
La dccompofition eft l’andlyfe propremeftt d ite, I
ou la fépa ration des principes qui forment des com- ;
po:fés._ Ainfi on peut la diftinguer comme l'arialyfe •:
elle-même. ( Voÿe^ce mot.) J’ ajouterai aux détails '
qui ont été déjà donnés fur. cet objet aux mots !
A nalyse , Ghïmie ; &c. qu'il eft nécéflaire de
bien concevoir , les déeompofitions complètes &par-
tielles. Les premières ont lieu quand on fépare tout-
à-fait au complètement les principes qui formaient
un compofé ,■ comme lorfqu’on décompôfe l’eau
par le fer rouge; les fécondés, beaucoup plus fré- :
quentes , exiftent lorfqu’on ne fépare pas entiére-
rcment les matériaux d’une combinaifon. Cela fe
préfente dans prefqüè, toutes les opérations de la
chimie ; c’eft ce qui [rend fi difficiles les analyfes,
ce qui les* complique, ce qui, fait naître même
beaucoup d’erreurs. ( Voye£ Us mots A nalyse , j
A ppareils, C omposés, Opérations , &c. )
DÉCRÉPITATION. On nomme décrépitation
le phénomène par lequel les fubftances fèches , .
dyres ou criftallifées * expofées fubitement à une
forte température y jetés , par exemple fur les
charbons ou dans des foyers ardens, fe brifent
avec bruiti fe détachent en éclats qui fautent plus
ou moins loin, & frappent ainfi l’air brufquement»
C ’eft ce qui arrive au fel marin &, àplufieurS autres
efpèces de fais qu’on jette fur le feu , qu’on
pofe fur des charbons allumés , ou fur des plaques
de fer & des briques bien chaudes. Ce phénomène
tient le plus fouvent àleaudecriftallifation, qui,
raréfiée rapidement * pouffe avec force & détache
vivement les lames criftallihes entre lefquellqs elle •
eftinterpoféè. Auflî après X^fléçrépitaùon du Tel,
trouve-t-ron qu’il a perdu de Ton poids, qu’il
n’a plus fa forme çriftalline, & qu’il eft beaucoup
plus âcre qu’il n’étoit auparavant. { Voye^U'article
Sels-. )
DÉGUIT. Quelques auteurs ont propofé d’employer
le mot dêcuit pour traduire en français le
mot latin decofyum y mais cette nouvelle dénomination
n’a point : été .'adoptée , -jk il. eft difficile-, de
croire .qu’elle-le foit jamais,,- lorfqû’on remarque ■
que ce mot, d’après les règles & les .ufàges établis
dans notre langue ,‘ fignifie plutôt l’ét.at d’un
corps trop cuit dont pri fait rétrograder la cui'ffon
pu la toélion. C ’eft: ainfi qu’on dit décùire un firop,
une conferve , un éleétuaire, un extrait, en ajoutant
à ces préparations trop épaiffes, unexertaine
quantité d’eau ou de liquide analogue à celui qui
a'été trop évaporé. Auftri-t-on jpftju’ici employé
le mpt-decoélion pour e?xprimeril% liqueur aqueufë
faturée par ébullftiofv d'une matière végétale ou
animale , quoique ce<mot ferable plutôt appartenir
à l'opération elle-même qu’à fen> produit. ( Koyeç
Décoction. )
DÉFAlLL^NGE. Ancien, mot qui étoit fyno-
*yme de deliquium. C ’eft ainfi qu’on difoit 4*.
Vtartre'par défaillance, pour défi g nef lapotaffe extraite
du tartre, &. devenu liquide épais comme
i une huile , o,u tombée en deliquium par fon expofi-
tion à l'air. Ce mot défaillance a vieilli, & n’eft
plus employé aujourd'hui en chimie. On y a fubf-
titué les mots déliquef:ence &C deliquium. (Koye% ces
mots. ) |
DÉFLAGRATION- Le mot déflagration défigne
une combuftion forte., rapide, bruyante, accompagnée
d'une lumière vive , d’une chaleur confi-
dérable & d’un mouvement violent. Quand le
phofphore fondu s’allume dans du gat.oxigène ,
quand du: foufre ; très-chaud s’enflamme au milieu
d’un brafier très-ardent, quand un bitume ou un
métal, mêlé• de: trois ou quatre fois fon poids de
nitrate de potaffe, brûle avec une grande activité,
on dit que ces corps entrent en déflagration. C’eft ,
en général, la combuftion.la plus énergique & la
plus rapide qui püiffe avoir .lieu.
DÉFLEGMATION. La déflegmation eft l’opération
par laquelle oh enlève l’eau à tou.te matière
qui en Contient une trop, grande quantité ,.& qu’on
veut concentrer , épaiffir, deffécher. On écrivoit
autrefois ce mot ainfi s déphlegmation, à caufe du
mot phlegme* qui étoit l’eau, des anciens chimif-
tes. Aujourd’hui on n’emploie prefque plus ni l’une
ni l’autre de ces expreffions , & on préfère celles
de concentration , évaporation , ratification.
( ]Voye^ ces mots. )
DÉFRUTUM. Mot barbare de l’ancienne chimie
pharmaceutique, par lequel on défignoit un
fùc végétal évaporé jufqu’à une eonfiftance épaiffe,
voifine-de celle du miel. On l’appliquoit fpéciale-
ment au jus de raifin , évaporé jusqu'au-tiers de fon
yolume.
Il eft entièrement abandonné aujourd’hui.
DÉGRAISSAGE, DÉGRAISSEUR Quoique
le : dégraifuge fait employé dans quelques
arts’ chimiques pour exprimer les opérations par
lefquelles on ote aux liqueurs falines leur caractère
onélueux & comme gras, pour les faire .plus
facilement criftallifer., ce mot défigne plus particuliérement
l’art d’enlever les.tachés de deffus leis
tiffus & les vêtemens, & je le confonds avec le
mot dêgriiijfeur.
La plus légère réflexion fuffit.pour prouver que
cet art eft entièrement du reffort de la chimie.
Auflî donnerai-je. fur cet art tous les principes
généraux qui découlent des.applications de cette
•fcieûce, en ipférant.ici un Mémoire de M. Chaptal,
qui réunit le plus grand nombre de ces principes.
. c< Il ne fuffiroit pas d'avoir, trouvé le moyen de
porter fur les étoffes des couleurs auflî folides que
variées , il falloit encore découvrir l'art de les rétablir
quand elles font altérées, & de faire difpa-
roîtrè fans inconvénient les matières étrangères
oui en fe fixant fur l’étoffe, en cachent, nuancent
OU- détruifenf les couleurs.- C ’eft cet art qui
eft pratiqué par une claffe d'hommes connus dans
la fociéte fous, le nom de dégraiffeursditacheur.s ,
dêgmijfeurs-teinturiers , &C. , .
» Quoique cet art foit abandonne, a la pure
routine, & que les hommes vraiment utiles qui
le pratiquent, foient placés par l’opinion publique
à un des derniers degrés de l’induftrie, il n’en eft
pas riioins vrai que cet art eft entièrement bafé
fur la chimie, & qu’il n’en eft peut-être aucun
d’auffi complètement chimique que celui-là.
» Tous les problèmes que le démeheur a pour
but de réfoudre, font prefque conftamment des
problèmes compliqués & très-difficiles. Iis. font,
en général, compofés de trois élémens , dont il
faut avoir une connoiffance parfaite & préliminaire
lu nature de.la tache, le genre de couleur
fur laquelle elle eft portée, & l’efpèce d’étoffe
fur laquelle on opère. . _ .
» Ce n’eft que d’après une connoiffance approfondie
de ces trois objets, qu'on peut déterminer
fon choix fur le vrai réaélif qu’il convient d’em-
ployer; car: tel réaélif qui diffoudroit la tache,
pourroit atténuer la couleur , & , comme les cou-,
leurs varient entr’elles , non-feulement par leur
nature, mais encore, par le genre de. l’étoffe qui
en modifie les caraèfëres diftinétifs, il s’enfuit que.
cette première connoiffance eft très-difficile à
obtenir, & qu’elle ne p'eut être parfaite qu’en,
recueillant dans fa tête des notions exaéles, taqt
fur l’effet des divers réaétifs, par rapport aux
principes colorans, que fur la nature des mordans
& cèlle de l’étoffe,. &c.
. » L’art du iétachçur fuppofe donc, i°. la çon-,
noiffance des divers corps.qui peuvent tacher upe |
.étoffe 5
2°. La connoiffance des fubftances auxquelles
il faut recourir pour diffoudre les corps dépofés
fur l’étoffe, & les faire difparoître.j
» 3°. La connoiffance des couleurs iimples.com-
pofees, & la manière de fe comporter avec les-
divers.réaifjfs dont, on. a à faire choix pour dif-
. foudre la matière de la tache■
» 4°. La connoiffance de l’étoffe & delamanière
dont- elle eft affeflée par les fubftances dont on
peut fe fervir pour ënlever la tache ;
. » y". L’art de rétablir une couleur altérée, ou
de ramener des nuances affoiblies &. inégales- à
une couleur uniforme. ,
» Ce tableau des; connoiffances qu’exige la pro-
feffion du détacheur, nous trace la marche que’
nous, devons fuivre pour parvenir à pofer quelques
principes, fur cet art.
=> Les fubftances qui tachent le plus ordinairement
les étoffes, font l’huile, la graiffe, la pommade
, le camhouis, la boue, l'encre ,1a rouille,
l ’urine, la pluie, les acides, les alcalis, la fueur
& les fruits.
» .Ces fubftances ne font pas toutes de la même
nature , d’où il fuit qu’elles produifent des effets
très-différens (ur la même étoffe ou la même
couleur, & qu’il faut recourir à des réaêlifs de
divers genres pour pouvoir en détruire ou corriger
l'effet.
« Quelquefois la matière même qui fait la
tache refte far l'étoffe, où l'on peut aifément en
diftinguer la nature : tels font l'huile, la graiffe,
la cire , le cambouis, l’encre & la rouille.
; ; « D’autres fois on ne juge de la nature de la
fübftance qui a fait la tache , que par l’impreffion
qu’elle a laiffëe : les acides , les alcalis, l’urine,
la fueur, font dé ce nombre. Parmi les fubftances
qui tachent une étoffe, il en eft qui n’en altèrent
ni le tiffu ni la couleur , & il ne s’agit, dans ce cas,
que, d’enlever le corps étranger plus ou moins
adhérant au tiffu, pour le détacher complètement.
Tous les corps graiffeux fe rangent dans cette
clafle. Il en eft d’autres qui n’agiffent qu’en altérant
les couleurs : tels font les acides , les alcalis.,
l’urine , la fueur ,• &c. & alors il s'agit de les rétablir
, ce à quoi l'on parvient par une connoiffance
exaéte de la nature du corps qui a fait lia
tache,'car il fuffit prefque toujours, pour détruire
fon effet, d'employer un corps fufçeptible de fe
combiner avec lui: c’eft ainfi qu'un acide détruit
prefque conftamment l’effet d'un alcali, & réciproquement.
, m: Pour parvenir à connoître la nature des
réa&ifs auxquels il faut recourir pour détruire
une tache , je penfe qu'il eft indifpenfable de
claffer les fubftances.qui forment les taches , d’après
la manière dont elles fe comportent avec les
principaux réa&ife qu'on peut employer ; ainfi ,
nous pourrons d’abord les divifer comme il fuit :
/ /.„Huile, graiffe, fuif, pommade, cam-
Y bouis,
1 II. Rouilfe, encre,„boue*
Clajfes / III. Acides.
\ 1V. Alcalis, fueur.
/ V. Fruits.
V K l. Urine. '
m Cette divifion feroït inutile , eu égard au
but que nous nous propofons, fi l’on n’aflignoit
pas des caractères d’après lefquels on puiffe re-
connoître l’effet particulier que produit chaque
claflfe de ces fubftances fur les diverfes couleurs ,
car ce n’eft que par la connoiffance de tel effet
qu’on peut déterminer le genre de réaCtifs qu’il
eft convenable d’appliquer.
« Nous avons déjà obfervé qu’il eft des cas où
le coup d’oéil fuffit pour faire connoître la matière
qui produit les taches : telles font principalement
celles qui font faites par des corps graiffeux, la
rouille, l’encre, la boue ; mais les acides, les alcalis
, ont des effets plus compliqués, & on ne peut
les connoître qu’en les parcourant fur les divers
corps dont ils peuvent altérer la couleur : les
acides rougiflent les couleurs noires, fauves,