
époque doit être prife, & elle s’étend jufqu’au
moment adtuel. On y trouve les nouvelles & efti-
mables analyfes du lait 8c du lang par MM. Deyeux
& Parmentierj de la iynovie & de l'humeur des
véficatoires par M. Margueron, du foie des poif-
fons cartilagineux par M. Vauquelin , du fperme
humain par le même chimilte , de la falive par
M. Siébold j la .découverte d’un nouvel acide animal,
formé par la diftillation, & nommé acide %oo-
nique par M. Berthollet. Je n'ai pas ceffe, dans
cette dernière époque particuliérement, de continuer,
en m'aidant de tous les nouveaux moyens
de la chimie pneumatique, la fuite des recherches
que j’avois commencées depuis long-tems fur presque
toutes les fubftances animales, aidé dans la
plupart par mon élève & mon ami M. Vauquelin ;
j'en ai publié un grand nombre en commun avec
lui : quelques-unes me font particulières. Un dénombrement
rapide fuffira pour en donner ici une
Idée. La converîion des corps enfouis dans la terre
en une matière graiîe, combinée d'abord avec
l ’ammoniaque ; la reffemblance de cette matière
g rafle avec le blanc de baleine, avec la parue lame
lieu fe 8c concrète des calculs biliaires ; fa généralité
ou fon abondance dans plufieurs fubftànces
animales , qui m'a engagé à la confidérer comme
uh de leurs produits ‘les plus conftans, & à la dé- ;
flgner par Je, nom parricirher déadipocire ; la pro- j
portion de gaz azote, dégagé par l'acide nitrique ;
de ciiverfes fubftances animales comparées 5 l'exif-
tence de ce gaz. dans les veflfies natatoires des j
carpes j la préfence de la gélatine , & quelquefois j
de la bile dans le fang ; la concrefcibilîté de l'ai- j
'bümine „ due à la -fixation de Toxigène, & les variétés
de cette humeur, dépendantes de la pro- ;
portion de ce principe ; la préfence des phofpha- .
•tes, & furtout de celui de chaux dans beaucoup
de liquides animaux ,où on ne les eonnodiflb.it pas ,
notamment dans le lait 5 i’abfence de l’acide phoi- |
phorique dans l'urine des enfans ; le benzoate a
calcaire, qui remplace le pholphate de chaux j
dans celle des mammifères herbi vores ; l'analyfe j
des larmes & du mucus nafal ; leur épâiflifîérnent j
catharral par l’acide muriatique oxigéné 5 Fana- ;
lyfe des calculs fine ftinatrx des chevaux -, formés |
par du phofphate ammoniaco-magnéfien, confir- j
mée depuis par M. Bartholdi de Colmar ; celle j
des calculs rénaux & véficaux, formés de carbo- j
nate de chaux, qui admet chez eux les acides les ;
plus légers & les plus foibles comme lithontrip- I;
‘tiques j les cornes, les poils , la tranfpiration de '
ces animaux, contenant & évacuant le phofphate 1:
de chaux ; la 'production de l'acide pruflique par f
Te calcul Urinaire humain diftillé ; le même, formé
dans le traitement de tontes les -matières animales
'par l'acide nitrique chaud ; la formation inflantapée
de l’ammoniaque dans Toutes ces marières,
'traitées par les alcalis catiftiques ; celle de Teau
Joffqn’on ’les traite à froid par l’acide fulfurique
concentré > la décomposition partielle du phof- ,
phate de chaux par les acides ; la formation du
phofphate acidulé de chaux, & non pas le fimple
| 8c pur dégagement de l'acide phofphorique > de
forte qu'on n’obtient pas, à beaucoup près, par
les procédés donnés jufqu’ici, tout le phofphore
f contenu dans les os; une nouvelle analyfe des cal-
: cu’ls de La velue humaine ,.qui y a prouvé la prér
fence de quatre matières qu'on n'y connoiflfoit
pas, & qui- en varient finguliérement la nature i
favoir : du phofphate ammoniaco-magnéfien , de
l'union de l'acide urique avec l'ammoniaque , de
, l’oxalate de chaux dans les calculs muraux , 8c de
la filice, la plus rare, à la vérité, de ces matières
caiculeufes ; la fixation des véritables diffolvans
du calcul, & leur variété néceflaire fuivant la
nature de ces concrétions ; un examen plus approfondi
de i'urine humaine, 8c la découverte du
phofphate ammoniaco-magnéfien qui s’y forme,
ainfi que d’une matière particulière qui donne à
ce liquide fes propriétés caracfcériftiques, & que
je nomme urée, l'aétion médicamenteufe des fubf-
•tances oxigénées, tant invoquée depuis par ;piu-
fieurs médecins anglais ; la préparation de la grailFe
furcbargée de ce principe, employée aujourd’hui
avec tant de fiiccès par un de mes élèves a
M. Alyon, qui a fuivi particuliérement mes premières
vues à cet égard, 8c les a pouflees très-
loin ; telles font les principales recherches qui
mont occupé depuis l ’époque furtout ou mon ami
Berthollet a fixé, par fes importantes découvertes,
la marche jufqa’à lui incertaine âc vacillante
de la chimie animale.
1 1. Quoique ce ne foit point ici le lieu de faire
voir comment tous ces travaux, toutes ces découvertes
ont influé fur les progrès de la phyfique
animale & de l'art de guérir, on doit facilement
concevoir, d'après le fimple expofé luccin® que
je viens d'offrir, combien d’appücations utiles ont
du fortir de leurs résultats» & quels avantages ils
promettent à la médecine. On fent que c’eft la
feule manière de déterminer les différences qui
exiftent entre les diverfes matières animales, d’expliquer
leur formation & les altérations dont elles
font fufceptibles ; de fournir à la phyfiologie ce
que l’anatomie la plus déliée & Tobfervation la
plus exacte & la plus multipliée de ce qui fe pafle
dans les animaux vivans, ne pourront jamais lui
donner -, pu tique ces deux moyens s'arrêtent fi
promptement. .Encore ce s premières données, déjà
fi importantes & fi utiles, ne font le fruit que du
travail de quelques hommes. Malheureufement le
nombre des -travailleurs eft ibien peu confidérable
en raifon des recherches immenfes que cette partie
de k chimie exige, & de la foule des queftions à
réfoudre qu’elles préfentent. A peine un vingtième
des chimiftes que l’Europe poiïede tournent-ils
leurs vues fur cet objet. Que fera-ce lorfque, devenues
plus répandues , .plus familièreslorfque,
précédées de tout l ’intérêt qu’elles doivent inf-
pirer, ces grandes recherches feront «multipliées ?
lorfque des hôpitaux deftinés à cette utile invefti-
gation, auront pris l'aéfivité que leur importance
réclame ? lorfque les médecins ne négligeront plus
aucune oecafion d'analyfer les matières morbifiques,
&rc.
12. C'eft alors que toutes les parties, jufque-là
incohérentes des nouvelles découvertes fur la chimie
animale, fe rapprocheront & fe lieront par
des rapports qu'il n'eft encore permis que d'entrevoir
8c de foupçonner ; c'eft alors que s'élèvera
peu à peu un monument donc nous ne faifons encore
que recueillir les premiers matériaux. Quelques
hommes, à la vérité, ont déjà trop précipité
les applications de la chimie moderne à l’art de
guérir, & fe font trop vite hâtés d'en former un
fyftème médical, foit fur la nature des maladies,
foit fur l’emploi des remèdes. Quelque zèle que
ces premiers efforts annoncent dans ces auteurs,
on doit leur reprocher une exagération aufli nui-
fible à l'une qu'à l'autre des deux fciences qu'ils
ont voulu lier par des rapproçhemens prématurés.
Ge ne font pas, comme autrefois, des chimiftes
proprement dits qui ont ofé fe livrer à cette en-
treprifej ce ne font pas furtout ceux à qui l'on
doit les travaux les plus fuivis, les expériences les
plus nombreufes, les découvertes récentes fur les
matières animales , qui ont eflayé de faire un fyftème
chimique en médecine. Rouelle le cadet n'a
jamais rien propofé de femblable ; Schéele n'a expofé
que les faits particuliers qu'il a découverts 5
M. Berthollet, à qui on doit tant & de fi ingénieux
travaux fur cette chimie nouvelle , ne s'eft
permis que d’en faire quelques applications fpé-
ciales ; 8c, s’il m'eft permis de me citer encore ici
d'après les recherches dont je n'ai ceffé de m'occuper
depuis pvè.s de vingt ans fur cette partie de
la fcience, content de recueillir des matériaux,
©n ne m'a point vu eflayer , même de fonder une
théorie générale. Je fens fortement, je fuis bien
convaincu que les efforts de la chimie changeront
quelque jour la face de la médecine, qu’ils.y produiront
une révolution heureufe comme dans toutes
les branches de la pbyfique ; mais cette époque
n'eft pas venue, & trop de lacunes refient encore
pour admettre ces changemens. J'aurai foin de
rafîembler les applications importantes que l'état
aéfcuel de la chimie permet de faire à la pbyfique
animale, & d'y joindre en même te ms plufieurs
vues nouvelles qui fe préfentent naturellement ;
mais loin de former un fyftème complet, on verra
qu’elles prouveront feulement la nécefftté de continuer
les recherches, 8c de ne plus abandonner
un genre de travaux qui conduiront quelque jour
au but defiré.
§• II. Des réfultats généraux des expériences modernes
fur les compofés animaux.
13. Les travaux des chimiftes modernes fur la
chimie animale ne ip font pas bornés i ajouter ur.e i
! fuite plus où moins nombreufe de faits nouveaux
ou de découvertes ifolées à celles qui avoient été
faites avant eux > ils ont fpécialement conduit les
phyfteiens à des réfultats généraux fur la nature
des compofés animaux. C’eft même en cela que
confifte la véritable différence de l’époque de la
chimie pneumatique d'avec celles qui l’avaient
précédée. Jufqu’à elle les Faits chimiques anciens
n'offroient ni concordance générale ni données
qu'on pût appliquer à toutes les matière4 animales ;
ils formoient des vérités incohérentes les unes
avec les autres j ils n'avoient permis aucun de
ces rapproçhemens qui conftituent réellement la
fcience, & fans lefquels elle n'exifte point.
a 14- Un des premiers objets de ces travaux a été
d'examiner avec foin l'analogie annoncée depuis
Boerhaave, entre les compofés animaux & les
compofés végétaux. On les a trouvés rapprochés
par leur complication 5 on les a vus comme des
matières qui, ayant été d'abord végétales , ont
pris, dans le corps des animaux & par leur force
vitale, une compofition plus compliquée. On a pu
confidérer dès-lors les organes des animaux comme
des efpèces d'inftrumens chimiques deftinés à unir
un plus grand nombre de principes entr'eux que
les inftrumens végétaux, pourvu cependant qu'ils
puffent agir fur des compofés au moins ternaires 3
déjà formés auparavant dans le tifîu organique des
plantes 5 car une obfervation facile montroit qu’aucune
matière minérale ne pouvoir fe changer immédiatement
en fubftançe animale dans le corps
des animaux.
i j . Pour établir cette comparaifon , qui devoir
cependant conduire à la. détermination des différences
, après avoir repréfenté les animaux comme
formés, ainfi que les végétaux, de principes immédiats
, dans le dénombrement defquels on avoir
rencontré un extra®if dans la chair, &ç. un mucilage
gélatineux dans les membranes & dans les
os, répondant à la gomme végétale, un lucre de
lait répondant au fuere des plantes, des graiftes
repréfentant leurs huiles fixes, des réfines, des
acidès particuliers , l’albumine analogue au gluten'
de la farine; il étoit très-naturel, immédiatement
après les travaux de Rouelle, qu’on continuât à
regarder les matières animales comme de véritables
matériaux immédiats des végétaux modifiés
feulement dans quelques-unes de leurs propriétés.
16. Mais, fans repouflèr entièrement une partie
de ces analogies, on a bientôt reconnu qu’il ne
fallait point les admettre avec trop d.é rigueur ;
qu’elles offroient peiit-être plus de différences que
dé reflemblances entre ces deux claftes de corps
comparés; qu’aucun de ces matériaux immédiats
ne pouvoit être rigoureufement jugé de la même
nature ; qu'on y rencontroit des caraétères d’autant
plus prononcés, qu’on les examinoit avec plus
de foin ; qu'ainfi jes matériaux immédiats des végétaux
qui pafl’oient dans le corps des animaux y
pren oient promptement, & par le phi s léger tra