
à ce qu'il paroît, une fubftan.ee animale , ou dont
ail moins les caraétëres font tels ; que cette fubf-
tancs fe diffout dans l'eau auftîtôt qu'elle eft en
conta6b avec.elle, & que fa diffolution neft ni
acide ni alcaline. De quelle nature particulière eft
cette fubftance? îl n'y .a pas d'apparence que ce
foit du gluten, car, quand il eft trais, celui-ci ne.
le diffout pas aufti abondamment: il n'eft guère
plus probable que ce foit de la levure.; celle-ci ne
fe diffout pas non plus aufti abondamment dans
l'eau froide ; elle auroit plutôt l'apparence de Yalbumine.
il eft évident aufti que les écorces de lentilles
contiennent une huile verte & âcre, & une certaine
quantité de tannin, tandis que les cotylédons
re contiennent pas ce dernier. Il paroît qu’il y a
aufti dans les cotylédons une certaine quantité
d’huile verte.
Analyfe des fèves de marais.
Une infulïon de farine de fèves de marais parfaitement
claire fut mife dans un flacon qui en étoit
entièrement plein. Au bout de quelques jours, elle
s'eft troublée & eft devenue comme du lait 5 le
dépôt s'eft. fait bientôt après, & la liqueur s'eft
parfaitement éclaircie.
Cette eau, dontles propriétés ont été-expofées
plus haut, eft reliée dans une bouteille pendant
vingt jours, de 8 à 12 degrés de température, fans
qu'il s'en foit dégagé une feule bulle de gaz. A
cette époque, la liqueur a été filtrée ; elle avoit
une faveur légèrement acide, & encore très-recon-
noi fiable pour celle de fèves de marais j elle rou-
giffoit la teinture de tournefol, & précipitoit l'eau
de cha.x en fl >cons tranîparens.
L’oxalatc d'ammoniaque y a formé un précipité
abondant, & l'ammoniaque feule un léger précipité
floconeuxj la noix de galle, un précipité
opaque, qui a pris a la longue une couleur
lie de v ’n j les nitrates.de mercure & d'argent, des
précipités blancs-jaunâtres ; enfin, le pruflîate de
potaffe, un précipité vert qui eft devenu bleu à la
longue : cetre eau contenoit donc du fer..
Comme Veau de fèves de marais avoit paffé à l'acide
fous le contadt de l'air, & qu’il y a beaucoup
d’apparence que cet acide étoit du vinaigre, il
s’enfuit que l'acétification peut avoir lieu jufqu'à
un certain point fans lançon ta ci de l’air; ce qui
eft cependant contraire à l’opinion reçue jufqu'à
prêtent.
Le précipité formé fpontanément dans Y eau dé
fèves de marais eft devenu tranfparent par la deflic-
cation, & brûloit abfolument comme de la corne
ou la partie caféeufe du lait.
Une autre quantité d‘eau. de fèves de marais a été
mife dans un grand flacon, dont les trois quarts font
reftés pleins d'air ; les mêmes phénomènes qui ont
été décrits plus haut ont eu également lieu ic i, avec I
cette différence que le volume de l'air avoit di- ]
minué; ce qui indique qu'une portion avoit été
ablorbée. Au bout du meme tems on a filtré la liqueur
elle avoit déjà contraébé une odeur légèrement
putride; elle n'étoit point acide comme la
première, mais elle étoit précipitée par l’eau de
chaux , l’infufïon de noix de galle, l'acide muriatique
oxigéné, &ç.
L’air qui étoit refté en conta 6b avec Y eau de fèves
de matais contenoit environ un cinquième d’acide,
carbonique, & le refte étoit compofé de deux centièmes
& demi de gaz oxigène, & de quatre-vingt-
dix-fept & demi d’azote.
Le précipité formé dans Y eau de fèves de marais
par l’eau de chaux étoit purpurin, mais il eft devenu
noir en fe défféchant.
I! a donné, en brûlant, de l’ammoniaque, & a
laiffé une cendre grife qui s’eft diffoute avec une
légère effervefcence dans l'acide muriatique.~La
diffolution de cette cendre a été précipitée en flocons
gélatineux par l'ammoniaque, & en bleu par
le prufliare de potaffe : ce précipité étoit compofé
d'une matière animale, de phofphate de chaux &
de phofphate de fer. Il paroît donc que l'infufion
de fèves: de marais contient du phofphate alcalin,
ainfi que M. de Sauffure fils l'a indiqué.
Soixante-feize grammes de fèves de marais ont
été brûlées dans un creufet de platine jufqu'à ce
qu'elles aient été réduites en cendres grifes. Ces
cendres avoient une faveur alcaline & même cauf-
tique : leur leflive évaporée a laiffé une matière
blanche, très-cauftique, qui attiroitl'humidité de
l’air, & qui s’eft diffoute aans l'acide nitrique avec
effervefcence : la combinaifon évaporée a donné
du nitrate de potaffe, dont le poids étoit d’un
gramme quatre-vingt-cinq centièmes. Ce fel ayant
été difious dans l'eau & mêlé avec l'eau-mère où
il s’écoit formé, on y a verfé de l’eau de chaux,
qui a donné un précipité très-abondant, demi-
tranfparent & gélatineux, lequel, après avoir été
defféché, pefoitfoixante centigrammes: c’étoitdu
phofphate de chaux très-pur.
La partie de la cendre que l'eau n'avoit pas diffoute,
a été traitée par l'acide nitrique : la liqueur
filtrée a donné par l'addition de l’ammoniaque, un
précipité floconeux qui eft devenu grenu & demi-
tranfparenc quelques inftans après. Ce précipité
étoit un mélange de phofphate de chaux, de ma-
gnéfie & de fer. Les portions de charbon qui n'ont
pas été diffoutes par l'acide nitrique ont été brûlées
; elles ont encore fourni onze centigrammes de
cendres fembîables à la première ; feulement elles
contenoient plus de fer.Outre l'amidon & la matière
animale, les fèves de marais contiennent des phosphates
de chaux, de magnéfie, de fer & de potaffe*
& de la potaffe libre.
Les peaux des fèves de marais contiennent du
tannin en afîêz grande quantité : il en fera parlé
ailleurs.
La grande quantité de matière animale que . contiennent
les févçf de marais explique pourquoi
elles paffent fi promptement à la putréfaélion, &
répandent une odeur infecte ; elle donne aufti la
raifon pour laquelle, ces femences font fi nourrif-
fantes, & peuvent en quelque forte remplacer la
viande fraîche.
L'onvoitenfin pourquoi ce's graines, lorfqu’elles
font cuites avec leur écorce furtout, tournent moins
promptement à la putréfa6bion : c’eft que la matière
animale cuite fe conferve plus long-tems ,
& que le tannin lui fert encore de préfervatif.
On trouve donc dans les fèves de marais , aliment,
condiment, matière propre à entretenir la couleur
du fang, & à réparer la perte des os. Elles ne
contiennent pas fenfiblement de fucre.
'Analyfe de la farine de lupin.
Le lupin a été choifi pour fujet d’analyfe comparée
aux lentilles & aux fèves de marais , comme
femences légumineufes les plus défagréables & les
moins ufitées pour aliment.
Cette farine, dont la couleur eft jaune, a une
faveur extrêmement amère, & brûle fur les char^
bons en répandant une odeur femblable à celle des
matières animales.
- Vingt grammes de cette farine, fournis à I’a6bion
de l’alcool, l’ ont coloré en jaune, & lui ont communiqué
une faveur amère défagréable. Par l’évaporation
, l’alcool à laiffé une huile jaune, épaiffe,
d’une faveur très-amère, dont le.poids étoit de
deux grammes fept dixièmes, & qui, mife fur un
charbon ardent, s’eft exhalée prefqu’endérement
en fumées blanches,‘ analogues par leur odeur à
celles d’une huile graffe, en laiffant un atome de
charbon.
Cette farine communique aufti à l’eau line couleur
jaune, une faveur amère, & la propriété de
mouffer par l’agitation comme une diffolution de
gomme : l’eau ne devient ni acide ni alcaline.
Vingt-cinq grammes de la même farine, fournis à
la diftillation, ont fourni fix grammes un quart de
charbon, quatorze grammes d’huile , deux grammes
de phlegme , plus du carbonate d’ammoniaque
criftalliié. dans le col de la cornue. Une partie de
l’ammoniaque contenue dans le phlegme paroiffoit
être unie à l’acide acéteux.
Cinquante grammes de cette farine brûlée ont
donné trois grammes quinze centièmes de cendres :
celle-ci s’eft diffoute dans l’acide nitrique fans
effervefcence, & l’ammoniaque en a précipité
foixante-cinq centigrammes d’une fubftance jaunâtre
& un peu grenue, laquelle étoit compofée
de phofphate de chaux, de magnéfie & de fer ;ce
qui ne s’eft pas diffous dans l’acide nitrique étoit,
pour la plus grande partie, du fable mêlé accidentellement
à cette farine ; mais fa quantité étoit loin
d’équivaloir à la perte qui fe montre ici.
Le charbon provenant des vingt-cinq grammes
de farine diftiJlée a communiqué à l’eau avec laquelle
on la leflive, la propriété de précipiter
abondamment l’eau de chaux , & le précipité avoit
tous les cara6tères du phofphate de chaux. Cette
farine contient do .c une certaine quantité de phofi
phare alcalin; ce qui explique la perte que nous
avons éprouvée fur la cendre.
L'infufion aqneufe d e farine de lupin a été précipitée
par l'acide muriatique oxigéné en flocons
blancs : les premières portions d’acide ont éclairci
la liqueur, & une plus grande quantité l'ont coagulée.
L’infufion de noix de galle l’a coagulée abondamment,
& le précipité avoir une couleur purpurine,
à caufe d’une petite quantité de phofphate
de fer qu’elle contient.
Les difidluxions nitriques de mercure , d’argent,
& celle d’acétate de plomb, l’ont précipitée
aufti très-abondamment en flocons blancs : ces précipités
ne fe font pas entièrement diffous dans l’acide
nitrique; ce qui annonce qu’ils contiennent
un peu d’acide muriatique.
Cette même infufion eft précipitée par l’eau de
chaux en flocons jaunâtres, par l’oxalate d'ammoniaque
en une poudre qui reffemble beaucoup à
l'oxalate de chaux.
Le carbonate de potaffe n’y occafionne prefque
pas de changement, un léger trouble feulement..
Après avoir paffé deux fois de l’alcool & deux
fois de l’eau fur la farine de lupin, le réfidu, mêlé
avec de l’acide acétique concentré, a été pref-
qu’entiérement diffous; il n’en eft refté qu’une
mati.ère corticale & comme ligneufe, de couleur
jaune.
La diffolution a préfenté les phénomènes fui-
vans : elle étoit abondamment précipitée par l’infufion
de noixdegalle, l’acide muriatique oxigéné,
l ’ammoniaque & le nitrate de mercure, mais elle
ne l’étoit point pat l’acétate de plomb.
D’après ce qui précède , l ’on voit que la farine
de lupin contient, i° . une huile colorée & amère,
qui communique fes propriétés aux autres parties
de la farine s & qui fait une partie conftdérable de.,
cette fubftance, puifque fur vingt grammes elle en
a donné deux grammes fept dixièmes ; ce qui fait
près d’un feptième; 20. une fubftance végéto-ani-
male extrêmement abondante, foluble dans une
grande quantité d'eau, & encore plus foluble dans
l'acide acétique : c’eft'cette fubftance qui fournit
à la diftillation le carbonate d’ammoniaque ,
& l’huile rouge & fétide qu’on obtient : c'eft aufti
elle qui, diffoute dans l’eau ou dans l’acide acétique,
préfente, avec les réactifs, tous les phénomènes
expofés plus haut; 30. une affez grande
quantité de phofphate de chaux & de magnéfie,
& une petite quantité de phofphate de potaffe &
de fer.. .
Mais il ne paroît pas qu'elle contienne, comme
les autres farines des légumineufes, de l’amidon
ni du' fucre.
La farine de lupin, délayée dans l’eau Sc expofée
à une chaleur douce, fermente > il fe dégage de