
ciens •: leurs verres & leurs émaux bleus n'é-
t oient point teints par l'oxide dé ce métal ,
mais par le fer & le cuivre. Ce n'eft que 'dans
le feizième fièclè que Ton a commencé a traiter
quelques-unes de ces mines pour en Retirer l’oxidè
propre à colorer les verres en bleu. Bergman 3
dans la lavante differtation fur le moyen-âge de
la chimie , rapporte les premiers établifîémens
de ces ateliers de "bleu de cobalt à Ssb. Reuisler
en Bohême , dùns l’ànnéé i jÿ t , 8c en Saxe j en
1 $75 > \ Jenicz & J. Harren. Dav. Heidler ne
les avoit employés auparavant eh Saxe», & Jér.
Zurch en Mifnie,vefs l'année 1564., qu'à l’ex-
traélion de i’arfenie. Avant cette epoque, ces
mines ayoient été négligées * 8c confondues avec
les fcories' ou les déblais des fourneaux 8c des
exploitations.
C'eft Brandt qui, prefqu'au commencement du
dix-huitième fiècle , fit connoîtré le premier le
métal particulier qu'on peut retirer des mines
de cobalt. Depuis lui, tous les minéralogiftes 8c
les chimiftes allemands en ont reconnu ’& admis
lexiftence particulière. Lehmann à enfuite fait
beaucoup d'expériences fur diverfes efpëces de
cobalt s minéraliféSj & dans la foule de fes eflais
docimaftiques. on reconnoît toujours lès propriétés
particulières & caraétériftiques du cobalt t
quoiqu'il ait opéré fur des mélanges métalliques.
Bergman eft de tous les chimiftes modernes celui
qui a le mieux & le plus clairement énoncé fes
propriétés, foit dans fes differtations fur les affinités
3 fur la docimâfie humide, fur lès précipités
métalliques 3 foit dans celle où il a eu pour
objet de comparer les propriétés du nickel, du
inanganèfè , du platine 8c du cobalt. Il a mis
hors de doute eue ce métal àvoit réellement une
exiftencediftinae,& qu’il n'étoit ni un alliage, ni
une modification particulière de l’arfenic y comme
quelques chimiftes 1a voient penfé;
Le cobalt pur , obtenu par le procédé qui fera
indiqué plus bas , eft un métal d'une couleur
blanche, tirant un peu fur le rouge , peu brillante
, d'un grain fin 8c ferré , d’une dureté considérable
, qui eft très-taffant, & qui fe réduit
facilement èn poudre par l’aftion du pilon.
Pefé à la balance hydroftatique, il perd environ
ùh huitième dè ion poids. Sa pefanteur fpécifi-
que eft d'environ 7,700 , fuivant Bergman. Il eft
fufçeptiblé dé fé criftâllifer en faifceaùx d’aiguilles
couchées les unes fur les autres, qui
imitent a (fez bien à la ioupe des ptifmes de ba-
faltes écroulés.
Il n’a ni faveur ni odeur féhfibles.
Le cobalt n'a jamais été trouvé ptir natif
dans la nature 5 il eft prefque toujours oxidë &
uni avec l'arfenic ou fon acide , le foüfre , le
fe r , &c.
Voici lés principales fortes dé mines de cà-
balt, diftioguées d’après leuts combinaifons , par
Bergman par Mon|cz-,
i° . Cobalt natif uni à l’arfenic. Cetté mtnè eft
folide, grife , pefante , peu brillante 8c grenue
dans f i càffute i elle fait feu avec lé briquet, 8c
noircit au feu. L’acide nitrique la diffout avec
efferveftence ; elle donne une encre de fympathie
par l'acide muriatique.
i° . Cobalt en oxide. Cette mirte> qui pàroît
être du cobalt oxide par les acides , eft ordinairement
grife, noirâtre , 8c quelquefois fem-
blable à du n ir de fumée , fou vent friable 8c
pulvérulente-. Elle fàlit les doigts : celle qui eft
compâéte préfente des taches rofées dans la caf-
fure j 'elle reffemblé quelquefois à des fcories
de verre ; ce qui la fait appeler mine de cobalt
vitreufe par quelques naturaliftes. Cette mine
ne contient point d’arfenic lorfqu’elle eft pure ,
mais elle eft fouvènr mêiée d’oxide de fer.
30. Cobalt uni à l'acide arféniqüè j fleurs dé
cobalt, rouges , rofes 3 couleur de feù'rs de pêcher.
L’âcide arfénique que Bergman 8c Mongez y ont
découvert, lui donne fa couleur. Cette mine eft,
ou en m ffe, ou en foudre, ou en efflôrefcence
ftriéè, ou en prifmes à qua’tre pans, avec dès
fommeis à deux façès. Sa couleur fe détruit au
feu , à mefure que l'acide arfénique fe dégagé.
4°. Cobalt uni au fer & à l'acide fulfuriquè ;
mine de cobalt fpéculaire. On l ’a appelée fort improprement
cobalt fulfareux » parce qu'ellé ne
contient point de foufre, mais un peu d'acids
fulfuriquè. Cette mine eft blanche ou grife , 8c
très brillante: c'éft la plus riche de toutes > ellé
fait fouveht Feu avec le briquet.
Cobalt uni au foufre, à l'arfenic 8c au fer.
Ce minerai porte le nom de mine de cobalt blàfi-
chè ou grrje y elle eft d'un gris-blanchâtre , crif-
tallifée en cubes entiers ou comme tronqués, dé
manière à formér des folides à 1 4 ,18 ou 26 facettes
: fa caffure eft lamelleufe & fpathiqué;
Quelquefois elle offre à fa fürfàce des dendrites
en feuilles dé fougères : dans cet état on la
nomme mine de cobalt tricotée. Soùvènt' les mine’s
àe cobalt blanches n’ont aucune criftaiiifation ré1
gulîère , mais elles font toujours reconnoiffabléS
à leur couleur grife blanchâtre , à leur pefanteur
moindre que celle dés précédentes, & à l’éffio-
refcence rouge qu’ellés ont prefque toutés à L ur
furface.
Pour faire l'eifai d’unè mine de cobalt par là
voie fèche, on commencé par la piler & la lav
e r , enfuite on la grille pour en féparér Parfe^
nie. Lé cobalt rêfte dans l’état d’un oxide hoir ,
plus ou moins foncé. On mêle cet oxide avec trois
parties de flux noir 8c un peu de fel marin dé4-
crépité : on le fond dans un creufét bralqüé 8c
couvert , au feu de Forge ; on attend qué la
fonte foit faite complètement , & que la matière
foit parfaitement liquide pour laiffer refroidir
le creufet j oh l’agite légèrement pour
faire précipiter le métal qui fe raffemble en culot
au -fond du vaiffeaü. Ce culot eft quelquefois
formé de deux matières métalliques ; !e cabo:h
eft placé iupérieurement, &_le bilmuth fe trouve
au deffousi on les fépare facilement d un coup
de marteau; on obtient par le même procède le
cobalt de toutes les matières où il eft contenu,
même en oxide vitreux, comme des verres & des
émaux bleus, des porcelaines , &c.
' Les minéralogiftes modernes , & furtout Berg-
man & M. Kirwan , propofent de taire leliai
des mines de cobalt par facide nitrique. Cet
acide diffout le cobalt & le fer : on les précipité
pat le carbonate de foude , & dnlout
enfuite le précipité cobaltique par 1 acide ace-
teux. Scheffer confeille de reconnoitre la pmf-
fance colorante des mines de cobalt, en les for.-
dant avec trois parties de^ potaflé & cinq de
verre en poudre. /
Les détails que Bergman a donnes fur la do-
cimafie humide des mines de cabalt, étant pleins
de faits intéreffins , il eft indifpenfable d en con-
figner ici le réfultat.
Le cobalt fe trouve louvent, fuivant lu i, à
l’état métallique , fans foufre 8c fans acide , mais
allié à d’autres métaux. On le trouve auffi fali
par le foufre, 8c minérahfé par les acides ful-
furique & arfenique. La nature le préfente encore
en oxide noir j peut-être chargé d’acide
carbonique.
Le cobalt natif étant allié d'arfenic , de fer &
fbuvent de nickel, c’eft là ce qui a trompé les
auteurs qui ont dit que le fulfate de cobalt 8c
i fes autres fels étoient verts , quoiqu'ils doivent
être rouges lorfqu'ils ne font pas mélangés de
trop de nickel. Pour féparer ces métaux étrangers,
la diffolution faite par l’acide nitro-mu-
riatique doit être évaporée à ficcité, puis traitée
par le vinaigre , qui ne prend que le:cobalt qu'on
précipite par le carbonate de potaffe.
, - Le fulfure de cobalt natif peut être traité par
.le même procédé.qui en fépare le foufre.
Le cobalt fali d'acide fulfuriquè eft chargé de
fer 8c d'oxide d'arfenic, comme Brandt l'a trouvé
k en 1742. Sa diffojution dans l’acide nitro-muria-
tique étoit jaune à caufe du fer j elle verdiffoit
par la chaleur : le muriate de baryte en préci-
pitoit l’acide fulfuriquè. Cet acide y eft fi peu
abondant, que la mine ëft prefqu’à l’état d’une
' maffe métallique.
Les efflorefeences ou les criftaux rouges , gris
de lin , rofes de cobalt, annoncent la préfence
de 1 acide arfénique 3 car l ’arfenic ne peut amener
le cobalt à cet état rouge. Ce foupçon eft
confirmé par l'identité parfaite de l'arfeniate de
cobalt artificiel avec les fleurs de cobalt natives.
L'arfeniate de cobalt n'eft pas diffoluble dans
Beau, plus que les fleurs. On fépare de celles-ci
l'acide, arfénique par le fulfuriquè, & en lavant
la maffe avec de l’alcool, qui diffout l'acide arfe-
nique fans toucher au fulfate de cobalt.
En examinant les terres minérales vertes ou
bleues, chargées de cuivre, mais contenant un
peu de cobalt, Bergman à toujours ifolé & reconnu
facilement celui-ci, en précipitant de leurs
diffoliuions le cuivre à l'aide du fer, en évaporant
enfuite à ficcité, 8c en difïolvant le réfidu par le
vinaigre. L'acétite de cobalt dépofe l'oxide de fer
qu’il peut contenir par l’ébullition.
L'o.xide de cobalt noir , ou la maffe dure qu'on
nomme mine de cobalt vitreufe, mife en pouffière ,
fe diffout dans l'acide nitro-muriatique, & dans
ce dernier feul. Qn traite ces diffolutions commê
les précédentes.
Dans les travaux en grand , on ne retire point
le cobalt fous la forme métallique. Après avoir
pilé & lavé la mine de cobalt, on la grille dans
lé fourneau à manche. Ce fourneau fe termine
par une longue galerie horizontale qui fert de
cheminée ; c ’eft dans cette galerie que l'oxide
d’arfenic fublimé, ou l'acide arfenieux, fe con-
denfe & fe fond en verre , que l'on vend dans
le commerce fous le nom impropre d’arfenic
blanç. Si la mine contenoit un peu de bifmuth,
comme ce métal eft très-fufible 3 il fe raffemble
au fond du fourneau , le cobalt refte dans l'état
d'un oxide gris obfcur, nommé fafre.
Le fafré du commerce n'eft jamais pur : on
mêle à trois fois fon poids de cailloux pulvé-
riles. Le; fafre , ainfi mêlé & expofé au grand
feu , fe fond en un verre d'un bleu obfcur,
nommé fmalt. On réduit ce finale en poudre
dans des moulins, & on le délaie dans l’eau.
La première pordon de verre qui fe précipite ,
eft la plus groffLère : on la nomme a^ur grojjier;
on décante l'eau , elle donne un fécond précipité
j on la décapte aînfx jufqu’à quatre fois ,
& le dépôt qu’elle forme alors eft plus fin que
tous les autres : on la nomme improprement crzur
des quatre feux.. Cet azur eft employé dans plu-
fîeurs arts pour colorer en bleu les métaux , les
verres, 8cc.
Le fafre du commerce, fondu avec trois fois
fon poids de .flux noir & un peu de fuif & de
fel marin, donne le métal caffant connu fous le
nom impropre de régule de cobalt. La réduction
du fafre eft très-difficile. Il faut employer une
grande quantité de fondans, & avoir foia de
tenir toujours le creufet rouge-blanc pendant un
! tems affez long pour que la matière foit bien
fluide , tranquille, & que les fcories foient fondues
en un verre bleu : alors le cobalt fe précipite
, fe raflèmble en un culot au deffous des
fcories.
Le cobalt expofé au feu ne fe fond que lorf-
qu'il eft bien rouge. Ce métal eft de très-difficile
fufion , & paroît très-fixe au feu : on
ignore même s'il peut fe volatilifer dans des
vaiffeaux fermés ; mais on fait que fi on le laiffe
refroidir lentement, il fe eriftallife en prifmes aiguillés
, réunis en faifceaùx , ou placés très-obli-
. quement les uns par rapport aux -autres. Peut