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Elles entrent aufti dans la compofition de quelques
matières odorantes à brûler, ou des paftilles
aromatiques.
On les mêle à un grand nombre de boiffons
pour lés aromatifer & les rendre agréables , fur-
tout dans les liqueurs de table.
. Elles fervent aufii dé corps combuflibles dans
quelques circonftances.1
On les emploie encore pour conferver les cadavres
j & elles font partie des embaumemens.
Enfin elles font quelquefois mêlées à des réfines
& à des gommes-réfines pour les préparations des
couleurs & des peintures.
HUMEURS. G’eft le nom que donnent les ana-
tomiftes, les phyfiologiftes & les médecins aux
liquides animaux. Quoique dans le monde on entende
plus fouverit par le mot humeur un liquide
vicié , peccant comme on le difoit autrefois , ou
furabondant, dévié , altéré de-diverfes manières,
il eft employé dans les ouvrages d’hiftoire naturelle,
de zoologie , d’anatomie & de médecine,
comme fynonyme de liquides animaux. On diftin-
gue fous ce rapport des humeurs aqueufes , des
humeurs fali.nes , des humeurs huileufes, dés humeurs
mnqueii-fes, gélatineufe-, albumineufes, &c.
(Voyez 'l'aria MATIERES ANIMALES.)
IÎUMEUR AQUEUSE. ( Voyez HUMEURS DE
l’oeil..)
Humeur cristalline. (Voyez Humeurs de
l’oeil.)
Humeurs de l’oeil, i . Quoique je n’indique
en particulier i c i , comme humeurs de loeil, que
celles qu’on connoît fous le nom d’humeurs aqueufe,
vitrée , criftalline & des larmes, il y a dans cet admirable
organe plufieurs autres fubftances liquides,
molles ou folides, qui mériteroient un examen
particulier, mais dont on ne s’eft point encore
occupé en chimie. On ignore entièrement la nature
du pigmentum noir ; de la choroïde, qui paroît
être du carbone ; de la pulpe molle & tranfparenre
de la rétine , principal fiége de la vifion , & qui
n’eft certainement pas une fimple humeur iVounn-
neufe , comme fon afpeét fernble l’annoncer 5 de
ces membranes dures & ténues qui forment la
coque de l’oeil > de cet enduit brillant, nacré &
doré qui revêt la face interne du globe de l’oeil.
On ne s’ è'ft guère occupé, ou pour mieux dire ,
on n’a encore.que quelques notions préliminaires
& comme provifoires des humeurs vitrée, aqueufe
& criftalline, d’après les e fiais de Petit & de
ChrôLiet > qui ont publié une Diflertation fur les
humeurs de l'oeil. Les larmes font un peu mieux
-connues.
2. L’humeur aqueufe eft-contenue, à la dofe d ’un
quart à un tiers de gramme, dans lés deux cham- .
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bres antérieure & poftérieure de l’oe il, entre la
fut face intérieure de la cornée trdnfparente & le
criftaliin. Elle eft féparée par les artères du corps
ciliaire & de l’iris j elle s’écoule en partie par les
pores de la cornée, où elle eft reprife par les vaif-
feaux abforbans. Son renouvellement eft fi prompt,
qu’après avoir été évacuée dans l’opération de la
cataraété , par l’ouverture faite à la cornée, elle
eft réparée, & diftend cette membrane en vingt-
"quatre ou trente-fix heures. Halloran en a vu couler
en douze minutes un gramme & un tiers d’ une
bleffure de l’oeil. Bertrandi vouloit qu’elle fût plus
légère que l’eau, dans le rapport de 97y à 1000.
11 y a lieu de croire que c’elt une erreur. Elle eft
d’ une transparence parfaite, d’une faveur légèrement
fa!ée, d’une liquidité très-grande. Elle s’évapore
entièrement & fans réfidu. Les acides &
l'alcool n’y produifent point de coagulation : l'acide
nitrique, le nitro-muriatique, & furtout l’acide
muriatique oxigéné, ont la propriété de h
troubler un peu. Quoique peu chargée de matière
animale , elle fe pourrit & exhale une mauvaife
odeur. On y trouve aufti quelques traces légères
de phofphates alcalins, de foude & de muriate de
•foude. Son ufage eft de diftendre la cornée & de
foutenir fa forme bombée , de retenir dans leur
pofition le criftaliin Sc Vhumeur vitrée. Elle s’amaffe
quelquefois de manière à pouffer en devant la cornée
d’une.manière hideufe dans l'hydrophtalmie.
Elle eft comme gélatineufe dans la tortue & quelques
poiffons.
3. On n’a prefque rien dit encore de la nature
ou de la compofition àe Y humeur vitrée : fon nom
vient de fa tranfparence & de fon afpeét fem»
blable à du verre fondu. Renfermée dans des menv
branes ou des cellules membraneufès très ferrées,
elle occupe tout le fond du globe de l'oeil depuis
la face poftérieure du criftaliin jufqu’à la furface
de la rétine. Légèrement rougeâtre dans le foetus
, on ne la voit jamais devenir opaque dans
la vieillefie. On ne connoît pas le rapport exaèt
de fa denfité, mais on fait qu’elle eft fupérieure à
celle de l’humeur aqueufe, & inférieure à celle de
lacornée. Wintringham l’a trouvée à celle de l’eau
comme 1002.4 eft à 10000. Sa quantité eft confi-
dérable, car , fuivant Petit, qui a donné, & dans
■ les Mémoires de l ’Académie des jciences de Paris,
pour 1728, & dans des lettres particulières, une
defcription exacte des parties & des humeurs de
l'oeil, elle conftitue à elle feule plus des deux
tiers de fon poids. Quelques unes de fes propriétés
chimiques ont été indiquées par Petit,
Chrouet, Maucharr , Zinn. Elle ne fe coagule
pas d'ans l’eau bouillante } elle s’évapore toute
entière au feu5 elle ne contient que très-peu de
fel & de terre : les acides puiffms, les alcali«
fixes, la troublent'un peu. On la trouve gluti-
neufe, épaiffe, concrète même, & plus ou moins
opaque ou au moins colorée dans quelques maladies,
furtout le glaucome. Duhamel l’a vue une
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fois fenfiblement rougie dans un animal’ à qui il !
donnoit de la garance.
Boerhaave obfervoit, il y a déjà long-tems,
qu’une bleffure faite au corps vitré ne laiftoit
lortir que fucceflivement, lentement & goutte à
goutte l'humeur de ce corps’ , & il en concluait
que cette humeur étoit contenue dans des cellules
nombreufes, communiquant les.unes dans les autres
, plus étroites dans l’intérieur & plus larges
au dehors de ce corps : c’eft à cela qu’eft due fa
vifcofitéapparente, car lorfqu’on fufpendun corps
vitré avec un fil au deftus d’un vafe, à mefure que
Yhumeur s’en écoule, les petites cloifons de la
membrane hialoïde fe refferrent, difpa roi fient en
fe rapprochant, & le liquide recueilli eft aufti ténu
& aufti fluide que l’eau.
4. Le criftaliin, logé dans la fofife antérieure du
corps vitré ; & renfermé dans fa capfule particulière
, eft un corps prefque folide ou à demi-concret
comme Une gelée très-épaifte , d’une forme
lenticulaire, dont on a recherche & décrit avec
foin la forme, la courbure, la ftru&ure intérieure.
Il a environ quatre lignes de diamètre dans l’homme,
& le terme moyen de fon poids eft d’un quart de
gramme. Il eft plus lourd que l’eau, & tombe au
fond de ce liquide. Très-mou dans le foetus, il
durcit dans le vieillard, & par l’âge il pafie peu
à peu, d’ une blancheur & d’une tranfparence parfaites,
à une couleur jaunâtre de topaze ou d’ambré,
avec une légère obfcurité. On le coupe , on
l’entame très-aifément : la prefîion le broie & l’étend
en féparant cependant la plupart de fes molécules.
On fait depuis long-tems qu’il eft fufceptible
de devenir opaque, cartilagineux, offeux, &
même d’une dureté prefque pierreule. L’exemple
des poiffons frits apprend que.le criftaliin fe concrète
par la chaleur, qu’il devient blanc & friable
comme une forte de plâtre mou , qu'il fe fépare
en lames concentriques qu’on partage facilement
en une centaine, que ces lames font formées de
fibres entortillées ou roulées en fpirales.
Chrouet, dans fon Hiftoire des humeurs de l'oeil,
allure que le criftaliin donne très-abondamment
de l’huile & de l’efprit ammoniacal par l’aétion
du feu. Vingt-quatre grammes de ce corps, distillés
, lui ont fourni deux grammes un quart d’une
eau infipide, huit grammes d’eau ammoniacale,
un tiers de gramme de carbonate d’ammoniaque
concret, un peu moins de trois grammes d’huile
très'fétide , & huit grammes de charbon dont
l’incinération a îaifle un gramme & demi de cendre
fans fel fixe ou alcali.
Le criftaliin devient opaque par fa coétion dans
l’eau bouillante , par l’ aétion des acides & par
l ’alcool. Il paroît être formé par une matière al--
bumineufe & conerefcible, épaiffe , & par une
portion de gélatine. On n’en a point encore fait
une analyfe exaéte. (Voyez l'article Larmes.)
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Humeur vitrée. ( Voyez Humeurs de
l’oeil. )
HUMIDITÉ. Tout le monde entend par humidité
la propriété qu’ont les corps de s’imprégner
ou de fe recouvrir de gouttelettes d’eau très-fines
qui augmentent leur poids, changent leur tiffu ,
leur forme & quelquerois leur narure.
C’eft ordinairement l’air de l’atmofpbère, qui,
devenu plus froid <k plus denfe, lai fie dépofer fur
les corps une portion de l’eau qu’il tenoit en fuf-
penfion on en diffolution dans fon état plus rare
& plus chaud. Les corps fuivent leur denfité, leur
contexture & leur attra&ion particulière pour
l’eau, s’en pénètrent plus ou moins facilement,
en changent plus ou moins de poids & de forme,
& en éprouvent des altérations intimes plus ou
moins confidérabîes.
Je ne traite ici cet objet en général que pour
faire remarquer qu’ il eft effentiel de tenir compte
en chimie de l’état hygrométrique de l’atmofphère,
& de l’influence aufiï variée que réelle que cet état
exerce fur les corps dont il modifie les propriétés
chimiques. ( Voyez les articles Air & Hygromètre.)
HUMUS , fynonyme des mots terreau ou terre
végétale. C ’eft le réfidu d’apparence terreufe que
lailfent les végétaux après leur décompofition fpon-
tanée ou leur putréfaction.
1. Le dernier terme de la décompofition lente
& manifeftement putride des tiges herbacées, la
fin du fumier, que l’on nomme dans cet état, conr-
fommé, eft la réduction en terreau. On défigneainfî
le réfidu pulvérulent, noirâtre, gras, que lai fient
les fumiers après leur décompofition totale, parce
qu’il imite alors l’état & la forme d’une terre , &
parce qu’il ajoute au globe terreftre des couches
qui en recouvrent la furface & augmentent en apparence
fon étendue & fa profondeur. On peut le
confidérer, fous quelques points de vue , comme
le fquelette des tiges herbacées 5 mais l’on fe tromperait
fi on le croyoit, comme autrefois, formé
feulement des matières fixes qui entroient dans la
compofition de ces tiges.
2. Sous ce dernier rapport, le nom de terre
végétale qu’on lui a donné, ne peut exprimer que
fon apparence extérieure ou fes propriétés phy-
fiques. Il ne faut pas le confondre avec une terre
proprement dite, puifque les fubftances terreufes
forment fouvent la moindre des matières qui com-
pofent le terreau -Les premières analyfesqtii en ont
été faites, il y a plufieurs années, par MM. Gio-
bert & Hafienfratz, y ont montré la préfence de
matières huileufes , de fubftances extraCÜves, de
charbon chargé encore de beaucoup d’hydrogène.
Aufti, quand on le foumet à la diftillation , le
terreau donne-t-il des produits liqu’des & fluides
élaftiques odorans. Quand on le fait bouillir dans
i l ’eau, il la colore, lui communique de l’odeur âc