
lution. Bergman, qui en a donné une hiftoire très-
exaéte, a remarqué qu’expofée à l’air elle fe cou-
vroit dune pellicule irifée, quelle étoitdécom-
pofée par la chaux & les alcalis, tandis que les
carbonates alcalins n’y opéroient pas la même décompofition.
Le carbonate de/èr ainfi diffous verdit
le lirop de violettes : quand on évapore la ligueur,
elle dépofe fon Tel ferrugineux fous la
forme d’une ocre rougeâtre.
La nature préfente très-fréquemment cette dif-
folution carbonique de fer dans les eaux minérales
, & ce font même là les eaux ferrugineufes
ou martiales les plus abondantes. Il y a des
pays qu l’on en rencontre à chaque pas , tels que
dans le département de l’Ailier & celui du Puy-
de-Dôme. On croyoit autrefois que le fer étoit
ïîmplement diffous dans l’eau. Plufieurs auteurs de
chimie vouloient cependant que le fer y fût dif-
fous par l’acide fulfurique, quoiqu’ils ne puffent
pas en démontrer la préfence. La découverte de
l’acide carbonique, fous fon premier nom d‘air
fixe, a levé toutes les difficultés à cet égard. On
a trouvé que le fer étoit prefque toujours diffous
par cet acide dans les eaux j qu’il y avoit deux
genres d’eaux ferrugineufes, les unes tenant peu,
les autres tenant beaucoup d’acide carbonique :
les fécondés, piquantes, acidulés, mouffent facilement
j les premières ne préfentent pas de pareils
caractères : toutes deux dépofent leur carbonate
de fer par le contaCt de l’air, &.à mefure que l’acide
carbonique, qui en opéroit la diffolution ,
s’évapore.. Rouelle le cadet a découvert que le fer ■
fpathique naturel, ou le carbonate de fer natif,
fe diffout dans l’eau chargée d’acide carbonique ,
& imite auffi bien les eaux minérales ferrugineufes.
Aujourd’hui on fabrique ces eaux artificiellement
, & non-feulement on imite ainfi les eaux
naturelles, mais on leur donne à volonté un degré
de douceur ou de force qui remplit les intentions
du médecin > en forte qu’on fe fert auffi utilement
de ce produit de l’art dans les maladies, que des
eaux ferrugineufes naturelles.
1 13. Dans mes recherches fur la rouille de fer &
fur le fafran de mars apéritif, inférées dans le Re-
çueilde mémoires de chimie que j’ai publié en 1784,
j ai fait voir qu’en diftillant ces compofés faits ,
par l’air, on obtenoit du gaz acide carbonique &
pn peu d’eau ; qu’ils fe trouvoient alors convertis :
en oxide de fer noir j qu’en expofant des alcalis !
fixes cauftiques à. la vapeur qui s’en dégageoit pendant
cette décompofition par le feu, on les faifoit
çriftallifer en les portant auffi à l’état de carbonates
j que la même rouille, diftillée avec le muriate
d’ammoniaque, donnoit du carbonate d’ammonia-
que j que c’étoit donc du carbonate de fer artificiel
abfolument de la même nature que ce qu’on
2v0.it nomme ;du fer fpathique ou delà mine de fer
blanche, & qué cela expliquoit la production fi
rapide de la rouille qui a lieu par le contaCt de
l ’air humide, 8c furtout çians les lieux où il y a le
plus d’acide carbonique en même tems, tels que
les écuries, les étables , les latrines, ainfi que la
corrofion profonde des morceaux de fer les plus
gros & les plus épais.
114. On n’a point encore examiné, au moins
avec l’exaCtitude & le foin fuffifans pour la bien
connoître, l’aCtion que les acides métalliques exercent
fur le fer, & les compofés qu’ils forment avec
fon oxide. On n’a prefque rien ajouté aux premiers
faits obfervés par Scheele fur ce genre de combi-
naifons. Suivant ce célèbre chimifte, le fer eft
attaqué lorfqu’on le fait digérer avec l’ acide arfe-
nique, & à la fin toute la diffolution prend la
forme d’une gelée. Si la digeftion a été faite dans
un matras bouché, & de manière qu’il n’y foit pas
entré d’air, cette diffolution ne fe coagule point.
En l’expofant à l'air libre pendant quelques heures,
fa furface devient tellement folide, que l’on
peut renverfer le matras fans qu’il en tombe rien :
la diffolution non épaiffie a donné, avec la po-
taffe, un précipité gris-verdâtre, d’où il s’eft dégagé
de l’acide arfenieux par l’aClion du feu, &
qui a laiffe dans le fond de la cornue un oxide de
fer rouge.
Une partie de limaille de fer ayant été traitée
à la diftillation avec quatre parties d’acide arfenique
concret, ce mélange fe gonfla & s’enflamma:
il y eut de l’arfenic métallique fublimé, & des
taches d’un brun-jaune difféminées fur les parois
de la cornue. On voit ici que le fer a fortement
enlevé l’oxigène à l’ acide arfenique, & l’a plus
condenfé qu’il ne l’étoit dans cet acide. L’acide
arfenique ne précipite point le fer des dilfolutions
décrites ci-deffus 5 mais les arfeniates 8c les arfe-
nites l’en féparent en poudre très^peu foluble,
qui devient jaunâtre ou rougeâtre par le contaCfc
de l’air. Ce précipité, fufible à un grand feu, exhale
l’odeur de l’arfenic fublimé quand on le fond,
fe change en une fcorie noire qui, traitée avec le
charbon, laiffe évaporer beaucoup d’ arfe^ic, &
fe réduit à l’état d’oxide noir de fer3 très-attirable
à l’aimant.
11 y. L’acide tungftique n’agit que très-peu à
froid, & immédiatement fur le fer. Ce métal,
plongé dans la diffolution de cet acide par l’acide
muriatique, lui donne une belle couleur bleue ,
provenante de la décompofition de l’acide tungftique
& de fa converfion en tungftène par le fer :
l’acide tungftique précipite le fulfate de fer en
tunftate ferrugineux blanc. On fait que le wolfram
eft du tunftate de fer natif : les propriétés de icette
mine appartiennent au tunftate de fer artificiel.
116. Scheele n’a prefque rien dit de la combinai
fon de l’acide molybdique avec le fer 3 il a feulement
annoncé que les molybdates alcalins folu-
bles précipitoient les fels ferrugineux en brun*
& que l'acide molybdique dilfous paffoit au bleu
lorfqu’on y plongeoit des métaux avides de le rapprocher
luirmême de l’état métallique.
117. Quoique M. Vauquelin, dans fes deux
Mémoires
Mémoires fur le chrome & l’acide chromique,
n’ait point parlé en particulier de 1’aCtion de cet
acide fur le fer 3 il eft facile de concevoir, d’après
la grande difpofition qu'il a pour perdre la portion
acidifiante de l’oxigène, 8c pour repaffer de
l’état orangé d’acide à celui d’oxide vert, que le
fer plongé dans cette diffolution doit produire cet
effet. On unit l’acide chromique * fans décompofition
, à l'oxide de fer, en verfant dans une diffolution
de celui-ci, par quelqu’acide que ce foit,
une diffolution d’un chromate alcalin : on obtient
fur le champ un précipité de chromate de fe r ,
coloré en brun lorfque la diffolution ferrugineufe
èft furoxi'génée. Dans le cas oppofé, le précipité
eft vert, parce que l’acide chromique, cédant de
fon oxigène au fer qui n’en eft pas faturé, paffe
à l’état d’oxide dé cette couleur.
Aftion fur les bafes & fur les fels.
118. Le fer a à l’état métallique, n’a qu’une action
très-foible fur les terres & les alcalis : cependant
ces derniers, à l’étàt cauftiques & concentré,
favorifent la décompofition de l’eau par \efer3
puifqu’on voit s'élever du gaz hydrogène ; &
puifque le métal prend bientôt au fond des liqueurs
l’état d'oxide noir ou d‘éthiops martial. A
peine y a-t-il néanmoins diffolution fenfible de
l’oxide de fer ainfi formé dans les alcalis liquides
qui en ont accéléré la formation j ils ne précipitent,
par un long contaCt de l’air, que quelques
légères pouffières jaunâtres, qui enduifent plutôt
les parois des vafes, qu’elles ne forment un véritable
dépôt.
119. Les oxides de fer bruns fe condenfent avec
les terres détrempées dans l’eau : ce mélange prend
beaucoup de dureté à l’aide du tems, & on a remarqué
, il y a long-tems, que les cimens où il
entroit de l’oxide de fer étoient bien plus folides
& bien plus durables que ceux dont cet oxide ne
faifoit pas partie : telle eft fans doute la caufe des
fuccès que l’on obtient dans la préparation des
cimens & des mortiers fabriqués avec des pouzzolanes,
efpèces de terres ou de fragmens de produits
volcaniques, qui dans leur compofition recèlent
une grande quantité d’oxide de fer 3 & qui
font des conftrudtions très-bonnes & très-folides
fous l’eau j telle eft auffi la raifon de futilité de
l ’efpèce de réfidu qu’on nomme ciment des diftil-
lateurs d’eau-forte ,•& qui n’eft que de l’argile cuite
& rapprochée de l’oxide de fer, qui y eft mêlé
en allez grande proportion par l’aCtion du feu.
Les briques faites avec de l’argile ferrugineufe
bien cuite rempliffent le même ufage.
120. Les mêmes oxides de fer éprouvent une
altération qui n’eft pas encore bien connue dans
fa caufe , de la part des alcalis cauftiques. On ne
peut pas verfer une diffolution de potaffe ou de
lbude cauftique un peu concentrée fur de l'oxide
de fer rouge, & furtout aider l'aCtion réciproque
Çn i m i b . Tom, IK»
dé ces deux corps par le feu, fans que la couleur
de l’oxide ne tende à paffer au noir, 8c fans que
cet oxide ne fe rapproche très-fenfiblement de
l’état métallique. Le même phénomène eft produit
par la baryte, la ftrontiane & la chaux bien vive,
qu’on broie avec de l’eau & de l'oxide de fer ;
celui-ci paffe au brun-foncé, & fe conferve dans
cet état fans devenir jaune par le contaCt de l’air,
comme on le voit dans l'oxide de/er pur 8c fans
mélange. Se palfe-t-il dans ces opérations quelque
chofe de femblable entre les alcalis cauftiques &
l’oxide de fe r 3 à ce que j’ai obfervé, entre ce
même oxide & l’ammoniaque pure ? Auffi tôt que
ces deux corps font en contaét, 8c furtout dès
qu’on aide leur aCtion par la chaleur, l’oxide de
fer perd fa couleur rouge & paffe au brun-foncé,
& même au noir ; il fe fait dans ce cas une effervescence
fenfible j & elle donne naiffance à du
gaz azoté qu’on peut recueillir quand on fait l’expérience
fur des quantités fuffifantes de matières.
Il eft bien évident qu’ici l'hydrogène de l'ammoniaque
fe porte fur l’ oxigène de l'oxide de fe r ,
avec lequel il forme de l’eau en le laiffant dans
l’état d’oxide noir ,’ & que l’autre principe qui
conftitue l’azote fe dégage en fluide élaltique ;
mais on ne peut point affurer la même chofe des
alcalis fixes, dont on ignore la nature & la compofition,
& dans iefquels, comme je l’ai dit ailleurs,
on n’a pas même prouvé encore la préfence
de l’azote.
121. Il eft un autre mode de combinaifon en*
tre les bafes terreufes furtout, 8c l’oxide de fer :
c’elt celui de la fufion à l’aide d’un feu plus ou
moins fort. L’oxide de fer s’unit intimement à la
matière terréo-alçaline, fe fond avec elle en verre
qu’il colore en brun-foncé ou en vert fombre,
ou même en une nuance prefque noire : quelquefois
le verre eft Amplement verdâtre. Au refte,
la couleur de cette vitrification varie fuivant l’état
de l'oxide de fer\ fuivant fa quantité, fuivant
les mélanges auxquels on l’allie, & encore fuivant
la force & la durée du feu qu’on lui fait éprouver
: de là les nuances d’un grand nombre de rouges
, de bruns , de jaunes-rouges ou bruns, ou
vert-clair ou foncé qu’on donne aux émaux, aux
couvertes de faïence & de porcelaine, aux verres
de différentes efpèces que l’on fabrique , fuivant
l’état, la quantité des oxides de fer qu’on y fait
entrer, & fuivant le degré de feu que l’on emploie.
122. Le fer y comme toutes les autres fubftan-
ces métalliques, agit fur les fels en raifon de l’action
qu'il eft fufceptible d’exercer fur les acides
qu’ils contiennent. C’eft ainfi qu’il décompofe le*
Tulfates alcalins à l’aide d’une haute température,
parce qu’il enlève alors l'oxigène à leur acide ful-
furique, & le réduit à l’état de foufre. J’ai trouvé
qu’en faifant chauffer au rouge pendant une heure,
dans un creufet bien clos, une partie de fulfate de
potaffe avec deux parties d^ fer en limaille fine,