
a fait voir de plus, ainfi que Rouelle le cadet,
qu il etoit fufceptible de le difioudre dans l'eau
chargée d'acide carbonique, & d'imiter ainfi très-
exaéFement un grand nombre d’eaux minérales
ferrugineufes.
3 On nomme pruffiate de fer natif I'efpèce
d’oxide de fer coloré en bleu, toujours plus clair
que la couleur du bleu de Prude artificiel, qu'on
trouve allez fouvent dans les tourbières, les terres
imprégnées d'oxide de fer, où s'épurent & fe dé-
compofent, par putréfaction lente, des matières
végéta’es &: animales. Bergman a reconnu à cette
efpèce de faux bleu naturel des propriétés analogues
au prufliate de fer fabriqué par l'art. On le
tire fouvent prefque ians couleur de la terre , &
il devient bleu par fon expofition à l'air : il "eft
attaquable par les alcalis, ce en quoi il fe rapproche
au bleu de Prulfe artificiel ; mais il en diffère
parce que les acides l'altèrent bien plus que ce
dernier : il n'eft pas encore bien connu.
37. M. Haüy diftingue une dernière efpèce de
mine de fer, qu’il nomme fer quart^eux : c'eft l’émeri
, fûbftance très - connue & très - employée
pour ufer les pierres les plus dures. Il le regarde
comme une combinaifon particulière entre les
molccules du quartz & celles du fer y & non comme
un fimple mélange, parce qu'il eft plus dur que le
quartz 5 ce qui n’auroit pas lieu fi les deux matières
n'étoient que mêlées. Il paroît que cela dépend
de l’oxide de fer noir, qui jouit, comme on fait,
d’une dureté exceffive, au point qu'il ne peut être
entame que très-difficilement par les meilleures
limes, & qu’il n'eft pas néceffaire d'admettre une
combinaifon particulière entre 1 efer & le quartz
pour expliquer cette propriété. C ’eft à cette efpèce,
qu'on peut regarder comme un mélange,
où la force d’aggrégation a rapproché les molécules
quartzeufes & ferrugineufes, qu'il faut
rapporter tous les autres mélanges du fer en diffé- i
rens états d'oxide, avec les fables, l'alumine, le i
carbonate de chaux, fous la forme de pouffière ou
de gravier, de fables ferrugineux, noirs, rouges
ou jaunes.
38. Ainfi, par la méthode que j’ai expofée dans
cette efquiffe de l’hifloire naturelle du fer3 on peut
rapporter les variétés fi nombreufes des mines de
ce métal à quinze efpèces principales 5 favoir :
a. Le fer natif.
b. Le ferzïfenié.
c. Le carbure de fer.
d. Le fulfure de fer..
f. Le fulfure de fer arfenié.
f L'oxide noir de fer.
g. L ’oxidule de fer pyroçète.
h. L’oxidule de fer oligifte.
i. L’oxide jaune ou rouge de fer.
k. Le fulfate de fer.
l. Le phofphate de fer.
m. Le tunllate de fer.
n. Le carbonate de fer.
0. Le pruffiate de fer.
p. Le fer quartzeux.
Il faut ajouter à toutes les variétés comprimes
dans chaque elpèce, non pas comme mines de fer3
mais comme fortes d'annexes de ces mines, les
pierres affez chargées de ce métal en oxide ordinairement
noir, pour être attirables à l’aimant,
ou aimant elles-mêmes, telles que les traps & certaines
efpèces de ferpentines dures & fonores. On
peut encore regarder une grande partie des laves
volcaniques comme des matières affez riches en
fer pour être rapprochées des mines de ce métal.
EJfai b métallurgie.
À 39* Le nombre 85 la différente nature des mines
de fer que je viens de faire connoître , exigent
des moyens ou des méthodes particulières pour
être analyfées. Cependant on a prefque toujours
eu jufqu ici la coutume de les traiter d'une manière
générale & femblable dans les effais par la
voie fèche. On commence par griller les mines
de fer 3 foie pour les défoufrer, foit pour les attendrir
& les divifer j car il eft aifé de voir que ,
fous le rapport de leur docimafie, on peut en générai
les confidérer, ou comme contenant du fou-
fre, ou comme étant de (impies oxides, ou comme
chargées d’un acide. Quand celui-ci eft volatil,
il s échappe, comme le foufre, des premières par
le grillage s lorsqu'il eft fixe, on n’emploie pas les
mines qui le contiennent pour en extraire le métal
, & on les réferve feulement pour quelques
ufages particuliers. Quand la mine eft déloufree
défacidifiee ou divifée par l’aétion du feu, il ne
s'agit plus enfuite que d'en obtenir le métal par
la fonte, en le féparant de la portion de gangue
quelle peut contenir, & en lui enlevant I’oxigène
dont elle peut être plus ou moins chargée. Pour
cela on la mêle avec du charbon & des fels fon-
dans, du borax, des alcalis, du verre & du mu-
nate de foude.^ Les additions varient ici dans les
cüvers procédés que les auteurs de chimie ont
indiqués, & dont il faut expofer les principaux.
; 40- Bergman confeilloit de placer la mine grillée
ou non grillée, fuivant fa nature & fa qualité
particulières, & furtout les carbonates de fer ou
les mines blanches fpathiques, dans un creufet
brafqué d'un demi-pouce de pouffière de charbon
dans le fond, & d'un huitième de pouce fur les
cotés} de Jes couvrir de borax calciné}, de luter
par-deffus un autre creufet, & de l’expofer à un
reu de forge jufqu à la fufion complète.
. Guyton a recommandé pour cette opération,
toujours difficile , une efpèce de flux, dont
ij a obtenu les plus grands fuccès : il confifte à
meler également huit parties de verre pilé , une
Partie de borax calciné, & une demi-partie de
charbon} à prendre deux parties ou feulement
trois parties de ce flux-fi la mine eft très-pauvre,
& une de cette mine } à placer le mélange dans
un creufet brafqué avec de la terre glaife & du
charbon en poudre, à un huitième de pouce d’é-
paiffeur, en y lutant un couvercle} à chauffer ce
vaifïeau au feu de forge très- fort pendant une
demi-heure. Il fait cet effai double avec de la
mine grillée & de la mine non griilée, dont il ne
prend pas plus de trois grammes. On obtient parla
un culot de fer pur & duélile, dont le poids indique
la quantité de métal contenue dans la mine
que l'on effaie.
M. Khwan a donné., dans fa Minéralogie, un
autre procédé extrait des Annales de Crell, pour
effayer par la voie fèche les mines de fer argileu-
fes & filiceufes, c'eft-à-dire, les oxides de fer
mêlés d’argile & de filice. On prend quatre parties
de k mine, i .ij parties de chaux vive, i. iy
de fluate de chaux , une de charbon en poudre ,
& quatre parties de muriate de foude décrépité.
Quand le tout eft bien mêlé, on le rnet_dans un
creufet brafqué de charbon, auquel on lute un
couvercle : quand celui-ci eft fec, on le place
dans une forge, on donne une chaleur modérée
pendant un quart d’heure, & la plus forte chaleur
pendant trois quarts d’heure. Sj l’on fe fert de
chaux éteinte, on en prend le double. Les mines .
de fer calcaires font traitées de la même manière,
en fubftituant à la chaux le double de fluate calcaire.
Les mines fulfureufes font effayées après le
grillage, en en traitant de ia même manière quatre
parties avec deux de chaux, deux de fluate de
chaux, un tiers de charbon, & quatre parties de
muriate de foude décrépité. Il huit avoir foin,
dans ces procédés par la fonte, d’agiter un peu le
creufet pour raffembler le métal.
41. L'effai par la voie fèche qu'on vient de décrire
n'indique pas la nature du métal ou les alliages
qu'il peut fournir, tkne donne que la quantité
du fer ; mais les mines de fer contiennent fou-
vent du manganèfe, & il eft important de pouvoir
en reconnoître la préfence. Voici ce que Bergman
indiqué comme procédé propre à cela par la voie
fèche. Il faut en chauffer à blancheur une petite
quantité dans un creuftt, projeter par-deffus cinq
fois fon poids de nitre purifié, en ayant foin qu'il
n'entré ni charbon ni cendre dans le creufet. Quand
le mélange eft refroidi, le haut du creufet fera
couvert d’une croûte verdâtre ou bleuâtre fi la
mine contient du manganèfe. Ce n'eft encore là
qu’un moyen d’annonce , ou qu'une indication qui
ne donne aucune connoiffance fur la proportion
de ce métal caffant 5 qui même, fuivant la remarque
de M. Vauquelin, eft fufee p t i h 1 e ! d’induire en
erreur, puifque l’alcali tout feul, l’oxide de fer ou
les creufets peuvent produire une couleur verte
fans qu'ils contiennent du manganèfe. Mais on ne
peut pas obtenir ce moyen par la voie fèche , &
il n'y a que la docimafie humide qui puiffe le
fournir.
Le même chimifte donne auffi une méthode
fimple & facile pour déterminer la nature du fer
caffant à froid ou à chaud. Il propofe de fondre
le métal qu’on a obtenu du premier procédé, avec
le quart de fon poids de bon fer malléable dans
un creufet brafqué & bien couvert. Quand le fer
ainfi traité eft caffant après avoir été refroidi, la
mine d'où il provient fournit du/erciffint à froid.
Si au contraire le f r allié fe brife fous le marteau
après avoir été chauffé à blancheur, la mine ne
donnera que du fer caftant à chaud. Il eft bien évident
que tous ces réfultats pe font qu'approximatifs,
& ne peuvent fournir que des indices.
42. Les effais que Bergman a propofés par le
moyen des acides ou par la voie humide font de
véritables analyfes beaucoup plus exactes que les
procédés déjà décrits, & donnent une connoiffance
certaine de la nature & de la proportion des
compofans des mines de fer. La méthode générale
qu'il indique pour les oxides ferrugineux, en fup-
pofant qu’ils ne contiennent pas beaucoup de terre
ou de matière pierreufe, eft la diffolution dans
l'acide muriatique, & leur précipitation au moyen
des pruffiates d'alcalis. Je n’ai point encore parlé
de l'acide pruffique , parce qu'il eft le produit
d’une décomposition particulière des fubftances
organiques, & que je ne dois en traiter en con-
féquence que dans les fi étions qui les concernent
; mais il fiuffira de fia voir, pour bien comprendre
le procédé de Bergman, que dans un pruf-
fiate l'alcali eft fiaturé par une fiubltance que le fer
diffous dans un acide lui enlève en lui cédant cet
acide, & avec laquelle l ’oxide de ce métal forme
une belle couleur bleue connue fous le nom de
bleudePruffe, qui non-feulement eft un indice du
fer 3 mais peut fiervir encore à faire connoître fia
proportion. On ramaffe ce précipité, on le lave ,
on le fèche & on le pèfe : fon poids, divifé par fix,
& en ôtant d’ailleurs 0,04 pour une portion de ce
métal qui fie trouve toujours dans le pruffiate,
donne affez exactement la proportion du fer contenue
dans la mine. Dans le cas où cette mine
contient en même tems du manganèfe ou du zinc,
ce qui eft très-fréquent pour le premier de ces
métaux, & un peu moins pour le fécond, voici
comment on les reconnoît, & on en eftime en
même tems la proportion, fuivant Bergman. On
calcine au rouge le bleu de Pruffe précipité de la
diffolution muriatique } on le traite par l’acide
nitrique, qui ne prend que l'oxide du zinc. Quand
celui-ci eft enlevé , on verfe du nouvel acide nitrique,
avec un peu de fucre ou de farine, fur le
réfidu , & par ce fécond traitement on répare
l’oxide de manganèfe s'il y en a ; enfuite on dif-
fout le reftant, qui n’eft plus que de l’ oxide de fer,
par l’acide muriatique, 8r on le précipite par le
carbonate de foude.'Après l’avoir lavé & féché,
on reconnoît par fon poids, d’où on défalque la
proportion d’acide carbonique qu’il contient, celui
du Jer en oxide. Deux cent vingt-cinq parties de
ce précipité répondent à cent parties de fer. Ce
moyen de féparer les trois métaux en oxides pour-
roit s'appliquer à toutes les efpèces de mines de
n