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core complète, & (i l’on veut faire monter juf-
qu’aux dernières portions d'alcool , elles contiendront
encore de l'eau.
On a cherché & l'on a fouvent réuffi à rendre
plus fixe par descombinaifons le principe le moins
volatil, & à obtenir les autres élémens plus purs.
Mais il faut que la matière que l'on emploie pour
cet effet ait plus d'affinité avec le principe qu’on
veut rendre plus fixe , qu’il n’en a lui-même avec
le principe volatil, & qu’elle ne puiffe pas altérer
les propriétés de ce dernier.
C ’elt pour cette raifon que, lorfqu’on veut
avoir de l’alcool très-fin, c'eft-à-dire, entièrement
dépouillé d’humidité, on y mêle diverfes
fubftances falines peu volatilifables, & particuliérement
du fuliate de foude calciné, ou du mu-
riate de chaux également calciné. Ces fels ayant
plus d’affinité avec l’eau, que celle-ci n’en a avec
l ’alcool , s’en emparent & la rendent plus fixe au
même degré de chaleur, & même à un degré fu-
périeur à celui où elle s’élève ordinairement feule
en vapeurs.
On peut employer auffi ce moyen pour diftiller
des fubftances qui, combinées ou mêlées à l’eau,
s’élèvent en vapeurs au même degré qu’elle, ou
même à une chaleur fupérieure, parce que la pré-
fence de ces fels , donnant à l’eau plus de denfité
& moins de volatilité, favorife l’accumulation du
calorique & la volitilifation du corps, qui feroit
refté immobile fans cette circonftance.
Les pharmaciens & les parfumeurs mettent
quelquefois ce procédé en ufage pour extraire des
plantes & des bois fecs furtout, certaines huiles
effentielles, dont la volatilité eft égale ou moins
grande que celle de l ’eau. Dans ces deux cas il y
a toujours de l’avantage , car dans le premier on
eft obligé de diftiller la totalité de l’eau pour avoir
la totalité de l’huile , au lieu que dans le fécond on
n’en diftillequ’une petite partie, & l’on économife
le tems & le corhbuftible, fans compter que l’on
obtient fouvent une plus grande quantité d’huile.
Il faut avouer cependant que ces moyens ne
peuvent fervir qu’autant que la matière qui refte
dans le vaiffeau aiftillatoire n’a aucune valeur, ou
moins que l’avantage que préfente le procédé. Par
exemple, fi l’on vouloir en même tems tirer l’huile
volatile ou l’extrait d’ une plante, il eft évident
qu’il ne faudroit pas mêler à l’eau, au milieu de
laquelle plonge la plante, de fels comme dans le
cas précédent.
Les degrés de chaleur, ainfi que je l’ai dit plus
haut, doivent varier comme la volatilité des fubftances.
Ainfi le mercure exige plus de chaleur que
l ’acide fulfurique, celui-ci plus que l’acide nitrique,
celui-ci plus que l’eau, cette dernière plus
que l’alcool, & l’alcool plus que l’érher, & c .C ’eft
pour cette raifon que l’on emploie pour la diflil*
lation de ces fubftances différens moyens : les unes
font diftillées à feu nu, les autres au baifi de fab
le , les autres à la chaleur douce d’une lampe,
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. & les quatrièmes au bain d’eau ou bain marie. Il
! faut auffi avoir égard à la nature des vaififeaux par
! rapport à l’adfcion des matières qu’on y veut dif-
| tiller : \es fubftances qui exigent un grand feu pour
j s’élever en vapeurs, demandent des cornues de
j terre; celles qui fe volatilifent plus aifément, mais
’ qui pénètrent les vafes de terre, veulent des cor-
| nues de verre; enfin, cellesqui entrent facilement
: en expanfion, & qui font fans aélion fur les mé-
J taux, font diftillées dans des alambics de cuivre,
I d’étain, de plomb, &rc.
] Lorfqu’on n’a pour objet que de diftiller de
grandes quantités de matières, les appareils larges,
peu profonds & à canaux amples font les
plus propres à le remplir; mais lorfqu’on veut fé-
parer par la dijlillation, & fans intermèdes, deux
fubftances psu différentes par la volatilité, les
vaifléaux élevés conviennent mieux. Dans ce cas
il faut porter le plus promptement poffible la liqueur
à l’ébullition, tenir le chapiteau de l’alambic
affez chaud pour qu’aucune partie de la vapeur
ne puiffe fe condenfer , & préfenter à celle-
ci une ouverture afifez large pour qu’elle s’échappe
facilement & fans réfiftance, & la refroidir auffi-
tôt qu’elle eft fortie de l’alambic, au moyen de
l’inftrument appelé ferpent 3 ferpentin ou couleuvre,
plongé dans l’eau froide continuellement renouvelée
Quand les corps fe réparent d’une combi-
naifon, au moyen de la dijlillation, à l’état de gaz
permanens, comme l’acide muriatique, l’ammoniaque
, &c. il faut mettre fur leur paffage de l’eau
contenue dans des flacons.
En général, les matières qui contiennent des
corps fujets à fe dépofer au tond de l’alambic &
à fe décompofer pendant l ’opération, doivent
être diftillés au bain - marie , pour éviter que le
produit diftille n’en contra&e quelque mauvaife
qualité , ainfi que les eaux-de-vie de grain & de
marc de raifin nous en offrent l’exemple.
D’après ce qui a été dit-fur la dijlillation, il eft
évident que c'eft un moyen analytique, à l’aide
duquel l’on parvient à féparer, avec ou fans intermède,
des fubftances folides d’avec d’autres fubftances
folides, & c’eft ce qu’ on appelle alors ƒ«-
btimàtion; des matières liquides d’avec des matières
folides , des corps liquides d’avec d’autres
liquides, enfin des gaz d’avec des liquides. Cette
opération eft fréquemment pratiquée dans les
arts, la chimie, la pharmacie & la parfumerie ,
pour les eaux-de-vie, les acides, les huiles volatiles
ou effentielles, les eaux odorantes alcooliques
ou fpiritueufes, & les eaux aromatiques des
plantes, Scc.Scc. Les fuccès qu’on en obtient font
rondes fur la connoiffance des corps qu’on y fou-
mer, furtout relativement à la maniéré dont ils
font affeétés par la chaleur, ( V. )
DIVISION. On entend par divifion, en chimie,
toute opération mécanique par laquelle on fépare
les corps en petits fragmens, & on les réduit le
plus
plus poffible à leurs particules. Tout moyen de
divifion eft employé avec fuccès pour détruire
l'aggrégàtion & pour faire naître l’a&ion de l'attraction
chimique, pour faire paffer les corps de
l’état de fujets phyfiques, à celui de fujets chimiques.
Ainfi faction ae la lime, de la râpe, de la
feie ; celle des couteaux , des ci féaux , des hachoirs
, du mortier, du moulin, du porphyre ; le
broiement fous des meules, à l’aide de l’eau, font
de véritables Vivifions que l’on emploie fuivant la
nature & le tiffu des corps à divifer, & qui difpo-
fent aux opérations vraiment chimiques. (Voye^ les
mots Aggrégation, Affinités,O pérations,
Pulvérisation , Porphyrisation.)
DOCIMASIE ou DOCIMASTIQUE. On entend
par ce mot l’art d’effayer les mines, de re-
connoître le nombre, la nature & les proportions
des métaux & des autres fubftances qu’elles contiennent.
La docimafie emploie deux moyens : la
voie humide & la voie fèche.
§• I. De la docimafie humide (i).
Il n’y a pas de doute que les mines n’aient été
exploitées, & les minerais fondus long-tems avant
la découverte de la docimajliquey cependant, lorf-
que les hommes devinrent plus induftrieux, ils ne
tardèrent pas à fentir la néceffité de faire des allais
en petit, pour connoître la nature & la quantité du
minerai, & éviter des dépenfes fouvent inutiles.
Comme on travailloit en grand au moyen du feu,
il parut convenable de l’employer auffi pour les
effais. Les premières tentatives furent fans doute
très-groffières ; mais en les comparant & les raf-
femblant, on forma peu à peu un corps de doctrine.
On attribue à Lazare Erckerus le premier
ouvrage en ce genre, imprimé en 1574; mais
Georges Agricola, dans le feptième livre de fon
Traité De re metallicd, imprimé en 1556, avoit
déjà décrit les inftrumens & les opérations de cet
art, & en avoit donné les deffins. Dans la fuite
cet art s’eft bien perfe&ionné ; mais ce n’eft pas
ici le lieu de parcourir fes progrès fucceffifs.
Il y a trois points effentiels à remplir dans la
docimafie fèche : i°. que tout le métal contenu
dans la mine foit complètement réduit ; i°. qu’il
foit raffemblé en une feule malfe , car la difficulté
quelles petits grains difféminés ont à fe réunir,
occafionne toujours une diminution de poids ;
3°. enfin , que le métal, une fois réduit, conferve
Ion métallique & ne puilïe pas fe volatilifer.
On obtient fouvent ces avantages en fondant
dans un creufet garni convenablement de pouf-
fière de charbon , lorfque le minerai ne contient
( 0 Cet article a été extrait de Bergman, traduction
de-M. Guyton de Moi veau, auquel on a fait les chan-
geincus &..!es additions que les progrès de la chimie
necefficent aujourd’hui,
CniMir., Tome IV,
point de foufre ni autre partie étrangère vola--
tile, lorfqu’il eft absolument fans gangue, ou que
celle-ci eft fufible à un degré de feu modéré ; mais
la gangue infufible, quoique réduite en poudre
fubtile , environne de toutes parts les molécules
métalliques , & s’oppofe à leur fufion. Il eft donc
alors neceffaire d’ajouter d’autres matières pour
aider la fufion, & lui donner une fluidité qui leur
permette de fe réunir au fond. A la vérité, elles y
font portées par leur grande pefanteur fpécifique;
mais dans une malfe un peu tenace, les petites
parties éparles reftent fouvent en arrière, ne pouvant
vaincre le frottement. Ces fubftances, auxquelles
on a donné le nom de flux, relativement à
leur objet, font de nature faline , & dès-lors il
eft impoffible qu’elles ne diffolvent pas plus ou
moins du métal oxidé.
D’ailleurs, tant qu’on n'aura pas une méthode
fûre pour mefurer les degrés de feu les plus forts,
& qu’il faudra en même tems opérer en vaif-
feaux clos pour éviter l’accès de l’ air, il eft évident
que l’intenfité du feu & fa durée convenable feront
toujours incertaines ; mais , foit excès , foit
défaut, il y a le plus fouvent un déchet dans le
régule, & le jugement que l’on porte en confé-
quence fur la valeur du minerai eft trompeur, ou
du moins peu exaét.
A ces confédérations, qui prouvent déjà combien
les effais par la voie fèche font encore difficiles
ou imparfaits, j’en ajouterai une dernière.
La quantité de minerai deftinée à l’effai eft toujours
plus confidérable que le métal qu’on en retire;
ou, comme il n’eft guère poffible d’empêcher
qu’il n’y ait quelque perte, foit pendant la
calcination, foit pendant la fufion, elle fera d’autant
plus forte, que la maffe qui doit être pefée la
dernière fe trouvera plus légère. Il en eft autrement
dans les effais par la voie humide, puifque
le, poids du précipité , d’après lequel on juge de
la quantité de matière contenue, n’eft jamais d’un
poids inférieur, & fouvent fupérieure à celui
qu’on obtient par la voie fèche.
§. II. Ce quil faut obferver en général dans les ejfais
par la. voie humide.
La fcience fp agi ri que a commencé, dans ces
derniers tems, à fe fervir de différens menftrues
pour découvrir la compofition des mines; mais il
/sut convenir que tout ce qui a'été publié jufqu’à
ce jour fur la docimafie humide, reffemble plutôt
à une méthode mixte d’analyfe des minéraux par
la voie humide & par la voie fèche. O11 extrait
bien le métal par un diffolvant humide, mais on
le réduit enfuite par le moyen du feu. On indiquera,
dans la fuite de cette differtation, des
moyens capables de remplir complètement l'objet
des effais par la docimafie humide , fans recourir à
des calcinations & à des fufions.Ce n’eft pas qu’on
veuille décrier la docimafie fèche : les procèdes les