
r.ière fois jufqu’à deux à trois doigts près du col
'des matras. Tout cet appareil, qui jufqu’à ce
moment a été tenu fur les banquettes du fourneau,
change alors de difpofition : on place tous
les matras, chacun dans leur capfule, fur environ
dix-huit lignes d’epaifleur de fable ; puis on tourne
le col des récipiens, du côré de leurs matras,
& on y place les chapiteaux. La chaleur du fable
fait agir avec plus d’énergie l’eau-forte qui donne
beaucoup de vapeurs. On emploie communément
loixante-douze pin es d'eau-forte pourcent cinquante
marcs de grenail’e.
Pendant que cette diflolution fe fait, on prépare
d’autres matras, dans chacun defquels on met
également dix marcs de grenaille , & par-deffus
de l’eau-forte chauffée. Lorfque la vapeur qui
s emanoit des matras mis dans les capfules, eft ap-
paifée , & que la diffolution de l’argent eft achevée
, on retire ces matras, & on verfe leur eau-
forte chargée d’argent dans autant d’autres matras
où l’on a mis autant de nouvelle grenaille ; on les
met dans les capfules à la place des premiers , &
on les couvre de leurs chapiteaux. Quand on voit
que le menftrue n’agit plus , l’on retire les matras,
& on en décante l’acide chargé d’argent dans
d’autres vaifieaux vides, dans lefquels on en fait
la diftillation. Ceux-ci n’ont qu’un fimple enduit
d’argile , fans toile ; mais comme l’eau-forte que
l’ on a ajoutée à la première, étoit déjà en partie
faturée de l’argent de la première diffolution, elle
n’a pu diffoudre qu'environ la moitié de celui contenu
dans les féconds matras. C ’eft pour opérer
cette diflolution , que l’on verfe dans chacun de
ceux-ci la chaux d’or reftée au fond des premiers,
& qu’on met fur le tout de l’eau-forte double un
peu affoiblie, & l’on remet ces matras fur le bain
de fable. La diflolution fe fait alors complètement ;
mais comme cet acide n’eft pas faturé d’argent, on
le fait encore fervir à une autre opération.
Enfin, comme il pourroit être encore refté un
peu d’argent non diffous dans la .chaux d’o r , on
met le contenu de douze marras dans trois feulement
; ce qui fait que dans chacun il y a le"réfidu
de quatre-vingts marcs en chaux d’or : on y verfe
de l’eau-forte double , & on remet les matras dans
les capfules. On les y laiffe jufqu’à ce qu’on n’ap-
perçoiveplus aucune vapeur; ce qui délîgne qo’elle
n’agit plus , & que tout l’argent eft diffous. On
décante cette eau-forte double en la faifant couler
dans un ballon pour la faire fervir encore au
même objet. Après avoir paffé plufieurs fois fur
la chaux d’o r, elle prend le nom d’eau-forte double
affoiblie. Quand elle eft bien égouttée, &
qu’il n’y en a plus dans les matras , on y verfe de
l'eau de pluie ou de neige chauffée auparavant ,
pour édulcorer la chaux d or qui eft reftée au fond.
On y en fait entrer jufqu’à ce qu’il y en ait à la
hauteur de l’enduit ou lut ; on les remet fur le
fourneau pour faire bouillir l'eau qu’enfuite on décante
dans un ballon ; c'tft de cette eau donc on
fe fert pour faire entrer dans les récipiehs, tors
du départ de l’argent. On s’en fert aufli au raê ne
ufage lorfqu’ on üiftille l'eau-forte qui tient l'argent
en diflolution. Cette eau étant toute égouttée
de deffus la chaux d’o r, on fait tomber celui-ci,
avec un peu de nouvelle eau , dans un creufet où
l'on renverfe le matras ; on met plufieurs fois de
l’eau chaude dans le creufet, en remuant l’or avec
une baguette de bois, jufqu’à ce qu’elle en forte
parfaitement claire. Quand on a mis dans les creu-
fets tout l’or provenant d’environ mille maresqu’on
départit dans un jour, on les porte fur un fourneau
à vent, on les couvre chacun de leur couvercle
, & on les entoure de charbons pour les
faire rougir, & difliper toute l'humidité de l’o r ,
qu’on retire enfuite & que l’on pèfe ; puis on met
le tout dans un creufet, où il eft fondu fans aucune
addition ; puis on le verfe dans des lingo-
tières de fer, enduites de fuif. L’or qui peut s’attacher
31U creufet, eft exa&ement raffemblé pour
être fondu avec celui du départ de la femaine fui-
vante.
Schlutter dit qu’on compte ordinairement une
livre d’eau-forte pour diffoudre un marc d'argent
; mais on n’emploie, en Hongrie, qu’envi-
ron la même quantité d’eau-forte ordinaire pour
la diflolution de deux marcs d’argent. Il eft vrai
qu’on y en met enfuite de double, ainfi qu’on l’a
vu ci-delfus.
Schlutter a donné une méthode de procéder aa
départ par la voie humide, qui diffère de la manière
ordinaire , en ce qu’ il y fait fervir des vaif-
feaux de verre, à fond plat & large, dont les parois
fe rapprochent en s’élevant, en forte que leur
col eft comme celui d’une bouteille. Il chauffait
ces vaiffeaux ^u bain-marie , dans un chaudron da
cuivre, fur une croix de bois pour empêcher
que le verre ne touchât le fond du chaudron.
On connoît deux moyens de retirer i’argent en -
diflolution dans l'eau-forte, l’un qui eft en ufage
en Allemagne, qui fe fait par précipitation, 8c
l’autre par diftillation. Pour le premier moyen,
on fe fert du cuivre, qui, ayant plus d’affinité
avec l’eau-forte que n’en a l’argent, laiffe précipiter
celui-ci en diffoivant le cuivre.
Cette manière de retirer l’argent de l’eau-farte
eft fure & allez prompte; mais elle eft la plus
chère , parce qu’o» perd communément toute
l eau forte par cette méthode.
La précipitation de l’argent fe fait, ou à chaud
dans des baflines de cuivre, ou à froid dans des
vaiffaaux de verre ou de grès, avec des lames de
cuivre..
La précipitation à chaud eft la plus expéditive.
Elle rend beaucoup d’argent en un jour, <ar avec
un chaudron ou bafline contenant la diffolution
de vingt marcs, on peut faire trois précipitations
en vingt-quatre heures ; & par conféquent, de
foixante mares d’argent, les chaudrons qui font les
plus forts en cuivre & les moins profonds, y (ont
les meilleurs. Ils doivent être de bon cuivre rouge
& battus d’une égale épaiffeur, afin qu’il ne s’y
faffe point de crevaffes j autrement on ne s ’en fer-
viroitque peu de tems. Pour précipiter vingt marcs
d’argent, il faut un chaudron de deux pieds &
demi de diamètre en haut, & fa profondeur d’un
pied, pefant cinquante-cinq à foixante livres. On
y verfe l’eau-forte chargée d’argent de deux cu-
curbites ou matras, mais auparavant on y met fix
à fept fois autant d’eau douce que d’eau-forte fa-
turee d’argent. On place ce chaudron avec fon
trépied fur un foyer muré de briques ; on y fait
du feu pour faire bouillir le tout : auflitôc qu’elle
eft en ébullition, l’argent fe dépofe fur le cuivre,
puis s’en détache par flocons qui furnagent d’abord ;
mais lorfque l’argent tombe au fond, & que l’eau,
qui eft de couleur verte, s’éclaircit & devient limpide,
c’eft une marque que la précipitation eft
prefque finie. Pour être alluré qu’ il ne refte plus
d’argent à précipiter, on jette quelques grains de
fèl dans l’eau du chaudron : fi elle blanchit, &
que ces grains de fel, en fe diffoivant, faffent des
ffets blancs, c’eft une marque que tout l’argent
n’eft pas précipité : ainfi il faut encore faire bouillir
l’eau jufqu’i ce qu’elle ne donne plus la moindre
teinte de blanc, avec le fel dont les grains doivent
tomber au fond fans changer la couleur de l’eau;
enfuite on y jette par furcroît une ou deux petites
poignées de fe l, & on ôte le chaudron de
deffus le feu.
Il faut autant de tems pour laprécipitation d’une
quantité quelconque d’argent, qu’ il en a fallu pour
le diffoudre ; ainfi , auflitôt que la précipitation de
la première mife eft finie, on peut verfer dans la
bafline de cuivre la diflolution d’une autre quantité
d’argent. On y ajoute en même tems l’eau
chaude du bain-marie , où l’on avoir mis le vaif-
feau contenant cette diffolution, obfervant feulement
que la bafline fervant à précipiter ne foit
pas trop remplie, afin qu’il y ait de la place pour
la diffolution ou eau-forte chargée d’argent.
Si on fe fert fou vent d’un vaiffeau de cuivre
pour précipiter l’argent, il faut le vifiter pour
voir s’il ne s’affoiblit point trop dans quelques
endroits, & s’il ne laiffe pas répandre de fa liqueur
; ce qui ne peut manquer d’arriver tôt ou
tard, puifqu’il y a érofion de cuivre à chaque précipitation.
Ainfi, pour prévenir ces accidens, il
faut toujours avoir une autre bafline toute prête ,
dans laquelle on puiffe. recevoir ce qui fuit par
quelque trou de la première. On s’en apperçoit,
avant qu’elle foit percée tout-à-fait, par de petites
gouttes d’eau qui fe forment ordinairement au
dehors de la bafline. Alors il eft tems d’empêcher
qu’une partie de l’eau chargée d’argent ne fe perde
ùans les cendres.
Quand le chaudron eft retiré du feu & que la
chaux d’argent s’eft totalement dépofée, l’eau s’éclaircit,
& l’on voit le fond de ce vaiffeau. Alors
d faut verfer cette eau en inclinant le chaudron,
prendre garde qu’ elle n’emporte de l’argent
avec elle ; ce qui cependant arrive rarement, parce
que cette chaux eft affez pefante.
Si l’on veut continuer de précipiter, il faut ôter
cette chaux, & la mettre dans une autre bafline
de cuivre, où l’on verfe de l’eau claire par-deffus.
On remet,comme auparavant, de l’eau douce dans
le chaudron ; on y ajoute de l’eau-forte chargée
d’argent avec l’eau chaude du bain-marie, & l’on
procède comme on vient de l’enfeigner.
On peut mettre la chaux d’argent de quatre
précipitations dans la même bafline pour l’édulcorer
toute à la fois.
A l’égard de la précipitation à froid, elle ne
coûte pas tant ; mais elle demande plus de tems ,
& n’eft guère commode dans les départs en grand,
parce qu’il faut beaucoup de place 8c un grand
nombre de vaiffeaux ; ainfi elle n’a fon utilité que
dans les petits départs. Il faut pour cette précipitation
des vaiffeaux de verre : ce font les meilleurs,
ou des terrines de grès bien cuites & presque
vitrifiées. Celles d’ un grès poreux ou tendre
ne réfiftent pas long-tems, & font bientôt percées.
On remplir ces vaiffeaux d’aau douce, de manière
cependant qu’ il y ait de la place pour une feptième
partie, qui eft l’eau-forte chargée d’argent, qu’on
y verfe aufli. Dès que ces deux liqueurs y font, 011
y fufpend, avec une ficelle, des lames de cuivre ,
qui ne foient ni fales ni graffes. On les laiffe en
repos jufqu’à ce que tout l’argent foit précipité ;
ce qui n’arrive qu’au bout de fept à huit jours ,
furtout quand on ménage le cuivre, & qu’on ne
veut pas y en mettre beaucoup à la fois. Il eft boit
aufli de profiter du petit avantage qui peut réfulter
de la chaleur de la diffolution d’argent, en la ver-
fant toute chaude dans l’eau des terrines, laquelle,
par ce moyen, prendra un degré de chaleur incapable
de les caffer. Mais il faut avoir attention de
verfer cette eau-forte prefque bouillante au milieu
de l’eau , & non vers les bords du vaiffeau ,
parce que la grande chaleur les feroit caffer. Cette
chaleur accélère un peu la précipitation de l’ar-'
gent fur les lames de cuivre.
On effaie par les grains de fel fi tout l’argent
eft précipité, comme on l’a enfeigné ci-devant. Si
la précipitation eft achevée, on décante l'eau des
terrines. Quant à la chaux d’argent qui refte attachée
aux lames de cuivre, on la fait tomber dans
de l’eau douce avec un gratte-broffe ou avec une
broffe de poils de fanglier fort courts, puis on les
lave avec l’eau verte de la précipitation. En cas
qu’on ne pût pas en détacher tout l’argent, on les
garde pour une autre opération.
On met toute la chaux d’argent, qu’on a précipitée
par l’une ou l'autre méthode, dans une
bafline de cuivre de capacité proportionnée. On y
verfe de l’eau commune, & on la fait bouillir pour
en enlever toute l’acidité. Le chaudron de cuivre
dont on s’eft fervi pour la précipitation à chaud,
peut être employé a l’édulcoration d’environ cens