
mode. TI eft vrai qu’il exige un appareil électrique
peur enflammer les gaz > mais cet appareil eft fort
Ample & n’a pas befoin d’un grand volume , en
forte qu’ on peut le tranfporter partout av.c foi
fans aucun embarras. Les petites bouteilles de
Leyde de poche, qu’on charge en-les frottant fur
une lanière de peau de chat, fuffifent pour remplir
cet objet.
M. Lavoifier avoit employé , pour l’analyfe de
l ’air, le phofphore, dont il opéroit la combuftion
rapide à l’aide d’un appareil convenable. 11 avoit
donné la préférence à ce moyen, parce qu’ef-
feétivemsnt il réunit l’exaâitude à la célérité >
mais il ne peut être mis en pratique que dans un
laboratoire, & non dans le cours d’un voyage, où
il n’eft pas poffibie de fe procurer les machines
néceffaire's.
Voici la manière de faire l’expérience : on introduit
dans une cloche graduée, placée fur un
bain de mercure, une quantité déterminée d’air
atmofphérique : on y pafle enfuite, avec la main,
une petite cap fuie contenant du phofphore, &
on enflamme ce dernier à l’aide d’un crochet de
fer rougi au feu & courbé convenablement.
Par ce moyen le phofphore abforbe t'rès-prbmp-
tement la totalité de l’ oxigène contenu dans l’air,
il en réfulte un acide qui fe dépofe, fous forme
de neige, furie mercure & les :parois de la. cloche.
Lorfque l’air de la cloche eft revenu à la même
température que celle de L’atmofphère environnante
, on en mefure le volume , & l’on a celui
du gaz oxigène abforbe, lequel eft occupé alors
par le mercure qui a monté.
C ’eft ici, par exemple, où il eft néceffaire de
tenir compte par le calcul, des différences de niveau
fi on ne le rétablit pas , tel qu’il étoit auparavant
, entre les furfaces du mercure : fans
cette précaution l’ on auroit des erreurs plus ou
moins grandes, fuivant le diamètre des cloches.
Le gaz azote qui refte après l ’opération retient
en diffolution une certaine quantité de phofphore
non brûlé qui augmente fon volume, & dont
Lavoifier n’a pas connu l’influence. M. Berthqllet
eftime cette augmentation de volume à ~ ou
0,02.5 de celle du gaz.
Cette méthode peut permettre, comme on
voit, dé faire un grand nombre d’eflais èudiomé-
triques en peu de tems, & n’exige point de corrections
pourra température ni la preffion de l’atmofphère
, parce qu’ il eft rare que, dans le court
intervalle entre le commencement & la fin d’une
expérience, il arrive, à cet--égard, des change-
mens dans l’atmofphère, -affez grands pour influer
d’une manière fenfible fur les réfultats. Mais nous
: l ’avons déjà d it, elle ne peut être mife en ufagé
que dans un laboratoire fixe, où l’on peut réunir
tout ce qui eft néceffaire pour cela 3 & , d’un autre
côté, comme on eft obligé d’opérer fur le mercure
, quoiqu’ à la rigueur on pourroit Je faire
suffi fur l’eau, il faut obferYer les niveaux du mercure
au commencement de l ’opération, pour les
rétablir à la fin.
Monfieur Berthollet regarde aufli le phofphora
comme un des meilleurs moyens eudiométriques,
mais employé d’une autre manière : au lieu d’en
opérer la combuftion vive comme Lavoifier, il le
laiffe brûler fpontanément dans une quantité déterminée
d’air.
Pour faire l’expérience, on met dans l’eudio-
mètre de Fontana , cent parties d’air atmofphérique
: on y plonge enfuite un bâton de phofphore
auffi long que la colonne d’air, afin que la combuftion
du phofphore & l’abforption du gaz fe
faffent plus promptement & plus complètement.
Lorfque le phofphore ne produit plus de fumée,
& que le tube, plongé dans l’obfcurité, ne répand
plus de lumière , l'opération eft finie : alors on retire
le phofphore-, on rétablit le niveau comme
il étoit avant l’opération, & l’on connoît par le
volume de l’azote qui refte 4 celui de l’ oxigène
abforbé.
Cependant, pour obtenir toute l’exaClitude
poflible , il faut diminuer le volume du gaz azote
d’un quarantième, & reporter cette quantité fur
celui du gaz oxigène.
Le tems pendant lequel dure cette opération,
varie en raifon de la température : en été elle ett
très-prompte , quelques heures fuffifent3 mais en
hiver elle eft plus longue , & il .arrive même que
■ quand l’air eft à neuf ou dix degrés au défions de
zéro, la combuftion du phofphore n’a pas lieu,
en forte que dans ce cas il faut l’échauffer. Il faut
auffi éviter la trop grande chaleur & le contaét
du foleil en été furtout, car le phofphore fe fon-
droit & s’enflammeroit 3 ce qui feroit manquer
, l’opération.
Pour cette expérience on n’a pas befoin de cuves
pneumato-chimiques : un plat, un feau rempli d’eau,
. fuffit 5 ce qui .permet de la faire partout fans
aucqne difficulté 5 mais comme cette'expérience
dure plufieurs heures, il faut avoir égard à la
•température & à la preffion de l’atmofphère, qui
peuvent changer pendant l’opération.
Prieftleÿ, Ingenhouz, Lavoifier, M.Humbo’dr
•& plufieurs autres ont propofé fucceffivement le
gaz nitreux pour l’analyfe de l’air ; mais en.com-
1 parant les réfultats que chacun de ces favans ont
| obtenus par cette méthode, on ne trouve aucun
I rapport confiant entr’eux.
Il n’en ‘pouvoir guère arriver autrement à l’époque
où ces expériences ont:été faites, parce qu’on
-n’avoit pas de moyens de reconnoître & de déterminer
exa&ement le degré de pureté du gaz nitreux
& du gaz oxigène.
En effet, pour avoir les volumes du gaz oxigène
du gaz nitreux capables de s’abforber mutuellement
, il faut les employer très-purs , ou favoir
auparavant la quantité de gaz non abforbable que
•■ chacun d’eux contient, pour la fouft cake duréfidu
de celui des gaz mis en excès.
Quoiqu’il foit affez difficile d’obtenir les gaz a
l’état de pureté parfaite, cependant avec des foins
on peut y parvenir. Le moyen confifte, i°. pour
le gaz nitreux , à employer des copeaux de cuivre
de l’acide nitrique à trente-deux degrés, étendus
de quatre parties d’eau, & ne commencer à en
recueillir le gaz que vers le milieu de l’opération,
afin qu’il ne foit pas mêlé à quelques parties de
gaz azote qui étoient contenues dans l’appareil 3
20. à employer, pour le gaz oxigène, du muriate
furoxigéné de potaflè, en prenant, dans la diftil-
lation de ce.fel, les mêmes précautions que pour
le gaz nitreux ; favoir : de ne ramaffer le gaz que
lorfque tout l’air du vaiffeau eft forti.
Quand ces deux gaz font bien purs, fi 1 on
cherche par l’expérience les quantités refpe&ives
de chacun d’ eux capables de s’abforber réciproquement
, il ne reliera point de réfidu 5 ou bien ,
ce qui eft plus facile, fi l’on emploie un excès de
gaz nitreux pour être fur que tout le gaz. oxigène
eft abforbé, le gaz acide muriatique oxigéné détruira
entièrement le réfidu. Mais l’on conçoit
qu’ il faut pour cela que le gaz acide muriatique
oxigéné foit également pur ; ce que l’on reconnoit
aifément en l'agitant avec l-’eau qui doit alors lé
diffoudre complètement.
Ainfî, d’après cela, l’acide muriatique oxigéné
gazeux, exempt de corps infolubles dans l’eau, eft
un très-bon réaCtif pour conncître le' degré de
pureté du gaz nitreux, & par la même raifon le
gaz nitreux pourroit fervir à déterminer la pureté
de l’acide muriatique oxigéné, fi l’eau feule
n’en fourniffoit pas un moyen beaucoup plus
fimple. . . A
D’après les expériences de La voifier, il par oit
que cent parties en volume de gaz oxigène peuvent
abforber cent foixante & douze parties de
gaz nitreux ; de forte que, dans î’anaîyfe de 1 air
atmofphérique par ce moyen, il faut, pour avoir
le volume du gaz oxigène, prendre les trente-fept
centièmes de la diminution totale du volume détruit
dans l’expérience.
Mais de crainte que les gaz employés par Lavoifier
ne fuffent pas purs, il feroit bon de recommencer
ces eflais préliminaires fur lefquels repofe
toute l’exa&itude de la méthode, avec des gaz
exempts de tous corps étrangers, ou dont on en
auroît, par les moyens que nous venons d indiquer
, déterminé rigoureufement les quantités.
puifque l’on connoiffoit celle de l’air employé
de là il fuit qu’il faut mefurer exactement le gaz
nitreux & l’air atmofphérique avant de les mêler
enfemble. Il eft toujours bon de mettre un excès
de gaz nitreux 5 mais fi cent foixante & douze
fuffifent pour cent d’oxigène pur, cinquante feront
plus que fuffifans pour cent d’air atmofphérique ,
où il y a, à volume égal, près de quatre fois moins
de gaz oxigène. ’ ■
Lorfqu’on a reconnu les quantités de deux gaz
qui. peuvent s’abforber, en ayant foin de mettre
un excès de l’un des deux., on peut facilement
eftimor enfuite la proportion du gaz oxigène de
l’air, en prenant l’aliquote quelconque du volume
détruit appartenant au gaz oxigène.
Si, comme Lavoifier, l’on trouve que cent parties
de gaz oxigène abforbent cent foixante &
douze de gaz nitreux, les trente-fept centièmes
environ du volume difparu appartiendront au gaz
oxigène de là l’on tirera celui du gaz azote y
Une précaution qu’il faut prendre, c’eft d a-
giter l’appareil afin de favorifer le mélange des
gaz , la combinaifon de l’oxigène avec l’oxide
nitreux , & la diffolution dans l’eau de 1 acide
nitreux qui fe forme. Cependant on ne doit pas
agiter trop fortement ni trop long - tems , car il
feroit à craindre qu’il ne fe dégageât de l’eau quelques
portions d’air qui troubleroient l’exaétitude
du rélultat.
Cette expérience fe faifant err très-peu de mo-
rnens, elle n’exige pas qu’on ait égard à la température
ni à la preffion de l’atmofphère.
L ’on voit, par ce qui a été dit plus haut, que
quand on a une fois déterminé exactement les
rapports des volumes du gaz oxigène & du gaz
nitreux propres à s’abforber mutuellement, il importe
peu que le gaz nitreux foit pur pour faire
l’analyfe de l’air, pourvu qu’il en ait affez pour
abforber tout le gaz oxigène,, puifque c ’eft en
prenant une quantité quelconque, donnée par une
expérience préliminaire, du volume abforbé, que
l’on juge de la quantité de l ’oxigène, & confé-
quemment du gaz azote , fans avoir égard au
, réfidu.
Cette méthode, ainfi que celle par 1 hydrogéné
pour l’analyfe de l’air, a cet avantage, qu’elle donne
des multiples du volume de gaz oxigène contenu
dans l’air. . . . .
On pourroit employer auffi , pour les eflais
eudiométriques, plufieurs autres fubftances com-
buftibles , tels que le muriare d’étain , le muriate
de cuivre au minimum d’oxidation, le mélange de
foufre & de limaille de fer hume&é, le pyro-
v. phore ; mais ces matières , quoique très-avides
d’oxigène, étant concrètes & ne pouvant fe mêler
à l’air, n’abforbent que lentement l’oxigène. Le
mélange de fer & de foufre, & le pyrophore, pro-
duifent des gaz qui, en fe mêlant avec 1 azote,
altèrent la pureté du refultat, parce que 1 on juge
ici par le volume du réfidu. ( V.)
ÉVAPORATION. I f évaporation eft un moyen
ou une opération chimique par laquelle on réduit
un liquide en vapeur, pour rapprocher & cou-
denfer la matière ou les matières qui y font tenues
en diffolution, pour favorifer leur criftallifation
lorfque ces matières font de nature faline , ou
pourdonner une faveur, une eonfiftance plus forte
à celles de ces matières qui ne peuvent que s’é-
paiffir, & qui par-là font plus fufceptibles _de fe
confervêr ou de produire les eff-ts 3 d obtenir, en
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