
grande & la plus fingulière analogie dans le produit
qu'ils laiffoient après la combuftion. Il feroit
bien étonnant que le diamant fût du carbone pur,
& c’eft cependant ce qu’il faudroit conclure fi
l’on trouvoit que le produit de fa combuftion dans
le gaz oxigène -fût feulement de l’acide carbonique.
On doit attendre des expériences ultérieures
pour tirer cette conclufion.
Il n’y a nulle action connue entre l’azote, l’hydrogène
, le carbone, le phofphore, le foufre & le
diamant. Il eft vrai qu’on n’a fait encore aucune
expérience exaéfce fur cet objet. Peut-être découvrira
t-on une attraction entre le phofphore & le
diamant. On fait feulement que la pouflière de
charbon , dans laquelle on enfouit les diamans au
milieu de creufets réfraétaires parfaitement clos,
& recouverts d’un enduit qui fe fond en verre,
pa. lequel l’appareil fe trouve complètement enveloppé
, défend ces diamans de toute altération
par le feu, & que c’eft le moyen dont fe fervent
les lapidaires pour ôter les taches de quelques
diamans.
Plufieurs des doutes que j’ai d’abord expofés fur
la nature & la combuftion du diamant en expofant
la marche de la fcience, ont été levés par les dernières
expériences de M. Guyton.
Les travaux que ce chimifte a faits fur le diamant
font fi importans, dit M. Cadet dans fon
Dictionnaire de chimie, auquel j’emprunterai la fin
de cet article, que je crois devoir entrer dans
quelques détails fur les réfultats qu’il a obtenus à
l ’Ecole polytechnique, foit dans les expériences
qu’il a faites feul, foit dans celles qu’ il a- faites
avec MM-. Clouet, Welter & Hachette. Le diamant
dont la combuftion a été complète, étoit un
criftal natif oéhèdre, du poids de 1,999 milligrammes
3 il a confommé 677 centimètres cubes
de gaz oxigène; il y a eu de produit 111,796
milligrammes d’ acide carbonique. Ce diamant a
été brûlé.fous une cloche de verre , remplie d’air
vital au moyen des rayons folaires rafi'embîés par
une forte lentille. Des nombreufes expériences
faites par M. Guyton avec la plus grande exactitude
, ce chimifte tire les conféquences Suivantes :
i°. Ce n’eft pas feulement par la couleur, le
poids, la dureté, la tranfparènce & autres caractères
fenfibles, que le diamant diffère du charbon,
comme on a pu le croire jufqu’à ce jour. 20. Ce
n’eft pas non plus uniquement par l’état d’aggréga-
tion de la matière qui conftitue le diamant. 30. Ce
n’eft pas enfin à raifon du deux centième de réfidu
cendreux que lailïe le charbon, ou de la petite
quantité d’hydrogène qu’ il recèle. 40. C ’eft encore
, & plus effentiellement, par les propriétés
chimiques. 50. Le diamant eft la plus pure fubf-
tance combuftible de ce genre. 6°. Le produit de
fa combuftion, ou de fa combinaifon avec l’oxi-
gène jufqu’à faturation , eft de l’acide carbonique
fans réfidu. 70. Le charbon brûle à une température
qui peut être eftimée de cent quatre-vingr-hurt
degrés.du thermomètre centigrade ; le diamant ne
s’allume qu’à environ trente degrés pyrométriques
; ce q u i, dans le fyftème de l’échelle de
Wedgwôod, fait une différence de 188 à 2,765.
8°. Le charbon allumé entretient par lui-même,
dans le gaz oxigène, la température néceffaire à
fa combuftion 3 celle du diamant s’arrête dès que
l’on ceffe de la loutenir par le feu des fourneaux
ou par la réunion des rayons folaires. 90. Le diamant
exige, pour fa combuftion complète, une
beaucoup plus grande quantité d’oxigene que le
charbon, & produit aufli plus d’acide carbonique.
Un de charbon abforbe dans cet aéte 2,527
d’oxigène, & produit 3,575 d’acide carbonique.^
Un de diamant abforbe un peu plus de 4 d’oxigène,
& produit réellement 5 d’ acide carbonique.
io°. Il eft des fubftances qui font dans un état
de compofition intermédiaire entre le diamant &
le charbon : ce font la plombagine-ou carbure de
fer. natif, le charbon rofliîe incombuftible , carbure
d’alumine de Dolomieu, antkracoliie de Wer-
ner 3 la matière noire, unie au fer dans l’état de
fonte & d’acier 3 les réfineux charbonneux, difficiles
à incinérer, & le charbon lui-même^ débrûlé
par l’aétion d’une forte chaleur fans le contaél de
l’air. Le vrai nom qui convient à ces fubftances
eft celui d’oxidule de carbone.
i i °. Ces fubftances , qui font mêlées ou foible-
ment combinées avec trois ou quatre centièmes
de leur poids , de fer ou d’alumine, donnent par
leur combuftion, de l’acide carbonique , comme
le charbon & le diamant.
Elles s’approchent du charbon par leur couleur,
leur peu de pefanteur , leur opacité, en ce
qu’elles fervent comme lui à la décompofttion de
l ’eau, à la cémentation du fer à la défoxidation
des métaux, à la défoxigénation du foufre, du
phofphore , de l’arfenic , en ce qu’ elles condui-
fent comme lui le fluide électrique. Elles s’approchent
du diamant3 en ce qu’elles tiennent bien,
plus de combuftible que le charbon 5 qu’elles absorbent
auffi plus d’oxigène , & produisent une
plus grande quantité d’acide carbonique 5 qu’elles
décompofent plus d’acide nitreux 3 qu’elles ne
brûlent qu’à une température bien plus élevée ,
même dans le nitre en fufion 5 que leur combuftion
s’arrête dès que cette température s’abaiffe.
12°. Ainfi le diamant eft le plus pur carbone,
la pure bafe acidifiable de l’acide carbonique.
Sa combuftion fe fait en trois tems, qui exigent
trois températures différentes.
A la première , qui eft la plus élevée , le diamant
prend une couleur noire plombée : c ’eft
une oxidation au premier degré 5 c’eft l’état de
la plombagine & ae l’anthracolite.
A la fécondé température, que l’on peut efti-
mer à dix-huit ou vingt degrés pyrométriques,
il y a nouvelle combinaifon, toujours lente , fucceffive,
d’oxigène : c’eft un progrès d’oxidation
qui conftitue l’état habituel du charbon, ou plutôt
celui où il fe trouve après que l’aétion d’une forte
chaleur, dans des vaiffeaux fermés, en a dégagé
une partie d’oxigène. Ainfi la plombagine eft un
oxide au premier degré, ou oxidule; le charbon,
un oxide au fécond 3 & l’acide carbonique, le produit
de l’oxigénation complète du carbone.
En fuppofant donc que l’on pût opérer avec
allez de précifion pour enlever , de la furface du
diamant, la matière noire à mefure qu’elle s’y
forme, en lui retirant fubitement à chaque fois
i’aéfcion du feu folaire, on parviendroit indubitablement
à le convertir en charbon , ou du moins
en plombagine, fi le paffage trop rapide du dernier
degré d’oxidation à l’oxigénation ne permet-
toic pas de le furprendre dans le premier état.
13 °. Enfin, de ces principes découlent plufieurs
conféquences importantes pour la chimie & pour
les arts.
Après avoir entendu cette conclufion , on demandera
^fans doute comment il fe fait que la.
matière fimple, le pur carbone , le diamant, foit
rare, tandis que fes compofés, en différens états,
font fi abondamment répandus. Pour faire cafter
l’étonnement de ceux qui en concevroient quelque
défiance , on leur rappellera que la terre alumi-
neufe eft aufli l’une des matières les plus communes
, & que le fpath adamantin , aufli rare que
le diamant, n’eft cependant que de l’alumine. Le
merveilleux n’eft que dans l’oppofition des faits &
de nos opinions : il difparoît à mefure que nous découvrons
& que nous approprions les moyens de
la nature pour produire les mêmes effets.
M. Guyton a fait de nouvelles expériences qui
complètent les preuves de l’opinion qu’il a établie,
que le diamant eft. le carbone pur, & le
charbon un oxide de carbone. Cette opinion a fait
naure à M. Clouet l’idée de tenter la converfion
du fer doux en acier, par le diamant. Il a forgé
un petit creufet de fer doux : on y a mis un diamant
de neuf cent fept milligrammes, on a achevé
de le remplir de limaille du même fe r , & on y a
enfoncé un bouchon, aufli de fer, qui avoit été
ajufté d’avance pour le fermer entièrement : le
tout a été mis dans un creufet de Heffe, & celui-
ci dans un plus grand creufet. Après une heure de
feu à la forge à trois vents, le creufet de fer s’eft
trouvé converti en un culot d’acier fondu, parfaitement
terminé, qui a été taché en noir par
1 acide nitrique, comme les meilleurs aciers : le
diamant avoit difparu. Le procès-verbal de cette
opération a été rédigé par MM. Clouet, Welter
& Hachette.
Deux autres faits non moins importans ont été
recueillis d’une fécondé tentative combinée dans
les mêmes vues. L’ un eft la défoxigénation du
foufre par le diamant3 le fécond eft le paffage du
diamant à l’état de charbon ou d’oxide no,ir de
carbone,
On avoit mis dans un creufet de platine un dia-
mant de cent cinquante-huit milligrammes, fixé au
fond par une efpèce de chaton formé d’un fil de
meme métal, & recouvert d’un mélange d’alumine
& de chaux, pour effayer l’a&ion du flux
vitreux que ce mélange devoir produire. Il avoit
paru fuffifant pour cette opération, d’édulcorer
la terre précipitée de l'alun par l’ammoniaque : il
s’eft trouvé qu’elle retenoit encore de l’acide Sulfurique
: le diamant l’a fait palier à l’état de Sulfure
; il a perdu cinquante-huit milligrammes de fon
poids; le relie étoit couvert d’une croûte noire
charbonneufe , tachant les doigts.
Les ufages du diamant font peu multipliés : fa
beauté le fait fpécialement employer comme or- ■
nement & comme parure. La taille ajoute encore
à fon éclat : fa rareté le rend d’un grand prix 3 &
c’eft pour le luxe comme pour l’ambition, un
puiffant motif pour l’acquérir. On ne l’emploie
guère d’une manière utile dans les arts, que
pour couper, tailler & ufer les verres, quelques
pierres dures, & pour graver fur les mêmes-
corps.
DIAPHORÉTIQUE (Minéral). ( Chimie. )
Nom ancien de plufieurs oxides d’antimoine, &
furtout de celui qui réfulte de l’a&ion du nitrate
de potaffe fur le fulfure natif dè ce métal. Ce nom
lui a été donné à une époque où la chimie n’étoit
que de la pharmacie, ne s’occupoit que de la recherche
& de la préparation des remèdes, &r 011
la nomenclature chimique étoit toute fondée fur
les propriétés médicinales. ( Voye^ Varticle A ntimoine
& celui d’Oxide.)
DïASPÛRE. ( Chimie.) Nom donné par M. Haüy
à une pierre diftinguée d’abord par M. Lelièvre,
& qui diffère de toutes les autres, foit par fes caractères
phyfiques, foit parafes propriétés & fa
nature chimiques. Cetre pierre eft en mafîls com-
pofées de lames un peu curvilignes, d’un gris éclatant
& nacré allez v if , faciles à féparer les unes
des autres, & présentant à la lumière des joints
qui indiquent un prifme rhomboïdal. Ce foffile,
dont la pefanteur Spécifique eft de 3,4324, & qui
raie le verre , fe. divife au feu en lames ou parcelles
blanches, affez Semblables par l’afped: à
l’acide boracique : il pétille, & fe diflîpe en parcelle^
lorfqu’on en expofe un petit fragment à la
lumière d’ une bougie. C’eft de là que M. H:üy a
tiré fon nom. M. Vauqueîin , qui en a fait l’ana-
lyfe, y a trouvé quatre-vingts parties d’alumine ,
dix-fept d’eau & trois d’oxide de fer. Ce réfultat
rapproche cette pierre des téléfies 5 mais fa ftruc-
ture & toutes fes propriétés phyfiques l’en éloignent
fiRguliérement. M. Haüy conclut de Jà que
l’eau de criftallifation change les caractères &
prefque la nature des corps naturels, puifque leur
forme primitive n’eft plus la même, avec .ou fans,
la préfence de cette eau.
i V g