
pour luter quelques jointures de vaiflfeau. Cet
uCage eft cependant très-rare , pour ne pas dire
prefque nul, dans les laboratoires de chimie..
LYCOPOD] UM oa LYCOPODE : c’eft la pouf-
fiére des capfules d’ une moufle nommée lycapode
en majfue, lycopodium clavatum, l’efpèce la plus
grande des moufles d’Europe. Cette plante croît
abondamment dans les lieux incultes & fabloneux
des forêts du nord. Elle donne dans les capfules
des extrémités de fes épis^line fi. grande quantité
de poufljère aux mois de juillet & d’août, qu’on
la recueille facilement. Les payfans de Suifle &
d’Allemagne parcourent à la fin de l’été les montagnes,
coupent les épis de la plante affez mûre
pour laifler échapper leur pouffière : ils mettent
les.épis dans des facs, les portent dans leurs mai-
fons, les placent fur des tamis au deflus de tonneaux
ou de cailles, fur lefquels ils les agitent.
La poufliere tombé ainfî & fè raflemble au fond
des tonneaux. Cette poudre inflammable, connue
fous le nom de foufre végétal 3 eft de nature réfi- !
neufe & immsfcible à l’eau j c’eft par cette pro- I
priété quelle communique aux doigts celle de ne
fe pas mouiller. Elle brûle fi facilement, qu’il
fuffit de la jeter à travers une chandelle, pour
quelle forme une vafte flamme, légère , brillante,
fans odeur, & qui n’eft pas fufceptible de
fe communiquer aux autres combuftibles.
Cette forte &fingulière inflammabilité du lyco-
pode le fait employer dans les fpeCtacles pour
imiter les éclairs i*on 1 e- fait paffer par une fe-
confie rapide à travers un flambeau allumé i on le
mêle aufli avec l’alcool dans les torchés cr.eufes
que les démons agitent dans leurs danfes.
. On s’en fert aufli quelquefois pour deflecher les
mafles pilulaires & les pilules, pour adoucir les
écorchures de la peau des cuifles des enfans.
Cette matière mérite un examen particulier de
la part des chimiftes.
Ou fubftitue quelquefois au lycopode la pouflière
fécondante du pin, mais elle lui eft inférieure en
qualité.
LYMPHE, i . La lymphe eft un liquide animal
blanc, rranfparent, contenu & circulant dans un
ordre de vaifleaux très-bien connus aujourd’hui ,
dont les extrémités, ouvertes dans toutes les cavités
. pompent ou abforbent la liqueur verféepar
les d rnières ramifications artérielles, dont les
troncs fe réunifient avec le réfer voir d#Pecquet
& le canal torachiquej de forte que la lymphe pa-
roitêtre prileà la fin des artères, & reportée dans;
les veines. Cette humeur eft une des plus abondantes
du corps, puifque les canaux qui la contiennent
& qui la transportent, font extrêmement nombreux.
Divifés en deux couches générales, Pline Superficielle
& l’autre profonde ^ ils exiftent dans tous
les points de l’économie animale 5. ils parcourent
toutes les régions*, ils ferpentent à lg lurface
entre les fibres des mufcles ; ils recouvrent & garnirent
comme une enveloppe tous les vifcères. Ils
annoncent donc une importante fonction j & le
liquide qui en diftend les cavités coniques, féparées
& refîbrrées d’efpace en efpaçe par des valvules,
doit fervir à des ufages nombreux autant que né-
ceflaires à l’entretien de la vie.
2. Malgré tout l’intérêt que doit faire naître la
connoiflancè de la lymphe pour la phyfique animale
, cette connoiflancè n’eft encore que très-fu-
perficielle ou vague ou même erronée : aucun auteur
ne s’en eft occupé en particulier. La fcienee
chimique ne peut offrir encore aucune analyfe de
cette humeur. Depuis Barthoiin & Rudbeck, les
premiers anatojniftes qui ont découvert ces vaifleaux
abforbans vers ié y o , jufqu’aux dernières
recherches fi étendues & fi exaCtes de Mafcagni
& de quelques autres modernes ,,on a tout fait
pour la connoiflancè de la ftruCture, du nombre,
de ,1a difpofition & du trajet de ces vaifleaux abforbans
} on n’a rien fait encore pour celle de la
lymphe qu’ils charient. A la vérité, on n'a pas de
moyen de fe procurer ce liquide, comme on en a
d’obtenir leYang. Quoiqu’on ait bien décrit aujourd’hui
le plus grand nombre des vaifleaux .abforbans
& qu’on connoiffe le trajet-d’un grand nomb
r e l ’art ne fait point.encore en extraire la lymphe
pure j on ne fait point de lymphées, tandis qu’on
pratique avec beaucoup de facilité des faignées.
Quelques circonftances de maladies chirurgicales
donnent cependant l’occafion de faire dés
expériences fur la lymphe. Dans des bleflures.&
; des ulcérations des régions inguinale & poplitée ,
? il arrive quelquefois que des troncs de vafes abfor-
?• bans font ouverts-, & que la lymphe s’en écoule fi
abondamment, que les appareils & les linges en
font très-fortement imprégnés. Je me rappelle avoir
vu dans un hôpital de Paris deux cas femblables 5
mais j’étois & trop jeune & trop peu éclairé encore
dans ce genre.de recherches, pour avoir tiré
le parti qui m’étoic offert. Pareille circonftance
n’eft peut-être pas aufit rare qu’on pourroit le
croire, & il faut efpérer que.» ceux à qui elle fe
préfentera déformais ne la laifferont pas échapper.,
& Omettront à profit pour Je bien de l’art. Peut-
être mêmeiroit-on, fi l’on vouloit diriger fes vues
vers ce genre de recherches, jufqu’à ouvrir à volonté
des vaifleaux abforbans, imiter par >cette
efpèce de lymphéecz qu’on fait dans la, faignée. Il
eft-même permis de penfer que cette forte d’opération
pourra remplir quelque^ jour des indications
utiles, remédier à Ja pléthore lymphatique,
diminuer la mafle des fucs blancs-& .nourriciers
furabondans, . évacuer cette humeur arriaffee dans
des cavités 5 car la déplétion d’un gros vaifleau
lymphatique & le vide qui la fuit, doiventaugmen-
ter la force de fuccion & d’abforption dans une
des régions, & par fuite dans toute la continuité 4u fyftème abforbant.
4. En attendant que mon voeu foit rempli, que
cette idée ait jeté dans le monde favatlt & médical
un germe plus profond, il faut au moins réunir ici
ce qu’on a dit fur la nature de la lymphe. Au lieu
de prendre ce liquide dans fes propres canaux , &
au défaut de l’humeur elle-même qu’on n’a pas pu
-puifer encore dans fes propres réfervoirs, on a mis
en quelque manière à fa place le ferum du fang,
& on l’a préfenté pour la lymphe dans la plupart
des ouvrages de phyfiologie & de médecine:. Hal-
:1er lui-même, d’ailleurs fi exa$, & qui préféroit
-les faits à toutes les hypothèfes, a fuivi cette marche.
On la trouve indiquée dans un grand nombre
d’endroits de fon immortel ouvrage , & particuliérement
à l’article du ferum du fang, & dans
Tefquiffe de claflification chimique des humeurs,
qui précède fon hiftoire de la fécrétion. Le plus
grand nombre des phyfiologiftes qui ont écrit depuis
lui, & qu’on pourroit prefque tous ranger
parmi fes copiftes ou fes plagiaires, n’ont point
eu d’autre idée. Dehaën, qui a cependant cherché
dans fes ouvrages à mettre plus de précifion dans
la connoiflancè des humeurs & de leurs altérations
morbifiques, a partagé cette opinion. Je ne con-
nois que Bucquet qui, dans fes cours, ait combattu
cette fimilitude adoptée entre le ferum du
fang & la lymphe, & qui ait infifté , non pas pour
prouver que ces deux liquides ne font pas les mêmes,
car on n’en a point acquis la certitude, mais
pour montrer que tant qu’on n’auroit pas fait un
examen parriculier de la lymphe, on ne .pouvoit
pas aflurer qu’elle fût de la même nature que le
ferum, & qu’il étoit autant permis de foupçonner
qu’elle étroit différente, que de dire qu’elle lui
étoit analogue.
y. Haller , en citant les travaux anatomiques &
phyfiologiquesde Stenon , de Barthoiin, de Dre-
lincourt, dé Bellini, de Wepfer, de Werreyen &
de Monro, en nommant indiftinélement, avec ces
hommes célèbres, h lymphe ferum, & le ferum du
fang lymphe, range cette dernière humeur parmi
lès gélatineufes > mais on reconnoît bientôt qu’il
donne ce nom à"humeurs gélatineufes à celles que je
nomme albumineufes, puifqu’il indique en même
tems leur concrefcibilité par le feu pour leur caractère
diftinétif. Il annonce donc que la lymphe fe
coagule par la chaleur, par les acides, par L’alcool \
qu’elle eft falée, légèrement vifqueufe ; qu’elle
moufle par l’agitation > qu’elle fe prend en flocons
folides par l’eau bouillante ; qu’elle eft diflblubie
dans l’eau froide ; qu’elle donne à la diftillation
une huile fétide & du fel volatil concret ou carbonate
d’ammoniaque} qu’on y trouve des lels en
diflblutibn : en un mot, il compofe fon hiftoire &
l’enfemble de fes propriétés de toutes celles qui
appartiennent au ferum du fang. II en fait véritablement
une humeur albumineufej il ajoute qu’elle
rend les huiles mifcihles à l’eau, & il le prouve
par l’abforption de la graiffe, opérée fi facilement
& quelquefois fi promptement par les vaifleaux
lymphatiques. Il a foin même de bien diftinguer de
cette liqueur, comme du ferum fanguin, les humeurs
muqueufes qui répondent à celles que je
nomme gélatineufes, puifqu il affigne a celles-ci le
caractère de n’être point coagulables, mais bien
fufibles par la chaleur 5 d’être très-transparentes ,
glutineufes. Senac, Quefnay & Dehaën avoient
déjà-reconnu une pareille diftinétion.^ 6. Sans nier la poflïbilité de cette identité, ou
au moins d’une forte analogie entre la lymphe &
le ferum du fang, qui peut palier en effet pour
être fa première fource, on ne peut cependant fe
refufer à deux réflexions également juftes & importantes
: l’une, c’eft qu’il manque à la preuve de
cette analogie ou de cette identité une analyfe de
la -lymphe prife dans fes couloirs , & comparée à
celle du ferum, comme le difoit Bucquet j l’autre,
c’eft qu’en fuppofant même que le ferum fanguin
fût la fource unique de la lymphe , il eft naturel de
concevoir dans celle-ci des différences plus ou
moins grandes ave.c la liqueur albumino-muqueufe
du fang, puifque cette dernière a dû, pendant la
circulation , en fervant à plufieurs ufages divers,
en traverfant différens organes , en fourniflant à
plufieurs fécrétions, en perdant quelques-uns de
fes principes, éprouver une altération aflez prononcée
pour qu’elle ne puifl’e plus être regardée
comme ayant coniervé exactement fa nature & fa
compofition primitives.
7. S’il étoit permis de fe livrer à des conjectures
en les étafyant de quelques faits qui peuvent les
rendre vraifemblables, on pourroit croire , par
exemple, que, par les effets de la fixation de l’oxi-
gène, du dégagement de la chaleur, de la perte
^dè l’eau ou de l’hydrogène, & d’une portion de
fon carbone, effets qui, commencés au poumon,
fe continuent dans tout le trajet que le fang parcourt
pendant qu’il circule, le fang pafle peu à peu
à l’état de fibrine, la plus animalifée des fubftances
animales ; que ce paflage s’opère par une défoxi-
génation de la partie de l’albumine qui devient
fibrine j qu’ à mefure qu’il a lieu, l’albumine qui
reûe fans cette converfion devient plus oxigéné,
plus concrefcible, plus plaftique, & qu’une de fes
parties défazotée, déshydrogénée & carbonée ,
forme le mucilage animal ou la gélatine. Alors U
lymphe, qui feroic en quelque forte le réfidu de
cette partie d’albumine convertie en fibrine, qui
continue comme telle, ou à conftituer le fang, ou
à former les mufcles, contiendroit une portion
d’albumine très-oxigénée, & une quantité plus
grande de gélatine. Ainfî l’hématofe fe termine-
roit, par une féparation du fang, en trois matières
diverfes: l’une, très-azotée ou la fibrine j l’autre,
très-oxigénée ou l’albumine très-concrefcible 5 8c
l’autre, très-carbonée ou la gélatine. Une portion
de ces deux dernières difloutes dans l’eau for-
meroit la lymphe, & une portion de la fibrine,
dépofée avec la matière colorante dans les mufcles
, en entretiendroit la nutrition & la vie.
8. Mais , quoique cette conjecture foit bien