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bre de matières végétales, & fartout de tiffus
animaux, eft fufçeptible d’éprouver des change-
mens plus ou moins notables par l'eau atmofphé-
rique. On dit des bois , des feuilles, des fleurs,
des écorces, des cheveux, de la laine ^ des lames
d’os & d'ivoire, & par conséquent des fils, des
étoffes, des tiffus , &c. qu’ils ont tel ou tel état
hygrométrique , Suivant leur expofition. Audi lorsqu’on
veut faire une analyfe exafte de ces corps,
on les prend dans un degré de féchereffe déterminé
5 on les tient dans une étuve ou dans un
four à une température connue, & pendant' un
tems fixe.
HYPEROXIDÉ. Outre la valeur de ce mot employé
en minéralogie par M. Haiiy, pour indir
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quer la combinaifon de deux rhomboïdes aigus de
carbonate de chaux, quelques chimiftes ont proposé
de le fubftituer au mot furoxidé , ainfi que
celui d'hyperoxigéné au nom de furoxigéné y ils
ont prétendu que cette dénomination étoit plus
régulière & plus conforme au génie de la langue
d’où elle eft tirée. Quoique cela Soit exaét, l’ufage
ayant déjà prévalu pour les mots furoxidé & fur
oxigéné qui Sont généralement employés, je ne
crois pas qu’on doive adopter cette fubftitution j
& je remarque d’ailleurs que tout étant à cet égard
réglé par une convention entre les favans, il n’y
a plus d’avantages à faire varier des noms reçus.
HYPEROXIGÉNÉ. ( Foyer le mot Hyper-
O X ID É .J
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IcHTHYOCOLLE, mot traduit du grec, & reçu
depuis long-tems dans la langue française , pour
nommer la colle de,poiffon : cette dernière dénomination
n’en eft que l’expreflion littérale.
L‘ickthyocolle ou colle de poijfon eft une matière
Sèche , blanche , d em i - t r a n s p a r e n t e , tournée en
lyre, & formée d’une membrane roulée fur elle-
même. On la prépare fur les bords des fleuves
voifîns de la mer Cafpienne & .de la Mer-Noire,
en enlevant 1’e.ftomac & les inteftins d u grand ef-
turgeon , acipenfer kufo, en les roulant en efpèce
de cordes cylindriques , après les avoir coupés
fur leur longueur , puis exprimés, & en les f a i san
t Sécher à l’air, à l’aide de la Sufpenfion, avec
des ficelles auxquelles on les attache par leurs
deux extrémités. Quand ces membranes font presque
Sèches, on leur donne la forme de lyre. Le
riffu fibreux & élaftique AqY ickthyocolle l’empêche
d’être fèche & caftante comme les colles. On peut
en préparer avec toutes les parties, & furtout
avec les veflies natatoires des poiffons d’un grand
volume. Celle qui eft très-blanche & d’un tiflu fin
eft préférée.
La colle de poijfon eft fade & infipide. Elle brûle
fur les charbons ardens en fe retirant, & en répandant
une odeur fétide, comme toutes les fubftances
animales diftillées à la cornue ; elle donne
les mêmes produits que ces fubftances, & notamment
une affez grande quantité d’huile & de carbonate
d’ammoniaque; elle eft inaltérable à l’air,
à caufe de fon état de ficcité : l’eau froide ramollit
& Séparé, à l’aide de la macération , les feuillets
de Yichtkyocolle. On peut par ce moyen la développer
& l’étendre en même tems : l’eau bouillante la
diffout & lui donne la forme de gelée ; aufti range-
t-on ce produit parmi les fubftances gélatineufes.
Les acides foibles la diffolvent, & les alcalis l’en
précipitent.
L''ickthyocolle peut être confidérée comme une
matière alimentaire. Ramollie ou diffoute dans
l’eau , elle forme une gelée très-nutritive , à laquelle
il ne faut ajouter que l’aftaifonnement ; auffi
fait-elle la bafe d’un grand nombre de mets que
l’on fert furies tables. On l'affocie aux fucs aigres
des fruits, aux aromates & au fucre.
Confidérée comme médicamens , la colle de
poijfon eft rangée parmi les adouciftans, les relâ-
chans, les incraffans : on la prefcrit dans les maladies
de la gorge, des inteftins, des voies urinaires,
& même dans les affeétions des poumons.
Son ufage économique le plus fréquent eft la
clarification des liqueurs, du vin , du café , &c.:
on en jette de petits fragmens dans cette dernière
liqueur bouillante, & elle s’éclaircit en quelques
minutes.
On fait que Yichtkyocolle ordinaire eft fabriquée
à Archangel avec l’eftomac & les inteftins du poif*
fon nommé efturgeon (acipenferJturio, Linn. ) (1) ;
mais on peut la retirer aufli de plufieurs efpèces
de gadus, comme nous le verrons plus bas. Aux
Ilheos, dans la capitainerie Dabahia , au Bréfil,
on tire Yichtkyocolle du poiffon appelé , dans ce
pays, pefcada 3 qui eft une efpèce de gadus de
lÀnn&us (2). On prend l’eftomac de.ce poiffon, on
en lave l’intérieur feulement, & on le fait deffé-
cher pour s’en fervir au befoin. A Rio-Janeiro,
à Saint-Paul, ôn fait la même chofe avec différentes
efpèces de gadus, qu’on appelle indiftindte-
ment pefcada.
M. Paiva , apothicaire a Rio-Janeiro, ayant
comparé Y ickthyocolle d’Archangel à celle qu’on
prépare avec l’eftomac des gadus, s’apperçut que
l’organifation animale de ces deux fubftances étoit
à peu près la même, & il crut pouvoir imiter parfaitement
Y ickthyocolle d’Archangel, en donnant
aux eftomacs du gadus La forme de coeur qui carac-
■ térife la première.
D’après quelques expériences , il a prétendu
qneYichtkyocolle préparée à Rio-Janeiro étoittout-
à-fait femblable à celle d’Archangel; mais les ar-
tiftes & les ouvriers qui ont employé cette fubf-
tanceà différens ufages, ont trouvé que celle d’Ar-
changel étoit plus riche & plus diffoluble ; ce qui
a fait tomber ce commerce.
A l’époque où les expériences de M. Paiva
ont été publiées dans le Journal encyclopédique de
Lisbonne, rédigé par M. Paiva fils, on m’a envoyé
des veflies natatoires du poiffon que l’on appelle
gurujuba, & que l’on pêche en abondance au Para.
Les Portugais qui habitent ces lieux, lui ont donné
le nom de badejo, nom que porte en Portugal une
groffeefpèce de morue, c’eft ce qui me fait penfer
que ces veflies natatoires appartiennent aufli à une
efpèce de gadus.
On defiroit favoir, en me faifant cet envoi,
fi l’on pourroit tirer quelque parti de cette matière
pour le commerce. J’ai fait des effais dans ce
tems, mais je ne les ai pas cru fuffifans pour déterminer
la quantité de véritable ickthyocolle que
l’on pouvoit tirer de ces veflies; je m’apperçus
(1) Ce genre appartient à la claflè des amphibia nonces
de Linnæus.
1 (2) C’eft dans ce genre que font placés la morue, le merlan,
la merluche, la lotte, &c.
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