
Delifle. Cette efpèce criftaHife le plus Couvent en
octaèdres , comme les morceaux de Suède , de
Dalécarlie , de Çorfe, qui ont depuis quelques
millimètres jufqu’à deux ou trois centimètres de
diamètre. Ces criftaux font ordinairement engagés
ou enveloppés dans une ftéatite noirâtre ou
verdâtre feuilletée ; ils font fouvent d’un noir
brillant & fpéculaire; quelquefois leur furface eft
terne , & enduite d’une petite couche de la ftéatite
où ils font plongés. Ils font très-caftans , &
lamelleux dans leur tiflu j leur pouflïère eft noirâtre
& très-attirable : dans leur intégrité ils jouif-
fent de toutes les propriétés d’un aimant 3 & fur-
tout de la polarité. C'eft à cette efpèce de mine
de fe r qu’appartiennent plus particuliérement les
morceaux naturellement & affez fortement aimantés
pour qu’on ait pris le parti de les tailler, &
de les garnir d’une armure qui en augmentât la
puilfance. Je nomme cette efpèce de mine oxidule
de fer. Il paroît qu’il doit fa formation & fa crif-
taîiifation à l’eau. Sous ce point de vue , il contraire
avec l’efpèce fuivante.
28. La fécondé efpèce du même ordre eft nommée
par M. Haüy ferpyroc'ete3 c’eft-à-dire , ayant
le domaine du feu pour patrie 3 parce qu’il a été
prouvé par M. DHarbre, que les variétés de cette
efpèce, li abondante à V olvic, au Puy-de-Dôme,
au Mont-d’O r, font un produit de la volatiüfa-
tion opérée partie feu des volcans. On l’a lou-
vent nommé fe r fpéculaire 3 à caufe de fes furfaces
bridantes & miroitées. Cette mine eft toujours en
lames minces, d'un beau poli, fragiles comme le
verre, & en montrant la caffure. Romé-Deliüe
regardoit fes criftaux comme une modification de
J’odtaèdre aluminiforme. En fuppofant qu’on eût
fait dans un oéfaèdre régulier deux ferions à de
petites diftances de deux faces oppofées, & parallèlement
à ces deux faces, il devroit réfulter de
ces deux feétions trois fegmens, dont celui du milieu
auroit pour bafes deux hexagones réguliers,
& pour faces latérales fix trapèzes alternativement
inclinés en fens contraire. C'eft à ce fegment
moyen que Romé-Delifle rapportoit les criftaux
du fe r fpéculaire qui m'occupe ici. Mais M.Haüy
s-’étant apperçu que les faces latérales du f e r py-
rocète étoient plus fenfiblement inclinées fur les
bafes qu’elles n’auroient dû l'être dans l’hypothèfe
du fegment indiqué, 8z le gonyomètre lui ayant
donné cent vingt-ün degrés & demi, au lieu de
cent neuf & demi qu’elles auroient dû. avoir , il
en a conclu que la reflèmbiance née de l’afforti-'
ment des plans avoit fait illufion au célèbre Romé-
Delifle, & que ce n’eft pas là la four ce de leur
forme fingulière. Il ajoute que cette forme eft
fujète à différentes modifications. Cet oxide de
fer donne, quand on le brife , une pouffière noirâtre,
moins foncée que celle de la rr.ine précédente
, & ayant une teinte rougeâtre qui annonce
une oxidatiôn un peu plus forte que dans l’oxi-
dule décrit ci-deffus : aaffi eft-il moins fenfible au
barreau aimanté , & eft-il lui-même bien plus foi-
blement aimant que le' précédent. Je le nomme
oxidule de fe r pyrocete.
19. La troinème efpèce d’oxide de fe r natif a
été défignée par M. Haüy fous le nom de f e r oii-
gifie3 c’eft-à-dire, qui n’eft que très-peu à l’état
métallique. Les corps de cette efpèce, d i t - i l,
donnent par la trituration, ou à l’aide de la lime,
une pouflière rouge qui annonce une oxidation
beaucoup plus avancée que dans les deux précédentes
, furtout dans la première. Les mines de
fe r noir ou fpéculaire de l’île d’Elbe & de Fra-
mont font les plus remarquables variétés de cette
efpèce. Peut-être l’expreflion d’oxide de fe r eût-
elle fuffi pour défigner cette efpèce, en y ajoutant
une épithète pour la diftinguër de la fuivante, qui
contient plus d’oxigène. Cet oxide oligifte eft en
lames brillantes nuancées, ou en criftaux qui pa-
roiffent dépendre du cube : les variétés de formes
que celui-ci fait naître fuivant les lois de décroif-
fement^, fé remarquent furtout dans ces beaux
échantillons, fi brillans, fi nuancés dans leurs couleurs
changeantes, qu’on tire abondamment de
l’île d’Elbe , & qui- font les. ornemens des cabinets.
On doit furtout diftinguër parmi les variétés
de forme de cet oxide .noir de f e r , nommé autrefois
fpéculaire, & confondu àinfi avec plufieurs
efpèces trèsrdifférentes de la fienne., a , celui en
rhomboïdes très-obtus j b 3 celui à fix pentagones
& à dix-Jiuit triangles : on les appelle communément
fe r fpéculaire en gros boutons., ^en petits boutons
, en écailles , lenticulaires, micacés, & ils
offrent fouvent à leur furface les reflets éclatans
de l’arc-en-ciel ou de la gorge de pigeon. Cette
efpèce eft beaucoup moitts attifable à l’aimant,
& beaucoup moins aimant elle-même que les deux
précédentes 5 ce qui tient évidemment à la plus
grande quantité d’oxigène qu’elle contient. La
pouflière rougeâtre qu’on en obtient par la trituration
ou l’action de la lime eft .onétueufe , &
fait affez facilement pâte avec l’ eau. Gn peut muf
tiplier dans cette efpèce > comme dans les deux
précédentes, le nombre des variétés, qui lui appartiennent.
Mais ce que je dois faire obferver
ic i, c’eft que ces mines, très-différentes des précédentes
, quoique ne paroiffant en être diftin-.
guées que par une proportion un peu pliis forte
d’oxigène, donnent de très-bon fe r 3 & très-facile
à obtenir dans, leur exploitation. Les variétés
qu’elles fourniffent font les plus belles & les plus
riches pour les cabinets, de toutes les mines de
f er* . 111 -
30. Enfin, au quatrième & dernier rang des
oxides d e fe r que la nature offre parmi les mines
de ce métal, appartient l’efpèce que M. Haüy
nomme fe r o x id é , pour défigner, en oppofant cette
dénomination à celles des trois premières, ou de
f e r oxidulé ou pyrocete , & de Yoligifle, que celui-
ci eft bien plus chargé & même fatuiré d'oxigène,
qu’il eft véritablement à l’état complet d’oxidation.
Ce véritable oxide de fe r n’a plus la couleur noire J
des trois précédens j il eft plus ou moins rouge, I
brun ou jaunâtre > fa pouflière, car il eft très-friable,
offre une nuance beaucoup plus claire que
celle même de l’oxide oligifte. Il ne prend point
de forme criftalline déterminée 5 feulement fes
molécules, le plus fouvent rapprochées & con-
denfées dans les concrétions dures qu’il conftitue,
s’arrangent en ftries ou en petits filets qui partent
d’un centre commun, & divergent en rayons au
dehors di s morceaux qu’il forme. Dans ce dernier
cas, & lorfqu’il a en même tems une couleur
rouge ou brune plus ou moins foncée, on le
nomme hématite, à caule de cette nuance même,
qui fe rapproche plus ou moins de celle du fang.
Le feul afpeêl des hématites prouve que ce font
de véritables ftalaêfites : on les trouve fouvent
mamelonées, & dépofées par couches formées
chacune de filets ralfemblés. On lui a donné plufieurs
noms différens, & on en a fait des fous-
variétés , d’après îa diverfité des figures qu’elle
affeéte : on l’a nommée intefiinale ou mamelo-
née quand elle imite les tubercules extérieurs des
inteftins > botryte quand elle reffemble à une grappe
de raifin, ou aiguillée lorfqu’eile offre beaucoup
de prifmes fins qui repréfentent des aiguilles : on
l’a encore défignée par fes couleurs, par fon tiflu.
On a diftingué des hématites rouges, brunes, noires,
compactes, tendres, fragiles : c’eft à l’hématite
qu’il faut rapporter la fanguine & la pierre
à brunir. Ces dernières variétés prennent l’éclat
métallique par le poli 5 elles font les moins oxidées,
& fe rapprochent du fer oligifte : on y trouve
même quelquefois des particules prefque métalliques.
Elles pafîent facilement à l’état d’oxide noir
&attirable, & prennent même le caractère d’aimant
lorfqu’on les chauffe. L’ eifenram des Allemands,
ou le f e r micacé rouge, doit être aufli rapporté
comme fous-variété aux oxides hématités de fer.
M. Haüy compte comme fécondé variété de
l’efpècê de fe r oxidé ce que les minéralogiftes ont
nommé fe r limoneux. Il réunit dans cette variété ,
les oetites, les mines de fe r en grains, en maffes
compactes plus ou moins jaunes, en pouflfière ou
terre molle qui durcit à l’air, & qu’on nomme
ocre martiale, en tiffu doux, & laiffant des traces
fur le papier qui conftitue le crayon rouge. On a
donné le nom d'oetites ou pierres <£aigle à des efpèces
de géodes creufes d’oxides de f e r , fouvent
mêlées d’une quantité plus ou moins grande de
filice & d’alumine, contenant quelques concrétions
dans leur intérieur, & faifant entendre un
petit bruit quand on les agite par le choc de ces
graviers contre leurs parois î elles font d’une couleur
jaune, fale, un peu blanche, compofées de
couches concentriques de divers volumes, de
forme ovoïde ou polygone, fouvent polies à leur
.extérieur. Le nom de pierres d’aigle leur a été
appliqué parce qu’on a prétendu que ces oifeaux
les tranfportoiem dans leur aire.
CfUMts. Tome 1V„
Ei mine de fe r en grains eft un oxide brun-foncé
ou pâle, formé, comme l'oecites, de couches concentriques
, mais fans cavité moyenne, plus ou
moins arrondi, ordinairement d’un petit volume,
mais variable depuis la greffeur de têtes d'épingles
ou d’oeufs d’infeêtes, jufqu’à celle de petites
balles de piftolet. Les petits grains font beaucoup
plus communs que les gros : fouvent on les trouve
aglutinés en maffes éonfidérables, formant même
d’immënfes amas de plufieurs mètres de profondeur
dans la terre, & quelquefois de plufieurs kilomètres
d ’étendue. Le fol de. quelques pays fem-
ble en être entièrement compofé : plufieurs dé-
partemens de la France en font remplis, & ils
conftituent la plus grande partie des mines qu'on
exploite en France. A voir cette étonnante concrétion
de grains d’oxide de f e r , gros comme des
oeufs de poiffons ou d’infectes, & que, par analogie
ou par opinions erronées, on a nommes
oolites., dont chacun eft formé de plufieurs couches
concentriques , appliquées manifeftement
par l’eau agitée autour d’un noyau, l'imaginaiion
a de la peine à fe prêter à l’immenfité du travail
que la nature a fait pour fabriquer chacun de ces
grains & en accumuler des innombrables myriades
dépofées dans des terrains très-vaftes, & dont la
quantité eft vraiment inépuifable.
L’oxide de f e r brun en maffe compaéte appartient,
à proprement parler , au fe r limoneux des
minéralogiftes. Cette fous-variété n’a ni l’appa-(
rence de l'hématite, ni la forme de géodes , ni
celle de grains j ce font des blocs irréguliers p’us
ou moins denfes ou friables, folides ou fendillés,
bruns-rougeâtres ou jaunâtres, luifans ou mattes,
liffes ou grenus dans leur caffure, fouvent délités
en parallélipipèdes on en pans irréguliers & bafal-
tiformes, qui font, ou unis irrégulièrement, ou
dépofés par lits & par filons continus dans l'intérieur
de la terre, qu’on trouve dans le fond des
vallées, fouvent au deffous de terrains marécageux
, & qu’on exploite dans beaucoup de pays ,
mais qui ► ''fourniffent en général le plus mauvais
J e r , le fe r caffant à froid. On verra bientôt quelle
eft la caufe de ce dernier phénomène. C e fe r limoneux
ne noircit pas auffi bien que les hématites
par l’aéfion du feu ; il contient fouvent beaucoup
de filice & d’alumine, & rarement de la
matière calcaire.
Les terres qu’on a nommées ocres martiales ne
font que les fragmens puDérifés ou aglutinés des
mines précédentes, ou les débris de la décompo-
fition lente des fulfures de fe r expofés à l’a&ion
de l ’air & de l’eau j rarement ce font des oxides
qui puiffent être traités ou exploités comme tels;
il faut les regarder plutôt comme des mélanges
terreux, filiceux ou argileux, dont le fe r , à différens
états d’oxidation, jaune , fauve , rouge,
, brun, & même obfcur, ne fait que la plus petite
: partie.
Quant au crayon ronge proprement d it, que Rr