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contient de l ’azote parmi fes principes primitifs,
& j ai trouvé qu’ il en donnoic environ un centième
de fon poids. Je ne doute pas qu’on ne rencontre
quelque bois qui en fournira davantage.
4. Tous les bois , quels qu’ils foient, donnent
le même acide acétique huileux par Ja diftillation ;
il fuffit, pour l’obrenir , de dinillçj; ce corps en
copeaux dans une cornue de fer ou de grès : on
choifit furtout le hêtre , le chêne ou le bouleau.
On a une liqueur rougeâtre, très-odorante, très-
piquante; on arrête la diftillation au moment où
l’huile , qui coîoreroit & altéreroit ce produit,
commence à palier, ou bien on le redtifie par une
fécondé diftillation faite à un feu doux & bien
ménagé : on retire ainfi jufqu’à un tiers de liqueur
acide de bois. Quand cet acide eft pur, il n’eft ;
que d’une couleur ambrée, fans être ni huileux j
ni empyreumatique : fa pefanteur fpécifique eft à
celle de i’eau diftillée , ce que 49 eft à 48.
Dans les anciennes manières de diftiller le bois,
lorfqu’on en recueilloit & qu’on en mêloit , ou
qu’on en hifloit confondus les divers produits
dans les récipiens où on les recueilloit, on en
féparoit enfuite l’efprit acide à l’aide d’un entonnoir
; on faifoit pafler d’abord un peu d’huile pe-
fante qui occupoit la tige de ce vaifleau, enfuite
venoit la liqueur acide d’une couleur rouge plus
ou moins foncée , puis une autre portion d’huile
qui fe -tenoit à fa furface. Ainfi l’on pouvoit fé-
parer, par le fîmple moyen mécanique, trois produits
divers dans des vailfeaux différens , en les
recevant à part en raifon dé leur pefanteur fpéci-
ftqus différente. L’acide liquide qu’on obtenoit
ainfi étoit très-coloré & impur ; il tenoit en dif-
folution une portion d’huile furabondante, qui
s’en précipitoit peu à peu en gouttes brunes &
pefantes ; il répandoit une odeur âcre d’empy-
reume avec celle qui lui étoit propre. On peut le
rectifier aifément en le' diftillant au feu de lampe
ou de fable dans une cornue : par-là on le fépare
de l’hude empyreumatique qui l’altère; on l’obtient
en liquide jaune ambré, & n’ayant,plus
1 odeur fétide du premier produit.
Cet acide ainfi purifié, reétifié ou obtenu dès
la première diftillation faite avec les précautions
indiquées, a une odeur allez vive, mais non fortement
empyreumatique ; une faveur très-acide
& un peu âcre ; il rougit fortement les couleurs
bleues , & rétablit très-vite en jaune la couleur
du curcuma, devenue pourprée par les alcalis.
Malgré ces apparences de caractères diftinêtifs
qui l'ont fait regarder par MM. Goëtling & quelques
autres chimiftes comme un acide particulier
nous avons reconnu, M. Vauquelin & moi, en le
combinant avec les terres & les alcalis , qu’ il a
toutes les propriétés de l’acide acétique , & qu’il
ne paroït en différer qu’à raifon de l’huile empyreumatique
qu’il entraîne avec lui. On l’obtient
prefque pur, & on le reconnoît bientôt pour de
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l’acide acétique en le dégageant de fon union
avec la potafte par l’acide fulfurique affoibli.
y. A ce caraCtère prononcé du corps ligneux ,
de fournir par la diftillation de l'acide acétique ,
chargé d’une huile particulière, je réunirai celui
de donner par 1 acide nitrique du gaz azote, de
fe convertir en acides maliqiiÿ & oxalique qui fe
trouvent en partie faturés de chaux, & en acide
acétique. J’obferverai même que c’eft une des
matières végétales qui m’ont donné le plus d’acide
oxalique , 8c que j’ai en conséquence propofé de
la fubftituer au fucre pour préparer cet acide artificiel.
J’ajouterai encore que les alcalis cauftiques,
à l’aide de la chaleur, le ramolliflent, le colorent,
le dilfolvent en partie & le décompofent.
6. Auffi il ne peut plus refter de doute fur la
nature particulière du corps ligneux : on voit qu’il
diffère , par l’enfemble de fes propriétés, de tous
les autres matériaux immédiats des végétaux;
cju’il a des caractères bien prononcés; qu’il doit
etre regardé comme le dernier produit de la végétation,
comme la-matière la plus fortement
liée dans fa compofition intime , la plus infolu-
ble, la plus inaltérable , la plus permanente de
toutes celles qui fe forment dans les plantes, &
que, pour en faire l’analyfe ou en connoître la. nature
, il faut en effet employer des moyens plus
puiffans, des agens plus forts que pour traiter &
aécompofer tous les autres matériaux des végétaux.
Il réfulte encore des connoiffances acquifes
fur le corps ligneux, que c’eft le principe le plus
carboné des végétaux ; que c’eft là ce qui le rend
fi difficile à détruire, & la caufe qui donne au
charbon qui provient de fa demi-combuftion,l’or-
ganifation du bois telle, qu’on reconnoît, & l’ef-
pèce de ce bois, 8c le nombre de fes couches
1 annuelles.
, LIGNITES. Avant la nomenclature méthodique
rédigée par les chimiftes français en 1787, on avoit
nommé lignites des fels formés par l'acide du bois
diftillé, uni aux bafes alcalines,.&c. On les a en-
fuite nommés pyrolignites. Il n’y a plus aujourd’hui
lieu ni à l’ffne ni à l’autre de ces dénominations
, depuis qu’il eft reconnu que l’acide pyro-
ligneux n exifte pas comme acide particulier, &
que ce n eft que de 1 acide acétique formé par le
feu & tenant un peu d huile empyreumatique en
diftolution. ( Voye^V article P y r o l i g n e u x , &c.)
LILALITHE ou LILALIT, nom donné, par
quelques minéralogiftes modernes, à la lépidoli-
tbe, à caufe de fa couleur de lilas. (Voyez £ article
L é p i d o l i t h e . )
LILIUM. On a beaucoup parlé autrefois en
chimie, du lilium de Paracelfe. Nous ne rappelons
ici cette ancienne dénomination phârmaco-chimi-
que , que pour faire voir que la fubftance qu’elle
défigoe, n’eft qu’une folution de potafte dans l’alcool.
En effet, les trois régules ou alliages de
l1 antimoine avec venus ou le cuivre , avec mars
ou le fer , & avec jupiter ou l’étain, que l’on fai-
foît détonner avec le nitre & le tartre après les
avoir réduits en poudre , ne pouvant rien fournir
de métallique à l’alcool qu’on verfoit par-deftus,
8c quoiqu’on donnât à cette préparation le nom
pompeux de teinture des métaux, elle n’eft bien
véritablement qii’une diffolution de potafte dans
l’alcool. ( Voye[ les articles ALCOOL & POTASSE.)
LIMAILLE. Tout le monde fait qu’on appelle
limaille les petites parcelles métalliques enlevées
aux métaux par l'action de la lime, & qu’à cet
égard les fubftances métalliques forment trois genres
de corps relativement à la manière dont ils fe
comportent avec cet inftrument. Les premiers font
lu [ce p cibles de fe réduire facilement en limaille;,
tels que le platine, l’o r , l’argent, le fer 8c le
cuivre ; les féconds ne donnent que difficilement
de la limaille, à caufe de leur molleiTe & de leur
adhérence aux dents de la lime & aux efpaces in-
urdentaires, comme le plomb , l’étain & le zinc.
Les troiftèmes, trop durs & trop roides, fe laif-
. fent plutôt brifer & broyer par les mortiers, que
de fe divifer en parcelles par le frottement : tels
font les métaux caftans, le bifmuth, l’antimoine,
Tarfenic, &c. &rc.
On fe fett des limailles métalliques pour les faire
plus promptement fur les réadtifs que les métaux
font dans le cas de décompofer, en raifon des fur-
faces multipliées qu’ils leur préfentent. Ceux des
métaux qu’on ne peut pas limer, font employés
fous la forme de poudre même porphyrifée, ou
d’une efpèce de limaille fadtice qu’on forme en
les agitant fondus dans un mortier pour en fëparer
les particules au moment où ils fe figent. C’eft
ainfi qu’on prépare le zinc & l’étain pour les divifer.
( Voyez £ article METAUX , 6’ ceux de chacun
d'eux en particulier, )
LIME. La lime eft un inftrument ou outil d’acier
connu dé tout le monde, & qui ferra ufer, à dé-
groifir, à :dreiTer les furfaces des métaux par le
frottement brufque quelle leur communique. Elle
eft formée de rangées fucceflïves de petites afpé-
rités 8c de dents diverfement taillées, faillantes,
inclinées & plus ou moins fortes, fuivant la grof-
feur de i’inftiument & l'ufage auquel on le def-
< tine.
On a toujours des limes de différentes grofleurs
dans les laboratoires des chimiftes : on les conferve
dans des tiroirs bien fées, 81 dans des boîtes remplies
de fciure de bois pour les préfer ver de la
rouille. On en a de montées fur des manches de
bois, & d’autres fans manches ; les unes plates,
d’autres triangulaires, cylindriques, &c. afin de
pouvoir les faire fervir aux ufages très-variés auxquels
elles font néceffaires. ( Voye[ £ article Laboratoire.)
LIMON, LIMONEUX. On donne fouvent ce
nom à une terre calcaire ou argileufe, qui trouble
les eaux des fleuves, des rivières, des ruilfeaux
& des torrens, & qui eft détachée des montagnes
lors des chutes d’eau plus ou moins rapides qui
s'en écoulenç. Le mot limon fe prend en général,
& dans ce fens, pour toute matière terreufe qui,
délayée dans l’eau, la rend blanche & comme lai-
teufe. On dit ainfi eau limoneuse, ruiffeau limoneux,
&c.
; LIMON. Quoique ce mot foitemployé fouvent
| comme l’un des fynonymes de citron , les bota-
niftes 8c les cultivateurs du Midi connoiflent une
i efpèce ou une variété d’arbre qui donne le fruit
: nommé particuliérement ou fpécialement limon ;
il eft plus alongé, & d’une nuance de couleur di.'-
i férente de celle du citron. Ses propriétés chimiques
ne l’éloignent pas fenfiblement de celui-ci :
comme lui, il contient abondamment un fuc acide
formé d’acide citrique, & tenant en diflolution
un mucilage gélatiniforme qui s’en fépare à l’aide
du repos. Comme lu i, fon écorce renferme, dans
des cellules nombreuses, une huile volatile, qui
n'en diffère que par une odeur un peu modifiée.
(Voyei ks articles A C ID E C I T R IQ U E & C l T R O N . )
LIMONADE, liqueur connue de tous les hommes
, & qui confifte dans un mélange de fuc de
citron ou de limon & d’eau adoucie par une fuffi-
fante quantité de fucre, & aromatife par l’huile
volatile du zefte ou écorce jaune rendue foiuble
à l’aide du fucre. Cette liqueur, agréable & rafraîchi
ffantè , fert en fanté comme en maladie. On en
fait un très-grand ufage dans la plupart des grandes
villes ; elle forme, pour beaucoup d’individus, la
boiiTon & le repas du matin, parce qu’on y joint
du pain qu’on trempe dans la limonade. ( Voyeç
£ article A cide CITRIQUE. )
Limonade sèche. Les chimiftes ont imaginé,
vers la fin du dix-huitième fiècle, de préparer une
limonade sèche, deftinée à refter fans altération
dans des voyages de long cours, en mêlant du
fucre avec de l’acidule oxalique ou fel d’ofeille en
poudre, & en l’aiomatifant avec un peu d’ huile
volatile de citron. Fafcio,confifeur de Paris, parent
de Baumé, le même qui eut le malheur de fis
crever les deux yeux par une détonation d’un gros
d’or fulminant contenu dans un petit flacon de crif-
tal, dont il tournoit & frottoit imprudemment lo
bouchon dans le goulot, a long-tems vendu cette
ï efpèce de limonade qui eft fort agréable, 8c qui
lui a donné une forte de réputation. On la nom-
moit limonade de Fafcio.
Aujourd’hui l’on fait une limonade sèche beau-
1 coup plus agréable encore & beaucoup plus vraie,
M m m m 2.