
roit-on pas croire qu’ une petite quantité d’eau eût
ici fuppléé ce principe? D’ailleurs, pourroit-il fe
faire qu’un feul fait, dont fans doute quelque
circonftance a pu échapper aux habiles chimiftes
d’Amfterdam, fût capable de porter à croire que
la combuftion peut avoir lieu fans air & fans oxi-
gène? En voyant par mes propres yeux ce phénomène,
je l'ai regardé comme une fimple phof-
phorefcence, comme un changement & une augmentation
fubite de capacité pour le calorique ,
& comme une fimple expulfion de la lumière ou
converfion du calorique en lumière 5 ce qui pa-
roît d’autant plus évident, qu’après qu'elle a eu
lieu, le cômpofé eft toujours du fulfure de cuivre,
qui auroit dû pafifer à l’état de fulfate s’il avoit
éprouvé une combuftion réelle , tandis qu’il refte
avec fa propriété combuftible toute entière. Au
refte, le fait mérite d’être obfervé avec plus de
foin encore qu’il né l’a été jufqu’ici.
39. Le cuivre s’allie aifément à prefque toutes
les fubftances métalliques par la fufion, & les alliages
qu’il forme jouiffent prefque tous de propriétés
plus ou moins importantes, en raifon def-
quelles ils font prefque tous employés, dans les
arts. Il n’ y a pas de métal qui prenne auffi facilement
des formes diverfes dans Tes combinaifons
métalliques, & c’eft une des principales raifons
qui l’ont fait nommer Vénus par les alchimiftes.
Uni à l’arfenic par la fufion dans un creufet bien
clos & avec du muriate de foude qui recouvre la
matière en fufion, il forme un métal blanc, aigre,
caftant, que quelques auteurs nomment tombac
blanc. On ajoute fouvent du.zinc ou de l’étain
à cette compofition, qui fert à fabriquer beaucoup
d’uftenfiles & de bijous. Wallerius confeil-
loit d’unir parties égales d’arfenic & de cuivre
avec un feizième d’argent} iLprenoit à la vérité
l’arfenic blanc ou l’acide arfenieux. La plupart
des auteurs emploient le flux noir & le verre en
poudre pour aider la fufion & la combinaifon.
Beccher a donné une formule très-longue & tni-
nutieufe, par laquelle il aflure qu’on obtient d’une
union du cuivre avec l’arfenic , un métal blanc,
duétile, femblable à l ’argent. Swedenborg a raf-
femblé beaucoup de procédés différens pour faire
cet alliage. M. Baumé l’a traité par divers moyens ;
il fa eu fouvent caftant, & a remarqué que le feu
le rendoit duétile en lui laiflant la couleur blanche
} il l’a préparé, foit avecJ’acide arfenieux &
l’alcali fixe , foit avec l’arfeniate acidulé de po-
tifle ou fel neutre arfenical de Macquer , foit enfin
en fubftituant le laiton au cuivre ordinaire. On
fait, beaucoup de mélanges métalliques dans les
arts avec le cuivre & -l’arfenic, en y ajoutant en
proportions très-variées, différentes fubftances
métalliques.
40. On n’a point décrit encore, ni même indiqué
le' propriétés des alliages du cuivre avec le
tungftène, le molybdène, le chrome , le titane ,
l’urane & le manganèfe, quoiqu’on fâche que la
plupart de ces métaux font fufceptibles de s’y
unir & de le rendre caftant & plus ou moins pâle.
Il refte beaucoup de recherches à faire fur ces
nouveaux alliages , qui , examinés avec foin,
pourront certainement fournir des produits très-
utiles aux arts ,^en raifon de leurs propriétés différentes
de celles des alliages déjà connus. D’ailleurs,
laTacilité avec laquelle on fait que le cuivre
s’ allie aux autres matières métalliques doit
déterminer leschimiftes à tenter ces alliages, qui
leur fourniront les moyens de réduire & de fondre
par-là ceux des métaux nouveaux dont l’infufi-
bilité & l’intraitabilité ont empêché encore qu’on
en reconnût les propriétés caraétériftiques.
41. La combinaifon du cuivre avec le cobalt eft
-affez difficile & peu connue : ceux des auteurs
qui en ont dit quelques mots, Wafferberg en particulier
dans fes Infiituts de chimie, aflurent que
cet alliage eft analogue au cobalt lui-même par
fa fragilité & par Ton tîffu. Suivant Cronftedt, le
cuivre forme avec le nickel un alliage blanc, dur,
non duétile, facile à détruire par l’air. Ce favant
a remarqué que,.malgré les diverfes proportions
où il a fait cet alliage, le cuivre s’y étoit conf-
tamment montré par la couleur verte ou brune
qu’il avoit fait prendre au verre de borax. On ne
fait pas ce que forme le nickel purifié avec le
cuivre, car celui que Cronftedt a employé, comme
je l’ai dit ailleurs, étoit chargé d’arfenic, de cobalt
& de fer.
42. Le bifmuth, fondu avec le cuivre à parties
égales , forme un alliage fragile d’un rouge-pâle.
Dans l’ alliage fait avec un huitième à peu près de
bifmuth, Gellert a trouvé beaucoup de fragilité,
une couleur rouge-blanchâtre, & un tiftu à facettes
, indiquant des fragméns prefque cubiques
dans fon grain. Sa pefanteur fpécifique étoit aftez
exactement la moyenne de celle des deux métaux.
Mufchenbroëck , qui a décrit une fuite d’alliages
divers de cuivre & de bifmuth, & qui a déterminé
leur diverfe ténacité, a vu cette propriété y diminuer
à proportion que le bifmuth y étoit plus abondant.
Les ouvriers qui préparent de petits ouvrages
de cuivre jaune ou de tombac, entr’autres des aiguilles
& des cuillères, font entrer un peu de bifmuth
dans leur alliage, mais fans pouvoir dire à quoi
cette addition leur fert : c’eft une routine ancienne
qu’ils fuivent feulement à cet égard.
43. L’antimoine s’unit tr.ès-aifément au cuivre
par la fufion : quand on en allie parties égales, on
obtient un métal d’une jolie couleur violette, la
feule de ce genre parmi les métaux. Gellert a
trouvé cet alliage fpécifiquement plus lourd que
Tes compofans. Ce fiogulier alliage a un tiftu la-
roelleux & fibreux 5 c’étoit le régule de Vénus,
qu’on fabriquoit autrefois dans, les pharmacies
pour la préparation du trop fameux lilium de Pa-
racelfe. On faifoit auffi, d’après une prefcription
& dans des vues alchimiques , un alliage compofé
de parties égales de régule martial tte de régule de
Vénus, qui formoit, difoit-on, des mailles & des
cavités réticulaires à fa furface} on le nommoit le
réfeau ou le filet de Vulcain, parce que Mars & 1
Vénus fembloient y être enveloppés.
44. On s’eft beaucoup occupé, dans les îabora- J
toires, de l’union du mercure avec le cuivre, & de j
la formation d’une amalgame de cè dernier métal, j
Dans l’ordre des adhérences que les métaux difio- i
lubies par le mercure font fufceptibles de contracter
avec ce métal, & qui répondent à leur dif-
folubilité, le cuivre ne tient que le huitième rang,
fuivant les expériences de M. Gùyton, & n’a au
de flous de lui que l’antimoine, le fer & le cobalt :
cela indique qu’il n’eft fufceptible de s’unir au
mercure qu’avec difficulté } auffi ne parvient-on
à l’amalgamer que lorfqu’ il eft préfenté au mercure
& broyé avec lui dans un grand état de divifion.
Parmi les chimiftes qui ont parlé de cette combi-
naifon , les uns veulent qu'on broie des feuilles
de cuivre très-minces avec le mercure, après avoir
frotté auparavant ces feuilles avec du vinaigre ou
du felcommun} les autres prelcrivent de triturer
de la limaille de cuivre avec la diffolution nitrique
de mercure, dont le premier métal réduit l’oxide
& le précipite de fa diffolution, en y ajoutant
même un peu de mercure coulant &r en lavant
avec beaucoup d’eau. Il en eft qui confeilient de
prendre le cw’vre^diffous dans l’acide nitrique , de
le précipiter à l’état métallique par le fer, & de .
le triturer promptement avec le mercure coulant.
Il y a enebre quelques autres procédés qui exigent
des combinaifons d’ acides végétaux, & dont je
pa leraipar la fuite. De quelque manière que cette
combinaifon foit faite, elle eft rougeâtre, affez
molle pour recevoir facilement les empreintes les
plus délicates quand elle eft un peu chaude , &
fufceptible de fe durcir beaucoup à l’air. La chaleur
la décompofe très-facilement & en fépare le
mercure.
45. La combinaifon du cuivre avec le zinc eft
lin des plus importans alliages qui exiftent, ou
plutôt elle donne naiffance, fuivant la diverfité
des proportions, à différens alliages très-utiles
dans les arts. Mufchenbroëck a décrit avec foin'
quelques propriétés de plufieurs de ces alliages :
parties égales de cuivre & de zinc lui ont donné
un métal d’ un beau jaune d’ o r , dont un parallé-
lipipède, d’un dixième de pouce , n’a été brifé
que pq£ 108 livres ; fa pefanteur fpécifique étoit
de 8.047. Une partie de cuivre & une demi-partie
de, zi ne ont formé un métal d’une couleur d’or
pâle > .une partie de cuivre & trois quarts de partie
de zinc , un beau métal de couleur d’or, très-
doux à la lime ; une partie de cuivre &r un quart
de zinc , un alliage d’une' plus belle couleur que
celle du laiton. Gellert a indiqué la pefanteur fpé-
cifique de ces alliages, comme plus grande que la
moyenne. Wallerius annonce que l’ alliage de cinq
parties de cuivré avec trois parties de zinc eft encore
un peu duétile. M. Borda a trouvé que le laiton
avoit une denfité d’environ un dixième plus
grande que celle des deux métaux pris féparé-
ment.
46. A ces généralités fur l’alliage du cuivre &
du zinc, il faut ajouter une notice des principales
différences des métaux ufuels auxquels il donne
naiffance : fuivant les proportions dans lefquelles
on ies allie 3 on obtient le laiton ou le cuivre
jaune, le métal du prince Robert, 'e pinchebeck ,
le tombac & le fimilor. Le laiton & le cuivre jaune
fe fabriquent,Toit en ftratifiant des lames de cuivre
y foit en fondant ce métal avec un mélange de
calamine ou de carbonate de zinc natif & de charbon.
Le zinc entre, dans ce genre d’alliage , dans
la proportion d’un cinquième à un quart de celle
du cuivre} alors ce métal eft affez duftile pour
fervir à un grand nombre d’ufages. Macquer a
remarqué que le zinc pouvoit s’unir a trois parties
& même à deux de cuivre , fans prefque lui
faire perdre de fa du&ilité à froid : c’eft là ce qui
rend le cuivre jaune fi utile & fi précieux. Par cet
alliage on augmente la quantité du cuivre d’un
quart & même d’un tiers : on lui donne une couleur
agréable, qui imite celle de l’ or pâle} on le
rend moins fujét à l’oxidation & au vert-de-gris :
il eft, à la vérité, un peu moins duétile à chaud
qu’à froid , à caufe de la fufibilité beaucoup plus
grande dans le zinc que dans le cuivre En tenant
j fondu à un grarid feu le cuivre jaune, le zinc s’ en
j fépare, fe volatilife, brûle avec flamme, & l’alliage
décompofé repaffe à l’état de cuivre rouge
pur. Quoique les mots cuivre jaune & laiton foient
prefque fynonymes dans les livres de chimie, on
donne le plus fouvent le nom de laiton au cuivre
jaune paffé à la filière} quelquefois celui-ci n’eft
que blanchi à fon extérieur par le zinc, qui y eft
■ comme appliqué..
Le métal du prince Robert eft un alliage analogue
au précédent, où la proportion du zinc eft
moindre que dans le cuivre jaune, & dont la couleur
plus int. nfe imite plus celle de l’or. Chaque
ouvrier a fes procédés particuliers pour faire ce
métal, qui n’eft employé que pour quelques bijoux
d’ornement. Il en eft de même du pinchebeck
, du tombac & du fimilor , trois autres alliages
du cuivre avec le zinc, qui diffèrent peu
entr’eux , & qui ne font que des variétés de cuivre
jaune, un peu diverfifiées par leur couleur. Pour
les obtenir beaux, il eft effentiel de prendre les
deux métaux bien purs , & d’en varier les proportions
d’après des eflais plus ou moins nombreux ,
I & fuivant la couleur qu’on veut avoir. Il y a ,
j dans les ouvrages anciens de chimie , des recettes
| plus ou moins compliquées pour préparer ces mé-
J taux, par lefquéls on a cherché à imiter l’or. Au
j lieu de fe fervir du cuivre & du zinc purs, beau-
I coup preferivent la calamine , le vert-de-gris,
qu’ils mêlent avec plufieurs fels, & qu’ils chnuf-
| fent plus ou moins ong-tems & fortement. On
J pourra trouver un grand nombre de ces formules