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la couleur , la nature épaiffe, vifqueufe & non
criftallifable. M. Monnet l'avoir même caraéférifé
par l'oxidation plus avancée du fer\ mais on doit
à M. Prouft, profe fleur de chimie à Ségovie , des
expériences aflez fuivies fur ce fel, pour en avoir
déterminé les caractères diftinétifs. Son travail,
communiqué à i'Inftitut national en floréal an y >
ne laifle rien à delîrer. Après avoir rafle m b lé les
principales circonftances dans lefquelles le fui fa te
vert fe convertit en fulfate de fer rouge que je
nomme furoxigéné, circonftances que j'ai indiquées
plus haut, il obferve qu'il n'y a que deux fulfates
de fer y qu'il n'y a point d'état intermédiaire entre
ces deux efpèces; que lorfque lè premier paffè du
vert au rouge par diverfës nuances, & n’eft pas
encore changé tout entier en fulfate furoxigéné,
il n'efl qu'un mélange des deux en différentes proportions
; qu'on peut les féparer & en déterminer
Ja quantité refpeCtive par l'alcool , qui diflout le
furoxigéné fans toucher au fulfate de fer Ample ;
de forte qu'on a , dans cette diffolubiïité du premier,
un moyen de les obtenir parfaitement purs
& ifoies l'un & l'autre.
96. Le fulfate de fer furoxigéné ne donne jamais
de criftaux 5 il a une couleur rouge 5 il dé-
pofe de l'oxide de fer à l’air & par l'aCtion du feu 5
il eft toujours avec excès d'acide ; il attire l’hu-
midité de l'air 5 le fer qui le fature y contient
0.48 d'oxigène , tandis que celui du précédent
n'y contient que £>.17 de ce principez il eft plus
diffoluble dans l’eau que le fulfate de fér\ il précipite,
par les terres & les alcalis purs, un oxide
jaune ou rougeâtre qui n’éprouve pas d'altération
à l’air, parce qu'il ne peut plus en abforber d’oxi-
gène, tandis que celui dit-fulfate de fer vert en
abforhe facilement ce qui lui manque pour être
changé, depuis les 0.27 de ce principe qu’il con- :
tient, jufqu'à 0.48 qu'il peut en prendre. Ainft, |
un des caractères les plus prononcés des deux fui- i
fa tes de fer cov&fte dans leur précipitation comparée
par les alcalis cauftiques. Le Ample ou vert
donne un .précipité formé dêb.73 de fer & de
0.27 d'oxigène , & le fulfate furoxigéné en fournit
un qui contient 0.48 d’oxigène & a.y 1 de fer.
t/nè-autre propriété égalementttès-cara&ériftiqùe
du fulfate de fer furoxigéné , c’eft que quand on
ajoute, du fer à fa diflolution il eft décompofé : uns
partie de fon oxide fe féparé j l'autre partage avec
le ^rajouté l’oxigène abondant qu'il contient, &
la diflolution repaffe à l’état de fulfate ordinaire;
M. Prouft annonce que le mercure, le zinc , l’étain
& pîuAeurs autres métaux ont la même propriété
de faire rétrograder le fulfate de fer furoxigéné
vers l'état de fulfate de fer Ample : l'eau hy-
drofulfurée décompofé & change la nature du
fulfate dé fer furoxigéné en fulfate de fer* vert ,
tandis qmelle ne précipite , fuivant ce chimifté,
le fulfate: de fer vert qu’à eau fe de la portion
cPoxide de cuivre qu'il contient A fouvent.
• 97. Enfin, deux autres propriétés obfervées
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par le même auteur, diftinguent encore & caractérisent
effentiellement les fulfates de fer : &
quoiqu'elles foient tirées d'efpèces d'agens encore
nouveaux & dont il n'a pas encore été quef-
tion , je réunirai ici l'expofé de ces deux derniers
caractères pour rendre plus complète la diftinc-
tion des deux fulfates ae fer : devant reprendre
d'ailleurs cet objet plus en détail, je ne ferai
que l'énoncer ici. M. Prouft affure que la noix de
galle ne change point les propriétés du fulfate de
fer Ample , & quelle précipite le fulfate jaune ou
furoxigéné en noir très-brillant > que c'eft pour
cela qu'en expofant à l'air une teinture encore
humide faite avec du fulfate vert de fe r , & qui
n'a point pris dans la cuve la couleur noire, elle
fe fonce en couleur, 5c paffe au noir en abfor-
bant l'oXigène de l'atmofphère, comme le fait
1 encre elle-même , fuivant une obfervation confiante.
Le profeffeur Prouft a encore trouvé que les
pruflîates alcalins , bien faturés & bien purs , ne
changent point la couleur du fulfate de fer Ample ,
& qu’on n'obtient de bleu de Prude que des mêmes
pruflîates mêlés avec le fulfate furoxigéné 5
qu’il y a deux efpèces de prufliate de fer répondant
aux deux efpèces de fulfates ; l'un blanc,
avec le fer à 0.27 d'oxigène; l'autre bleu , avec le
fer à 0.48 de ce principe. Aufli l'efpèce de pruf-
Aate de fer-blanc qu'on fe procure en jetant une
diflolution de prufliate de potaffe dans.une diflolution
de fulfate vert de fe r , paffe*peu à peu à
l'état de prufliate bleu, par fon expoAtion à l’air
quand il eft encore humide, ou par l’addition de
l'acide muriatique oxigéné. Au refte, M. Prouft
généralife^ & étend l'hiftoire de ces deux efpèces
de fulfate & de prufliate de fer à pîuAeurs autres
combinaifons des acides avec l'oxide de ce métal
, & furtout à celle des acides nitrique & muriatique.
98. L'aCtion de l’acide fulfureux fur le fer eft
une de celles que les ehimiftes modernes ont le
plus exactement fuivies & appréciées dans l'hiftoire
des fulfttes métalliques. M. Berthollet a le premier
vu que cet acide étoit décompofé parieferj que
la portion de foufre, féparée de l'oxigène par le
métal, reftoit en combinaifon avec le fel formé,
d'où on pouvoir le précipiter par le moyen de 1 acide fulfurique. Les phénomènes de là combi-
naifon du fer avec l'acide fulfureux nous ont beaucoup
occupés, M. Vairquelin & moi, dans nos
recherches fur cet objet , & , en conflrmant ce
qu'avoit déjà annoncé avant nous M. Bërthollet,
nous y avons ajouté quelques faits qui., comparés
à ceux que nous ont préfentés pîuAeurs autres
fubftances métalliques, nous ont permis de géné-
ralifer les propriétés d?un grand nombre de fulfltes
métalliques , & d*en offrir conféquemment une
hiftoire plus complète que les premiers traits qui
en a voient, été donnés- par le célèbre chimifté
cite.
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L'acide fulfureux liquide, verfé fur de la lima die
de fer, agit tout à coup, & prend une couleur
fauve foncée ; il fe dégage quelques bulles de gaz
hydrogène qui ceffent promptement ; il fe développe
beaucoup de chaleur, & la couleur fauve
eft bientôt remplacée par une nuance verdâtre. Il
refte un peu de carbure de fer au fond de la diflolution
: celle-ci fait effervefeence avec les acides,
exhale beaucoup d'acide fulfureux , & dépofe du
véritable foufre en poudre blanche. Un peu d'acide
fulfurique ou muriatique verfé dans cette diflolution
y fait une vive effervefeence fans y occa-
Aonner de précipitation : il faut en mettre une
aflez grande quantité pour obtenir la précipitation
du foufre en pouftîère blanche. L'acide nitreux
bien fumant en fépare du foufre jaune & en mafle
duCtile. Il réfulte de là que le fulfite fulfuré de fer
n'eft pas faturé de foufre, &: que la première portion
des acides qu'on y ajoute agit d'abord fur le
fulfite de fer feul fans agir fur la partie du fulftte
fulfuré. Le foufre ainft féparé contient un peu de
fer qui fe combine avec lui en oxide fulfuré à l'aide
de la chaleur.
• 99. La diflolution de fer dans l’acide fulfureux,
expofée à l'air, dépofe une pouflîère jaune-rougeâtre,
& des criftaux enveloppés de la même
poùftière rougeâtre. En leflivant toute cette mafle
avec dé l'eau , elle diflout la partie criftallifée, &
laifle la pouflîère rouge, qui, diffoute dans l'acide
muriatique, lui cède le fer, & dépofe du foufre
encore un peu ferrugineux. La leflîve du dépôt
dans l'eau eft encore du fulfite de fer fulfuré,
moins chargée de foufre que la première diffolu-
tion : ainfl l’air décompofé celle-ci, & en précipité
de l’oxide de fer fulfuré. Les alcalis précipitent
en vert ce fulfite dëfulfuré par fon expofition
à l’air ; l’acide nitrique lui donne une couleur rouge
plus ou moins foncée. Laiffé à l’air après le premier
dépôt, il fê forme à fa furface une pellicule
rouge ; il fe dépofe une pouflîère rouge, & enfuite
des criftaux de fulfate de fer. La pouflîère rouge
exhale un peu d'acide fulfureux; mais le fel offre
une converfion de fulfite en fulfate. Ce fulfite
Ample de fer diffère donc du fulfite fulfuré, en ce
que ce dernier eft permanent à l'air, tandis que le
premier y abforbe deToxigène. Le fulfite fulfuré
dépofe du loufre par les acides , & le fulfite Ample
ne donne que de l'acide fulfureux: le fulfite lul-
furé eft diffoluble dans l’alcool, & le fulfite Ample
ne l’eft pas du tout. On peut faire ce dernier en
combinant immédiatement l’oxide- de fer avec 1 a-,
eide fulfureux ; celui-ci perd fon odeur : on obtient
une diflolution rouge.
' 100. L'oxide de fer le plus oxide n’agit point
fur l ’acide fulfureux de manière à lui céder de
l ’oxigène Sc à le convertir en fulfate, comme le
fait l'oxide dé- manganèfe, & cela prouve que le
fer a plus d'attraCtion pour l'oxigèhe, que n’en a
l'acide fulfureux > auffi a-t-on vu le fer décompofer
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l ’acide fulfurique, & en convertir une partie en
acide fulfureux, décompofer même celui-ci, &
en féparer du foufre, par lequel l’oxide de fer eft.
un peu Axé dans fa combinaifon avec cet acide,
puifque le fulAte fulfuré eft moins altérable par
l'air, que ne l’eft le fulfite Ample. On obfervera
encore que les fulfites de fer fulfurés ou Amples
ne donnent point de noir avec la noix de galle, ni
de bleu avec le prufliate de potaffe, & qu'il n'y a
pas lieu de douter, d'après cela, que l’oxide de
fer n'y eft pas porté aufli loin dans, fon oxidation
que dans le fulfate de fer furoxigéné, ou même dans
le fulfate de fer mêlé d’une certaine quantité de
ce dernier. La fonte, en fe diflolvant dans l’acide
fulfureux, ne donne pas de gaz hydrogène , &:
c'eft un moyen d'en féparer avec exactitude le
carbure de fer qui refte en poudre noire après fa
diflolution.
101. Le fer décompofé l’acide nitrique avec une
très-grande énergie : il fe dégage tant de gaz
nitreux, qu’une vapeur rouge très-forte fe forme
dans l'air au deffus du vafe où l'on fait l’opération^
L'effervefcence, le bouillonnement, le boursouflement
, l'écume, font conftdérables. Le fer eft
oxidé en rouge-brun, & il refte en poudre fèche
lorfque fur de la limaille Ane on a mis peu d’acide
nitrique. Cependant cet acide, très-lourd & très-
concentré -3 agit beaucoup moins fur ce métal que
lorfqu’ il eft étendu d'une certaine quantité d’eau :
il paroît que celle-ci eft néceffaire pour diminuer
l'aggrégation des molécules de l'acide, & pour
favorifer l'aCtion du fer fur elles. Les anciens chi-
rniftes, frappés de la rapidité de l'aCtion réciproque
de ces deux corps, & uniquement occupés de
l’intention de fe procurer une diflolution plus ou
moins chargée, & furtout permanente, de fer dans
l'acide nitrique, ont trouvé un moyen de remplir
ce but en mettant du fer en morceaux dans l’acide
nitrique foible , & en ne laiffant pas faturer cet
acide. Les ehimiftes modernes, depuis la découverte
des gaz, ont moins fongé à opérer une- dif-
folution nitrique du fe r , qu'à puifer, dans leur
aélion mutuelle, un procédé pour obtenir abondamment
l'efpèce d'oxide d’azote, connu fous le
nom de ga^ nitreux. PîuAeurs d’entr'eux ont con-
feillé cette diflolution pour dégager cette efpèce
de fluide élaftique ; mais la nature même du nitrate
formé dans cette opération, fon avidité pour s’unir
à l’oxigène, la grande quantité qu’il peut en abforber
, mettent un' obftacle infurinontable à la
réuflite de ce procédé. En effet, le gaz nitreux
qui fe dégage dans ce cas eft bientôt fuivi de gaz
azote qui fe mêie avec lu i, & qui le rend extrêmement
variable ; de forte qu’on ne peut jamais
compter fur la nature de ce gaz. Lorfque l'adlion
eft Ja plus forte qu’ il eft poffible, non-feulement
l’azote eft féparé d’avec l’oxigène de l’acide, mais
encore l ’eau qui lui eft unie eft décompoféé. Son
, hydrogène fe combine à l’azote de l’acide nitri