
fe préeipiter & de blanchir avec l'eau difUÎIée : on
en féjwre une partie de cette huile qui le rend âcre
en même tèms que'très-odorant en le reâifiant au
bain-marie à une chaleur très-douce, & en ayant
. foin de ne retirer que les trois quarts de l'alcool
qu’on a employé, afin d’être fûr de né volatilifer
avec lui que la petite quantité d’huile qui fuffit
pour lui donner de l'odeur. Le peu qu’il en contient
par-là efl diffoluble dansi’eau que l’on ajoute,
de-forte qu’alors il n’y a plus de précipitation par
l’addition de ce liquide. Ces alcools odorans acquièrent
une odeur plus agréable à mefure qu’ils
vieilli lient, & il paroît que le principe huileux déodorant
fe combine de plus en plus intimement
avec l’alcool. L'huile volatile a tant d’attradtion
pour l’alcool, que ce dernier eft capable de l’enlever
à l’eau. En effet, en diftillant de l ’alcool fur
de l’eau chargée de l'odeur d’une plante, l'alcool
lui enlève fon odeur, & la laiffe entièrement inodore.
Ce qui prouve cette théorie fimple, c’eft
qu’on fait les eaux fpiritueufes de fenteur en diffoL
vartt quelques gouttes d’huile volatile dans l’alcool,
& c’eft ainfi qu’on opère dans les parfumeries ’
comme dans les laboratoires où l’on prépare les liqueurs
de table.
64. On peut charger l’alcool d'une beaucoup
plus grande quantité d'huile volatile, que par la
diftillationj alors, outre l’odeur, il prend une faveur
âcre & brûlante : l’eau qu'on y verfe en précipite
abondamment l’huile fous la forme de globules
blancs & opaques i mais ii refte, après cette
précipitation, la portion que l ’eau peut diffoudre
de manière que la liqueur retient toujours une
odeur plus ou moins forte. En général, la petite
quantité d’huile volatile, qui fuffit pour rendre l’alcool
odorant, y adhère avec une grande force, &
on ne peut plus l’en priver par aucun procédé
connu.
6p. L alcool diffout facilement le camphre à
froid ; mais il le diffout en plus grande quantité
lorfqu’il eft aidé de la chaleur. Cette diflolution,
bien chargée , comme d’un quart de fon poids de
camphre, mêlée avec de l’eau qu’on y ajoute peu
à peu & par gouttes, fournit une végétation erif-
taUine, obfervée par Romieu ; c’eft un filet perpendiculaire
furlequel font implantées des aiguilles
qui s'élèvent contre le filèt, fous un angle de
foixante degrés. Cetre expérience ne réuflit que
rarement, & elle demandé beaucoup de tafonne-
mens pour la quantité d’eau, le refroidiflement
gui lui eft néceffaire., &c. L ’alcool camphré, uni
à une grande quantité d’eau , laiffe précipiter le
camphre en flocons blancs concfets, très-purs &
fans alteration. r
66. Toutes les réfines font diflolubles par l’alcool
, mais beaucoup moins facilement & abondamment
que les huiles volatiles. Ces difiolutions
réfineufes font épaifles, plus ou moins colorées en
jaune, en rouge ou en brun. L’eau les décompofè
fur le champ, & en précipite les réfines en globu- j
les fins , blancs, opaques ou légèrement colorés.
Les baumes fe diffolvent, comme les réfines,
dans f alcool. Quand on les en précipite par l’eau,
leur acide benzoïque refte en diflolution, & leur
partie réfineufe feule fe dépofe.
f a f gommes-réfines ne font qu’en partie diffo-
lubles dans 1 alcool j & en leur appliquant fuccef-
Uyement ce liquide & l’eau, les chimiftes en ont
fait 1 ânalyfe.
Piufieurs parties colorantes, non-feulement réfineufes
comme on l'a cru long-tems, mais encore
exrraétives oxigénées, s’unifient à l’alcool, & le
colorent plus ou moins fortement : on peut aufli
Jes en féparer par l’eau, mais fouvent elles relient
unies, au moins en partie, au mélange de ces deux
fliquides.
67. On a donne le nom de teintures , d’élixirs, de
baumes, de quinteftencts, &c. aux compofés de
lues huileux ou réfineux & d’alcool quand celui-
ci eft affez chargé de ces fubftances pour avoir
beaucoup de couleur, & pour précipiter abondamment
par l’eau. Ces préparations pharmaceutiques
font, comme les alcools odorans aromatiques,
oufimples lorfqu’ellesne contiennent qu’une
matière en diflolution, ou compofées lorfqu’elles
en contiennent piufieurs à la fois. Ces médicamens
f°nt préparés, en général, en expofant le fuc en
poudre, ou la plante lèche dont on veut diffoudre
1 huile volatile, la réfine, le baume ou l’extrait
colorant, a 1 action de l’alcool, que l’on aide par
1 agitation & par la chaleur douce du foleil ou d’un
bain de fable. Lorfque l’on veut retirer les réfines
de piufieurs plantes ou fubftances végétales quelconques
à la fois, on a foin de faire digérer d’a-
bora la matière qui eft la moins attaquable par l’al-
d’expofer fucceflivement à fon aCtion les
fubftances qui y font le plus diflolubles. Lorfque
ce diffolvant eft autant chargé qu’il peut l’être ,
on le filtre à travers un papier fin j quelquefois on
fait fur le champ une teinture compofée, en mêlant
piufieurs teintures Amples : telle eft la manière
de préparer Y élixir de propriétés , en unifiant les
teintures de myrrhe, de fafran & d’aloès. On peut
féparer les réfines & les baumes de l ’alcool en ver-
fant de l’eau fur les teintures, ou en les diftillant j
mais, dans ces deux cas, l’alcool retient une partie
d’huile volatile, qu’on a nommée principe odorant
de ces fubftances. L’eau n’eft pas capable de
decompofer les teintures formées avec ce qu’on
nommoit les extraHo-réfineux ou les réfmo-extraSlifs,
c’eft-à-dire, les extraélifs très-oxigénés, comme
on en trouve dans la rhubarbe, le fafran, l’opium,
la gomme ammoniaque, &c. parce que ces
matières font également diflolubles dans ces deux
liquides.
D. Des propriétés chimiques que l'alcool préfente en
fe décompofant.
68, Dans un grand nombre d’opérations chimiques
que l ’on fait >vec l’alcool, il fe comporte
tout autrement qu’on vient de le dire 5 il n’entre
point tout entier dans des combinaifons : au con- ■
traire, il fe décompofè ou fe modifie plus.ou moins
profondément jufqu'à fe réduire à fes élémens
eonftituans féparés les uns des autres : c’eft de
celle-ci qu’ il va être actuellement queftion. Je rapporte
les propriétés chimiques qui entraînent plus
ou moins de décompofition dans l'alcool, à fon
traitement par une haute température, à fon inflammation
, à fon altération par les alcalis, par
les acides , par les oxides ou par les diffolutions
métalliques : l’examen des phénomènes qu'il préfente
dans chacune de ces circonftances, elt une des
parties les plus importantes de la chimie moderne.
69. Quand on fait paffer l’alcool à travers un
tube de porcelaine rougi au feu , il eft décompofé :
on obtient de l’eau à l’extrénflté , & le ballon qui
reçoit fa vapeur a une odeur de brûlé ou d’empy-
reume j il fe dégage encore une certaine quantité
de gaz hydrogène carboné & de gaz acide carbonique.
Quelques chimiftes,affurent que dans cette
opération on obtient un produit étheré, & fouvent
en effet on a au moins une odeur fragrante analogue
à cellè de l’éther. Il fe dépofe aufli conftam-
ment fur les parois du ballon, de petits criftaux
blancs & brillans, qui reffemblent à de l’acide benzoïque,
mais qui ont été reconnus par M. Vau-
quelin pour une efpèce d’huile volatile concrète.
Le tube de porcelaine, caffé après l’opération,
préfente une fuie noire, très-fine fur fes parois.
Cette opération très-remarquable n’a point encore
été faite avec allez de foin pour qu’on puiffe en
décrire avec exactitude toutes les circonftances ,
& en déterminer la caufe avec précifion. Tout ce
qu’on voit pofitivement, c’eft que l’alcool eft décompofé
, qu’il fe forme de l’eau & un peu d’acide
carbonique, qu’il fe fépare du gaz hydrogène carboné,
qu’il fe dépofe du carbone. En recherchant
avec exactitude la nature & la proportion de ces
produits de l’ incandefcence de l’alcool, on obtiendra
un réfultat utile pour déterminer le nombre &
la quantité relative de fes principes primitifs.
70. L’alcool eft depuis long-tems reconnu pour
une fubftance très-inflammable : chauffé avec le
contaCt de l’air, & furtout mis en contaCt avec un
corps en combuftion fans être chauffé lui même ,
frappé par une forte étincelle électrique , il s’allume,
& brûle avec une flamme très-étendue, très-
légère , blanche dans fon milieu , bleue fur fes
bords, avec une chaleur affez forte , & fans biffer
aucun réfidu. Depuis long-tems les chimiftes ont
remarqué qu’il ne donnoit dans fa combuftion aucune
fuie ni aucune fumée. Boerhaave, en prefen*
tant à fa flamme unvafe de porcelaine froid, avoit
recueilli de l’eau pure, -fans faveur ni odeur, &
en tout femblable à de l’eau diftillée 5 il avoit même
conclu de ce phénomène, que la flamme étoit due
à de l’eau en vapeur.
La voilier,, en brûlant de l'alcool dans une lampe
placée fous une cloche remplie d’air atmofphéri-
que, & communiquant à une autre cloche remplie
de gaz oxigène , de manière que celle-ci four-
niffoit à la première l’oxigène néceffaire à la combuftion
, a obtenu, de feize parties d'alcool ainfi
brûlé, dix-huit parties d’eau, & de l’acide carbonique.
M. Berthollet a aufli remarqué que,
quand on brûloit de l’alcool mêlé d’eau , la portion
de cette dernière, qui reftoit après la combuftion
, précipitoit l’eau de chaux j & , comme
on ne trouve point ici d’autres réfultats de cette
combuftion que de l’eau & de l'acide carbonique,
on en conclut que l’alcool eft formé d’hydrogène,
de carbone & d’une certaine proportion d’oxi-
gène. On juge la préfence & la quantité de ce dernier
principe par la portion d’oxigène qu’il eft néceffaire
d’employer pour favorifer la combuftion
de l’alcool, comparée à celle de l’eau obtenue.
Lavoifier a conclu de fes expériences, que l’alcool
étoit une efpèce d’oxide où l'hydrogèneétoit plus
abondant que dans le fucre d’où il provenoit. Il
n’eft cependant pas parvenu à en déterminer exactement
les proportions, puifque, dans fon tableau
fur les produits de la fermentation vineufe , il
admet plus de la moitié de l’alcool en eau toute
formée dans cette liqueur, & ne s’explique pas
clairement fur l ’état réciproque des divers principes
qui le conftituent. Quoiqu’inexaCte encore,
cette analyfe par la combuftion fuffit cependant
pour prouver que les anciennes idées fur la nature
de l’alcool font fauffes, & qu’il faut en revenir à
celle que j’ai déjà donnée par rapport à fon état
d’oxide. Ce n’eft donc pas une union d’une huile
très-tenue, d’un acide & de l’eau , une forte de
favon acide, comme Stahl & Boerhaave l’avoient
penfé, ni, fuivant l’opinion de Cartheufer & de
Macquer, une pure ou fimple combinaifon d’eau
& de phlogiftique ou d’hydrogène 5 car le phlogif-
tique de Stahl a été converti en hydrogène par la
plupart des chimiftes modernes, qui continuent
d’adopter fon exiftence.
71. Quoique j’ aie indiqué les alcalis purs comme
Amplement diflolubles dans l’alcool, cette diffo-
lution fimple & fans altération n’a lieu qu’à froid
ou à une douce température} mais lorfqu’on chauffe
fortement cette diflolution dans une cornue avec
un appareil convenable, on obtient des produits
qui annoncent la décompofition de cette fubftance
inflammable : il paffe d’abord un alcool d’une odeur
fuave & aromatique, une.forte d’huile, beaucoup
de gaz hydrogène, & la potaffe qui refte eft chargée
de charbon. Quelques chimiftes ont affuré
qu’il fe dégageoit de l’ammoniaque dans cette opération
, & ils y ont vu, comme dans la diftiilation
du favon faite à la même température élevée, une
preuve de la préfence de l’azote dans la potaffe.
D’autres croient que ce n’eft qu’un peu de potaffe
élevée avec les produits volatils, qui a fait prendre
le change fur cette expérience, il en réfulte
que cette opération n’eft pas encore bien connue*