
Le diafpore fe trouve dans des roches argilo-
ferrugineufes.
DIGESTEUR. On appelle digefteur, marmite
ou machine de Papin3 un infiniment de cuivre
jaune j au moyen duquel on communique à l'eau
& à d’autres liquides une chaleur qu’ ils ne peuvent
prendre fous la preffion ordinaire de l’atmof-
phère. L’ élévation de cette température, qui n’a
d’autre terme que celui de la chaleur & de la réfiftance
du vailleau, eft produite par l’impoiTibilité
où font les liquides d’entrer en expanfïon comme
ils le font dans des vaiffeaux ouverts.
Mais comme la force avec laquelle les liquides
tendent à fe réduire à l’état gazeux, eft proportionnelle
à la quantité de chaleur interpofée entre
leurs parties , il faut que la réfiftance de la machine
fuive les mêmes rapports, fans quoi elle creve-
ro it, 6c pourroit caufer des accidens funeftes à |
ceux qui feroient voifins.
Cette force étant difficile à eftimer, on donne
toujours à la machine plus que moins d’épaiffeur,
afin d’éviter les dangers qui réfulceroient de l’état
contraire. M. Comté, a qui la mécanique doit
pluükurs inventions utiles, eft le premier que je
fâche qui ait cherché à déterminer d’une manière
exa&e, par l’expérience, le degré de chaleur 6c
d’ expanfion des liquides renfermés dans le digef-
ttur de Papin, en admettant au couvercle un tube
de yerre prefque capillaire, divifé en un nombre
quelconque de parties égales, 6c contenant un
volume déterminé d’air intercepté par une liqueur
colorée.
La diminution qu’éprouve le volume de cet air
étant proportionnelle à la preffion qu’exerce fur
lui la vapeur de l’eau, & celle-ci étant comme
l’intenfité delà chaleur, il eft clair que, par ce
moyen, il connoît l’une & l’autre. Non-feulement
il eft toujours poffible de favoir, par cette addition
, à quelle intenfité de chaleur l’on a opéré,
mais aum de régler le feu de manière à ne jamais
craindre l’explofion de la machine : ce moyen réunit
donc en même tems l’exa&itude & la fureté.
M. Dumotier, dont l’habileté pour la conftruc-
tion des inftrumens de phyfique eft avouée unanimement
par tous les pnyficiens, a auffi ajouté à
cette machine un perfectionnement qui confifte
dans une foupape conique en métal, placée dans
le couvercle, & preflée par un refîort à boudin,
renfermé dans une boîte de cuivre. Quand l’effort
de là vapeur furmonte la réfiftance que lui oppofent
" le reffort & le frottement de la foupape, celle-ci
s’élève, 6c laiffe fortir une certaine quantité de
vapeur. Il fuit de cette difpofition , que cette
machine offre , il eft vrai, une réfiftance moins
grande, quoique fuffifante pour produire l’effet
qu’on defire dans un grand nombre de cas , mais
auffi que fon ufage ne laiffe aucun rifque à courir
pour l’artifte. Auffi M. Dumotier a-t-il nommé
cette foupape, foupape de fureté.
La figure X IX 3 clajfe i r des inftrumens pour
mefurer la chaleur , repréfente cet inftrument.
A B eft un vafe cylindrique de cuivre jaune, de
cinq à fix lignerd'épaifteur : il porte une retraite
vers le haut, dans laquelle entre le couvercle C ,
difpofé convenablement pour cela. Celui-ci eft
tenu en place par une vis de preffion ( f ) qu on
fait tourner avec un levier I K : cette vis s engraine
dans i’epaiftéur d’une bride ou collet en
fe r , arrêté par un bourrelet ménagé vers le haut
de la marmite D E , où elle enveloppe celle-ci
comme une efpèce d’étrier. On place cet appareil
fur un fourneau G H , dont la forme eft indifférente
pourvu qu’elle permette d’y introduire affez
de charbon, & qu’elle donne fuffifamment d’accès
à l’air pour produire le degré de chaleur que 1 on
defire. .
Lorfqu’on veut faire ufage de cet inftrument,
on y met les fubftances que l’on a intention de
ramollir ou de difloudre, 6c on le remplit d eau
jufqu’ aux trois quarts de fa capacité. On place un
anneau ou deux de carton fur le repos de ce vafe :
on y applique le couvercle, qu’on ferre fortement
avec la vis : on le foumet enfuite à l’aétion du
feu , où on le laiffe plus ou moins de tems, fui-
vant la nature de la matière 6c l’objet qu’on fe
propofe. 11 faut feulement prendre garde de communiquer
à la vapeur une force expanfive fuffifante
pour rompre le vaiffeau ou la bride de fer qui
retient le couvercle, furtout lorfque la machine
n’eft pas pourvue de foupape de iurete, ni de ce
tube dont j’ai parlé plus haut, 6c par lequel on
juge de la compreffion des vapeurs.
Il ne faut ouvrir cet appareil que lorfqu’il eft
refroidi, fans quoi il arriveroit que la liqueur fe-
roit lancée avec impétuofité, 6c biefferoit indubitablement
l’artifte.
L’ ufage du digefteur de Papin s’eft prefque borne,
jufqu’à préfent, à l ’extraétion des parties folubles.
ic nourricières des fubftances végétales-^ animales,
èxtraétion qui fe fait beaucoup plus promptement 6c plus complètement que dans des vaiffeaux ouverts,
à caufe de la grande quantité de chaleur
dont l’eau fe trouve pénétrée; mass fon emploi
pourroit s’étendre à beaucoup d’autres objets infiniment
importans6c on a même lieu de s eton*
ner que les çhimiftes n’en aient pas tiré plus de
parti, pour ramollir, difloudre, unir ou aécom-
pofer des corps qui refiftent aux moyens ordinaires.
Il n’eft pas douteux que quiconque voudra
s’occuper d’examiner l’aétion des corps les uns
fur les autres, ait moyen de cet inftrument, ne
faffe une ample moiffon de faits nouveaux & utiles
; mais qu’il n’oublie jamais de prendre beaucoup
de précautions en faifant fes expériences,
car on ne peut fe diftïmuler qu’elles font dange-
reufes. (V .)
DIGESTION. On nomme en chimie, digeftion
une opération par laquelle on fait agir , à l’aide
d’une chaleur douce & d’un tems affez long , un j
diffolvant fur une ou plufieurs matières compo-
fées, dont on veut extraire un ou plufieurs principes.
C’eft ainfi qu’on met en digeftion dans l’eau,
inais furtout dans l’alcool, dans l’éther, dans le
vinaigre, à la chaleur du foleil, du bain de fable,
du bain de fumier, des fleurs, des fruits , des tiges
ou -des feuilles, ou bien quelques fubftances
animales, pour préparer les baumes, les teintures,
&c. pharmaceutiques.
U eft bien évident que le nom de cette eXpref-
fion.eft tiré de la fon&ion animale, nommée digefi
tion3 à laquelle on l’a comparée, parce qu’on a cru
que cette fon&ion confiftoit dans une extraction
des alimens, opérée par un diffolvant approprié,
aidé d’une douce chaleur. On avoit pouffé cette
analogie jufqu’à dire, en chimie , faire,digérer,
mettre a digérer j mais ces expreffions ont beaucoup
vieilli, 6c on ne les emploie prefque pim
aujourd’hui, furtout depuis qu’on a banni le ftyle
métaphorique 6c emblématique du langage de la
chimie.
DILATABILITÉ, DILATATION. La dilatabilité
eft la difpofition que les corps folides ont à
fe dilater, à augmenter de volume dans" toutes
leurs dimenfions, & à occuper plus d’efpace, par
rintromiffion du calorique entre leurs particules ;
la dilatation , qui n’eft que l’exiftence du phénomène
même , eft une propriété qu'on doit étudier
en chimie, 6c dont il eft indifpenfable de bien
connoître les effets pour fe guider dans les opérations
qu’exige cette fcience, & pour prendre des
notions exactes de la nature des différens corps. !
Elle influe fur tous les vaiffeaux, fur toutes les j
parties des appareils qu’on expofe au feu , & , ■
faute d’en confulrer les réfultats, on peut commettre
des erreurs très-préjudiciables au fuccès
des expériences. On a traité de la théorie générale
de cet effet phyfique aux articles Adhérence,
Calorique , Consistance , & la leCture de ces
articles fuffira pour offrir tout ce que la chimie
doit pofféder à cet égard. Je n’ajouterai donc rien j
à ce que préfentent ces articles. Je me contente- >
rai de faire obferver ici que les différens corps ne
fuivent pas dans leur dilatation la raifon de leur 1
denfité , mais plutôt celle de leur combuftibilité,
de leur fufibiiité ou d’une propriété chimique; ce
qui prouve que la dilatabilité tient aux attrapions
des particules pour le calorique, 6c non pas au
feul état phyfique de ces particules. (Voy. les mots
Attraction, Calorique, Cohérence.)
DIQPTASE. M. Haiiy a nommé ainfi un minéral
qu’on trouve en Sibérie, fur une gangue de
malachite. Ce nom , qui fignifie viftble a travers,
lui a été donné parce que les joints naturels, in- ;
diqués par des reflets, percent pour ainfi dire à
travers la tranfparence de cette fubftance. On a
confondu cefoffile avec l’émeraude, dont il s’éjoigne
par fa forme, fa dureté & fa nature intime:
il pèfe 3,3 ; il raie difficilement le verre ; il crif-
tallife en dodécaèdre, & fa forme primitive eft
le rhomboïde obtus. C ’eft une matière conductrice
de l’élePricitë , 6c qui acquiert par le frottement
& lorfqu’elle eft ifolée, l’electricité réfi-
neufe.
Ce minéral brunit au chalumeau , donne une
couleur d’un vert-jaunâtre à la flamme de la bougie
, fans fe fondre : il fournit un bouton de cuivre
avec le borax.
M. Vauquelin n’en ayant eu qu’environ trois
grains & demi à fa difpofition pour i’analyfer , a
cru y trouver près de 0,43 de carbonate de chaux,
28 de filice & 0,28 d’oxide de cuivre.
En regardant la diopiafe comme une mine de
cuivré , elle préfente un compofé fort fingulier , 6c très-différent de tous ceux qu’on connaît; elle
eft très-rare, 6c mérite d’être étudiée 6c analyfée
avec foin.
DIPYRE. Efpèce de pierre, ainfi nommée par
M. Haüy, pour défigner qu’elle eft doublement
fufceptible de l’aélion du feu , parce qu’en effet
elle fe fond en bouillonnant au chalumeau , 6c y
devient fortement phofphorefcente.
Elle a été trouvée en 1786 par MM. Lelièvre 6c
Gillet-Laumont, fur la rive droite du gave de
Mauléon , dans une terre ftéatiteufe , blanche 6c
rougeâtre.
Elle eft affez dure pour rayer le verre : elle
préfente des faifeeaux de prifmes minces, qui fe
féparent facilement les uns des autres. Sa pefan-
teur fpécifique eft de 2,6305. Elle raie le verre.
Sa pouflïère, jetée fur les charbons ariens , eft
phofphorique dans l’obfcurité ; fa caffure eft con-
choïae ; fa forme primitive eft le priftne hexaèdre
régulier , & fa molécule intégrante un prifme
triangulaire équilatéral.
L’analyfe dudipyre3 faite par M. Vauquelin, lui
a donné pour réfultat :
Silice................................. Oj6o.
Alumine......................................... ... * ... . 0,24.
Chaux...........................................................0,10.
Eau........ ............. 0,02»
Perte...................... 0,04.
Il y en a deux variétés de couleur, l’une blanche,
& l ’autre rofacée. Il fe rapproche de la pye-
nite, qui eft infufîble 6c non phofphorefcente ; de
la méfotyoe, qui donne de la gelée avec les acides,
& qui s’éleétrife par la chaleur; de la néphe-
lirie, beaucoup plus difficile à fondre, & dont la
pouffière n’eft pas phofphorefcente. ( Voye1 ces
mots. )
DISSIMILAIRES. On employoit autrefois ce
root en chimie pour défigner les molécules différentes
les unes des autres, 6c même les corps dont
les propriétés différoient : on ne s’en fert plus,