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quels j ’en ajouterai plus bas quelques autres ,
prouvent qu'il fe forme de J’açide acéteux par
d’autres circonftances que par celle de la fermentation
, & on l’a vu fpécialemenc dans l'aétion des
acides fulfurique & nitrique fur des matières végétales,
fades , vifqueufes, lèches & infipides. Il
en eft de même du fucre : il y en a dans les madères
végétales, qui s’eft formé par les progrès
mêmes de la végétation, mais il s’en produit auflà
par une eipèce de fermentation, & c’eft de celui-
ci qu’il doit être queftion dans cet article.
4. Un des premiers procédés de l’art du braf-
feur me fuffiroit pour prouver l’exiftence de la fer- ;
mentation facckarine. On fait que l’orge, le fro- !
ment, le maïs & la plupart des graines céréales, !
pénétrés d’abord d’une certaine quantité d’eau,
expofés enfuite en tas à une température fupé- :
rieure à celle de douze degrés, fe gonflent, &
annoncent le mouvement inteftin qui s'excite en I
elles par le développement du germe qui fort au ;
dehors de ces femences» Le brafleur arrête ce
mouvement à cette époque ; il chauffe & defleche
ces grains germés par l’adlion du feu dans la tou-
jail!e> & lorfqu’ils font bienfecs, il les moût pour
en préparer enfuite une décoétion fufceptible alors
^le fermenter & de donner la bière. Le grain, dans
cet état, a pris une faveur fucrée, & l ’eau qui a
.bouilli fur cette matière, en a extrait une véritable
fubftance fucrée qu’on peut en obtenir par l’évaporation.
Avant cette évaporation , il étoit fade
& Amplement farineux, & c’eft une portion de
cette matière infipide qui eft devenue fubftance
fucrée par une véritable fermentation, & par le
mouvement inteftin de fes propres molécules écartées
par l ’eau & par le calorique, car il eft impof-
.iïble d’attribuer ce phénomène à autre chofe.
5. On ne peut douter que cette fermentation fac-
charine n’ait également lieu dans toutes les graines
céréales, & peut-être dans toutes les femences
monocotylédones qui germent. La germination
elle-même paroît en être la fuite nécelîaire ou au
moins la compagne confiante. Toutes les femences
germées font en effet fucrées, & j’en ai ob-
fervé un allez grand nombre dans cet état, pour
rpenfer que ce phénomène eft général ; il n’eft pas
. wvraifemblable que beaucoup de femences dicotylédones
préfencent le même caractère pendant
.leur germination. Ainfi’la fermentation facckarine
ou le. changement de la fubftance muqueufe, fade
& féculente en fticre, par l’effej: de la germination
, peut être compté au nombre des premiers
phénomènes chimiques que préfente la végétation.
6. 11 exifte beaucoup d’autres circonftances de
I analyfe végétale , où il fe forme une matière fu-
cree aux dépens d une autre matière qui ne l’étoic
pas auparavant. Telle eft furtout la maturation des
fruits : il eft généralement connu qu'on cueille fur
un grand nombre d’arbres des fruits qui font bien
loin d être murs & lucres, que leur maturation ;
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n a lieu que dans les fruitiers où on les conferve
& dans des tems plus ou moins longs. Cette ob-
fervation eft furtout applicable aux pommes & aux
poires, quoiqu on puiiîe l’étendre à un très-grand
nombre d’autres fruits. Ces corps, au, moment
ou on les enlève à l’arbre, n’ont fouvent qu’une
faveur âpre, acerbe, aigre & défagréable : bientôt
cette laveur fe modifie j ils deviennent doux,
fucres & agréables, & il eft trop évident, pour
qu il foit befoin d’une difeuflion plus approfondie,
que dans ce cas les fruits éprouvent dans leur
pulpe ou dans leur parenchyme, un changement
[ ln*eftin qui ne peut être attribué qu’à une véritable
fermentation.
7. La même modification de nature, fans qu’elle
foit due à la même caufe , fe remarque dans plusieurs
opérations économiques. La cuiffon dans
les cendres ou dans l’eau donne à beaucoup de
racines & de fruits un goût fucré qu’ils n’avoient
point , & paroît y développer cette matière particulière
à l’aide du changement que l’a&ion af-
fez forte du feu a porté dans leurs principes. Il
m de même de l’effet produit par quelques
réactifs, & furtout par les acides puiffans dans
plufieurs fubftances végétales fades, fpécialement
dans les gommes & les fécules amilacées. Le gaz
acide muriatique, oxigéné furtout, communique
fouvent a leur diflolution dans l’eau, avec une
couleur rougeâtre & une confiftance firupeufe,
une faveur fucrée qui annonce le paflage manifefte
de 1 état de matière muqueufe à celui de corps
faccharin. Enfin, quelques médecins modernes,
MM. Rollo & Cruifchank, penfent que cette
memefuhftance fade & muqueufe fe convertit fouvent
en matière fucrée dansl’eftomac de l’ homme,
lorfque fa force digeftive ou l’énergie de Ion fuc
gaftrique font diminuées j ils attribuent même à
cette digeftion troublée & facckarine la caüfe de
la maladie, plus fréquente, à ce qu’il paroît> en
Angleterre qu en France, & qui eft nommée diabètes
mellitus, a caufe de la faveur fucrée de l’urine
rendue très-abondamment par les malades qùi
en font affeétes. Il eft facile de voir que dans ce
cas, dont il faut attendre la confirmation parles
obier va dons fubféquentes, il fe palfe une véritable
fermentation facckarine dans j’eftomac. Il y a
quelque chofe d analogue dans l’eftofnaC ou les
glandes mammaires des femelles qui nourriflent
leurs petits.
FERNâMBOUC , fcfpèce de bois rouge qui 5 rt ? “ tfinture. ( Voyt* h mot Teinture & les
DiShonnaires de Botanique & des Arts..)
FEU. Ge mot, fort employé dans les befoins
de la vie 3 parce qu’il rappelle tous les moyens de
faire naître ou de fe procurer de k chaleur, a été
également fort ufité en phyfique & eh chimie pour
défîgner une efpèce de matière à laquelle on a
fait jouer un aüffi grand foie en théorie, qu’il en a
dans la pratique.
f l 1
En attribuant tous les phénomènes que produit
la chaleur à divers degrés, foit dans la nature,
foit dans fes arts, au feu 3 les phyfieiens l’ont défini
un fluide très-fubtil, très-mobile, toujours en
mouvement, fufceptible d’une grande expaofioo,
extrêmement élaftique , dilatant & raréfiant tous
les corps, les pénétrant & les altérant tous plus
qu çaoins fortement ou complètement, pouvant
même fe combiner avec eux, & perdant alors les
propriétés qu’ il préfente lorfqu’ il eft en liberté.
Mais quand on recherche avec plus dé foin , &
(furtout à l’aide de I’expé'rience * feul moyen d’interroger
la nature), ce que peut être ce fluide, on
reconnoît bientôt que toutes les propriétés par
lefquelles on l’a caraélérifé , appartiennent au calorique
loi-fqu’eîïes font reconnues au moins par
des expériences pofitîvesj car je ne parle pas ici
des propriétés imaginaires qu’on avoit attribuées
au feu par la feule imagination , & fans avoir pu
jamais les prouver par l’art d’expérimenter, reliés,
par exemple , que la coloration , la volatilité , la
rufibrlité, la nature inflammable & métallique,
l’infolubilité dans l’eau, &c. qu’on difoit qu’il
cammuniquoit aux corps avec lefquels il fe combinai
e. ( Voyes^ les mots Feu fixe. & Phiogis-
TIQUE.)
Il fuit de ces réflexions , que le mot feu ne peut
plus être employé, pat les phyfieiens & par les.
hommes, éclairés qui parlent purement la langue
françaife, que pour repcéfenter un enfemble de
phénomènes.produits, par le calorique, tels que la
chaleur , la dilatation , le mouvement, la flamme
ou l’inflammation, la volatilifation, la fufion y
l’évaporation, la calcination , &que^ fi l’on veut
connoître la fubftance à laquelle tous ces phénomènes
font dus , il faut étudier les propriétés du
calorique qui les fait naître tous.
\Nous renverrons donc au mot C alorique ,
pour expofer les caractères & les effets du feu. On
trouvera dans cet article tout ce que lia phyfique
moderne a découvert fur ce fluide > que quelques
phyfieiens regardent encore comme une modification
, mais que les chimiftes font forcés de ranger
parmi les corps puisqu'il obéit aux attraêlions ,
& puifqu’il entre dans des combinaifons très-
nombreufes.. (Voyeç le mot C alorique.)
Il- y a aufli quelques attributs du feu qui appartiennent
véritablement à la lumière , & qu’on
trouvera à fon article. En lifant donc les articles
Calorique & Lumière , on aura fur le feu
toutes les notions que la feience poffède fur ce
puiffant agent du plus grand nombre dès phénomènes
de la nature & des opérations des- arts.
Comme d’ailleurs les théories, qui ont été généralement
adoptées à dïverfes époques de la
feience, tiennent à l’hiftoire de la chimie & de fes
progrès ; je renverrai, pour compléter ce qui eft
relatif au feu3 aux articles Feu fixé: & Phlogis-'
tique , que j’engagerai à lire à la fuite des mots
Calorique & Lumière,
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Peu brisou. C ’eft le nom qu*on dbnne, en
minéralogie & en métallurgie, à une vapeur on à
un gaz inflammable fou-terrain, qui fe développe
dans les mines, & qui s allume quelquefois dans
leurs galeries par le contaéfc des torches ou des
lampes, de manière à produire des exploitons
fortes & dangereufes pour les mineurs. ( Voyer les
articles MlNES & MÉTALLURGIE. )
Feu f i x é . Lorfque Stabl, d’après Beccher, eut
cherché à prouver que le feu, combiné avec les
corps , leur donnoit toutes les propriétés dont il
a été queftion au mot Feu , quoiqu’il eut donné
z ce feu ainfi combiné le nom particulier de pklo-
gifion3 traduit en français par le mot pklagijlique,
quelques phyfieiens ont employé comme fyno-
nyme l’expreffion de feu fix é , qui défîgne en effet
la combinai fon intime de ce corps, la perte des
propriétés qui le cara&érifent lorfqu’il eft en liberté
, & la fixation à l’aide de laquelle il devient
capable de produire tous les effets qu’on lui attri--
j buoit. Mais cette combinaifon même,dans le fens
I que les Stahliens y attachoient efl fyftématiquô
| & non prouvée j c’eft un roman ingénieux qui a
î beaucoup fervi dans les tems- antérieurs aux an-
i nees 177$ 170O,. mais qui ne peut plus avoit
) d’ufage utile, qui peut même nuire à l’étude &:
! progrès de là feienee, depuis les.découvertes;
; for les gaz & l’établiffement de la do&rine pneu-
! matique.^ V o y e z , au refte , le mot P h logis ti-
que , où tout ce qui peut être relatif à ces com-
! binaifons du feu fera expofé avec les développe--
: mens qui font néceffaires à l’intelligence de cet.
.article-. ( Vaye-% £ article Phlo-Gistqn. }
; Feu gregeois , invention dont on a beaucoup»
‘parle, & qui eonftfte dans une préparation com-
bufîible, ayant la propriété de briller dans l’eau*
: fans pouvoir être éteinte. On a beaucoup redouté*
! cette prétendue découverte pour fa guerre. On*
cite.de Louis XV le beau trait d’avorr enfoui le
jfecret du feu grégeois après l’avoir reçu d’urr.
ichimifte, & de n*’avoir pas voulu en faire ufage.
; Ri’én ne paro-tc aujourd’hui plus fimple que cette'
• compofi&ion. On eft fur d’en préparer une en
; mêlant afiez de nitre avec des corps combuftibLes
gras & huileux, qui Fempâtent & le- rendent
foluble ou difficilement foluble dans l’eau, pour
que ce mélange, fortement chauffé, puifle répandre-
du gaz ©xigène qui l’enveloppe de toutes parts-,
& en écarte l’eau. Tel feroic à très*-peu près un
mélange de charbon, de foufre, de bitume, de
poix, de nitre ou falpêtre , & de muriate furoxi--
géné de potaffe. Au- refte, cette invention eft plus
curieufe qu’utile, & même q.ue dangereu-fe.
F IBR IN E . On donne, dans la nomenclature
chimique , le nom de fibrine à là fubftance animale
qui 'conftitue la fibre charnue & mufculaire,
qui diffère de toutes les autres fubftances, fpë--
cialement de l’albumine & de la gélatine.