
il fe dégage beaucoup d’hydrogène pendant cette
aétion : il en réfulte une diflolution verdâtre, qui
devient promptement rougeâtre quand elle eft
chauffée ou expofée à l’air. Elle donne par l'évaporation,
des criftaux prifmatiques jaunâtres. L’acide
oxalique précipite les fels furoxigénes de fer y &
fpécialement le fui fa te rouge de ce métal, en une
poudre rouge que quelques chimiftes ont propofée
pour la peinture. Il n’y a pas d’acide qui diffolve
plus promptement & plus complètement 1 oxide
de fer noir très-divifé : c’eft pour cela qu’il eft très-
utilement employé pour enlever les taches d’encre
fur le linge & les étoffes, dont la couleur ne craint
point l’adtion de cet acide.
Les combinaifons acidulés de l’acide qxalique
s’unifient au fera & forment des fels triples, folu-
bles dans l’eau, & dont le fer n’eft pas précipité
par les alcalis.
L’acide tartareux opère la diffolution du fer avec
effervefcence & dégagement de gaz hydrogène :
cette diffolution eft brunâtre, ne criftallile point;
.elle fe prend en ma fie gélatineufe par l’évaporation.
.
Le tartrite acidulé de potaffe attaque, diffout
le fer fes oxides : il en réfulte des fels triples,
qui font d’ufage en médecine : tels font Ie tartre
ckalybé. la teinture de mars tartarifêe, les boules de
mars de Nanci.
On prépare le tartre chalybé en faifant bouillir,,
dans cent quatre-vingt-douze parties d’eau, quatre
parties de fer & fix parties,de-tartrite acidulé
de potaffe. Quand l’ acide eft faturé, on filtre la
liqueur, on la fait évaporer, & l’on obtient des
criftaux.
La teinture de mars tartarifêe eft le produit d’une
pâte faite avec fix parties de limaille de fe r, feize
parties d’acidule tartareux, & fufïifante quantité
d’eau, qu’on laiffe repofer pendant vingt-quatre -
heures , qu’on fait bouillir enfuite pendant deux
heures dans cent quatre-vingt-douze parties d’eau ;
enfin, on filtre & l’on fait évaporer jufqu’en confiftance
de firop , auquel on ajoute une partie d’alcool
pour l’empêcher de fe décompofer.
Les boules de mars fe préparent en mettant une
partie de limaille d’acier avec deux parties de tartre
blanc en poudre dans un vaiffeau de verre, avec-
une certaine quantité d’eau-de-vie foible. Quand
celle-ci eft évaporée, on broie la maffe, on y ajoute.
de l ’eau-de-vie comme la première fois3 & on laiffe
fécher. On répète cette manipulation jufqu’à ce
que le mélange foit gras & tenace. : alors on en
forme des boules.
Toutes ces combinaifems font des fels triples, i
très-folubles dans l’eau, folublesaufli dans l’alcool,-i
& dont les alcalis fixes ne précipitent point le fer.
L’acide acéteux diffout très-bien le fer & fon
oxide au minimum y mais difficilement & en petite
quantité fon oxide au maximum. Cette combinai-
fon ne tarde pas à fe décompofer par l’expofi-
tion à l’air, & furtout par la cnaleur.
Comme le fer s’oxide très-promptement juf-
qu’au maximum dans fa diffolution acétique,
qu’alors le fer eft tres-difpofé à fe féparer, l’acétate
de fer eft par cela même plus avantageux
que tout autre fel ferrugineux , pour la teinture
en noir fur fil & fur coton. Aufii les fabricans de
toiles peintes l’emploient-ils comme mordant pour
faire les noirs avec la garance: on s’en fe11 aufii
pour teindre le fil & le coton , au moyen de la
noix de galle. On le prépare avec le vinaigre de
bière & de la vieille féraiile.
On ne connoît pas les combinai fons des acides-
camphorique , fubérique , honiiiique , moroxa-
lique avec le fer i elles promettent trop peu de
réfultats utiles pour que les chimiftes s’en occupent.
On fait, par exemple , que l’ acide fuccini-
que forme, avec, l’oxide de fer au maximum, une
combinaifon infoluble , & l’on a profité de cette
propriété pour féparer le fer du manganèfe, &
des fubftances terreufes avec lefquelles il fe trouve
en diffolution dans un acide. On emploie pour
cela le fuccinate d’ammoniaque ou de potaffe', car
l’acide fuccinique feul ne pourroit pas produire
Entre les combinaifons des acides animaux avec
le fer y il n’y a que celle .que forme l’acide pruf-
fique qui foit bien connue, au moins dans fes propriétés.
C ’eft un fel d’un beau bleu, qui porte ,
dans les arts & le commerce, le nom de bleu de
P™jfe y parce que c5eft dans ce pays qu’il a été
découvert : les chimiftes l’appellent prujfiate de fer.
(ffoye^y pour la manière de le fabriquer, fes propriétés
& fes ufages , l’article Bleu de Prusse,
ou tous ces objets ont été traités en détail. )
Ufages.
128. J’ai déjà indiqué, dans,tout ce qui pré?
cède , une grande partie des ufages du fer. J’ai fur-
tout fait voir que ce métal, beaucoup.plus réellement
utile que l’argent & l’o r , d’une part—à
caufe de fon abondance , de l’autre par fes nom-
breufes propriétés, avoit fur tous les métaux l ’a-
van tage innappréciable autant que fingulier, de pouvoir
être dans une foule d’états différens, & de
préfenter, dans chacun de ces états , des qualités
qui le rendoient d’un prix ineftimable. J’ai in fi fié
dans le commencement de fon hiftoire, fur les
grands rapports que le philofophe trouve entre la
profpérité des nations, le perfectionnement de la
raifon humaine & celui des arts multipliés qui.
s’exercent fur 1 e fe r .3 furtout fur ceux qui con-
fiftent à lui donner toutes les modifications dont
il eft fufceptible, à l ’avoir mou & flexible pref-
que comme de l’étain dans un de fes extrêmes, &
dans l’autre, fi dur & fi tehace qu’il peut entamer
tous les corps ou qu’aucun ne peut lui réfiftèr.
Dans ce dernier état, tous Ies êtres femblent être
fournis à fa puiffance & à fa domination : il fait
difparoître leur forme, leur confiftance, leur tiffu,
leur organifation. Dans les mains de l'homme qui a
5 du balancier fur les métaux eux-mêmes, jufqu’aux
;
aiguilles à coudre, 11 eft donc regardé avec raifon
ï comme l’ame de tous les arts., & il occupe (Ls
s millions de bras chez les peuples policés, dont il
1 attefte fans ceffe le génie, l’induftris en multt-
c pliant leurs jouiffances.
fu lui donner cette propriété dominatrice, il change
& modifie fans ceffe tout ce qui l’environne, &par cela feul on peut juger non-feulement quelle
prééminence il a donnée .à l’efpèce fur tous les
autres animaux, mais encore quels progrès il a dû
faire faiye à l’efprit humain ; quelle différence doit
exifter entre les nations fauvages qui ne le con-
noilfent pals, & les peuples policés qui en ont le
plus avancé le travail & multiplié l’emploi.
12.9. Quoiqu’il paroiffe décidément aujourd’hui
partager avec Je cobalt & le nickel Ja propriété
magnétique,-il eft le feul encore qui dirige le navigateur
fur la mer, 8c il confervera long-tems
cette préférence par rapport à fa force aimantaire,à caufe de fon abondance, de la facilité de fon
travail, & de celle avec laquelle on peut y multiplier
en quelque forte cette finguliète puiffance.
Sous ce point de vue, les ufages du fer ne peuvent
être limités,& il eft impoflîbl.e de prévoir encore
jufqu’où ils pourront s’étendre quelque jour.
130. Si l’on veut généralifer les fervices impor-
tans & multipliés que le fer rend à la fociété fous
fa forme métallique 3von verra que, comme fonte ,il fert à faire des planches, des tables, des vafes,des mortiers, des canons, des cylindres, des corps
de pompes , des volans, des roues, & depuis les
immerdes machines dont il dirige les grands mou-
vemens, iufqu’aux clous minces qu’on fabrique en
Angleterre, & qu’on échange contre les rie heffes
de l’Inde. Depuis des ponts d’une affez grande di-
menfion, jufqu’à de petites agrafes minces, ce métal,
fufible, réfiftant, dur & prefqu’ inalterable-
dans le premier état de fufion, remplit une fouie
de conditions dans la vie fociale. Comme fer de
toutes les fortes, caffant, roide, rouverain, doux, I
duélile, fibreux, il fupporte, foutient une foule ]
d’efforts, de chocs, de preflions, depuis les im-
meni’es tirans des grandes machines & les maffes
en baY-es qui accrochent 8c retiennent les pierres
& les charpentes des grandes conflruètions, jufqu’aux
fils minces qui réfonnent fous les doigts des
mufîciens, ou qui fervent à faire des toiles métalliques;
il prend toutes les formes, reçoit une
férié immenfe de modifications 5 il eft le grand
mobile des machines; ‘il fépare, diftingue & défend
nos demeures; il-orne nos monumens ; il
charme nos oreilles, 8c ajoute fans ceffe à l’induf-
trie, à la puiffance & aux jouiffances de l’homme.
Enfin , dans l’état d’aciers fi diverfifiés , Protée
métallique, on l’emploie à mille ufages impouans,
depuis l’aiguille fine & mobile qui règle la marche,
des navigateurs, & les refforts délicats qui meuvent
& régularifent nos montres & nos garde-
tems ; depuis les puiflàns refforts qui fufpendent
& balancent nos voitures fufpendues, jufqu’aux I
joyaux de luxe qui brillent d’un éclat 8c d’un poli ]
fi vifs ; depuis le foc utile qui creufe nos filions , J
jufqu’aux fimples couteaux qui fervent à couper la j
plupart des corps ufuels; depuis ces chefs-d’oeu- j
vre de gravure qui fe multiplient par la preflion
131. Si l’on confidère fes différens états dans lç
ï fein de la terre, on le verra encore fervir, fous
des formes variées, prefque fans apprêt 8c fans
i préparation préliminaire. Ici on l’exploite comme
; aimant, qu’on arme & qu’on fortifie par le fscours
. : delà phyfique; là on l’enlève dur, quartz?u x , 8c
i portant alors le nom d’émeri, pour l’employer,
,
après l’avoir broyé à l’aide de meules, a ufer.&,
1 à polir Jes fubftances les plus dures & les plus ré-
fradia ires fous la main de l’ouvrier qui les preftè.
Plus loin , on l’extrait fous l’apparence de terres
: : nuancées de miiié? couleurs, pour en enrichir la
: palette du peintre, & le voir bientôt s’animer 8c,
refpirer fur la toile ; dans d’autres lieux, on le tire
des entrailles de la terre pour en tailler des crayons
; rouges, pour, le délayer en mortier durable, pour
,
en décorer lès allées des jardins de diverfes nuan-
,
ces de fable ; quelquefois on l’arrache aux mon-;
; tagnes avec les propriétés douces, ondiueufes,
friables, brillantes , & je dirois prefque lubré-,
liantes en même tems, avec la grande inaltérabilité
que l’on reconnoît dans le carbure de fer nat
if, pour adoucir le mouvement des rouages ,
tracer des lignes & des deflins fur le papier, recouvrir
& défendre les inftrumens de fer de la
rouille, foit en les frottant avec fa fimple pou!-
fière, foit en les enduifant chauds d’une efpèce’
d’onguent décrit par Homberg en 1699, & préparé
avec huit livres d’axonge , quatre onces de
camphre & quantité fufïifante de ce carbure. M
fert encore dans le dernier état, à liffer & noircir
lé plomb de çhaffe ; il conflitue la prefque totalité,
des creufets de Paftaw en Saxe, & une partie de
l ’enduit des cuirs à rafoirs; il fert de couverte à
quelques poteries, &c.
132. En chimie & en médecine, le fer n’eft
pas moins recommandable. On a déjà v u , dans
les détails précédens, toutes les expériences auxquelles
il eft employé, tous les produits qu’il
donne, tous les phénomènes qu’il fait naître. Les
médecins en tirent des remèdes importans & des
fecours bien utiles dans le traitement des maladies. -
C ’eft peut-être le feul métal, parmi ceux qui ont
une activité médicameriteufe quelconque, qu’on
ne doive pas ranger dans la ciaffe des poifons ; il
femble même, comme je l’ai déjà indiqué, avoir
une efpèce d’analogie avec l’économie animale : il
ftimule les fibres organiques, il augmente leurs
rmouvemens ; il fortifie fenfiblement l’énergie
I mufculaire; il excité l'excrétion urinaire; il pro-
| voque les hémorrhoïdes & le flux menftruel ; il
multiplie & accélère le cours dufang; il paffe dans
les voies de la circulation, fe combine avec le fang,
' lui donne plus de couleur & de confiftance; il ir