
le. principe doux des huiles , dont je parlerai plus
bas. C’eft elle qui donne à Yhuile 3 quand on la
brûle, les flocons épais qui la troublent, 8c qui
diminuent plus ou moins fa combuflibilité. Quelquefois
une portion de la fécule verte, comme
on le voit dans Y huile d’olive, refte en difïblution
dans ce corps, & lui communique fa couleur & la
faveur du fruit.
11. On voit par ce qui précède, que Je repos
feul n'éft pas toujours fu (filant pour purifier les
huiles. La filtration à travers des tamis ou des
linges à mailles plus ou moins larges , propres à
féparer la partie groffière n’eft encore qu'un
moyen mécanique qui n’enlève que les parties
étrangères qui y font interpofées : le temsen dé-
barrafle bien , furtout pour certaines huiles 3 une
portion du mucilage ou de la fécule légère qui y
eft di flous; mais il en eft une autre partie, &
quelques huiles contiennent beaucoup de celle-ci,
qui y refte véritablement- diffoute , qui ne s’en
fépare jamais par le repos, au moins fans que
Yhuile elle-même éprouve une altération , & qui
communique à ces corps des propriétés qui s’op-
pofent à la réunion des avantages qu’on y recherche.
C ’eft furtout pour les rendre plus pures , 8c
lus facilement a in fi que plus complètement cornuftibles,
qu’on cherche, par divers procédés, à
les débarrafler des fubftances étrangères qui leur
font unies. La chimie n’a point encore déterminé
exactement les divers états des huiles à brûler, 8c
les véritables caufes de leurs mauvaifes qualités.
Auflî les procédés qu’on emploie dans quelques
manufacturés ou dans quelques ateliers pour purifier
ces huiles, font des efpèces de pratiques empiriques,
ou des méthodes que la fcience n'a point
encore appréciées.
12. Ces procédés des arts ou des ateliers à huile
font très-divérfifiés, & foùvenc même des efpèces
défecrets. Il paroîr que dans quelques-uns , après
avoir Lifte repofer & filtrer les huilés, on les bat
avec l’eau j dans d’autres ou les-chauffé doucement
& plus ou moins long-tems. Il en eft où l’on
traite les huiles par lés acides étendus d’-eau, & ce
procédé doit en effet en féparer du mucilage. 11
en eft d’autres où on les traité par la chaux ou
les alcalis j qui paroiflent ab for ber un acide tenant
Je'mucilage en diflblütion, & fa vori fer la
précipitation de ce mucilage! Onaffure encore
que dans quelques ateliers on fë fért d’àlun, tandis
que dans d’autres on emploie dé la craie, du plâ-
tr e , de l’argile ou de la cendre pour opérer la purification
des huilés. Il eft évident que fi chacun de
- ces moyens réuftit, il faudra conclure que les matières
qui rendent les impures, varient fuivant
les efpeees; niais il eft beaudoup plus important
d’obferver ici qu’.un examen chimique exaét de
cèS liquides pourra feùl donner fur cet' objet les
lumières-que cette fcience eft' fufcéptiblé de répandre,
& qiVbprès cet examen il n’y aura plus i
-tf’bbfcurité dans cet ir t utile à la fociété. !
l$. L'huile fixe èft ordinairement un liquide un
peu épais ou vifqueux, formant des ftries adhérentes
aii verre, d’une faveur douce ou fade, quelquefois
un peu acerbe ou analogue à celle de la
plante d’où elle provient, fans odeur qui lui foit
particulière, mais fou vent aufti imprégnée de celle
qui appartient à la graine d’où elle eft retirée.
14. Uhuile fixe n’eft jamais entièrement dépourvue
de couleur j fouvent elle en a une verdâtre ou
jaunâtre : celle qui eft verte quand elle eft récente,
perd cette nuance avec le teins, & en prend
une jaune qui, à la longue, le fonce 8c tire
fur l’ orangé ou le rouge. En général, elle eft plus
légère que l’eau, nage à fa furface ; & fa pefan-
teuv fpécifiqiie,- celle de l’eau étant iecdo , varie
entre 9403 pour Y huile de lin, 8c 9153 pour Y huile
d’olives. , //
15. Ce corps, expofé au froid, fe congèle &
fe criftallife même, ou prend une forme folide
& 'grenue par le refroidifiement ; mais cette propriété
y varie finguliérement, fuivant les efpèces :
il en eft qui fe figent à cinq ou fix degrés au def-
lus de zéro, & d’autres au contraire ne fe congèlent
qu’à dix ou douze degrés au defibus de
zéro : .if en eft même qui ne fe prennent jamais
par le froid. On obferve généralement que celles
qui fe figent la plus promptement, comme Y huile
d’olives, font les moins altérables, les moins changeantes,
8c que celles au contraire qui font très-
difficilement eongelables, fBnt les plusfujettes à fe
gâter, à fe rancir, &c.
16. L’huile fixe, expofée au feu, ne fe volatilife
que quand ellé eft bouillante, & voilà ce qui lui
a fait donner fon nom; mais dans cette volatili-
fatiôn elle èft altérée , perd quelques-uns de ces
principes, tend à fe déçompofer : leur carbone fe
met en partie à nu à mefure qu’on les chauffe j leur
portion volatilifée eft plus hydrogénée 8c plus légère
> il fe forme de l’eau & un acide analogue a
celui des graiflès, qu’on nomme féhadque. Il refte
dans la cornue dés'traces noires Si charboriëüfès;
il fe dégagé du gaz hydrogène carboné. Tel eft
l’enfemble des -phénomènes qui ont lieu dans la
diftillation des huiles, que les anciens chimiftes
faifoient pour obtenir ce qu’ ils appeloient huile des
pkilofâpkes. Le volume d’air contenu dans les appareils
y contribuoit auffi plus ou moins efficacement
, puifqu’il y a d’autant plus d’eau formée &c
de carbone mis à nu, qu’ il y a plus de grandeur
■ & d’efpace dans les vafes diftillatoir.es; de forte
qu’en recommençant un grand nombre de fois la
diftillation de la même huile dans de nouveaux appareils
chaque fois, on finit par la réduire pref-
qu’-entierement en eau, en gaz acide carbonique,
en gaz hydrogène carboné & en charbon.
17. Les phénomènes de la combuftion de Y huiles
quand on la chauffé avec'le contaét de l’air , font
les mêmes que les pvécédens, excepté que la âé-
compofition en eftplus rapide & plus complète. On
Tait qu’elles ne.peuvent pas, brûler fans être fortement
ment chauffées ; que la n.êché employée dans les
lampes a pour ufage d’élever, portion par portion,
Ykuileen vapeur; que dans l’ingénieufe lampe d’Ar-
gan 8c Lange, en difpofant la mèche circulaire-
ment, en l’enveloppant d’iin double courant d’air;
en augmentant l’aétivité de celui-ci par l’addition
d’un canal tranfparent de verre autour de la mèche j
6c furtout en donnant un rétréciflement à ce canal
au lieu même où l’extrémité de la mèche a coutume
de Iaifier exhaler de la fumée, la combuftion
de Yhuile eft infiniment plus complète & plus
prompte, la flamme plus brillante, la fumée 8c l’odeur
nulles ^parce que l’une 6c l’autre font entièrement
détruites, & que le produit de cette combuftion
parfaite n’eft que de l’eau 6c de l’acide carbonique.
Cent parties 6 ’huile doivent donner cent
trente parties a ’eau, parce qu’elles contiennent,
fuivant.Lavoifier, vingt-une parties d’hydrogène,
6c deux cent trois parties d’acide carbonique, parce
qu’elles tiennent, fuivant le même auteur, foixante-
dix-neuf parties de carbone. Or, la fomme de ces
deux produits étant de trois cent trente-trois, il
fuit ajouter deux cent trente-trois parties d’oxi-
gène à cent parties à!huile , pour la faire brûler.
Ce réfultac, qui n’eft pas certainement encore d une
grande exactitude, mais qui approche du vrai, •autant
qu’il ell poffible, dans une première tentative
, ïuppofe, à la vérité, qu’il n’y a pas d’oxi-
gène dans une huilefixe, qu’elle n’eft compoféeque
de carbone 8c d’hydrogène , 6c il eft vraifemblaole
qu’il contient quelqu’ erréur fous ce point de vue;
mais il eft toujours certain 6c vérifié que Yhuile ne
fe réduit qu’en eau 6c en acide carbonique par fa
éombuftion, qu’elle donne plus d’eau 8c également
plus d’acide carbonique que fon propre poids.
18. Il arrivé un tout'autre effet à Yhuile fix e '
quand on l’expofe à l’air fans la chauffer, comme
pour renflammer; elle s’épaiflit peu à peu ; elle
devient concrète , ' opaque , blanche, grenue 6c
analogue au fuif. Ce changement eft très-prompt,
& n’exige que quelques jours fi l’on étend beaucoup
Yhuile à la furfacë de l’eau, commeM. Ber-
thollet l’a découvert. Cet effet eft du à l'oxigène
qu’elies abforbcnt lentement telles deviennent une
ëfpèce de cire ; elles éprouvent même ce phénomène
dans les végétaux vivans, par une difpofirion
que je décrirai dans l’articJè fuivant. Quelques
huiles fixes deviennent fèches, 6c on nomme celles-
là ficcatives. Les unes éprouvent la cérifieation ou
la fibification très* promptement ; lesauttes, au contraire,
très-lentement. 11 en eft qui, en s’épaiîfiffant,
prennent un caractère d’acide febacique qui fe ma-
hifefte dans leur faveur 6c leur odeur ; elles font
alors rances, rougiffent les couleurs bleues végétales,
ne peuvent plus fervir d’aliment ou d'aflai-
fonnement : il fe forme aufli en même tems un peu
d’eau qui préfente des gouttelettes à leur furface,
ou qui s’évapore dans l’air. Il y a ,donc dans cette
action lente de l’air trois effets bien diftin&s fur
les huiles fixes. Le premier èft uns (impie abforpticn
Ch im i e . Tome I V .
de l’oxigène atmofphérïque qui les épaiffit, 8c tend
à les convertie en cire; le fécond eft un dégagement
de leur hydrogène, qui brûle à leur furface,
forme de l'eau , & les de flèche elles-mêmes fans
les cérifier ; le troifième eft h production de l’acide
fébacique qui dépend d’une union nouvelle , &
dans une proportion déterminée d’hydrogène, de
carbone & d’oxigène : c’eft la rancidité. Chaque
efpèce à! huile fixe éprouve d'une manière différente
l’un ou l’autre de ces effets, tantôt ifolé, tanrôt
réuni ; de forte que les unes font cérifiables, les
autres ficcatives, 6c les troifièmes rancejcibles. 11 y
en a quelques-unes qui n'éprouvent qu'avec beaucoup
de peine l’une ou l’autre de ces altérations.
Ces diverfes modifications dans l’altérabilité des
huiles dépendent de leur combinaifon primitive,
de la proportion dans leur conftitution élémentaire,
& il deviendra facile d'en reconnoître la différence
6c lacaufe lorfqu’on aura fait l’anal y fe des principales
efpèees qui appartiennent à l’un ou à l'au--
tre de ces genres ; car on verra plus bas que pour
diftinguer des efpèces , il faut les partager fuivant
cès propriétés.
19. Les corps combuftibles.finiples s’ uniflent
plus ou moins facilement à l’huile fixe ; l’hydrogène
en gaz ne s’y unit qu’avec peine.
Le carbone dans l’état de charbon , à travers
lequel on filtre Y huile, contribue à la purifier ou à
la blanchir fans s’y unir fenfiblement.
- En Angleterre on fe fert avec fuccès du ch rbon
pour purifier 6c blanchir Yhuile a brulér, On force
ce liquide de paflèr à travers une caiflè de fonte,
remplie décharbon, en Y y introduifant par un tube
de vingt à trente pieds de hauteur, partant d’un
réfervoir élevé, d’où l’huile s’écoule avec une pref--
fion affez-forte pour la faire paflèr facilement &•
promptement à travers la came remplie de charbon.
Cette caifle eft d’environ trois pieds en tout
fens.
Le phofphore s’unit aux huiles à l’aide de la chaleur
; il s’y fond, s’ y diflout dans une petite proportion
, leur communique la propriété lumineufe
quand on les frotte dans l’air; 6c c’eft de cette dif-
folution qu’on fe fert pour rendre les furfaces
quelconques lumineufes 8c phofphoriques dans
l’obfcurité. Quand on diflout à chaud tout le pliof-
phore que Yhuile peut diffoudre en la laiflant refroidir,
une partie du phofphore fe dépofe par le
refroidifiement, 8c fe criftallife en o&aèdre tranfparent.
En diftillant l’huilephofphorée , on en obtient
du gaz hydrogène phofphoré.
Le foufre s’unir facilement 'i Y huile fixe à l’aide
de la chaleur : il en réfulte une dïftbiucion rougeâtre,
qu’on a nommée autrefois rubis de foufre X
caufe de fa couleur. Cette difïblution dépofe du
foufre criftallife parle refroidifiement ; c’eft même
le feul procédé par lequel Pelletier eft parvenu à
obtenir le foufre criftallifé en câuèdres. Lorfque
le refroidifiement eft trop prompt, il fe précipite
du foufre jaune en. aiguilles. Si l’on diftiile cette
X x x