
un mot, les propriétés qu’on en attend fous cette
forme concentrée.
Cette opération eft une des plus fréquentes &
des plus utiles que l’on pratique dans les laboratoires
de chimie & dans les ateliers des arts.
Comme c eft prefque toujours fur des liquides ,
donc on veut volatilifer ou évaporer l’eau, qu’on
la met en ufage, on fe fert, pour y parvenir, de
yafes larges très-ouverts, préfentant une grande
furiace, & peu profonds. Ces vafes font le plus
louvent des chaudières rondes ou carrées, de
cuivre rouge ou de cuivre jaune, quelquefois même
de plomb ou de tôle forte, qu’on établit fur des
fourneaux qui chauffent exa&ement leur fond, &
fouvent même leurs contours. Ces vaftes infinit
é 0? ne font employés que dans les ateliers de
fabrique où l’on a de grandes quantités de liqueurs
a cuire ou à évaporer, tels que ceux des falpé-
ttiers, des faliniers, des favoriniers, des rafKneurs
de lucre, & c.
. ^ert encore pour le même ufage, & toujours
en grand, de chaudières ou de grands cuviers
de bois, dans le centre defquels on établit un fourneau
cylindrique de cuivre, dont la cheminée fait
dans Us chaudières divers contours, à l’aide defquels
on échauffe & Ton évapore également la
liqueur. Ce procédé eft reconnu pour être fort
economique.
Il n eft pas befoin de faire obferver ici que,
fuivant une des lois du mouvement & de la
communication du calorique , on doit , lorf-
qu on conftruit un fourneau de maçonnerie au-
tour ou au deffous d’une chaudière de cuivre def-
tinee à 1 évaporation, faire entrer cette conftruc-
tion, & difpofer autour des parois de ce four-
neau une enveloppe d’un corps qui ne biffe pas
palier le calorique, comme du charbon concaflej
car on lent très-bien que l’économie demande ici
1 emploi entier du calorique pour l’évaporation
far îe meme principe , la cheminée de ce four-
” e?u ne doit f°rtir & s’élever au deffus & at
dehors de la chaudière qu’après avoir fait afifez de
levolutions autour d’elle pour que l’air chauc
depofe, dans le fyftème à évaporer , tout le calorique
qu il contient, & ne s’échappe que le plu;
froid qu il eft poflible. On trouvera dans les Mémoi
res du comte d’Acunford & dans la Defcription dei
nouveau» fourneaux de M. Curandeau, tous le«
développemens & tous les détails fuffifans pou!
diriger 1 emploi des combuftibles & l’économie
de la chaleur de la manière; la plus appropriée aux
fucces de cette opération importante pour le plus
grand nombre des arts.
Je ne parlerai pas. ici. de Xévaporation que l’on
fait dans des vaifleaux fermés toutes les fpis qu'on
a 1 intention de recueillir le liquide qui s’évapore ,
parce que cette opération eft une véritable diftil-
lation, dont on a fait connoître la théorie, la
pratique & l’application à diftérens cas à ^article
PlSTÎLLATIQN.
L'évaporation dans les laboratoires de chimie ne
fe fait pas,fur des mafles de liquides aufli conftdë-
rables que dans les grands ateliers des fabriques j
aufli n y emploie-t-on pas les mê mes appareils &
les mêmes inftrumens. Les évaporatoires font le
plus fouvent des capfules de verre, des capfules
de porcelaine, ou mieux encore des capfules de
platine, parce qu’outre la petitefie des volumes,
on a de plus l’intention ou la néceflité d’empêcher
toute altération des liqueurs que l’on évapore, &
de ne rien communiquer d’étranger à la nature &
a la quantité des matières que ces liqueurs doivent
laifler après Y évaporation.
Quand il arrive, dans les laboratoires de recherches
chimiques , que l’on a de grandes quantités
de liquides à évaporer, comme pour l’analyfe des
eaux,- on fe permet quelquefois de commencer
Y évaporation dans des baflines ou des chaudrons
de.cuivre bien propres j mais lorfque ces liqueurs
font réduites au volume de deux à quatre ou cinq
kilogrammes, on les verfe alors dans les capfules
de porcelaine, & oh termine Y évaporation dans ces
vaifleaux ordinairement jufqu’à ficcité. On ramaffe
avec foin le réfidu (car on donne ce nom à ce qui
provient de Y évaporation ) pour l’examiner par les
divers moyens que la chimie fournit.
On fait encore quelquefois Yévapo'ration dans
les laboratoires de-chimie, foit à la chaleur douce
d’une étuve, foit à la température de l’air. Dans
J été , cette dernière évaporation qu’on nomme
fpontanée y el\ furtout employée pour obtenir des
criftaux réguliers & volumineux de diffolutions
falines. On couvre les vafes mis à cette évapora-
don d un double tiflu de gaz, pour écarter les
pouflières & les corps étrangers qui nagent dans
l’air.
EXCREMENS. i. Les excrémens ne fe forment
, chez l’homme, que dans les gros inteftins :
la mafle alimentaire n’en a pas encore le caractère
& la fétidité a la fin de 1 ileum, & ne commence
à la prendre que dans le cæcum. Chez les enfans
ils font plus chyleux, plus mous que dans l’adulte.
Leur mollefle & leur liquidité „ dans celui-ci, annoncent
une digeftion foible : bur trop grande
dureté & Dur féchereiïe trop forte, qui leur fait
prendre ordinairement la forme de globules ife-
les, vont quelquefois jufqu’à les retenir long-tems
dans Jes. gros inteftins, où ils s’accumulent, &
condiment des amas qui peuvent devenir funeftes.
Leur forme la plus commune leur eft donnée par
Je frhin&er, placé a l’extrémité du reétumj & la
îî-n- Ure de C6tte Partis,^termine les figures qui
diftinguent, comme on fait, les différentes efpè-
ces d animaux. L odeur fétide qui les caraétérife
dans 1 homme, & qui eft particulière à chaque
individu , quoiqu’elle foit cependant plus ou
moins analogue dans ceux des mêmes efpèces d’animaux,
eft attribuée, comme leur couleur, à la
portion de la bile qui lui eft unie, & qu’on regarde
comme ayant déjà fubi, avec la matière
féculente, un commencement de putréfaction.
Quand leur couleur eft brune , cela dépend du
féjour qu’ils ont fait dans les inteftins, & cette
couleur eft communément jointe à une plus grande
folidité. Un goût dépravé ou un courage extraordinaire
a appris que la faveur des excrémens eft
fade ou douceâtre, ou quelquefois même très-
fortement acide. Leur poids eft entre cent vingt-
huit & cent foixante grammes dans les adultes ; il
eft plus du double chez ceux qui vivent d’alimens
végétaux. On y voit prefque toujours des reftes
reconnoiffables & des fragmens de parties' folides
des alimens, des fibres tendineufes , ligamenteu-
fesj des écorces, des graines entières ; celles-ci,
recouvertes de leur tunique, y confervent encore
leur propriété de germer.
i . On n’a point encore de véritable travail chi
inique qu’on puifie compter pour une analyfe des
excremens. Les efiais ou des obfervations faites
par les médecins fur ces déjeétions, quelques expériences
tentées avec des vues alchimiques qui
fe font afiez .fouvent portées fur cette matière, :
font les feuls matériaux où l’on ne peut puifer
même que des notions vagues & incertaines. Hom- :
berg a écrit en 17 i i quelques phénomènes qu’il
a eu occafîon de voir en poursuivant avec cou- i
rage plufieurs tentatives alchimiques par lefquel- ;
les il devoit parvenir à fixer le mercure, car ces !
idées & ces efpérances régnoient encore dans les
premières années du dix-huitième fiècle. Roth,
Grew, Lémery, Macquer, Barchufen, Brown-
ligg, Pinelli, ont aufli fait quelques expériences
fur les excrémens humains, & c’eft dans ces fources
bien foibles encore, que l’on peut puifer feulement
quelques notions fur leur nature. Grew a vu
les excrémens faire peu d’effervefcence avec l’acide
nitrique, noircir, & exhaler une émanation odorante,
huileufe, inflammable par l’acide falfuri-,
que concentré. Homberg en a retiré, par la dif-
tillation au bain-marie, une eau claire qui en fai-
foit les neuf dixièmes, & une huile empyreuma-
tique colorée. Il n’a pu en obtenir une huile blanche
qu’après les avoir laiffé fermenter, & en
mettant l’eau diftillée qu’il en avoir extraite avec
le réfidu de ces exc/émens ainfi defféchés. Roth
dit en avoir obtenu une eau trouble & laiteufe,
d’une odeur infupportable, & il remarque que le
réfidu de cette première diftillation étoit huileux.
Lémery a décrit deux efpèces d’huile fournie par
cette diftillation, l’une jaunâtre, & l’aurre très-
empyreumatique : il annonce aufli un fel volatil
ou du carbonate ammoniacal, faifant un trente-
deuxième du poids des excrémens. Brownrigg &
Pinelli fe rapportent avec Lémery pour admettre
du.muriate de foude dans le réfidu: Barchufen af-
fure qu’il y a très-peu de, fel dans celui des excrémens
humains. Leur charbon eft très-inflammable.
On fait que c’eft avec ce charbon , traité par i’a-
lun, que Homberg a'préparé pour la première
i fois le pyrophore, & qu’il croyoit alors que ces
matières étoient indifpenfablement néceflaires a
fa production. Macquer a fait remarquer, au fu-
jet de la diftillation des excrémens, qu’ils ne don-
noient pas d’ammoniaque à la première impref-
fion du feu, comme le feroient des matières
pourries. .
3 . On a aufli,examiné les excrémens de l’homme
& de divers animaux par l’eau. A la vérité, cet
examen n’a été fait encore qu’avec peu d’exactitude.
Plufieurs chimiftes, & fpécialement Homberg
, Roth & Kunrad, ont retiré par ce procédé
un fel qu’ils ont dit être nitreux, détonant, crif-
tallifé à fix angles', doux & fufible. Quelques-uns
ont même parlé de deux fels différens, fournis,
par cette leflive. On a remarqué que les excrémens
de vaches, de brebis, de chèvres, donnoient à
l'eau un caractère acide. On a furtout reconnu
cette propriété dans la fiente de pigeon, à laquelle
on a même attribué une activité prefque caufti-
que dans la végétation , quand on la mêle avec de ,
la terre. On a décrit des vapeurs inflammables dégagées
des amas d’excrémens, des latrines, & les
explofions qu’elles ont produites. Les gaz fétides
exhalés de ces matières ont été reconnus comme
dangereux & extrêmement méphitiques. On a vu
le foufre fe fublimer, fur les parois, fur les voûtes,
& fpécialement encore à la fui-face des pierres
qui leur fervent de clef. De grandes obfervations
fur des débris d'excrémens long-tems entaf-
: fés ont appris que les pierres & lés plâtras qu’ils
enveloppent, & au milieu defquels ils fe pour-
riiïent, font imprégnés de foufre criftallifé ou dé-
pofé en pouflière. Macquer & Nollet ont fait l’hif-
toire de plats d’argent dorés qui avoient fé/ourn©
dans des fofïes d’aifances, & qui étoient changés
en fulfure d’argent.
4. M. Vauquelin eft, à ma connoiflance , le
feul chimifte moderne qui a‘t fait quelques derniers
efiais fur les excrémens i il s’eft convaincu
qu’ils font conftamment acides, qu’ils rougiflenc
; lès couleurs bleues végétales , qu’ ils font furtout
extrêmement fufceptibles de fermenter ; qu’ils
prennent d’abord , par ce mouvement, un caractère
plus acide que celui qu’ils ont naturellement ;
que bientôt cependant l’ammoniaque fucçède à
cette acidité, & continue jufqu’à la deftruérion
complète de ces matières.
Le même chimifte a fait aufli, des recherches
affez fuivies fur la fiente de pigeon & de poule.
: La première, fort aigre, fermente dès qu'elle eft
détrempée dans i’èau .5 elle paroît contenir naturellement
un acide particulier. Cet acide continue
à fe former par la fermentation qui s’en empare,
& il fait place, au bout de quelque terris, à l'ammoniaque
, qui fe développe abondamment à la
fin de ce mouvement fpontané..
Quant à la fiente de poule, les expériences auxquelles
il l’a foumife, avoient pour but de la comparer,
dans fa quantité & dans fa nature, aux ali