
Pour faturer 24 parties d’acide citrique criftallifé
, il a fallu 18 parties de carbonate de chaux
criftallifé ou de fpatk calcaire. Il en a réfulté que
100 parties de citrate de chaux contiennent de
chaux 37,34, & d’acide citrique 6 i}66.
Lorfque l'acide citrique eft prefque faturé , il
fe dépofe fur la pouffière de carbonate cal«
caire de petits criftaux de citrate de chaux,
mal conformés , & trop peu réguliers pour être
décrits.
Le citrate calcaire eft difloluble dans un excès
de fon acide 3 & on peut le faire criftallifer par ce
procède 5 mais il ne donne jamais que de très-
petites aiguilles informes. Il eft décompofe par
les acides nitrique , murîa.ique , târtareux 8c
oxalique, comme par l’acide fulfurique. La baryte
eft la feule bafe qui lui enlève l’acide citrique"
Une des grandes utilités du citrate de chaux 3
quand les cônnoilfances chimiques feront plus
répandues & devenues en quelque forte ufuelles ,
fera de pouvoir lervir à tranfporter en quelque
forte l’aede citrique à de grandes diftances des
pays où il y a une abondante quantité & une
vraie fuperfluité de citrons , dans ceux qui en
manquant. J’ai propofé, il y a plus de quinze ans,
de^faturer ainfi le fuc de citron dans nos colonies
d’Amérique , avec d la craie j de bien
laver & bien fécher le citrate calcaire qui fe
formé 5 de l’ introduire dans des barriques bien
clofis, & de l’envoyer en cet éta? dans les villes
d’Europe, où il fera décompofe par l’acide fulfu-
rique 3 & fournira, à peu de frais, de grandes
quantités d’acide citrique , ii utile comme aflai-
fonnement 8c comme médicament.
Citrate de cobalt. Inconnu.
Citrate de cuivre. Inconnu.
Citrate de fer. On ne favoit autre chofc
jufqu’ ici fur l’aCnon réciproque du fer & de
l ’acide citrique , que faction fenfible exercée
fur les inftrumens d’acier 8c de fer par le fuc de^
citron. L’examen un peu plus détaillé de cette
iuftion nous a fourni, à M. Vauquelin & à moi,
les faits fui vans :
30 parties de coupeaux ou tournures de fer
ont été mifes dans de l’acide citrique liquide : il
y a eu fur le champ effervescence affez vive ,
dégagement de gaz hydrogène : l ’aâion a duré
quatre jours. La liqueur a pris une couleur rouge
brune î elle a dépofé par l’évaporation fponta-
née , de petits criftaux de citrate de fer de la
même couleur. Il reftoit 23 parties de fer non
difloutes, & il n’ y en avoit eu que 7 d’enlevées
par l’acide.
En évaporant cette diflolution dans une cap-
fule de verre , elle eft devenue noire comme
de l’encre , épaifle comme une rélîne fondue >
refroidie, elle avoit la forme pulvérulente , &
confervoit fa couleur noire. ■
Le citrate de fer n’attire point l’humidité de
l ’air ; il eft ,très-diffoluble dans l’eau > fa faveur
eft extrêmement ftyptique & ferrugineufe, comme
celle de tous.les fels formés par le même oxide
métallique & les acides végétaux.
L’analyfe que nous en avons faite nous a montré
qu’il contenoit d’ oxide de fer noir, ou à 0,27
d’oxigène pour 100, 30,38, & d'acide citrique
69,61»
On fait que l’afÇnité de l’acide citrique pour
le fer peu oxidé eft telle , que le fuc de citron
enlève les taches d’encre , mais bien moins
promptement à la vérité que ne le fait l'acide
oxalique ou fon acidulé , connu fous le nom de
fe l dlofeille dans le commerce.
Citrate d’étain. Ce fel eft inconnu. On
fait feulement que le fuc de citron nettoie les
furfaces des vafes d’étain, oxidées & grifesj ce
qui annonce une affinité prononcée entre l’oxide
gris de ce métal & l’acide citrique j mais on n’a
point encore examiné cette combinaifon.
Citrate de magnésie. Nui chimifte n’a
parlé de la combinai fon de l’acide citrique avec
la magnifie. Voici le peu de faits qu’il nous a
été permis d’cbErver fur cette combinaifon.
. 36 parties d'acide citrique ( nous entendons
toujours parler de cet acide fee &' fous forme
criftailine , que nous avons diflous dans fuffi-
fante quantité d’eau pour le rendre très-liquide)
; ont demandé, pour être faturées, 40 parties de
: carbonate de magnéfie , de forte que nous avons
i trouvé par les proportions connues des principes
\ de ce dernier fel , que le citrate magnéfien qui
en a réfulté, étoit formé de magnéfie 33,34, &
I d’acide citrique 66,66.
La diflolution de ce fel , épaiffie prefqu'en
| confiftance de firop par l’évaporation , n’avoit
: point criftallifé pendant plusieurs jours d’expo-
: fition à l’air dans une capfuie de porcelaine ,
quand tout à coup, & fans aucun changement
apparent , toute la liqueur s’eft prife en une
feule malle blanche, opaque , qui eft reftée
■ molle pendant plulïeurs jours.
Au moment où cette folidifieation criftaîli-
forme s’eft manifeftée, la liqueur vifqtieufe, ré-
' pandue uniformément fur le fond de lacapfule,
a quitté fubitement tous les points de ce vafe ,
s’eft raflemblée vers le centre, en s’élevant au
deflus du vaifleau comme un champignon. C ’eft
un effet très-remarquable & très-fingulier de la
forte tendance à la confolidation , qu’on obferve
également dans plulïeurs autres criftallifations
falines, mais que les chimiftes n’ont point décrite
avec aflez d’attention encore.
Au refte , le citrate de magnéfie , très-difto^
lubie dans l’eau , prenant facilement la forme
gélatineufe ou muqueufe , . fe comporte dans
l’attra&ion de fes principes , comme les autres
fels magnéiiens*
Citrate de manganèse. Abfolument inconnu.
1
Citrate de mercure. Comme toutes les
combinaifons falines du mercure font propres a
offrir des phénomènes auffi intéreflans pour les
progrès de la fcience, qu’utiles à un grand
nombre d’autres connoiffances humaines , 1 action
réciproque de ce métal ou de fon oxide
& de l’acide citrique eft une de celles fur lef-
quelles nous avons fpécialement porté nqs recherches
dans la férié des expériences qu il nous
a été permis de faire fur ces fels.
L’acide citrique n’a aucune aéfcion fur le mercure
> il favorife feulement > meme dans 1 état
impur & comme fuc de citron , 1 oxidation en
noir de ce métal , lorfqu’ on le triture fur des i
furfaces larges 8c bien expofées à 1 air. Ce fuc
eft en effet une des matières dans lefquelles s’ef-
fe&ue avec le plus d’énergie ce qu’on nomme
i’extinétion du mercure.
Mais s’ il n’y a que peu d’a&ieti entre l’acide
citrique 8c le mercure , il en exifte une très-
véhémente entre cet acide 8e les oxides du
même métal. Si l ’on met en contaéf de 1 oxidi
rouge ou brun de mercure avec de l’acide citrique
concentré , il fe fait une vive effervefcence,
l'oxide pâlit promptement , 8c prend une
teinte blanchâtre : le tout forme une mafle extrêmement
folide. Si l’on ajoute de l’eau pour la
délayer, elle devient blanche comme du lait ;
& fi l’on fait chauffer pour achever la combinaifon,
on fenr, furtout lorfque la liqueur s’é-
paiffit & fe deffèche, une odeur très-reconnoif-
fable de vinaigre.
Le citrate de mercure ou la mafle blanche qui
réfulté de.l’union de l’acide citrique avec l’oxide
rouge, n’a point de diftblubilité appréciable dans
Leau ; ii a cependant une faveur mercurielle bien
prononcée. L’acide citrique le décompofe , 8c
l’on voit par-là pourquoi l’acide citrique n’ occa-
fionne aucun changement ni aucun précipité dans
la diflolution du nitrate de mercure.
Le citrate de mercure fec diftillé donne de l’acide
acétique très-fenfiblement empyreumatique,
enfuite du gaz acide carbonique fans mélange de
gaz hydrogène. 11 refte ,■ après l’opération, un
charbon léger, & le mercure fe trouve réduit à
l’état métallique.
Les expériences que je viens de décrire prouvent
que, dans l’aëtion réciproque de l’oxide de
mercure rouge 8c de l’acide citrique , le premier
de ces corps perd une: portion de fon oxigène ,
8c qu’à l’aide de la chaleur, le fécond pafie en
partie à l’état d’acide acétique : ce dernier changement
eft dû à la défoxidation du mercure ,
car il n’a pas lieu dans l’acide citrique traité feul
au feu.
Quoique par la perte d’un^ portion, de fon
oxigène, le mercure , dans cette combinaifon s■
doive perdre une grande partie de fon âcreté ,
quoiqu’on puifle affimiler le citrate de mercure
à l’acétate de mercure, je ne confeillerai point
d’appliquer cette combinaifon à l’ ufage médicinal.
On a trop de préparations mercurielles , 8c
on connoît trop peu encore même l’aélion de
celles qu’on emploie le plus fréquemment en
médecine, pour que les hommes inftruits puif-
fent defirer qu’on ajoute‘un inconnu & un nuage
de plus aux obfcurités qui couvrent encore l’ad-
miniftrâtion de ces médicamens.
Citrate de molybdène. Abfolument inconnu.
Citrate de nickel; Inconnu comme le précédent.
Citrate d’ o s . Inconnu.
Citrate de platine. Inconnu.
Citrate de plomb. On n’a ni décrit ni
examiné les propriétés du citrate de plomb : on
fait feulement qu’en délayant de l ’acétate de
plomb ou fucre de faturne avec du jus de citron ,
il fe produit par l’agitation une mafle épaifle ,
nommée crème de faturne , qu’on regarde comme
une véritable combinaifon de l’ acide citrique
avec l’oxide de plomb qu’il a enlevé au vinaigre.
Craignant même qu’on n'attribuât cette précipitation
à l’eau du fuc de citron, M. Georgius
n’a pas manqué de faire obferver que cet acide
concentré avoit la même propriété de troubler
l’acétate de plomb. Ainfi deux cara&ères font
déjà connus dans l’acide citrique par rapport à
l’oxide de plomb ; i° . il l’enlève à l'acide acétique
; 20. il forme avec lui un fel indifloluble.
On a propofé le citrate de plomb fait par le
procédé indiqué, comme cofmétique ; il a tous
lès inconvéniens des préparations de plomb employées
fur la peau , & fon adminiftration exige
la même prudence , comme le même discernement.
Citrate de potasse. Quoique les combinaifons
des acides avec la potafle foient en général
celles qu’on examine en premier lieu, parce
que cette bafe eft la plus généralement employée,
on n’a encore aucun fait chimique fur le citrate
de potafle. Voici ceux que nos expériences nous
ont permis de recueillir.
136 parties d’acide citrique concentré, c’eft-à-
dire,dans la proportion de 100 parties d’acide crif-
tallifé & de 75 d’eau à 15 degrés de température ,
ont exigé 61 parties de carbonate de potafle en
criftaux pour être faturées. Ainfi les proportions
connues du carbonate de potafle annoncent que
100 parties de citrate de cet alcali contiennent
d’acide citrique 5y, ƒ y , & de potafle 44,45-.
Le citrate ae potafle eft extrêmement difloluble
dans l’eau *, il ne criftallifé que très-difficilement.
La petitefle des aiguillés qu’on en a obtenues
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