
de gai nitreux. Il eft nuifible aux animaux ; il ne J
fert aux procédés de combuftion qu’à une haute |
température ; il ne peut pas y fervir à froid ni à j
une douce chaleur.
» Il eft abforbable par lJeau comme l'acide carbonique
: pour l'obtenir bien pur, il faut le dif-
foudre d'abord dans l'eau, & l'en féparer par la
chaleur.
» Il ne diminue point ordinairement l'air commun,
& n'eft pas diminué par l’air vital; il ne -
condenfe pas non plus l'air nitreux, & n’en reçoit
aucune altération j il donne à la flamme un entourage
bleu : cette propriété y augmente par un mélange
d'air nitreux. Il détonne comme l’air vital,
avec l'air inflammable ; il ne change pas la couleur
de tournefol ; il ne rend pas l ’eau acide; il
n'eft point affeété par le gai ammoniacal.
» Tel eft le tableau précis des faits affez nombreux
obfervés par Prieftley, fur le ga% qu'il nom-
moit air nitreux déphlogifiiqué. 11 avoue, avec fa
loyauté ordinaire, qu'il n'a pas pu reconnoître la
nature intime, la différence d'avec l'air déphlogiftiqué
& l'air nitreux, non plus que les circonf-
tances qui le font fuccéder à ce dernier ga% dans
plufieurs cas de fa formation ; mais, s'il eft facile
de concevoir pourquoi dans i'efpèce de théorie
vague que Prieftley s’étoit faite, ou plutôt dans
les variations continuelles de théorie qu’il femble
avoir eonftamment adoptées pendant tout le tems
où il s’eft occupé d'ailleurs fi utilement d'expériences
phyfiques, il eft au moins difficile de
comprendre comment il fe fait qu’aucun chimifte
n'ait repris jufqu'à ces derniers tems l’examen de
ce gai y comment entr'autres il a totalement
échappé aux recherches de Lavoifier, de Caven-
dish, de Bertholet, qui ont traité des matières fi
voifines de ce corps, en s'occupant, avec tant de
fuccès & tant de gloire, de l’analyfe & de la fyn-
thèfe de l’acide nitrique & de l'ammoniaque.
» Ôn doit juger, d'après ce précis, des découvertes
de Prieftley fur le fluide qui nous occupe,
que nous n'avons dû trouver de nouveau dans ce
qui nous eft connu de l'ouvrage de M. Davy, que
fes tentatives heureufes pour l’analyfe de ce gai,
& pour fa comparaifon avec le gai nitreux. Nous
parlerons par la fuite de la partie de ces expériences
, relative aux effets du gai oxide aïote fur
la refpiration. 7
» C ’eft aufli fur ce double objet, la nature du §Ég
oxide nitreux, comparée à celle du gai nitreux,
& fon aétion fur l’économie animale, que nous
avons dirigé nos recherches.
»Pour connoître les rapports ou les différences
qui pouvaient exifter entre le gai oxide nitreux &
le gai nitreux , il falloit les foumettre à l’analyfe ;
& , quoique M. Davy en eût déjà- indiqué les éié-
meris & leurs proportions, nous avons cru qu'il ne
fetoit pas inutile de recommencer ce travail en
fuivant de nouvelles méthodes. Prien n'eft plus propre
en effet à confirmer les réfultats de ceux qui j
nous ont précédés dans la carrière, que d'àrrivef
au même but par des routes différentes : ces nouvelles
routes Ont aufli l'avantage de faire reconnoître
& de rectifier les erreurs qui ont pu être
commifes dans les méthodes différentes.
» Pour analyfer le gai nitreux & le gai oxide nitreux
, i l nous a fallu déterminer exactement le
volume fur lequel nous devions opérer , & nous
affurer fcrupuieufement de leur pureté. Cette première
recherche prefente dans les expériences plufieurs
difficultés relatives à l'altérabilité du gai nitreux
par l’air atmofphérique, en quelque petite
quantité que foit le dernier. Nous fommes parvenus
à notre but par les moyens fuivans.
Pefanteur Spécifique du gai oxide nitreux et du gai
nitreux.
» i i .i décilitr'es de gai oxide nitreux pèfent 0.690
grammes plus que le même volume d’air atmofphérique
: donc un pouce cube de ce gai pèfe environ
0.69 grains, & un centimètre cube, 0.0018
grammes.
» La pefanteur du gai nitreux s’eft trouvée égale
à celle du gai oxigène , c’eft-à-dire , 0.0014 grammes
le centimètre cube (0.50 de grain le pouce
cube).
»Nous avons pefé trois fois les deux gai, & ,
dans chaque opération , nous avons obtenu le même
réfultat (1).
Analyfe du gai nitreux.
» On a pris 30.572 grammes de cuivre qu’on a
mis dans un flacon à trois tubulures : on y a verfé
192.56 grammes d’acide nitrique à dix-huit degrés
à l’aréomètre de Baumé ; on a recueilli le gai nitreux
dans des cloches jaugées, 011 en a obtenu
vingt-cinq décilitres. La liqueur, qui étoit d’un bleu
(1) Comme la méthode que nous avons employée ici eft
très-fimple , aflez exacte , 8c qu'elle peut fervir avec avantage
dans les laboratoires de chimie, où il n’exifte point
d’inftrumens propres à ce genre de recherches , nous avons
cru devoir I’expofer avec quelque détail.
On s’eft fervi d’un flacon contenant 1 1 ,1 décilitres. On
a rempli d’eau le va fe ci-defllis , on y a enfuite~fait paffer le
gai oxide nitreux j & après l’avoir bien eflliyé , on l’a pefê
avec des balances très-fenfîbles y on l’a débouché, on -y a
introduit de l’air atmofphérique avec un foufflet, pendant
deux minutes j on l’a rebouché 8c pefé. Dans cet é ta t, le
vâfe pefoit 0,862 grammes de moins y mais l’air introduit
avec le foufflet avoit diflous 0,169 grammes d’eau : ce dont
nous nous fommes aflurés enfuite en pefant le même flacon
plein d’air atmofphérique & mouillé, en foufflant dedans
avec le même foufflet. Donc 1 1 ,1 décilitres de gai oxide
SV^i-rott pèfent ^o3 de plus que le . même volume d’air ordinaire.
L a pefanteur fpécifique du gai nitreux a.été prife de la
même manière, avec cette différence, qu’on a chaifé le
gai nitreux .par du gai hydrogène , à l’ aide d’ une veille , 8c
celui-ci par L’air/, avec un foufflet.
mêle vert a été filtrée, & le réfidu bien lavé. Ce
réfidu, defleché fortement dans une capfule, pefoit
11.889 grammes : il y a donc eu 18.683 grammes
de cuivre diflous.
Connoiffant, par cette expérience fimple, le
volume du gai nitreux fourni par la diflblution de
cette quantité de cuivre , on a pris, comme dans
l'expérience, 30.572 grammes de cuivre, & 191.56
grammes du même acide nirrique : le tout fut introduit
dans un flacon à deux tubulures, & le gai
nitreux en provenant traverfa un tube de porcelaine,
contenant de la limaille de fer pure & incan-
dèfcente. En paffant ainfî à travers le fe r , le gai
fut décompofé : fon oxigène Te fixa fur le métal
& J'oxida en noir; \e gai aïote , mis à nu, fut reçu
dans des flacons pleins d'eau; fon volume étoit égal
à 15.f décilitres.
» Le cuivré, bien lavé & féché, pefoit 11.623
grammes; ainfi ce réfultat s'approche tellement de
celui de l’expérience première, qu'on peut affurer
que, dans l’une & l'autre, il y a eu dés quantités
égales àe gai nitreux formées. D’après cela, il fera !
facile de trouver, dans le gai nitreux , le rapport
de l'azoté à T oxigène.- En effet, on avoit 25.5
décilitres de gai nitreux y ils fe font réduits à 15.5 ■
décilitres : le gai nitreux pèfe 0.0014 de gramme
le centimètre cube.
» La capacité des tubes étoit égale à deux décilitres.
En tenant compte de cette quantité d'air
atmofphérique, on trouve que le rapport du gai
oxigene au gai aïote, dans le gai nitreux, eft comme
30 eft à 29.
Autre manière £ analyfer lè gai nitreux.
»On a pris dix-huit décilitres de gai nitreux, fait
par le cuivre & l'acide nitrique à fèiz’e degrés : on
les a fait paffër dans un flacon à deux tubulures,
dont le volume étoit précifément de dix-huit décilitres.
A l’une des tubulures étoit adapté un
tube qui communiquoit à un tuyau de porcelaine
traverfant un fourneau, contenant de la limaille
de fer bien pure & bien defféchée, & portant à
fon autre extrémité un tube de verre, qui s'enga-
geoitTous une clocha pleine d’eau.
»A la fécondé tubulure du même flacon s'adap-
toit un entonnoir dont le bec étoit effilé ; par cet
entonnoir , lorfque le tuyau de porcelaine fut
rouge, on verfa dans le flacon, par un jët égal
& continu , du mercure, de manière que le gai
comprimé, s'échappant par le tuyau, cédoit fon
oxigène au fer rouge, & l’azote, mis à nu, fe
rendoit dans des cloches pleines d’eau. Le ter,
dans cette expérience , avoit augmenté de 1.246
grammes, réfultat obtenu par la pefée du tube
avant & après l'opération : on recueillit 12.15
décilitres ae gai. Les tubes dont on fe fervit
pour cette opération , contenoient environ deux
décilitres : il faut donc retrancher du poids dont
le fer a augmenté, 0.05 3 de gramme &, des 12.5
décilitres de gai aïote, il faut aufli retrancher 1.6
décilitres. Ainfi le fer n'a abforbé que 1.193 grammes
d'oxigène appartenant au gai nitreux, & le
gai aïote, provenant du gai nitreux, ne s’élève
qu'à 10.9 décilitres, qui pèfent 1.248 grammes.
; » Les dix-huit décilitres de gai nitreux, employés,
pefoient 2.388 grammes, puifque la pefanteur
du gai nitrenx eft la même que celle du gai
oxigène. En réunifiant le poids dont ic fer a augmenté
avec celui du gai aïote qu’il a fourni, nous
retrouvons 0.053 grammes de plus dans notre analyfe.
Cette légère différence doit être artribuée
à ce que la pefanteur fpécifique des gai n’eft pas
très-exaêlementf connue : de là il fuit que le gai
nitreux eft formé d’environ parties égales de gai
aïote & de gai oxigène, ou plus rigoureufc.ment,
le rapport du gai aïote au gai oxigène dans le gai
nitreux eft celui de 23 à 22.,
» Cette fécondé analyfe mérite plus de confiance
que la première. Au refte, elle s'en rapproche de fi
près, que l’une peut fervir decontrôle à l’autre.
Analyfe du gai oxide, d*azote,
» On a employé dix-hüit décilitres de gai oxide
£ aïote 3 dont le poids étoit de 3.273 grammes.
Cetre quantité de gai, après avoir paffé à travers
le fer rouge, dans l'appareil décrit plus haut, s’eft
réduit à dix-fept décilitres de gai aïote prefque
pur, dont le poids étoit de n644 grammes ; le
fer avoit augmenté de 1.327 grammes , lefquels ,
réunis aux 1.944, forment la fomme de 3.270
grammes, quantité qui ne diffère de celle du
gai oxide d’acte employé , que de trois millièmes
de gramme.
>9 Le volume du gai oxide £ aïote a donc augmenté,
dans cette opération , de fix cent vingt-un
millimètres cubes, car il n’occupoit, dans le gai
oxide £ aïote employé , que 1,053 millimètres
cubes.
» D’après cette expérience, les rapports en
poids de l’azote & de l’oxigène font, dans le
gai oxide d'acte, comme 59.43 eft à 40.57.
Réflexions fur le gai nitreux & fur le gai oxide
dafoie.
»Quand on compare fes réfultats des expériences
précédentes, on fe demande comment il
fe fait que le gai nitreux , qui contient plus d'oxigène
que le gai oxide £ aïote, foie plus léger que
lui ; comment le gai nitreux, où les molécules font
moins rapprochées, & dont l’attraélion qui les
lie eft moins forte, éteint les bougies, tandis que
le gai oxide £ aïote les rallume lcrfqu’elles font
près de s'éteindre.
» La première queftion eft facile à réfoudre par
des faits analogues. Le foufre phofphoré eft plus
léger que le foufre & :e phofphoré; l’air, qui
tient de l’eau en diffolutiôn , eft aufli plus léger
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