
huile fuJfurte , qut a. une odeur fétide, on obtient
beaucoup de gaz. hydrogène fulfuré, fans, que le
foufre s'e» fublime dans fon état concret & ifoLé.
Quelques huiles, ont une adtion fur les métaux
les plus faciles à oxrder ; elles hâtent leur oxidatton
& ravoRÎfenc l’abibrption de L’oxigène atmofphé-
rique 5. mais cet effet eft en général foible 3c len t.
Les oxides métalliques ont une aérien bien, plus
marquée fur lescombuftibles végétaux. A l'aide de
la chaleur, ils cèdent une portion de leur oxigène
aux huiles q\.ai s’épaiftiffent alors, & forment en. général
les matières connues fous le nom à' emplâtres.
Dans cet état, elles forment des efpèces de favons.1
fouvent indiflolubles, quelquefois plus ou moins,
folubles. Si on augmente cette action par celle de la
chaleur, on déeompofe entièrement l'oxide métallique
: il repaffe à L'état de métal, 8c l‘huile eft alors
entièrement détruite en eaux üs en acide carbonique.
C ’eft cequi fait colorer L'emplâtre en cuivre
rouge, 8c la plupart des onguens ou des emplâtres
trop cuits en couleur brune, ou noirâtre , parla
réduction de l'oxide de plomb..
20. L'eau n'a point d'aétion fenfîble fur \es.huiles
fixes ; elles fe tiennent à la furface de ce liquide.
Quand on les agite avec lui, elles le bknchiiïènt
d'abord 8c s'interpofent entre fes molécules, mais
elles s’en féparent à l'aide du repos. L'eau leur
enlève cependant une certaine proportion de mucilage,
& favorife laféparation delà fécule colorante
quien trouble la tranfparence : c'eft un moyen
de les purifier 8c de les rendre plus combuftibles,
qu'on emploie-dans les ateliers.
21. Les acides font fufceptibles de décompofer
les huiles fixes , mais, avec des phénomènes particuliers,
fui van t la matière, là concentration de
ces acides, ainfi que leur quantité & la. diverfe
température. En générall'acide fulfurique concentré
brunit, épaiffit, charbone ces huiles... On a
comparé autrefois cette aétion à la formation d'une
réfine ou d'un bitume j, mais ce n'eft véritablement
ni L'une ni Y autre,, c'effc un commencement de dé-
eompofition, dans laquelle il fe forme de* l eau*
i-î fe fépare 8c fe précipite du carbone., & il fe produit
même un-acide.
On emploie l'acide fulfurique pou# purifier 8c
blanchir les huiles. On les agite & on les bat avec
un deux centièmes de leur poids de cet acide juf-
qu'àce qu’il fe forme des flocons}, on ajoute alors,
deux ou trois parties d'eau.pour affbibLÎE l’acide.},
on agite encore & ©d laiffe repofer. En quelques
jours l'acide affoibli £e précipite avec Les.matières
étrangères, müqueufes, &c. qui fe dépotent brunies
& charbonées; Y huile blanchie fumage on
h filtre à travers des. étoffes de laine.
L’ acide nitrique froid: épaiffit les huiles:fixes. &
les oxide légèrement : s'il eft mêlé de gaz nitreux,
il agit avec beaucoup plus cL'aétiuité * il excire un
bouillomaement& une effervefcence confidérables}
il fe dégage une. grande quantité de gaz nitreux.
Quand on jette fur des huiles un mélange d'acide
nitreux & d'acide fulfurique concentrés, elles s'enflamment
fur le champ, & Laiffe ne un charbon plus
ou, moins bourfoufté 8c volumineux. En.employant
avec précaution: l ’acide nitrique, on peut faire
l'analyfe ex-aéàe d'une huile : on la convertit en-
acide oxalique. L'acide muriatique ordinaire ne*
produit que très-peu d'effet fur Y huile fixe: l'acide
muriatique oxigénéL’épaiftit 8c la blanchit à la manière
du fuif ou de lia cire.
22. Les alcalis ont tous une aébion plus ou moins
remarquable fur les huiles fixes.;: tous la rendent
diftoluble 8c la mettent dans l’état favoneux : on
nomme même-particuliérement favon cette combi-
naifon d'une huile fixe avec un. alcali. On. fait le
fa von médicinal en. triturant dans un. mortier de
verre ou de marbre une partie de leffive de po-
taffe cauftique, pefant au. moins moitié plus que
l'eau;, avec deux, parties & huile d* amandes douces.
Le broiement à froid fuffit pour opérer cettecom-
binaiCou. Avec des huiles de qualité inférieure 8c
unè lefîive de fou de cauftique un peu. concentrée,
qu’on braffe bien: v on fabrique Le tevon-Gommun x
qui fe folidifie par le tems. Le plus.communément
on favorife cètte combinaifon. par la chaleur pour
concentrer 1alefîive} on fépare enfuite la portion
liquide. Quand on emploie de la leflive de porafte,
on n'obtient qu'un favon mou. Celui qu’on nomme
favon marhré fe fait avec de la fonde en- nature de
fulfater de cuivre, du cinnabre*, 8ce. On fabrique
les plus communs,. qu’on nomme favons. verts ou*
noirs, avec les marcs ât huile d'olives: , de noix , de-
navette , 8c les alcalis cauftiques traités pan t'ébul-
lidon. On peut conûilter , pour la partie éconor
miquede cet; art, l’inftmétion publiée par Darcet
8c Pelletier.
23. Le favon proprement dit, ou la combinaifcn
d’une huilefixe avec la fonde cauftique, eft>un corps
blanc , folide, âcre 8c alcalin,-très-fufible au feu ,,
abforbant une très.*grande quantité d'eau qui augmente
beaucoup fon volume, perdant ce volume
8c devenant très-léger par fonexpofirion à Pair fec
ou par un feu doux, donc 1 alcali £é fépare peu à
peu fous la forme de carbonate de foude eriftallifé-
par une longue expofirion à l’air, décompofa-ble
par le feu, 8c donnant fon huile en partie liquide,
en partie folide par la diftillation ; très-dilfoluble
dans l'eau à laquelle il s'unit entoutes proportions^
formant, ou un liquide épais- rempli de fiJamens-
blancs 8c comme farinés. quand cecre diftblution.
eft forte 8c concentrée, au bien, une liqueur presque
tranfparente quandl’eau n’en.contientque peu;
| donnant à. ce liquide, avec un taéfcdoux 8c comme
; gras., une faveur âcre , urineufe, la demi-tranfp.ar
: rence laiteufe, la propriété dé mouflet beaucoup.
; 8c de fournir des efpèces d'écumes qui retiennent
■ facilement l’ait 8c les gaz» fous des parois minces
; 8c tenaces , comme le prouve l’art fimplede faire*
; ce qu'on norryue des- bulles de favon; décompofable
:■ par les acides, qui en féparent l'/W/e.épaiffe, & plus
‘ ou. moins rapprochée de l’état de fuif o,u de ciie.
Onvoit pardenfemble decespremiers phénomènes
qui appartiennent au favon, que, dans l’union des
huiles aux alcalis qui le forment, Yhuile fixe a absorbé
une portion plus ou moins conildérablsd'oxi-
gène ; que c’eft pour cela que le centaét de J’air
influe fur la faponificarion ; qu'on fait plus vite des
favons de meilleure qualité avec Les huiles pluscon-
■ crefcibles ou plus difpofées à fe concréter , ou
même avec celles qui le font déjà devenues, for-
tout avec les graiftes, &c. ; que c’eft encore par
-cette oxidation plus prompte & favorifée par la
préfence des alcalis, que les favons fe folidifient,
qu’il s en fépare de Y huile concrète par les acides 8c
même par le feu.
24. Le favon vrai ou de foude eft encore re-
connoiflable par la propriété d’être décompofé
par la baryte, la ftrontiane & la chaux. Sa dilfoki-
tion dans l ’eau, mêlée avec celle de ces bafes, forme
tout à coup un précipité en flocons blancs, indif-
folubles , qui, examiné chimiquement, fe trouve
être un compofé de Y huile concrète avec la bafe
employée. Tous les fels folubles de ces mêmes
bafes, ainfi que ce ux de magnéfie, de glucine, d’alumine
& de zircone, produifent un précipité analogue
de favon infoluble dans la difîolution du
favon de foude. Voilà pourquoi ce compofé favoneux
ne peut pas fe diffoudre, & prend au contraire
laforme de caillé avec les eaux chargées de Tels
.terreux quelconques. Un phénomène analogue fe
pafte avec toutes les diftblutions & les fels métalliques.
Auflitôt qu’on verfe ces diftblutions dans
celle de favon , il fe forme des précipités compofés
des oxides métalliques avec Y huile ; ces précipités
font colorés divérfement, fuivant les oxides divers:
leur coloration eft confiante & fixe, fuivant M. Ber-
thollet,qui, en faifant connaître ces compofés
fous le nom de favons métalliques , les a propofés
pour la peinture.
2y. L’ ammoniaque porte aufîî les huiles fixes à
l’état favoneux ; mais fon attraélion plus foible ne
les amène jamais à l’état concret, & n’en favorife
pas l’oxidation, comme le font les alcalis fixes :
aufli ne forme-t-elle jamais que des liqueurs favo-
neufes plus ou moins opaques , quoique diftolubles
dans l’eau & fufceptibles de nioufîer, ainfi que
d’enlever les taches huileufes , comme les favons
‘ folides. Les favons ammoniacaux préfentent d’ailleurs
le plus grand nombre des propriétés des favons
ordinaires.
26. Aucun fel n’a d’aéfion à froid & ne s’imit
véritablement aux huiles fixes. Lesfulfates, à l’aide
du feu & de la chaleur rouge , font décompofés
par les huiles réduites alors à l'état d’hydrogène 8c
de carbone. Les nitrates les font brûler & les dé-
compofent à l'aide d’une haute température. Le
muriate de foude eft fouvent employé pour durcir
les favons. Le muriate furoxigéné de potaftè, broyé
avec un peu à.'huile fixe, & frappé fortement, s’enflamme
& détone fubitemenr.
17. Quelques fels métalliques, mêlés aux huiles,
font décompofés & précipités par ces fobfttfnces
qui féparent 8c défoxidentpl us ou rr.'oiiis leurs b aies
métalliques. C'eft ce quon voit pa tiouliértmefit
arriver dans les mélanges que l'on fait pour plu-
fiems compolirions emplaftiques. Au relie, on n*a
encore que peu examiné cet effet, qui mérite d’ occuper
les chimifles.
28. Les huiles fixes s'unifient artificiellement avec
les mucilages 8c le lucre •: en les broyant avec ces
fubftances on les rend blanches, opaques 8c plus
ou moins mifcibîes avec l’eau : on fait fouvent cette
opération dans les laboratoires de pharmacie.
29. J'ai déjà fait voirplus haut qu'on pouvoir dif*
tin g mer les efpèces d’hui les fixes à l’aide de leurs propriétés
chimiques. Je dois ajouter que cette méthode
de diftinéfion eft d’autant plus eftentielle Sc
néceffaire, que le nombre de ces pro du étions végétales
eft extrêmement confidérabie. Chaque pays,
chaque climat, d’après la différence des végétaux
qu'on y cultive, a des huiles différentes deftinées
à une foule d’ufages domeftiques 8c économiques.
Il feroit même fuperflu d’offrir ici le dénombrement
de toutes les efpèces diverfes d'huiles qu'on extrait
8c qu’on emploie dans les différens lieux. Je bornerai
donc l’énumération que je me propofe d’en
faire aux principales efpèces connues 8c employées
fpécialement en Europe 8c dans mon propre pays
fur tout.
30. Je diftinguerai plus particuliérement ici les
huiles fixes 8c ufuelles en deux genres. Le premier
comprendra les huiles graffes, dont le caractère eft
de fe figer plus ou moins promptement par le froid ,
de ne s’épaiflir que très-lentement à l'air, & de
s’y convertir en fuif ou en cire. Ces huiles ont de
plus la propriété d’être moins altérables que les
autres par les acides , de former faeikment des
favons avec les alcalis fixes , de ne s'enflammer que
par l’acide nitreux 8c l’acide fulfurique réunis, 8c
de devenir plus ou moins promptement rances
lorfqu’on les conferve dans des lieux chauds 8c
humides, 8c avec le contaéf de l'air. Ce font fur-
tout ces huiles grajfes du premier genre où l’on
trouve plus abondamment le principe doux de
Schéele. Ce chimifte a découvert qu'en combinant
l’huile 4’amandes douces , d'olives 8c de navette avec
de l’oxide de plomb, à l’aide de la chaleur, 8c en
ajoutant un peu d’eau aux mélanges, il fe réparait
de ces huiles un liquide furnageant, qui, par l’évaporation
, lui a fourni une matière de confiftance
firupeufe, laquelle prenoit feu en la chauffant fortement,
dont une partie fe volatilifoit fans fe brûler
dans la diftillation, qui donnoit un charbon léger,
qui ne criftallifoit pas 8c ne paroiflbit pas fufeep-
tible de fermentation. L’acide nitrique diltillé quatre
fois fur ce principe doux , l’a changé en aci.ie
oxalique. Ces caractères rapprochent finguliére-
ment cette matière des mucilages, comme je t'ai
déjà indiqué , 8c je la rapporte au muqueux.
31. Dans ce premier genre d'huiles fixes 8c graffes t
je range fpécialement Y huile d'olivc-s, Y hui U d'u-
X x x 2