
mée, ni dans la pulpe cérébrale dont nous ferons
connoître la nature dans un Mémoire particulier,
ni dans la chair mufculaire dont la compofition eft
plus compliquée : on ne peut pas comparer la
graille & la moële à l’adip’ocire; enfin on ne rencontre
nulle trace’ de cette dernière dans les vhlimeurs
animales. Il pàroît donc qu’elle eft le produit
confiant d’une décompofition lente, d’une putréfaction
opérée dans un tems très-long. Le paren-,
chyme du foie humain, laifîé plus de douze- ans
dans l’air, & qui avoit éprouvé la putréfaction la
plus longue dans fes phénomènes fucceflifs, n’avoit
pris la nature de notre adipocire que par les fuites
de l’altération putride. Il paroît encore que toutes
les matières animales, excepté les os, les ongles
& les poils, font fufceptibles de fe convertir également
en cette matière. En effet, la peau, la
graifie, la chair mufculaire, les tendons, les membranes,
lesligameris, les cartilages mêmes, ont
été trouvés convertis en gras> & ont donné la
même adipocire par la décompofition de ce gras.
Tout annoncé, comme nous l’avons indiqué dans
notre premier Mémoire, que c’eft à cet état que
paflent indiftin&ement les fubftances animales accumulées
& taffées dans une terré'qui eft trop peu
abondante autour d’elles, qui n’influe préfqueplus
fur leur décompofition, & qui, faturée à l’excès
des effluves ou des produits volatils de la putréfaction
, ne peut plus hâter ce mouvement par fa
difpofition à en recevoir les produits ; car legrd*
ne fe forme jamais dans les corps environnés feuls
& de toiités parts d’une terre abondante & nouvelle,
dans ceux qui font expofés au contaCt de
l’atmofphèré. Cette matière fingulière eft donc un
état plus fimple de compofition qui a lieu uniformément
dans toutes les fubftances animales r ieurs
différens principes compofans ne pouvant pas
s’ exhaler & fe réduire en vapeurs comme cela de-
vrôit avoir lieu dans une' terre abondante^ & peu
ferrée, & furtout par le contâét de l’air, il fe fait
un changement de proportions dans leurs combi-
naifons. Mais pour apprécier exactement ce changement,
il faudroit d’abord connoître avec beaucoup
de précifion la quantité & la proportion des
matériaux primitifs de diverfes fubftances animales
qui en font fufceptibles, & l’on n’aprefque rien
fait encore pour acquérir cette connoiffance. On
ne peut donc que traiter cet objet d’une manière
vague & générale. Les principes compofans des
matières animale^ peuventêtre réduits uniquement
à l’oxigène,au carbone , à l’hydrogène & à l’azotej-
car lé foûfre, le phofphore, la chaux & la foude
s*y trouvent ou comme accidentellement, ou comme
mélange, & ne contribùent point à former
directement ces matières, fi l’on en excepte le
phofphate calcaire qui conftitue les os, & qui n’appartient
point à l’ordre de changement que nous
cherchons à apprécier ici. Dans, la chimie moderne
on peut regarder les matières animales molles,
la peau, les mufcles, les ligamens, les membranés,
&c. comme des efpèces d'oxides d’hydrogène
& d’azote carbonés : ces oxides, plus compliqués
que ceux des fubftances végétales, tendent
par cela même à s’altérer fans celle ; l’équilibre
de leur combinaifon eft très-facile à rompre; les
moindres changemens dans la température & l’humidité
fuffifent pour en opérer dans leur nature.
Ces principes inconteftables une fois pofés , on
peut concevoir la décompofition de ces matières
& la formation du gras de la manière fuivante : le
carbone s’échappe en grande quantité fous la forme
d’acide carbonique, foit en réagiffant fur l’eau,
foit en abforbant Amplement l’oxigène contenu
dans ces matières. Cette volatilifation du carbone
avec l’oxigène eft la caufe de la perte confidérable
qu’éprouventles matières animales en fe conver-
tiffant en gras -3 car ce dernier ne fait que le dixième
bu le douzième de tout le corps. L’azote, principe
très-abondant dans ces fubftances, fe combine
à l’hydrogène, & forme l’ammoniaque, dont une
partie fe dégage en vapeurs, & l’autre refte fixée
dans le gras. Le réfidu des matières animales, privées
d’une grande partie de leur carbone, de leur
oxigène & de tout leur azote ( car ce dernier principe
n’exifte plus dans le gras bien formé), fe
trouve contenir une proportion beaucoup plus
Forte d’hydrogène, & c’eft cet hydrogène carboné
& légèrement oxidé qui conftitue l’adipo-
cire ou la matière huileufe concrète particulière
dont l’union avec l’ammoniaque forme le fa von
animal nommé gras: Il refte feulement à déterminer
fi c’eft l’oxigène contenu dans l’oxide animal, ou
celui de l’eau faifant partie de cet oxide, qui opère
la décompofition. 11 manque deux données pour
acquérir cette connoiftancé ; l’une eft la proportion
exaéte des principes de Foxide animal, &
l’autre eft celle gras au moment où il eft formé.
De nouvelles expériences qn’il nous a encore été
impoflible de faire, pourront feules réfoudre cette
queftion. Peut-être la proportion confidérable d’hydrogène
qui exifte ,-foit dans l’ammoniaque formée,
foit dans l’adipocire, doit-elle faire penfer que
la décompofition de l’eau eft néceffaire à cette
opération naturelle; mais quoique^ pour réduire
cette théorie en doétrine prouvée, on doive encore
attendre l’épreuve du tems, il réfultera toujours
de nos obfervations & de nos expériences
fur le gras des cadavres enfouis en mafle dans la
terre, que la nature fuit dans cette converfion fou-
terraine la marche fimple & uniforme qu’on remarque
dans toutes fes opérations, qu’elle réduit
peu a peu & par réaction réciproque de leurs principes,
des compofés très-compliqués à des com-
pofés binaires,tels que l’acide carbonique & l’ammoniaque;
enfin, que les phénomènes de la putréfaction
pourront être bientôt appréciés & expliques
par l’influence des nouvelles découvertes.
GRAVIMETRE, nom d’ un inftrument propre
à mefurer la pefanteur fpécifique des folides & des
fluides.
fluides. M. Guyton, qui a imaginé cet inftrument, &
qui lui a donné fou nom, l’a décrit dans les Annales
de Chimie ( plu violé an y ). J inférerai ici le Mémoire
tel qu’i l la publié.
cc Depuis que la chimie, dit-il, rapprochée des
fciences exaCtes, a fait voir que. les phénomènes
des combinaifons produites ou rompues n’étoient
pas le réfuitat de qualités occultes, mais -une. rupture
d’équilibre déterminée par des forces motrices
que l’on peut efpérer .de-foümettre au calcul, on
a fenti la néceflité de porter la précifion dans les
expériences, au point de faire entrer en ligne de
compte toutes les circonftances qui peuvent arrê-
tfr ou favorifér ce mouvement; & la pefanteur'
fpécifique a du faire partie de ces obfervations,,
puifqu’élle fert tout à la fois à indiquer la nature
des corps,. à faire juger de leur p u re téd e leur
état d’aggrégation, de condenfation , de raréfaction,
qui deviennent aulïi des càufes :immédiates
de divulfion ou de repos. Il importe donc de per-
f:61ionner les inftrumens deftinés à la mefurer, &
même d’en rendre Tu (âge commode à ceux qui
doivent les manier habituellement.
«De tous-les pèfe-liqueurs propofés jufqu’ à
ce jour, celui de Farenheit eft reconnu le plus
fidèle: on fait qu’il a pour principe la comparaifon
des poids fous des volumes conftans. Ceux qui font
conftruits pour mefurer la denfité par le degré d enfoncement,
peuvent fervir, dans des ateliers^, a
donner uhe approximation qui fufflt a 1 objet ;
mais, fans parler dé l’inégalité des tubes, dé. la
difficulté rebutante d’en faire les échelles par ob-
fervation, du vague que lai fient -encore: les' intervalles
des divifions les plus rapprochées, ils ne
font pas fufceptibies de correction par rapport aux
diverfes températures ; ils ne font pas faits pour
être dans la main du phyficien.
- « La forme que Nicolfon a donnée , il y a quelques
années, au pëfe-liqueur de Farenheit, la
rendu propre à mefurer là denfité des folides: 1 u-
fage en eft préfentement-très-répandu > il donne,
avec aflez de précifion, jufqu’à la cinquierriedeci-
male du rapport avec l’eau prife pour 1 unité ; il
eft fufceptible de correction pour les variations de
température, pour l’impureté de l’eau qu on eft
quelquefois obligé d’employer, comme on le peut
voir à farticle A réomètre ( Dicl. de Chimie de 1‘Encyclopédie méthodique. ) Il ne paroît pas c[ü il
y ait rien à chercher de mieux à cet égard.
« Mais ce pèfe-liqueur n’a encore été exécute
qu’en métal : de cette manière il ne peut fervir ni
pour les fels ni pour les acidès. On lait d’ailleurs
que les aréomètres conftruits fur ies principes de
Farenheit, pour les liqueurs fpirîtueufes, falines
& acides, doivent être variés de grandeur, de
forme, de quantité de left : dans les uns, la charge
inférieure doit être à une grande^diftance du renflement
, pour maintenir la fituation verticale ; dans
les autres , on la tient plus rapprochée pour opérer
fur de moindres volumes de liquides : ceux-ci doi-
Chimie . Tome lf^.
vent être aflez légers pour refler fufpendus dans
l ’a cool ; ceux-là aflez pefans pour s’enfoncer dans
les acides concentrés, & tous aflortis dans leur
mafle & leurs dimensions, de manière à réunir
au point du left la portion du poids additionnel,
qui ne pourroit être placé dans le b a (fin fupérieur
fans l’entraîner hors de la ligne : àp forte qu il en
faut réellement une collection pour fuffire a tous
les befoiifc.
« Pour remédier à une partie de ces inconvé-
: niens,, on avoit très-bien imaginé en dernier liecî
| de terminer l’aréomètre par un crochet auquel on
flifpendoit à volonté des bulles de Verre remplies
de mercure, & formant des lefts de poids différens ;
mais ceh ne fatisfaifoit pas encore à tous le s ufages;
& même dans tous les inftrumens de ce genre que
j’ai euoccafion de voir, on n’avoit pas fongé, ou
on n’étoit pas parvenu a rendre le point de niveau
de la tige commun pour tous les lefts, tellement
qu’en changeant ceux-ci, il falloit aufli changer le
filet de verre qui porte la marque dans l’intérieur
de la tige fupérieure.
« J’ai penfé qu’il étoit poflible, en fuivant les
principes de Farenheit, en exécutant en verte
l inftrurnent de Nicolfon, & , au moyen d’une légère
addition, de le rendre d’un fervice plus général
& plus commode, fans rien diminuer de fapré-
cifion. Jéne me fuis pas diffimulé la prévention
que l ’on a naturellement contre les inftrumens que
l’an appelle polichrefies, dont la plupart ne font
bons, à rien, parce qu’on a voulu les rendre pro-
près a tout ; mais j ’ai fenii en même tems que ce
feroit un avantage réel pour tous ceux qui fe livrent
à robfervation & à l’expérience, de n’avoir befoin
que d’une feule mefure pour déterminer la denfité
de tous les corps folides ou liquides : voilà le but
que je.me fuis propofé. On jugera fi je l’ai atteint.
J’obferve à cette occafioii, que le nom de pefe-li-
queur3 àlnü que celui d’aréomètre . qui eft fon f) -
nonyme étymologique , ccnviendroit mal à un
inftrument qui rempliroit ces conditions , puif-
qu’il fùppofë que c’eft toujours le liquide que l’on
pèfe, tandis que pour le folide il eft lui-même le
terme de comparaifon donné, auquel il s’agit de
rapporter l’inconnu. Je prôpôfe donede lui donner
le nom de gravimétre, qui s’entendra facilement,
& recevra une jufte application dans tous les cas.
» Cet inftrument, exécuté, comme je l’ ai die *
tout en verre, eft de forme cylindrique ; c’eft
celle qui exige le moindre volume des liquides ,
& que l ’on doit préférer par cette raifon , dès
qu’on n’eft pas obligé de s’en écarter pour obtenir
la ftabilité dans la ligne perpendiculaire.
» Il porte , de même que celui de Nicolfon,
deux baflîns , l’un fupérieur. à l’extrémité d’une
tige mince, vers le milieu de laquelle eft marqué
le point fixe d’immerfion ; l’autre inférieur, terminé
en pointe, contenant le left, & rattaché au
i cylindre par deux anfes. La fufpenfîon mobile ou
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