’ il contient, tombe jufque dans
le bas. Il a trois petites portes dans fa partie intérieure,,
deux latérales & une antérieure. Au deffus
de celle de devant}il y a une quatrième porte,
placée comme celle du foyer du fourneau fimple,
& en bas de cette porte font deux barres de fer
placées horizontalement & parallèlement l'une à
l’autre dans l'intérieur du fourneau. Ce s barres font
deftinées à fouteriir une moufle, dont l’ouverture
répond exactement à celle de la porte, & c*eft
dans cette moufle qu’on place les coupelles &
autres vaiffeaüx qui contiennent la matière à laquelle
on veut appliquer Ja chaleur.
La chape de ce fourneau eft tronqués par le
haut, ainfi qu’on l’a d it , & cela lui forme une
ouverture affez grande, par laquelle on introduit
le charbon. Quelques-uns de ces fourneaux ont un
tèil à la partie antérieure de leur chape, par lequel
oh peut introduire une branche de fer pour
faire defeendre le charbon & obferver l’intérieur.
11 y en a aufli dont la chape fe termine, à fon
fommet, par une pièce qui dégénère en un bout
de tuyau. Cette pièce a fa commodité dans certaines
o ce a fi on s ; car, quoique la capacité inté*
rieure de ce fourneau, y compris celle de fa chape,
le faffe tirer fuffifamment pour ces fortes d’operations,
il peut arriver qu’on ait befoin d’augmenter
la chaleur, & on y parvient aifément en ajuftant un
tuyau d’afpiration à la chape. Dans La 'figure X V I ,
clajfe première des inftrumens & fourneaux, l’on voit
un fourneau de coupelle.
La figure X V l l ï , même clajfe, fait voir une coupe
du fourneau de coupelle, 6°. Il y a des opérations qui doivent fe faire,
fort dans le fourneau à moufle, foit dans celui de
réverbère, & qui demandent le degré de feu de
fufion le plus fort. La diftillation du pholpliore de
Kunkel, par exemple , exige une chaleur bien
fupérieare à celles des fourneaux qui fervent aux
driitllatioRs ordinaires, quoiqu’elle ne foit pas à
beaucoup près auffi confidérabls que l’ont cru les
premiers chimiftes qui ont fait du phofphore en
France ; de même les effais de porcelaine &: de
vitrification , qu’on doit faire très--proprement,
& par cette raifon fous une moufle, exigent une
chaletfr très-violente, qu’on ne peut obtenir dans 1 e fourneau d’eflai ordinaire. On peut, dans ces
cas, ajufter, foit au fourneau à diftiller, foit au
fourneau k moufle, une chape & un tuyau d'afpiration,
femblables à ceux du fourneau de fufion,
& par ce moyen on obtient facilement une chaleur
auffi forte qu'on le defire. La figure X V I I ,
clajfe première des infirumens & fourneaux , montre
une moufle deftinée à entrer dans le fourneau dfe
coupelle.
7a. Les chimiftes ont imaginé un très-grand
nombre d'autres fourneaux, & même de très-core*«
pliqués, pour remplir des vues particulières} mais
ils font la plupart embarraffans, mal-entendus 8c
même inutiles. On peut affiner qu'il n’y a point
d’opération de chimie qu’un artifte intelligent ne
puiffe exécuter parfaitement avec les feuls fourneaux
dont on vient de donner la description fom-
maire.
Tous ces fourneaux peuvent fe faire-, ou portatifs
, confirmes en terre cuite, cerclés de fer,,
revêtus de tôle fi l'on veut les rendre plus durables,
ou fixes ou fiables, maçonnés en briques 8c
en tuileaux : cela dépend de leur grandeur & de
la difpofition.particulière du laboratoire; mais
en général les fourneaux portatifs font beaucoup
plus commodes pour les laboratoires particuliers,
où i'on ne fait que des expériences de recherches.
La matière de tous les fourneaux chimiques eft
toujours une argile, qui en général doit être de
bonne qualité. Il n’y a aucune difficulté pour tous
ceux de ces fourneaux qui ne font pas deftinés &