
de ménagement : plus parfait que lu i, on remploie
à tous les ufages auxquels font néceflaires les propriétés
que je viens a expofer.
c, Vacier fondu. C ’eft celui qui provient de la
fonte de l’un ou de l'autre des deux précédens.
Il n’a jamais les bourfouflures qu’on trouve fou-
vent dans ceux-ci : auffi eft-il fufceptible du plus
beau poli. Il eft propre à la fabrication des rafoirs,
des lancettes, des filières , des laminoirs &r de la
bijouterie. C’ eft avec cet acier qu’on fait tous lès
- bijoux brillans qui jettent tant d’éclat & qui donnent
tant de prix à la main-d’oeuvre. Cette eipèce
d’acier eft la plus précieufe des trois : les Anglais
ont été jufqu’ici prefque poffefleurs exclufîfs de fa
Préparation.
6y. Le charbon s’unit au fer en différentes pro-
portions, & à meiure que ces proportions varient ,
les produits varient auffi. Un trente-deuxième de
charbon fuftit pour rendre \efer acier. Cette dofe
varie cependant dans les expériences , à caufe de
l’inégale intenfité du feu & de la porofite des
creufets. En augmentant la dofe de charbon ^la
qualité de l’acier augmente aufli ; mais il devient
toujours de plus en plus difficile à forger , & plus
facile à ramoilir au feu. Il fe trouve , dans les
différentes proportions de fer & de charbon qui
forment l’acier, une propor tion qui donne un acier
fufible & encore malléable. La dofe de charbon
qui convient pour obtenir ce produit eft d’un
lixième du poids du fer à peu près : paffé ce terme ,
les qualités de l’acier n’augmentent plus; il fe rapproche
alors trop de ta fonte , & quoiqu’il puiffe
encore fe forger un peu dans les degrés qui fui-
vent celui qui vient d’être indiqué , il n’eft plus
propre à être employé comme acier ; il a trop peu
de ténacité.
A mefure qu’on augmente la dofe du charbon,
la fufibilité de la combinaifon augmente; le grain
de la matière j qui étoit celui de-l’acier tant qu’elle
pouvoit fe forger ^ difparôît, & le réfultat préfente
dans la caffure une furface plus uniforme, &
devient enfin femblable à celle des fontes blanches.
Lorfqu'on a mis le fer dans cet état par une
addition fuffifante de charbon la combinaifon eft
alors très-fnfible : cette fufibilité augmente encore
par de nouvelles additions de charbon , & la fonte
qui en réfulte devient femblable à celle des four-,
peaux, qu’on nomme fonte grife. ~
Lé fer & le verre fe combinent e n f e m b l e : le
réfultat eft fufible , quoique le verre ne s’unifie au
fer qu’en très-petite quantité j il eft encore un peu
du&ile à chaud & à froid, cependant il n’eft plus
forgeable : chauffé feulement au rouge-cerife , il
fe divife fous les coups du marteau. Néanmoins
cette fonte n’eft pas aigre ; elle eft au contraire
très-douce 3 & fe laifte limer .& cifeler comme du
fer très-doux. Si on là coule dans des moules ou
des lingotières , elle fouffre un retrait confidéfable
en fe refroidiffant ; elle fe trouve remplie de ca-
yités. Quoiqu’elle foit peu fufceptible de fe forger,
' on parvient à en former quelques lames : fi Ton
fait rougir ces lames, qu’on les trempe dans l’eau
& qu on caffe enfuite la partie trempee , la cafture
préfente un grain femblable à celui de l’acier
trempé , mais qui paroît ne pas avoir acquis de
dureté : la lime prend fur la partie trempée comme
fur le refte 3 cependant la partie trempée devient
plus caftante.
Si au verre on ajoute un peu de charbon en
poudre (la dofe du charbon peut varier depuis un
trentième jufqu’à un vingtième fur une partie de
for') 3 le réfultat eft plus fufible que le précédent :
on obtient alors un acier très-dur à la trempe, &
qui peut fe forger au rouge couleur de cerife ; cet
acier reffemble aux aciers connus dans le commerce
fous le nom à*aciers fondus ; il en a toutes les
propriétés.
On peut encore augmenter la dofe de charbon
dans cette combinaifon, & on obtient pour réfultat,
fuivant les proportions, de la fonte blanche
ou de la fonte grife, femblables à celles que
produifent les hauts fourneaux où on fond la mine
de fer.
N Le/èr a une très-grande affinité pour le carbone,
a une température élevée; cette affinité augmente
avec la température, & il paroît, par l'expérience
fuivante, qu’à une très-haute température ie for
peut enlever le principe carbonique à l’oxigène
même.
On prend parties égales de carbonate de chaux
& d argile en poudre : on en fait un mélange exaét>
on introduit le mélange dans un creufet, avec du
fer coupé en petits morceaux : il faut que ce mélange
recouvre bien le for 3 & rempliffe les petits
intervalles que laiffent entr’eux les morceaux de
fer : on chauffe enfuite- par degrés , pour ne pas
cafter le creufet : on augmente toujours le feu,
jufqu à ce qu’il foit au degré néceffaire pour ramollir
dù fer forgé &r le fouder 5 on le foutienc
environ une heure dans cet état, plus ou moins,
fuivant la grandeur du creufet. Lorfque la matière
eft fondue, on la coule dans une lingotière, & fi
on a employé de bon for, le réfultat eft de l’acier
femblable à l’acier fondu.
4 Les flux vitreux agiftènt fur toutes les efpèces
d aciers , & les fondent avec plus de facilité que
le fer. Les aciers les plus fins, c’eft-à-dire , ceux
qui contiennent le plus de charbon, font ceux qui
fondent le plus facilement.
Tous les aciers fondus de cette manière con-
fervent une partie des propriétés de ceux qui les
ont produits.
Le/ét-peut s’unir à l’oxigène en différentes proportions
: on peut diftinguer trois fortes d’oxides
de fer, favoir : le rouge, le jaune & le noir. Les
deux premiers prennent facilement l’état du dernier
par l’aélion du feu, pouffée au degré qui commence
à les faire fondre. C ’eft de ce dernier, qui
paroît confiant, qu’il faut faire>ufage pour le mêler
au charbon, & en obtenir les produits énoncés ci-».
deffus. On obtient les mêmes produits avec les
autres j mais commeils contiennent plus d’oxigène,
il faut y ajouter plus de charbon. Les charbons
variant en quantité de matière inflammable, & les
creufets qui doivent contenir les mélanges étant
plus ou moins poreux, on ne peut guère prefcrire
de dofes exactes : cependant pour obtenir, du mélange
de l'oxide noir de fer & du charbon , du for
doux, on peut prendre volume égal d’oxide noir
tz de charbon en poudre ; ce mélange, chauffé
pendant une heure, plus ou moins, fuivant la
capacité du creufet , au degré de feu qui ramollit
le for au point de le fouder, prend la nature de
•forgé.
Si on augmente de'moitié, ou fi on double
cette quantité de charbon, on aura de l’acier. En
augmentant toujours la dofe de charbon, on obtient
de la fonte de fer blanche, & enfin on a de
la fonte grife en ajoutant encore de nouvelles
dofes de charbon.
La fonte pure, blanche ou grife, produit, avec
l’oxide de fer, du doux :1a dofe d’oxide qui
convient eft d’environ le quart en poids de la
fonte employée.. La fonte grife demande plus
d’oxide que la fonte blanche. Si on diminue la
dofe d’oxide d’un tiers, ou même de moitié, on
obtiendra de l ’acier. On voit que ces dofes doivent
varier fuivant la nature de la fonte.
La fonte & le fer forgé, unis enfemble par la
fufîon ou par la cémentation, donnent pour réfultat
de l’acier plus ou moins fin, fuivant la qualité
de la fonte unie au fe r, & auffi fuivant qu’elle
eft plus ou moins grife. Cette dernière produit un
plus grand effet que la blanche : un quart de fonte,
un cinquième, & même moins, fuffifent pour rendre
le for acier.
L’oxide de fer ne fe combine pas très-intimement
au fer forgé; cependant il petit refter inter-
pofé entre fes parties : on obtient facilement ce
produit avec le charbon & l’oxide-noir àefor, en
mettant dans le mélange moins de charbon qu’il
n’en faut pour la rédudliop totale de l’oxide employé
en fer forgé. On obtient auffi le même
réfultat avec de la limaille de fer, dans laquelle
on mêle de l’oxide de fer, ou qu’on fait légèrement
calciner, & qu’on réunit enfuite au moyen
de la forge'.
Le réfultat de ce mélange, de quelque manière
qu’on l’ait produit, donne un fer très-doux à
chaud & à froid ; il n’eft pas très-tenace ; il eft
noir, & fans grain dans; fa caffure. On parvient à
lui donner du corps & à le rendre femblable au
for forgé ordinaire, en le chauffant & en le forgeant
à plufieurS reprifes.
L’oxide de fer mêlé avec l’acier le- réduit à
l’état de for fi on en met la dofe fuffifante, qui
eft à peu près un fixième pour les aciers ordinaires.
Si d’oxide n’eft pas en quantité fuffifante , l’acier
diminue de fineffe, & fe rapproche plus ou moins j
de l’état de fer. On-réduit l’acier en fe r, foit en
cémentant des lames d’acier avec de l’oxide de
fer, foit en mêlant cet oxide avec de la limaille
d’acier, & réunifiant enfuite le tout au moyen
de la forge (1).
Les fondans propres à convertir l’acier ou le
fer en acier fondu font tous les verres filicièux,
falins, ou terreux, ou compofés de ces deux ; ils
ne doivent contenir aucune fubftanee nuifible au
fer. Les verres dé gobeletteriê ordinaire, qui ne
contiennent que de la filice, de la. chaux & de la
pôtaffe , font fort bons ; un verre compofé de
chaux fk d’ argile cuite, exempte d’alun, de pyrite
ou de fulfate de for, eft auffi fort bon. S i , au lieu
de chaux, on emploie le carbonate de chaux avec
rargile cuite, ce dernier fondant fera propre à
fondre le fer en acier; il eft auffi bon pour fondré
l’acier.
S i, au lreu d’employer le vèrre tout fa it, on
employoit fes élemens, c’eft-à-dire, la filice &
les alcalis, on n’obtiendroit pas un bon réfultat :
l’acier fond, mais il devient trop difficile à forger.
Ceci n’a lieu que pour les verres falins : les verres
terreux s’emploient en élemens.
Le verre des glaces coulées ou faufilées eft auffi
un bon fondant : il faut y mêler un peu de fable
pour le rendre moins fufible ; les verres trop fufi-
bles rendent l’ acier plus difficile à forger. Lorfque
l’acier eft fondu, il ne faut pas le laiffer trop long-
tems en fufion avec le verre, parce qu’il en prend
plus qu’il ne faut pour être facile à Forger; ainfi
auffitot que la fufion eft complète, il faut lé remuer
avec une baguette de fe r , & le couler de fuité
dans la lingotière, en ôbfervant de fie point couler
trop vite , furtout les dernières portions , qu’il
faut ménager de manière à pouvoir en remplir le
creux que forme la matière à l’inftant qu’elle fe
fige : il faut aufli avoir foin d’enlever le verre avant
de couler, afin qu'il ne fe mêle point avec l’acier
iorfqu’on le ver fe-dans la lingotière.
Cet acier fe forge au rouge-cerife: il eft très-
nécêffairé de le bien ménager dans les premières
chaudes , & de le frapper bien également fans le
courber : un martinet mu par l’eau eft ce qui convient
le mieux,pour cet objet. Les aciers fondus
demandent à être bien forgés ; ils acquièrent plus
de corps & de fineffe de grain à mefure qu’on
les forge & qu’on les réduit fous un moindre
échantillon.
Le degré de feu qui fond l’acier eft le même
que celui qui ramollit le fer forgé au point dé le
fouder. Les creufets blancs d’Allemagne font ceux
qui réfiftent le mieux au feu néceffaire à' cette
fufîon : on peut s’en fervir pour les effais én petit.
Pour fondre eh grand, il faut en fabriquer avec
les mêmes terres qui fervent à faire les pots de
verreries, & fuivre les procédés employés par les
verriers dans Cette fabrication.
(0 On réduit auffi la fonte de for forgé ou en acier
par les mêmes procédés.