
il s’unit bien à fon oxide : cette union a lieu lorsque
l’on verfedans une diflblution de nitrate d’argent
celle d'un fluate alcalin. Ce fel infoluble, d'un
beau blanc, très-lourd , reflemble au muriate d’argent
, avec lequel quelques chimiftes l’ont confondu
pendant quelque tems ; il eft décompofé par
les acides plus forts qui en dégagent l’acide fluorique
«
Fluate d’arsenic. L’acide fluorique n’a aucune
aêtion fur l’arfenic s mais on fait que lesfluates
alcalins font décompofés par l’acide arfenique.
Fluate de baryte. Après la chaux, la baryte
eft de toutes les bafes celle qui a le plus d’attraction
avec l’acide fluorique. Pour s’unir à cet acide,
elle abandonne les acides nitrique & muriatique.
Ce fel eft peu connu des chimiftes: 1a folubiiité,
un peu plus grande que celle du fluate de chaux 3
fa décompofition par l’acide fulfurique , & la
précipitation de fa diflblution par l’eau de chaux ,
font lés feules propriétés que l’on ait jufqu’à pré-
fent conftatées.
Fluate de bismuth. On ignore la nature &
les propriétés de la combinaifon de l’oxide de bif-
muth avec l’acide fluorique : on opère cependant'
l'union de ces deux corps, en décompofant la dif-
folution du nitrate de bilmurh par celles des fluates
alcalins ; il fe forme un précipité blanc, qui eft du
fluate de b i f mut h.
Fluate de chaux. Le fluate de chaux, long-
tems regardé comme une pierre par les minéra-
ïogiftes, a été nommé fpatk fluor, fpath pkofpko-
rique , fpath cubique, fluor Jpathique , à caufe de fon
tiflii lamelleux, de fa fufibilité, de fa phofpho-
refcenee & de fa forme cubique. Pendant long-
tems l’on a ignoré que ce fel fût une combinaifon
d’un acide particulier avec la terre calcaire :
c’eft à Schéele que l’ on doit la connoifîance de
fa nature intime. -
2. Ce fel exifte abondamment dans la nature :
c’eft un des fofliles qu’on trouve le plus fréquemment
en veines, en filons} en tas, en criftaux >
il pèfe trois mille cent cinquante ; il n’a point de
faveur > il eft tranfparent ou demi tranfparent; il
varie beaucoup dans fa couleur : on en rencontre
fouvent de vert, de violet, de jaune, de rouge,
de bleu. Les deux premières variétés font les plus
communesj.leur coloration eft due au fe r , quelquefois
auffi au manganèfé. Leblanc bien tranfparent
eft le plus pur, & celui qu’il faut choifir pour
les expériences.
3. Sa forme eft fouvent régulière & en cube
parfait, C ’eft avec ce fel que le célèbre criftallo-
graphe Haiiy a fait fes premières obfervarions fur
les formes primitives des criftaux, & fur les variations
que les déeroifîèmens déterminés de leurs
molécules, dans leur agrégation fuccefliye , font
naître dans les figures diverfes que préfentent ces
criftaux. C ’eft à une fraéture fortuite d’un beau
cube de fluate de chaux, qui lui préfenta une apparence
d’oétaèdre & une féparation de lames
dans le fens du cube, que cet habile minéralo-
gifte dut la première idee de l’ingénieufe diflec-
tIC?n ^es criftaux 3 de l’extradtion de leurs noyaux
primitifs. Le fluate de chaux eft la fource primitive
de tant d’importantes variétés trouvées, depuis
cette première découverte, par mon illuftre compatriote,
comme l’origine de la brillante' théorie
fur la criftallifation qu’il en a tirée par l’expérience
& par le calcul. On doit donc voir, dans
ce fel, le fondement d’un des plus beaux monu-
mens qu’on ait élevés, de nos jours, à l ’hiftoire
des minéraux.
4. Le cube de fluate de chaux natif eft fouvent
comme tronqué fur un ou plufieuis de fes angles.
Du fein de Ce cube régulier fort, par la direction
fucceflive des angles, par -les troncatures
qu’on pratique & les lames triangulaires qu’on
enlève, un'octaèdre parfait, qui èft la forme primitive
du fel ou fon noyau, compofé lui-même
de petits tétraèdres qui paroiflent être la figure
cfe fes molécules conftituantes.
y. On trouve quelquefois des criftaux oétaèdres
de fluate 'de chaux y c’eft ce que M. Haüy nomme
fluate de chaux primitif Les variétés de formes que
la nature préfente & que la criftallotomie montre
dans ce fel peuvent fe réduire aux fuivantes, d’après
le travail de l’exaét & infatigable obfervateur
que j'ai cité.
Forme primitive : l’odaèdre régulier *, molécule
intégrante j le tétraèdre, régulier.
Variétés.
i°. Fluate de chaux primitif.
z°. Fluate de chaux cubique.
30. Fluate de chaux citbo-oSiaedre. Le cube, dont
les fix angles folides font interceptés par des facettes
parallèles à celles de l’ o&aèdre primitif.
40. Fluate de chaux cubo-décaedre. Le cube dont
les douze arêtes font interceptées par des facettes
qui, réunies jufqu’à s’entrecouper en mafquant
le cube, produiroient un dodécaèdre à plans
rhombes. 6. On. rencontre auffi le fluate de chaux en
mafles irrégulières, en efpèces de dépôts,' en
mélange avec des pierres diverfes , en poudre
même, comme il eft mêlé avec le phofphate de
chaux natif dans la terre de Marmarofch en
Hongrie;
7. Quand on choifit le fluate de chaux natif blanc
Sc tranfparent, il eft parfaitement pur, •& il peut
fervir à toutes les expériences poflibles, fans avoir
befoin d’aucune préparation : la petite quantité de
Alice qu’il contient fouvent ne l’altère que très-
peu. Celui qui . eïf coloré en vert & en violet
contient du fer ou du manganèfé, & préfente,
dans
dans les effais chimiques, quelques propriétés qui
font dues à ces métaux.
8. On fait artificiellement du fluate de chaux tvhs-
pur, &préfentant toutes les propiétés du naturel,
en unifiant de l ’acide fluorique avec de l’eau de
chaux : le fel fe dépofe en pouflière au fond des
liqueurs ; on le lave bien à grande eau & on le
fait fécher.
9. L e fluate de chaux décrépite par une chaux
vive. Il acquiert promptement la propriété de
luire dans i’obfcurité, par l’aètion de la chaleur,
qui ne lui fait rien perdre. Cette phofphorefcence
a lieu dans l’eau & dans les acides comme
dans l’air j elle brille encore dans le vide, où
©lie s’affoiblit cependant plus vite. Quand on a
rendu ainfî phofphorefcent le fluate de- chaux par
l’aétion du feu, & qu’il a perdu cette propriété
par le tems, il ne peut plus la reprendre par une
nouvelle calcination^ Il paroît donc que c’eft un
principe volatil qui eft la caufe de fa propriété
phofpnorique ; mais il eft fi peu pefant de fi peu
abondant, qu’on n’a pu encore en déterminer le
poids ni en connoître la nature. Après avoir perdu
cette propriété, 1 e fluate de chaux ne peut la recouvrer,
ni par l’expofition au foleil, ni parla
calcination avec le charbon. Lorfqu’on le jette
en poudre fur un fer ou fur une brique rouge ,
chaque molécule exhale une lumière légèrement
bleue ou violette, fans répandre d'odeur fen-
fible , ni perdre aucune autre de fes propriétés |
que fa phofphorefcence.
10. Le fluate de chaux, pouffé au feu après fa
décrépitation & fa phofphorefcence, fe fond &
coule en verre tranfparent ; c’eft par cette propriété
qu’il fërt quelquefois de fondant ; c’eft
elle qui l’a fait nommer fpath fluor ou fufible : il
ne change ni de poids ni de nature par cette
fufian , & préfente encore toutes fes propriétés
cara&ériftiques après qu’il l’a éprouvée.
11. Le fluate de chaux artificiel jouit abfolument
des mêmes caractères que le natif. Schéele a même
remarqué qu’il étoit plus phofphorefcent que ce
dernier.
12. L’aCtion de l’air eft entièrement nulle fur le
fluate de chaux ; il perd, à la longue, fon brillant
& fon poli par le contaét de l’atmofphère, mais
c’eft à l’aétion mécanique & lente des météores
qu’il doit cette légère altération de forme; elle
n’en apporte aucune dans fa compofition intime.
13. Le fluate de chaux, natif ou artificiel, eft
également indifloluble dans l’eau ; cependant tout
annonce que la nature diflout ce fel & le fait crif-
tallifer par une diflblution aqueufe. On ignore encore
abfolument fon procédé, à moins qu’on ne
penfe que c’eft par un excès d’acide fluorique
qu’elle l ’opère
14. On n’opère la décompofition du fluate de
chaux, dans l’intention d’en obtenir l’acide &
d’en connoître en même tems la bafe, que par le
moyen des acides. Quoique le fulfurique, le ni-
Chimis. Tome IV ,
trique & le muriatique puiflent fervir également
a cette operation , on préfère le premier comme
moins cher, & comme décompofant d’ailleurs
plus facilement & plus complètement le fel dent
il s’agit.
iy. L’acide fulfurique concentré en dégage, à
froid & avec effervefcence, l'acide fluorique en
gaz : celui-ci, à mefure qu’on en a favorifé le dégagement
par le calorique, réagit fur les vaifleaux
de verre qu’il dépolit, qu’il ronge, & qu'il perfore
même de manière à fe faire jour au dehors
de l’appareil ; aufli cette diftillation eft-elle une
des plus difficiles opérations de chimie : aucun
vaifleau, aucun lut, ne réfiftent, & l’on ne peut
pas fe procurer l’acide fluorique comme les autres
: c’eft là ce qui ar empêché qu’ on ne l’exami-
nat plus qu’on ne l’a encore fait, & qu’on étudiât
les propriétés qu'il offre dans fes combinaifons.
On a propofé d’employer des cornues & des ré-
cipiens de plomb, afin d’obtenir de l’acide fluorique
pur, & d’éviter la deftruétion des appareils
& la perte de l’acide. Si l’on a pris du fluate de
chaux pur & fans quartz pour faire cette diftillation
par le dernier procédé, l’acide fluorique ne
dépofe point de filice fur les parois mouillées des
/vaifleaux.
I 16. Aucune bafe terreufe & alcaline ne décom-
pofe ni n’altère le fluate de chaux : il n’y a que les
alcalis faturés d’acide carbonique qui en feparent
les principes par une double attraâion; la filice
entre en fufîon avec lui, à une haute tempéra-
ture.
17. On ne connoît pas l’aétion du fluate de chaux
fur le grand nombre des fels décrits jufqu’ici.
Schéele annonce cependant qu’en le chauffant
avec le double de fon poids de fulfate d’ammoniaque,
on obtient un peu d'ammoniaque, du fluate
d’ammoniaque qui fe fublime, & du fulfate de
chaux qui refte au fond des vaifleaux : on n’a
point apprécié encore les proportions des compo-
fans de ce fel.
i8; Outre les ufages du fluate de chaux dans la
chimie pour dépolir le verre, graver fur ce corps,
obtenir l’acide fluorique , on emploie fouvent ce
fel pour faire des vafes, des coupes, des pyramides,
de petits morceaux de fculpturè, &c. II
fert encore, de fondant pour le traitement de quelques
minerais qu’il accompagne, & pour la fufion
de quelques pierres.
Fluate de chrome. La combinaifon du chrome
avec l'acide fluorique n’a point encore été examinée.
Fluate de cobalt. L’acide fluorique diflout
l’oxide de cobalt ; cette diflblution donne des
criftaux par une évaporation bien ménagée. C ’eft
tout ce que l’on fait de cette combinaifon qui n’a
point encore été examinée.
Fluate de colombium. On ne connoît point
D d d