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pendant il paroît qu’il s’échappe en effet des corps
malades une vapeur dangereufe, dont les hommes
& les animaux peuvent être affeétés. On peut
croire aufli que les vapeurs dégagées des corps
malades, comme celles que produifent les hommes
& les animaux entaffés dans un efpace trop étroit,
dans les caïles, les prifons , les hôpitaux, ou qui
s’élèvent des amas de matières végétales ou animales
encombrées dans des lieux chauds où il n’y
a pas de renouvellement d’air, altèrent l’air at-
mofphérique, & y verfent des gaz, produits de
la putréfaction, qui, comme les précédens, peuvent
influer fur la fanté des hommes & des animaux.
Mais la phyfique & la chimie n’ont encore
rien fait de très-exaét, rien,découvert de po-
fîtif fur cet objet, digne cependant de toute l’attention
&. de tout l’intérêt des l'a vans.
Quelques médecins phyfîciens ont écrit fur les
effluves nuifibles des marais , des cimetières, des
voieries , qui fe rapprochent de ceux dont il vient
d’être parlé. On fait cas du Traité de Laucife, De
Noxiis paludum effluviis. Il paroît que, par des inductions
fondées fur l ’état aétuel de la fcience, & à
défaut d’expériences fur ces vapeurs , on peut en
attribuer les effets aux gaz hydrogènes carbonés
& phofphorés , entraînant avec eux des huiles atténuées
par la putréfaction, ou des matières animales
corrompues , dont l’aétion fur l’économie
animale peut étreaiïimilée à un germe capable de
s’y développer & d’y faire naître des maladies.
( Voye[ les mots Gaz & PUTREFACTION. )
EGRISE. On nomme ainfi la pouflière qui ré-
fulte du frottement violent des diamans les uns
contre les autres. Si Yégrifé ne provenoit que de
ce frottement réciproque des diamans , on pour-
roit l’employer allez utilement pour les expériences
de chimie ; mais il réfulte le plus fouvent du
frottement des diamans contre les meules d’acier,
& par conféquent il contient des particules, de
celui-ci mêlées à celles du diamant. Il fuit de là
que les expériences un peu exaCtes demandent à
etre faites fur le diamant lui-même , & non pas
fur Yégrifé. ( Voye[ DIAMANT.)
EISENMAN. Les Allemands ont donné ce nom
à une mine de fer noire micacée, dont la poudre eft
rougeâtre, & ne teint pas les doigts. C ’eft le mica
ferri livida de Walleri us , le ferrum intradabile ,
rubricans, micacium , nitens de Linné. ( Voye£ Carticle
Fer.)
EISENRAM. C ’eft le nom donné, par les mi-
néralogiftes allemands, à une efpèce de mine de
fer noire & micacée, qui eft rouge à j’extérieur ,
très-noire dans fon intérieur, qui rougit les doigts
lorfqu’on la touche. Wallerius la nommoit mica
ferrea rubra , ou ferrum ocraceum mineralifatum ,
rubrum , minera f/uarnmofa , molli , inquinante.
Linné l’aYoit cara&érifée par la phrafe fuivante ;
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Ferrum intradabile rubicans , . rubrumque pundis im-
palbabilibus nitidis. Daùbenton l’appelojt fer micacé
rouge ; Haüy la regarde comme une fous-variété
du fer oxidé rouge, qu’ il nomme luifant. Elle eft
en mafles d’un rouge fombre , luifantes, onc-
tueufes, laiffant fur les doigts un enduit gras. Elle
paroît provenir, fuivant lui, d’ une altération du
fer oligifte écailleux , dont elle eft quelquefois
entre-mêlée. ( f^oye^ Varticle Fer.)
ÉLECTRICITÉ. Les phénomènes de Y électricité
& leur théorie, ainfi que la defcription & les
ufages de toutes les machines, de tous les appareils
deftinés à démontrer ces phénomènes, appartiennent
à la phyfique, & ne doivent pas faire
partie d’un Dictionnaire de chimie.
Il fuffit feulement d’annoncer ici que la force
éleêlrique ou l’aêtion du fluide électrique a une
influence manifefte fur quelques phénomènes chimiques,
fur des combinaifons & des décompofi-
tions, & qu’ainfi l’on emploie les machines & les
appareils électriques dans plufieurs opérations de
chimie.
On enflamme, par la commotion, la réfine en
poudre , la poudre à tirer, l’alcool, l’éther , l’acide
nitrique j on décompofe l’eau, & on la re-
compofe j on décompofe de même l’ammoniaque,
dont on ifole en gaz l’azote & 1 hydrogène ; on
produit aufli une décompofition fur les acides ful-
furique & nitrique j on oxide les métaux $ on fait
même brûler avec flamme les plus difficiles à oxi-
der, tels que l’argent, l’or & le platine.
On a été peut-être trop loin quand on a dit que
Y électricité favorifoit & accéléroit la germination,
la végétation, l’évaporation des liquides , la coloration
en rouge des ftics bleus des végétaux , la
faturation des alcalis par l’acide carbonique : ces
affermons ne font pas prouvées comme les faits
précédens.
L’efpèce d’ électricité qu’on nomme gatvanifme
produit encore des effets chimiques plus marqués
& plus importans. Il en fera queftion au mot Galvanisme.
Il faut donc avoir, à la portée d’un laboratoire
de chimie, une machine & quelques appareils
éleClriques, des piles galvaniques, qui font devenus
de véritables inftrumens de chimie pour
quelques cas.
ÉLECTRUM. Le mot éleCtrum eft une des anciennes
dénominations de l’ambre jaune ou du fuc-
cin , & c’eft de fa propriété, depuis long-tems
découverte, d’attirer, après la friction, de petits
corps à une certaine diftance , qu’eft venu le nom
d’éîeCtricité.
ËLÉMENS. On nommoit encore, il y a quelques
années, élémens les quatre matières regardées
comme telles depuis Ariftote , le feu, l’air, l’eau
& la terre| foit à caufe de leur grande mafte, fois
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parce qu’on les avoit prifes pour des corps fimpîes,
loir parce qu’on croyoi: les trouver, dans toutes
les analyfes, comme principes conftituans de tous
les compofés. . . .
La première de ces raifons feroit la feule ad-
miflîble pour ranger ces quatre corps parmi les
élémens ; mais il n’eft plus vrai qu’ils foient fimples
ou indécornpofables. Le feu femble fe divifer en
deux corps, la lumière & le calorique > l’air eft
formé de deux gaz différens, le gaz azote jk le
gaz oxigènej l’eau réfulte de l ’union de l’oxigène
& de l’hydrogène: il y a cinq à fix terres.diverfes
& également indécompofées jufqu’ici.
D’un autre côté, il y a plus de trente matières
naturelles qui font véritablement indécompofablês
jufqu’à préfent : on les nomme même des corps
fimples à caufe de cette propriété. Parmi ces corps, ‘
l ’oxigène , l’hydrogène , l’azote, le carbone , le
foufre, le phofphore, quelques métaux & quelques
terres font les principes conftituans que la
nature emploie le plus dans les compofés : ce
feroient donc là les véritables principes ou les
vrais élémens des corps naturels. ( Voye{ tous ces
mots. )
Il faut convenir qu’avec des connoiffances beaucoup
plus étendues fur la nature & les propriétés
des corps, la chimie n’a plus ces idées générales
& fimples fur lacompofition des êtres qu’elh avoit
autrefois, & qu’elle ne peut plus fe contenter des
théories vagues dont elle faifoit autrefois les premières
bafes de fa doctrine.
ÉLIXATION. C’ eft l’opération chimique &
pharmaceutique par laquelle on fait bouillir &
cuire , pendant long-tems & à petit feu, diverfes
matières végétales & animales dans l’eau, pour en
compofer un bouillon, un jus, un confommé, ou
pour cuire, pénétrer & attendrir les matières alimentaires.
Ce terme a beaucoup vieilli. On ne le
trouve plus dans les Dictionnaires modernes de
fciences naturelles & d’arts.
ÉLIXIR. C ’eft un mot appliqué , dans l’art des
anciennes préparations chimiques & jsharmaceu-
tiques , à une compofition plus ou moins compliquée
de matières odorantes, aromatiques, réfi-
neufes, balfamiques, difloutes dans l’alcool. C ’écoit
un extrait liquide des matières les plus précieufes
& les plus aCtives qu’on pouvoit rencontrer, &
auquel on attribuoit des propriétés prefque mer-
veilleufes, celles de guérir tous les maux, de prolonger
la v ie, d’entretenir la fanté fans maladie. Il
y en avoit même un qui, avec toutes ces propriétés,
devoir aufli concourir à la préparation du grand
oeuvre. Toutes ces chimères anciennes font aujourd’hui
bannies de la tête des chimiftes, & les
élixirs ne font plus à leurs yeux que des préparations
pharmaceutiques plus ou moins aCtives, plus
ou moins compliquées. ( Voye^ le Dictionnaire de
& harmacie. )
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ÉMAIL. "L’émail eft un verre où eft interpofée
une matière blanche , opaque, non vitrifiée, qui
lui ôte fa tranfparence.
L’émail s’applique ordinairement, par la fufion,
fur les métaux 5 il eft fufceptible de recevoir différentes
couleurs par le mélange des oxides métalliques.
Quoique l’oxide d’étain foit en général la matière
la plus employée pour obtenir des verres fans
tranfparence ou pour fabriquer l’émail, on peut
cependant compofer des émaux avec d’autres fubf-
tances. Moiret a propofé de fubftituer l’oxide
d’antimoine à ce^ui d’étain. Darcet a trouvé que
le gypfe, mêlé avec l’ argile blanche ou avec l’argile
& le feldfpath, faifoit de beaux émaux. Le
phofphate de chaux des os calcinés peut aufli fervir
à cette fabrication.
On fait Y émail blanc du commerce, en fondant
dans un creufet fix livres de potée d’étain, quarante
huit grains de manganèfe , & fix livres d’un
fondant fait avec une partie & demie de cérufe,
une part e de filex blanc <alciné, une demi-partie
de potaffe , & un quart de partie de borate de
foude. Ce procédé eft celui de Fontanieu. Nori
& Kunckel bien avant lui, avoient indiqué une
méthode différente qui eft encore en ufage : U
voici :
Matière commune des émaux.
Prenez trente livres de plomb & trente livres
d’étain bien purs ; faites calciner} pafiez les oxides
au tamis ; remplirez d’eau claire un vaifleau de
terre vernifle î faites-y bouillir les oxides. Lorf-
qu’ils auront un peu bouilli, retir* z le vaifleau de
deffus le feu , & verfez l’eau par inclination : elle
entraînera avec elle la partie la plus fubtile des
oxides. Verfez de nouvelle eau fur les oxides qui
relieront au fond du vaiff au, faites bouillir comme
auparavant, & décantez i réitérez la même manoeuvre
jufqu’à ce que l’eau n’entraîne plus aucune
portion des oxides : alors prenez ce qui en rtftera
au fond du vaifleau , & le recalcinez. Opérez fur
ces métaux calcinés derechef, ou fur ces féconds
oxides, comme vous avez opéré fur les premiers.
Quant à l’eau qui s’eft chargée fucceflîvement de
la partie la plus fubtile de l’oxide, faites-la évaporer
à un feu que vous obferverez furtout de
ralentir fur la fin : fans cette précaution, vous
rifquerez de tacher la partie de l’oxide qui touchera
le fond du vaiff-au.
Prenez de cet oxide délié & de la fritte de
tarfe ou caillou blanc, que vous broyerez & tami-
ferez avec foin , de chacun cinquante livres j de
fel de tartre blanc , huit onces : mêlez ces matières,
expofez-les au feu pendant dix heures,
dans un pot neuf de terre cuite 5 retirez-les en-
fuite, & les pulvérifez ; ferrez cette poudre dans
un lieu fec, & la tenez à couvert de toute ordure :
ce fera la bafe commune de tous les émaux.
Kunckel fubftitue aux huit onces de fel de tartre.