
dans le commencement furtout , que l'argent fin j
ce!ui-ci,'au contraire, en n'exigeant environ qu'une
partie & demie de plomb , demande en même tems
moins de chaleur , principalement vers la fin de la
coupellation. Le plomb n’agiffant fur les métaux
étrangers à l’or & à l'argent qu'en s'oxidant , il
s'enfuit qu’il eft indifpenfable de donner à l'air un
libre accès dans l’intérieur de la moufle j mais il
faut qu’il foit fagement adminiÜré & modifié fui-
vant les circonftances , dont il eft réfervé à I’ar-
tifte exercé de pouvoir faifir les nuancés imperceptibles
aux yeux encore novices dans ce genre
de travail. C'eft en éloignant plus ou moins la
porte du fourneau, qu’on peut remplir cet objet.
Tels font les principes. & les applications que
l'on doit en faire , pour exécuter avec précifion
l'opération de la coupellation de l’argent.
Coupellation de Vor.
Si l’on fe contentoit de foümettre l'or à la coupellation
Amplement avec du plomb comme l ’argent
, l’on ne parviendroit qu'avec beaucoup de^
peine à en féparer le cuivre j car il adhère fi fortement
à l'or j qu'il ne peut qu’avec une extrême
difficulté s'oxider & fe vitrifier avec l ’oxide de
plomb. Ainfi, au lieu de mettre Amplement l'or
avec le plomb dans la coupelle , on y mêle de
l ’argent, dont la quantité doit varier fuivant le
titre préfùmé de l'or, titre que l'on apprécie non-
feulement par les moyens indiqués plus haut pour
l'argent, mais encore en le comparant à la pierre
de touche avec des alliages dont les titres font
connus. ’ *
Lorfque l'or eft pur, c'eft-à-dire, qu'il contient,
par exemple, 997, 998,999 parties de fin fur
1000, la quantité d'argent à ajouter doit être de
trois parties, & c’eft ce qu'on appelle inquartation.
Mais s’il recèle 200, 250, 300 parties de
cuivre, deux parties d'argent fin fuffifent. S’il eft
néceffaire que la quantité d'argent diminue en
raifon directe de la pureté de l'or, le plomb, au
contraire, doit s'élever dans la raifon oppofée. Il
eft aifé de fentir, en effet, que quand l’or eft fin ou
prefque fin, le plomb eft véritablement plus utile
pour favôrifer la fufion de l'or & de 1 argent,que
pour leur affinage ; mais il n'en doit pas être de
même lorfque l'or contient beaucoup de cuivre,
& i i , par exemple, il eft à 750 millièmes.de fin,
vingt-quatre fois fon poids de plomb font néceffaires
à fa purification, & ainfi proportionnellement.
Quant à l’effai de l’or fin, comme il n’exige pas
une fi grande quantité de plomb, il peut être fait
fur le gramme entier} mais celui de l ’or bas, par
la raifon contraire, ne peut avoir lieu que fur un
demi-gramme, à moins d’employer une coupelle
deux fois plus grande.
L’effai de l’or a befoin d’une plus grande chaleur
que celui de l’ argent} mais heureufement il
ne craint point cette épreuve, & il ne fe fublime
point comme l’ argent. Après donc avoir pefé l’ or
avec les précautions requifes, on l’enveloppe dans
un cornet de papier, avec la quantité d’argent
convenable, & on le place dans la coupelle, où
le plomb doit être bien découvert & bien chaud:
alors l’or & l’argent fe fondent, & les phénomènes
qui ont été décrits pour l'argent ont également
lieu ici. Les précautions que nous avons
recommandées pour l'effai de l'argent, ne font pas
fi néceffaires ic i, c'eft-à-dire , qu’il eft inutile &
quelquefois même nuifible de rapprocher, vers la
fin, la coupelle fur le devant de la moufle : on ne
rifque point, en retirant le bouton encore rouge
du fourneau, qu'il roche- ou s'écarte .comme le
bouton d'argent. Cependant il eft toujours prudent
de le laiffer un peu refroidir, car, à la rigueur,
iLpeut suffi végéter, & alors l’effai feroit manqué.
Quand l ’effai eft bien paffé & qu'il eft refroidi, on
l'applatit fur l’enclume à petits coups de marteau 5
on le recuit, foit en le plaçant fur un charbon au
feu de lampe, foit à travers les charbons allumés,
foit enfin dans la moufle du fourneau de coupelle ,
en prenant garde qu'il ne fonde 5 on le paffe en-
fuite au laminoir pour lui donner la forme d'une
lame d'un fixième de ligne tout au plus d’épaiflèur>
on recuit une fécondé fois cette lame métallique,
& on la roule fur elle-même en forme de cornet
ou de fpirale.
Le laminage & le recuit font deux opérations
néceffaires au fuccès de l'effai, & qui exigent
quelques précautions : i° . la lame ne doit être
ni trop mince ni trop épaiffe 5 dans le premier cas
oncourroitrifque que, par le mouvement que lui
communique l’eau-forte'avec laquelle on la fait
bouillir, elle ne fe brifât, ce qui apporteroit des
difficultés pour l'exactitude de l’opération j dans
le fécond cas, au contraire, il y auroit à craindre
que l’épaiffeur trop considérable de la lame ne
permît pas à l’eau-forte de pénétrer jufqu’ à fon
centre, & d’enlever jufqu’à la dernière molécule
d’argent. 20. Le recuit de la,lame, en même
tems qu’il lui donne plus de liant, & facilite fa
circonvolution autour d'elle-même fans fe brifer
ni fe gercer, ouvre les pores du métal que la
preffion du laminoir avoit refferrés, & favorife
par-là l ’aCtion de l'eau-forte.
Ces difpofitions ayant été prifes, ©n met le
cornet dans un petit matras en forme de poire,
c ’eft-à-dire , dont le col va en diminuant infenfî-
blement depuis la panfe jufqu’à l'extrémité } on
verfe par-deffus de l’eau-forte à vingt-deux degrés
, jufqu’à ce que le matras, qui contient ordinairement
loixante-douze grammes, foit à moitié
ou aux. deux tiers plein ; on le place enfuite
fur des charbons-allumés, couverts d'une légère
couche de cendre , afin d'éviter que par une chaleur
trop brufque le vàfe ne caffe. Depuis l'inf-
tant où la liqueur entre en ébullition, jufqu’à
celui où l'opération doit être finie, quinze à vingt
inimités font néceffaires. Cette opération s’appelle
départ humide. Pendant qu'elle a lieu, il
fe dégage une vapeur rouge, qui eft 1 effet de la
diffolution de l’argent par l’acide nitrique ou eau-
forte. Le cornet, qui étoit blanc, devient brunâtre
; il perd de fa folidité & de fa cofiiîftances
ce qui eft facile à concevoir par les efpaces que
laiffent les parties d’argent diffoutes. Lorfque l’eau-
forte a ainfi bouilli pendant vingt minutes fur
l'or j on décante avec foin la diffolution , en prenant
garde que le cornet ne tombe : on y remet
à peu près le même volume que la première fois
d'eau-forte à trente-deux degrés, pour enlever les
dernières portions d'argent qui pourroient reflet
encore dans l’or. On fait bouillir une fécondé fois,
pendant fept à huit minutes > on decante cette-
nouvelle eau-forte comme la première. & on
remplit le matras avec de l ’eau diftillée ou de rivière
bien pure.
On place alors un petit creufet à recuire fur
l’ouverture du matras, & l’on renverfe avec beaucoup
de précaution ce matras de bas en haut : par
ce moyen le cornet ;defcend dans le creufet, à
travers l’eau qui fupporte une partie de fou poids,
& l'empêche de fe brifer. On élève le matras près
de la furface de l'eau, & on le retourne avec célérité
, pour que l’eau n'ait pas le tems de tomber
en allez grande quantité pour remplir le creufet,
& renverfer par-deffus les bords. On verfe
l'eau du creufet en prenant garde de laiffer échapper
le cornet ou quelques fragment qui pourroient
s'en être détachés, & on fait recuire le
cornet dans le creufet couvert, au milieu des
charbons ou dans la moufle du fourneau de coupelle.
Le cornet qui avoit, au fortir de l’eau-forte,
une couleur brune de cuivre oxidé, une fragilité
très-grande, diminue dë volume, devient duétile,
&-recouvre fa couleur & fon éclat métallique par
cette opération. La feule chofe qui refte"à faire
alors pour conduire l’effai à fa fin , c’eft de pefer
le cornet, pour connoître le titre de la matière
effayée par la diminution qu’il a éprouvée. Quoique
les effais d’or ne foient pas aufli fujets à perdre
ni à gagnet que les effais d’argent, néanmoins il
eft bon de les faire doubles ; & lorfque les deux
cornets font parfaitement égaux , on peut être affiné
que l’opération a été bien faite. Mais s’il y
avoit entr’eux une différence fenfible , il faudroit
recommencer.
Ejfai des lingots de dore , & d1 or chargé d'argent.
On n’a parlé jufqu’ici que de deux cas, les plus
communs à la vérité ; favoir : de l'alliage de l’argent
avec le cuivre, & de l’alliage de l’or avec
le même métal ; mais il en ëft deux autres qui méritent
quelque confidération. L’un, -c’eft lorfque,
dans une grande quantité d’argent, il né fe trouve
qu’ une très-petite quantité d’or ; c’ eft ce qu'on
appelle du doré, & l’effai qu’on en fait fe nomme
ejfai de doré ; l’autre, c’eft quand, dans une grande
quantité d'or, il exifte une petite proportion d’argent
qu’ il faut déterminer. S’il n’y avoit que ces
deux métaux alliés dans les cas que nous venons
de citer, l’effai en feroit fort fimple j il fuffiroit
de faire diffoudre le premier dans l’eau-forte pure,
& d’ajouter de l'argent au deuxième pour le cou-
peller enfuite avec le plomb : mais prefque toujours
il y a en même tems avec eux une cer-taine
quantité de cuivre qu’il faut enlever par la coupellation.
Si c’eft du doré, par exemple, que l'on
ait à effayer , il ne fera point néceffaire d'y ajouter
de l’argent, puifque fa plus grande maffe en
eft formée 5 mais il faudra, après l’avoir déterminée
par approximation, à l’aide des moyens
expofés ci-deflüs, y mettre la quantité de plomb
convenable", & procéder à la coupellation comme
pour les effais d’argent ordinaire} mais quoiqu’ il
contienne de l’or, il faut fe garder de donner auffi
chaud que pour l’effai de ce métal, le feul qu’on
ait alors en vue , tandis qu’ici il faut néceflaire-
ment connoître les quantités relatives d’or &
d’argent qui compofent le lingot de doré. Lorfque
le bouton eft paffe avec toutes les conditions qui
caraétérifent un bon effai, on en fait le retour
avec foin à la balance, & on prend note de f$n
poids, lequel donne la quantité' d'alliage qu’il
contenok : on applatit enfuite ce bouton fous le
marteau, on le fait recuire , & on le met dans un
petit matras en poire, à ouverture étroite 5 on
verfe par-deffus de l'eau-forte pure à vingt-deux
degrés, & on le fait légèrement bouillir jufqu'à
ce qu’il ne reftè plus qu’une pouffière au fond de
la liqueur. Alors on laiffe repofer pendant quelque
tems, pour que les parties de l’or fe raffemblent
au fond. On décante enfuite la liqueur claire avec
beaucoup de précaution, on remet une nouvelle
dofe d’eau-forte plus concentrée que la première,
& on la fait encore bouillir péndant quelques minutes.
Après avoir laiffé dépofer la pouffière d’o r ,
on tire l’eau-forte comme la première fois , on
remplit le matras d’eau pure, on. renverfe l’ouverture
du matrâs dans un petit creufet à recuire 5
& lorfque toutes les particules d’or font defeen-
dues dans le creufet, ce qu’on accélère en frappant
doucement fur le matras, on élève légèrement
ce vafe, & on le retourne avec beaucoup
d’attention pour ne pas faire fortir l'eau du creufet,
qui indubitablement entraîneroit l’or avec elle.
On laiffe également repofer l’or au fond du
creufet , on l’agite même, de quelques légers
coups, pour faciliter la précipitation de l’or retenu
par les afpérités du creufet. Alors on décante
l'eau très-doucement, & on fait recuire le métal
comme il a été dit à l’ article de Y ejfai de Cor.
La quantité d’or obtenue donne celle d’argent,
puifqu’ on connoiffoit auparavant celle des deux
métaux : il fuffit donc de la fouftraire de la fomme
totale du bouton de retour.