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lages que*l’ôn fait fubir aux mattes entre deux j
fontes. Gette variation s'étend d’un à treize fois. J
L’alternative de fufions & de grillages varie auffi
beaucoup, & tout cela dépend de la compofition
de.la mine. A Altenau (Haut-Hartz) (mine de
pyrites cuivreufes ) , la première matte ou matte. crue
n'eft grillée que deux fois, fe fond enfuite, &
donne du cuivre noir & de la matte moyenne, que
l’on grille fept fois. Celle-ci, à la fufion, produit
encore du cuivre noir ( voyez C u iv r e ) & une
matte fimple, grillée enfuite huit fois , & fe ré-
duifant au fourneau en cuivre noir & en matte pauvre
, que l’on néglige.
A Rammelsberg ( Bas-Hartz ) ( mine de plomb
^argentifère, avec pyrite cuivreufe & blènde ) , la
matte crue fubit quatre feux de grillage. A la fufion
, elle rend un peu do.cuivre noir & de la matte
moyenne, qui fe grille lix fois, puis fé fond,.&
produit beaucoup de1 cuivre noir & de la matte
appauvrie, ainfi nommée, à caufe du peu d’argent
-qu’elle contient. On amaffecette dernière, & on
la grille trois fois. Là matte plus pauvre qui en
réfulte encore, palfe par huit feux, & la dernière
matte qu’elle produit, fe mêle avec elle dans le
grillage. Ainfi ces mattes fubiffent une fonte de
plus qu’à Altenau.
J1 feroit facile de multiplier ces exemples. Nous
nous bornerons à remarquer qu’il ne faut pas
mélanger trop légèrement, dans le grillage, des
mattes plus ou moins riches, plus ou moins fulfureufes
> par cela même elles font différemment
•fufibles, & veulent pour leur grillage un degré de
chaleur particulier. ( Voyez Grillage 3 pour plus
de détails.)
Obfervatiôns fur la fonte des mattes.
Les mattes fe fondent avec ou fans addition. Si
elles font d’une fufion difficile, & qu’elles contiennent
beaucoup de fer oxidé fufceptible d’qn-
gorger le fourneau, on les fait fondre avec dès
pyrites ou des mattes plus fulfureufes. Les fondans
employés font des feories contenant du foufre,
de la chaux, ou du fpath fluor, comme en Bohême.
. '
On doit en général compofer les'fontes de manière
à obtenir une fufibilité moyenne, en s’éloignant
également d’un mélange réfraétaire & d’un
mélange trop fufibl&. Dans le premier cas , avec
ùne trop grande dépenfe de combuftible, on rifque
d’engorger le fourneau, & la fufion eft inégale ;
dans le fécond, l’on empêche les divers produits
de fe raffeoir & de fe féparer.
Des diverfes fortes de mattes.
Les mattes que l ’on obtient ordinairement dans
les opérations métallurgiques, peuvent fe divifer
en trois grandes clâffes d’après les métaux prin-
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cipaux qu’elles contiennent, & qu’il s’agit d’en
retirer. Ce font les mattes de plomb, les mattes de
cuivre & les mattes plombo- cuivreufes ou cuivro
plombeufes.
Mattes de plomb.
Si l’on fond au fourneau courbe ( voyez F o u r n
e a u x ) du plomb fulfuré argentifère , ou des
mines iïargent maigre (voyez A r g e n t ) , auxquelles
on .ajoute dé la galène pour raffembler & entraîner
ce métal précieux, on obtient de la matte de
plomb formée par le foufre de la mine & la partie
des métaux qu'il feorifie. Lorfque le plomb fulfuré
eft pur, cette matte n’eft autre chofe que de h galène
régénérée par la chaleiir. S’il eft mélangé d’autres
fulfures métalliques, ceux-ci entrent dans la com-
pofîtiôn de la matte, changent fon afpeét, & augmentent
la quantité qu’on en obtient. Enfin , la
matte de plomb des mines <£argent maigres retient
en outre tous les métaux qui entrent dans la
mine. Journal des Mines, n°. 59.
Mattes de cuivre.
Les mattés de cuivre fe forment dans le traitement
, i°. des cuivres pyriteux non argentifères
{C h e ffy , &C.:)(, ou , i°. des cuivres pyriteux
argentifères ( Neufohl , Hongrie ; Grünenthal ,
Saxe , &c. ) , ou bien encore , 30. de l’alliage de
l'or & du cuivre par les pyrites cuivreufes, fui-
vant le procédé de Jars ( voyez Or ) , & , 40. enfin,
des pyrites aurifères , comme à (Edelfors en
Suède. ( Voyez Or . )
. Le cuivre pyriteux contient beaucoup plus de
foufre que la.galène, & le retient plus fortement.
En outre, il efî toujours mélangé ou combiné avec
uipe plus gu moins grande quantité de fer : de là
les mattes qu’après plufieurs fufions & grillages
fucceffifs ce minéralÀionne.; Ici elles font compo-
fées de foufre 3 principe générique, de cuivre ,
de fer, & des métaux volatils, comme l’arfenic
& l’antimoine , qui peuvent fe trouver accidentellement
dans le minerai.
La, matte de cuivre (lapix câpre us ) contient donc
encore tous les principes de la mine , à l’exception
des parties terreufes & pierreufes. On la grille
de nouveau plufieurs fois, pour en chafler une
partie des principes volatils -, & concentrer le
foufre dans le fe r> puis on la refond, & l’on re-y
nouvelle cette période d’opérations jufqu’à ce que
la xpatte foit prefqu’enfièrement convertie en un
produit particulier, qui commence à reffembler
davantage au cuivre, quoique non malléable encore
, & fouillé de principes hétérogènes. Alors,
quelle que foit fa Couleur, on le nomme cuivre
noir. C ’eft une véritable matte épurée, de laquelle
on retire l’argent par la liquation (voyez ce mot) ,
& le, cuivre par l'affinage. ( Voyez C u i v r e , fa
Métallurgie.') .
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Mattes de plomb cuivreufes, & mattes de cuivre
plombeufes.
Dans ces mattes, dont le nom indique la com-
pofition , on fépare du cuivre le plomb pur ou
enrichi d’argent, par une fucceflion de fontes &
de grillages,, ou par.une opération particulière
nommée aßnage de la matte , comme à Saint-
Andreasberg ( Hartz).
- Elles s’obtiennent en traitant, i°. les fulfures
de cuivre & de plomb mélangés naturellement
( Saint-Andreasberg , dans le Haut-Hartz, &
Freyberg, en Saxe) 5 20. les pyrites cuivreufes
pauvres avec le plomb (Joachimfthal, en Bohême
) } 30. les mélanges de cuivre gris & de pyrite
cuivreufe non argentifère (Brixlegg, Tyrol)}
40. les mélanges de mines d’argent maigres pauvres
, avec les cuivres pyriteux & la galène argentifère
( Freyberg ) , &c. &c.
v 1°. A Saint-Andreasberg, où les -mattes de plomb
çuivreufes non argentifères font peu fulfureufes ,
on leur fait fubir une opération particulière ap
pelée aßnage, & qui conlifte à les expofer, dans
une grande coupelle , à l’aétion de la chaleur &
du vent des fouflets. La matte fe fond, le fulfuré
de cuivre fumage, fon foufre fe brûle & s’évapore
à la furface. Le cuivre en reprend fur à mefure au
plomb , & celui-ci fe précipite au fond du bain ;
en forte q.u’après la fonte & le repos ,. on obtient
une matte de cuivre plornbeufe à la partie fupérieurej
Une matte de plomb cuivreufe à la partie moyenne ,
& au fond du plomb à peu près pur. Ôn continue
jufqu’à C e que la matte fupérieure foit changée
en matte de cuivre, & puiffe être traitée fur ce
métal.
. A Freyberg, où une matte femblable eft plus
fulfureufe , on la fôumet à des fontes & grillages
fucceffifs. Il y a dans ce cas moins^de fulfate de
plomb vaporifé, & par conféquent moins de perte.
( Voyez Cuivre. )
2°. A Joachimfthal, on traite avec des litharr
ges, tefts ou oxides de plomb, les pyrites cuivreufes
pauvres renfermant de l’arfenic, de l’antimoine
, du cobalt, du fe r , du foufre, & peu de
cuivre. Le produit de la fonte crue eft du plomb
argentifère, furnagé d’une combinaifon particulière
d’arfenic, de cobalt, d’antimoine & de zinc,
appelée fpeifs ( nous en parlerons plus b a s ), &
d’une matte- de plomb cuivreufe. Les mattes & les
fpeifs font grillés & refondus avec du .minerai &
du plomb jufqu’à ce qu’ils fortent pauvres.: alors ,
comme ils contiennent beaucoup de, cobalt -, on
les livre aux fabricans d’azur.- ( Voyez Cuivre &
Cobalt. )
30. A la fonderie de Brixleggen, en Tyrol, les
mattes de cuivre argentifères fe fondent avec 'de
la galène, & dans une fucceflion affez compliquée
d’opérations, on les fait palfer par des fontes &
grillages alternatifs, afin de les appauvrir, & le
cuivre noir qui en provient, fe fond encore ayec
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de là galène, pour fulfurifer le cuivre & en retirer
l’argent. ( Voyez Argent.)
4°. A Freyberg , fonderie centrale de la Saxe,
la première matte cuivreufe réfulte de la fonte crue
des mines d’argent maigres pauvres & des pyrites
cuivreufes. On fond enfemble cette matte & de la
galène grillées. Ï1 vient du plomb d'oeuvre, de la
matte de plomb cuivreufe & du fpeifs. Cette matte
fubit le traitement général, c ’eft-à-dire , qu’on la
grille à plufieurs fois, & qu’on la refond enfuite,
afin d’en féparer le plomb argentifère, de la
changer en matte de cuivre que l'on traite pour en
obtenir ce dernier métal. ( Voyez A r g e n t . )
- On peut encore ajouter aux mattes principales
dont nous'’venons de parler, les mattes ou fulfures
artificiels d'argent.
. Les mattes d'argent s’obtiennent Iorfqu’on veut
concentrer l’or dans l'argent par un départ fe e ,
i*. en féparant ces deux métaux par le foufre qui
feorifie .l’argent} i°. par le fulfuré d'antimoine , où'
l’on met en jeu une double affinité, celle de l’or
pour l’antimoine, & du foufre pour l ’argent ;
30. par les pyrites cuivreufes, ainfi que le côn-
feille Jars : il fe forme alors une matte cupro-
argentifère-, au deflous de laquelle l’o r, allié de
quelques parties d’argent, fe précipite. ( Voyez
D é p a r t . )
Du fpeifs ou matte blanche.
Lorfque la mine eft très-mélangée, Iorfqu’elîe
contient, outre fes métaux principaux, de l’arfenic
, du cobalt, de l’antimoine, &c. la matte
qu’elle produit n’eft pas homogène, & il fe forme
par le repos, dans le baffin de réception, une fé-
paration de divers compofés , qu’au fimple afpeéb
on diftingue les uns des autres. Il paroîc que dans
la partie inférieure de la matte fe raffemhle -une
combinaifon particulière d’arfenic i de cobalt,
d’antimoine, dç zinc, ’&c. qu’à Joachimfthal &
Johan-Georgenftadt, où les mines font très-arfe-
nicales, on nomme fpeifs. On diftingue un produit
à peu près femblable dans les mattes d’AlIe-
mont ( Ifère), qui n’offrent pas dans leur caflfure
un tiffu uniforme, & fe divifent, par une pereuf-
| fion légère, en deux pains différens, dont l’inférieur
contient,plus de cobalt & moins de foufre que
le fupérieur (1). Peut-être en découvriroit-on
autant dans beaucoup d’autres mattes examinées
plus foigneufement. Ici l ’arfenic & le cobalt fem-
blent jouer le principal rôle.
Guiffane (2) appelle ce fpeifs matte blanche, &
paroîc en attribuer l ’origine à l’arfenic, qui parta-
geroit alors avec le foufre la propriété d’entraîner
en fufion,les métaux auxquels il s’unit , & feroit
(1) Ce réfultat a été donné par des analyfes toutes récentes
du fpeifs &c dé la matte des mines d’Allemont, faites au laboratoire
de l’Ecole des mines à Moutiers.
.. (a] Tom. I , pag. 47.