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occuper toute la largeur, elle fe termine par un
firaple filet. Quelquefois auffi il n’y a que les prifmes
noirs fans madère blanche} quelques-uns de
ces prifmes offrent à leur furface une pellicule
blanchâtre, qu’on ne rend bien fenfible qu’en la
mouillant.
. Cette pierre, unique dans fa forme, 8c qu’on
ne peut confondre avec aucune autre, a une pe-
fanteur égale à 2,94; la matière qui lui fert d'enveloppe
n’a que 2,76 : elle eft affez dure pour rayer
le verre. Sa ca(Ture eft d’un grain fin 8c ferré > fa
pouflière eft'graffe & douce au toucher, comme
celle des ftéatites.
M. Haüy, en décrivant fes variétés, compte,
1°. la macle prifmatique ; 2®. la macle cylindroide j
3°. la macle quaternée, formée de quatre prifmes
difpofés en croix ; & par rapport à rafTortifiement
des deux fubftances qui la compofent, il diftingue
la macle titragramme , la pentarhombique , la poly-
gramme & la circonfcrite,.
L’analyfe de la macle n’a pas encore été faite.
On ne fait autre chofe de fes propriétés chimiques
, finon que fa partie blanche donne au chalumeau
une fritte d’un blanc décidé , & que fa
partie noire ,s’y fond en verre noir.
Quoiqu’elle ait des analogies apparentes avec la
ftéatite, elle mérite, par fa Angularité, d’être ana-
lÿfée avec beaucoup de foin.
^MADRÉPORE. Le madrépore n’ intéreffe la chimie
que fous le rapport de fa matière calcaire,
bafe 8c demeure folide bâtie par les polypes qui
l’habitent. Cette matière eft la première origine
de plufîeurs pierres plus ou moins dures, & même
de marbres, qui attellent, par leur maffe 8c leur
folidité, la mafïe énorme des familles de polypes
qui ont exifté dans la mer, & le tems depuis lequel
ces familles préparent, aux générations humaines
, un fol habitable & des matériaux de
conftruétion. En effet, le fol d’une grande partie
des îles de la mer du Sud, celles des Amis & de
la Société furtout, eft entièrement formé de madrépores,
& c’eft leur immenfe quantité, ainfî que
leur accroiffement fucceffif, qui a donné la naif-
fance à la plupart de ces îles.
L e madréporey quoique principalement formé de
carbonate de chaux, contient un peu de matière
animale, qui lui donne la propriété de fe noircir
& de fe charboner quand on le calcine. Il donne
une chaux très-vive 8c très-bonne par la calcination.
MÀDRÉPORITE ou MADRÉPOR-STEIN des
Allemand*. C’eft une forte de carbonate de chaux
natif, impur, criftallifé confufément en prifmes
groupés & ferrés, imitant grofTiérement la forme
de madrépore, quoiqu’il n’ait ni les vrais tuyaux
ni les étoiles de cette production marine. M. Le-
borne de Moll a trouve cette variété dans la vallée
de Rüfsbach, au pays de Saltzbourg.
M A G
Il réfqlte de l’affemblage de beaucoup de prifmes
lubcylindriques, tendres & caftans , parallèles
ou divergens, dont la furface eft terne ou
noirâtre, & dont la fraCture offre une concavité
ou une convexité d’un noir luifant. L’analyfe de
cette matière, faite à l’École des Mines, y a montré
foixante-trois parties de carbonate de chaux, treize
de Alice, dix d’alumine 8c onze de fer. H y a eu
trois de perte.
MAGISTÈRE. On a donné dans la chimie ancienne
fk’jufqu’à plus du milieu du dix-huitième
fiècle, le nom de magijlére à beaucoup de fubftances
qu’on avoir cru purifier par une difiolution
préalable 8c par une précipitation. Cette dénomination
étoit tirée de ce qu’on imaginoit que, par
cette prétendue purification, on augmentoit la
propriété ou la vertu médicinale de la lubftance,
on la faifoit maîtrifer en quelqué. forte, on lui
donnoit enfin une efpèce d’aCtion magiftraîe. C ’é-
toic fouvent une erreur, & elle devoit, comme
il eft arrivé , difparoître à l'époque où la chimie a
ceffé d'être toute entière pharmaceutique, comme
elle l ’étoit au tems où l’expreffion de magïfiére
étoit plus employée. On verra par les articles fui-
vans la confirmation du principe que j’ai conftgné
ici.
M a g i s t è r e d e b i s m u t h . C ’eft le nom ancien
de l’oxide de bifmuth, précipité du nitrate
de ce métal par l’eau. Ce précipité, qui n’étoit
confeillé & employé que comme cofmétique &
fous le nom commun de blanc-de-fard, n’eft pas
un pur oxide de bifmuth comme on l’a cru , mais
une forte de nitrate infoluble avec un grand excès
de cet oxide. ( Voye^ Varticle B i s m u t h . )
M a g i s t è r e d e c o r a i l . On nommoit ainfi le
corail diflous d’abord dans l’acide nitrique ou
muriatique, & précipité enfuite de cette difto-
lution par un carbonate alcalin. On préparoit aufli
ce magijlére par un lavage multiplié, après une pul-
vérifation 8c uneporphyrifation très*exaCte. Ce ma-
gifiére n’eft que du carbonate de chaux.
M a g i s t è r e d ’ y e u x d ’ é c r e v i s s e . Il en eft de
ce magijlére comme de.celui du corail. On le préparoit
autrefois en pharmacie comme le magijlére
de corail, en diflolvant les pierres improprement
nommées yeux d‘écrevijfe, & en les précipitant par
un carbonate alcalin. C ’eft encore du carbonate de
chaux qu’on ne prépare plus aujourd’hui depuis
qu’on fait que tout carbonate calcaire remplit les
mêmes conditions, & furtout depuis qu’on fubf-
titue celui de magnéfte toujours confiant à toutes
les terres qu’on vantoit beaucoup trop autrefois.
M a g i s t è r e d e s o u f r e . Ce magijlére e f t celui
de tous qui remplit le mieux & le plus fûrement
toutes les propriétés qu’on attribuoit autrefois aux
magijlére s.
M A G
rhagijiéres. La préparation de celui-ci confiftoit à
Je combiner d’abord par la fufion avec un alcali
fixe, de diftoudre enfuite ce fulfure dans l’eau 8c
d’en précipiter le foufre par un acide. Au moyen !
de ces operations le foufre eft extrêmement divifé
8c purifié j il ne peut contenir aucune fubftance
métallique, tout au plus pourroit-il renfermer une
petite proportion de filice rendue foluble par l’ai- !
cali fixe. Cette efpèce de magijlére eft en poudre
exceflivement fine, & le foufre y eft tellement divifé
, que fa couleur eft détruite, & qu’il eft d’un
gris-blanc très-éloigné du jaune-citrin primitif.
Ainfi la préparation du magijlére de foufre eft la
feule, parmi toutes celles qui appartiennent aux
magijléres, que l’on puiffe regarder comme utile
& raifonnable. On la pratique aujourd’hui comme
autrefois, mais on ne nomme point le réfultat magijlére
de joufre. Cependant on préfère de purifier
le foufre par la fublimation, & on nomme celui-
ci foufre Jublimé.
. MAGMA. Ce nom eft fouvent employé en chimie
pour défigner une matière épaiffe , grumelée
ou-comme coagulée, formée au milieu d'un liquide.
Cela a lieu furtout dans les précipitations
de Tels terreux & métalliques, par les alcalis ou par
les acides qui féparént les terres ou les oxides métalliques
de leurs premiers diffolvans ,; ou qui en
les leur enlevant forment avec ces corps des fels
peu difîblubles, fufceptibles de s’ifoler promptement
du liquide qui les fumage.
MAQNESÆRIS, nom, dit.l’ancienne Encyclopédie
, donné par le célèbre Hoffman à une préparation
faite avec de la craie & de l’efprit-de-
vin. On ne voit aucun rapport entre cette préparation
à la vérité infignifiante, & la dénomination
qu’elle portoit. C ’eft une des preuves du mauvais
état de la nomenclature chimique avant la fin
du dix-huitième fiècle.
M a g n e s a r s e n i c a l i s ou A i m a n t a r s e n i c
a l . C ’eft, dit l'ancienne Encyclopédie, une com-
binaifon faite avec parties ( fans doute égales)
d'antimoine, de foufre & d’arfenic fondus en-
femble dans un creufet. Il y a long-tems qu’on ne
fait plus de pareilles préparations en pharmacie;
{ Voyeç les articles ANTIMOINE C? SULFURE D’ANTIMOINE.)
MAGNÈSE, ancien fynonyme de la magnifie
noife ou du manganéfe.
MAGNÉSIE. 1. Le nom de magnifie, la plus
foible des terres alcalines, eft adopté depuis 1755
pour défigner une bafe falîfiable qu’on a d’abord
confondue avec, ce qu’on nommoit en général les
terres abforbantes. Ce mot, manifeftement tiré de
l’analogue du mot aimant, a été fans doute donné
d’après les vertus imaginaires qu’on a prêtées à
Ch im ie . Tome IK .
M A G 665‘
cette terre. Quoiqu’on n’attache plus à ce mot les
mêmes idées, on a continué à s’en fervir pour
défigner cette bafe terreufe, fans qu’on ait même
cherché à lui en fubftituer un autre : on avoit pro-
pofé de la nommer terre muriatique , parce qu'elle
eft abondante dans les eaux de la mer > mais ce nom
auroit confondu un acide & une bafe. On l’a fouvent
appelée terre du f e l d'Epfom, parce qu'elle fait
partie du fel qui a long-tems porté ce nom.
2. Un chanoine romain a le premier prôné 8c
vendu cette terre comme médicament, au commencement
du dix-huitième fiècle, fous les noms
de magnifie blanche , & de poudre du comte de
Palme. Valentini découvrit, en 1707, que cetre
poudre, vantée comme une panacée , étoit le
produit d'une dernière leffive de nitre calciné.
Il la nomma poudre laxative polychrejle. En 1709
SlevOgt décrivit le moyen de l'obtenir par la précipitation.
Lancifi 8c Frédéric Hoffman en parlèrent
enfuite, le premier en 1717 , & le fécond
en 1722. Lofqu’elle fut devenue plus commune
dans les pharmacies, les médecins-chimiftes la confondirent
avec une terre calcaire ou abforbante,
quoiqu'Hoffman l ’en eût déjà foigneufement distinguée
, en faifant obferver que cette dernière
formoit un fel infipide & inerte avec l'acide ful-
furique, tandis que la magnifie donnoit avec cet
acide un fel très-amer 8c purgatif.
Ce fut Black qui, en 17^y , fit connoître le
premier, avec autant d’étendue que de méthode ;
dans ies Mémoires de la fociété d'Édimbourg, la
différence de la magnifie d’avec la chaux. Margraff
publia, en 1759, un autre Mémoire où il donna
plufieurs caractères pour diftinguer cette terre d'avec
toutes les autres. Macquer & Bucquet, en
France, infîflèrent beaucoup fur les propriétés
diftinétives de la magnifie, 8c fur fes diverfes com-
binaifons. Enfin Bergman , en 1775, & Butini,
; de Genève, en 1779, donnèrent des differtations
; qui n’ont laiffé prefque rien à defirer fur cette
bafe terreufe.
3. La magnifie n’a jamais été trouvée pure,dans
la nature. Elle y exifte abondamment, moins cependant
, à ce qu’il paroît, que la chaux, com-
I binée comme elle, foit avec d'autres terres, dans
les pierres ollaires, les ftéatites, les asbeftes, les
micas, les fchiftes, qu’on a nommés à caufe de
cela pierres magnéfiennes, foit avec les acides carbonique,
fulfurique, muriatique, &c. dans les
eaux de la mer, des fontaines falées , de quelques
fources minérales, dans les eaux-mères du nitre
& du fel marin. Elle accompagne fpécialement les
productions marines.
4. Gn l’extrait des fubftances falines qui la contiennent
par la précipitation à l'aide des alcalis
purs, de la chaux , de la baryte, &c. comme on
‘ le dira plus en .détail à l’article des.Tels. On l ’a
1 long-tems féparée fpécialement du fulfate de ma-
I gnéfie nommé f e l d’Epfom 3 lieu d’une fontaine d'Angleterre,
dont l'eau en eft chargée. Qn peut Lob