
que l’air fec , 8cc. C ’eft un nouveau corps dont
les molécules s’attirent moins, & font plus faciles
à écarter par le calorique,.
» La fécondé paroît plus difficile, mais> en y
réfléchiffant , on trouve moyen de l’expliquer
d’une manière qui a toute l’apparence de la vérité.
Dans un compofé il y a deux forces diftinétesj
celle qui réunit les molécules fimples ou confti-
tuantes, & celle qui lie les molécules compofees
ou intégrantes. O r , l’attra&ion qui agit entre les
molécules mixtes d’un compofé peut être foible,
tandis que celle qui unit les molécules confti-
tuantes peut être forte. Dans le ga% nitreux les
molécules font plus éloignées que dans le gai
oxide (Cabote, mais les parties conftituantes parodient
être plus rapprochées : de là il fuit que
le gaz nitreux, quoique plus léger , eft cependant
plus difficile à aécompofer que le gaioxide d'azote.
Cette explication peut s’appliquer à plufieurs
cas du même genre, dont on ne pourroit, fans
cela, donner aucune raifon fatisfaifante.
Autres expériences fur le gai nitreux & fur le gai
oxide d'acte.
»Un litre de gai oxide d'aïote & un litre de gai
nitreux ont été mis en contaêt avec un mélange de
limaille de fer, de foufre & d’une quantité fuffi-
fante d’eau pour en former une pâte, le tout
placé fur. un appareil au mercure. Le gai oxide
d*a\ote n’a prefque pas changé de volume 5 cependant
on a obfervé une légère diminution au bout
de huit jours. Éprouvé par les bougies allumées,
il les éteignoit au lieu de les faire brûler avec plus
d’activité comme auparavant} agité dans l’eau ,
il ne s’y diffolvoit plus qu’en petite quantité : la
partie foluble s’élevoit au plus à un quinzième du
volume employé.
»Le réfidu de ce gai avoit une odeur très-fétide,
qui avoit quelque analogie avec celle de l’hydrogène
phofphoré. C’étoit donc un mélange d’une
grandè quantité de gai aïote, & d’une petite partie.
de gai oxide d'acte non decompole., auquel,
étoit joint un peu d’hydrogène.
. » Le gai nitreux, par lecontaét du foufre 8c de la
limaille de,fer, a beaucoup plus dimihnéde volume
que le gai oxide d'aiote : la perte s’élevoit
environ à un huitième du volume primitif. Le gai
reftant (les fept huitièmes)éteignoit tout à coup
les corps en combuftion } il ne rougiffoit plus par
J© gai oxigene fon odeur étoit femblabje à celle
du gai hydrogène, mais plus forte que celle du
gaz oxidule agiote , décompofé parle même procédé.
Ce gai étoit donc un mélange d’azote & de
très-peu d’hydrogène il paroît qu’il ne s’étoit pas
formé, dans cette opération , de quantités fen-
gbies de gai oxidule d'aiote, puifq.ue ce. rélidu ne
fe diffolvoit nullement, dand’eau*
Matières qui, traitées par Vacide nitrique, produifent
du gai oxide d'aiote.
»Tous les métaux qui ont une grande attraction
pour l’oxigène, donnent du gai oxide d'aiote
quand on les traite par l’acide nitrique, mais il
faut que cet acide ne foit ni trop concentré ni
trop affaibli. Quand il eft concentré, on obtient
du gai aïote; lorfqu'il eft au contraire trop foible,
il ne fe forme que du gai nitreux. En employant,
par exemple, du zin c, du fer ou de l'étain, 8c
de l’acide nitrique à trente-trois degrés 8c au def-
fus, il fe dégage du gai aïote. Si l’acide eft de
quinze à vingt degrés, le gaz qui fe développe,
eft du gai oxide d'aiote ,• enfin, fï 1 acide eft au
deffous de quinze degrés, il ne fe forme que du
gai nitreux. Dans ce dernier cas, au bout de quelque
tems, il arrive prefque toujours qu’on finit
par obtenir du gai oxide d'aiote , parce qu a me-
fure que l’acide agit fur le métal, la température
s’élève | 8c l’acide eft plus complètement décom-
pofé. La même chofe arrive en employant de l’acide
à vingt-cinq degrés : on obtient d’abord avec
le zinc du gai oxidule d'aiote , mais bientôt il ne fe
forme plus que du gai aïote prefque pur. Le cuivre
lui-même donne, avec l’acide nitrique à trente-
fix degrés , du gai oxidule d'aiote , a la vérité
mêlé de gai aïote & de gai nitreux.
» Beaucoup d’autres métaux, 8c nous préfumons
tous ceux qui font au deffus du cuivre dans leur
attraction pour l’oxigène, peuvent également donner,
avec l’ acide nitrique , du gai oxide d'aiote ;
mais nous penfons que ceux qui font au deftoUs ,
comme le mercure 8c l’argent , n’ont pas affez
d’attraétion avec l’oxigène pour décompofer 1 a-
cide nitrique jufqu’à ce point.
» La plupart des gai oxidules d'aiote , qu on
retire ainfi des différens métaux traités, par 1 a-
cide nitrique , varient confîdérablement par le
mélange du gai nitreux. Les uns font très-folu-
bles dans l’eau & allument bien les bougies 5 les
autres font peu folubles, & cependant entrer
tiennent également la flamme t ceux-ci, mis en
contact avec l’eau pendant quelques heures , diminuent
peu de volume, d’un quart au plus. Néanmoins
ils fe décorapofent ou paroiffent fe décompofer
} ils éteignent alors les corps en combuftion}
ils ne font plus, que du gai nitreux, mêlé d’une
plus ou moins grande quantité de gai aïote. Nous
avons vu de ces gai entretenir la-combuftion des
corps à peu près comme l’air atmofphérique, ne
pas diminuer de plus d’un fixième par le contaéfc
de l’eau , 8c éteindre les bougies après cette
légère absorption.
» C.es gai font-ils autant d’ efpèces différentes
Cela ne nous paroît pas vràifemblable, puifqu’on
les fait à volonté, en mêlant enfemble du gai oxidule
d'aiote 8c du ga\ nitreux. Deux parties de ga^
nitreux 8c une partie d’oxide d’azote brûlent aulli-
., bien le.s corps que le gai oxide d'aiote pur.. Quatre:
parties de gai nitreux 8c une partie de gai oxide
d'aiote forment un air qui brûle rnoins bien les
corps que le gai oxide d'aiote, mais auffi bien que
l’air atmofphérique.
» Dans ces différens mélanges , il ne fe forme
point de combinaifon, puifque le gai nitreux ne
perd pas la propriété de rougir avec l’air, 8c que,
par l’agitation ou le long contaCt avec l'eau, on
peut abforber le gai oxide d'aiote. Ainfi, pour
analyfer le gai qu’on produit en diffolvant les métaux
dans l’acide nitrique, le meilleur moyen eft
de les laver en les agitant dans l’eau pour diflou-
dre le gai oxide d'aiote, & d’abforber enfuite le
gai nitreux par le gaz oxigene mis en excès : on reprend
l'excès d’oxigene par le phofphoré ou le gai
aïote feul.
» Nous avons fait cette analyfe fur du gai obtenu
, en verfant, fur du zinc en fragmens, de
l'acide nitrique à quinze degrés : nous l’avons
trouvé compofé à peu près d’une partie de gai
oxide d'acte, de deux parties de gai nitreux , &
d’une partie de gai d'aiote (1).
» En faifant paffer, à une douce chaleur, du gai
nitreux dans un tube de porcelaine contenant du
fer, on obtient du gai oxide d'aiote ; mais, fi la
température eft trop élevée, on n’a que du gai
aïote, 8c c’eft même ce qui a lieu bien avant que
le fer ne rougiffe.
» En traitant de l’urine évaporée en confîftance
firupeufe, avec de l’ acide nitrique à trente-deux
degrés, on obtient encore du gai oxide d'aiote.
» Il n’y a pas de doute que beaucoup d’autres
fubftances animales & végétales donneroient auffi
ce gai en les traitant de la même manière.
» Si les matières font très-combuftibles, il faut,
pour l'obtenir, employer de l’acide nitrique faible
, & vice verfâ.
Effets du gai oxide d'aiote dans ta refpiration.
» Malgré les récits des Anglais fur les effets fin-
guliers, & qu’on pourroit nommer exhilarans, du
gai oxide d'acte dans la refpiration , il reftoit à cet
égard quelques doutes aux chimiftes français, qui,
dans des premiers efiàis , n’en avoient point été
affeétés de la même manière. Pour acquérir une
connoiffance précife de l’influence de ce gai fur
Jes hommes , MM. Piélet & Underwoldt, jeune
peintre anglais très-fenfible à l’impreffion du gai
oxide d'acte, fe rendirent chez M. Fourcroy ,
le..... meffidor an 10 , où cette expérience fut
faite dans un jardin en plein air , en préfence
d’une affemblée affez nombreufe, 8c toute inté-
reflee au fuccès de ce fait de phyficjue.. Après
qu’on eut préparé une grande quanti té de ce gai,
(t) Pour obtenir avec du zinc du ga% oxide d’aiote il
fatttprendre. ee métal en fragmens, Scnon en poudre. Quand
il eft pulvérifé., la température, s’élève tout de. fuite, fortement
i on obtient beaucoup glus de ga% a^ote*.
par la méthode de M. Davy , M. Underwoldt en
prit plein une grande veffie , de la contenance de
huit litres, qu'il refpira à l’ aide d’un gros tuyau
de verre , qui étabiiffoit une communication facile
entre la veffie 8c fa poitrine. Lorfqu’il en eut
refpiré pendant environ une demi-minute, il jeta
la veffie, 8c commença à éprouver, dans tous fes
membres, des convulfions très-vives, qui augmentaient
d’une manière effrayante, & , pour qu’ il
ne tombât pas, M. Piéfet le tenoit par-deffous
les bras. Lorfque ces mouvemens commencèrent à
diminuer, il fut abandonné à lui-même : alors il
fe leva de deffus fa chiife, fit quelques pirouettes,
8c alla fe précipiter fur le gazon avec une viteffe
extrême, la tête la première, à cinq à fix pas de
là, où il continua ae faire plufieurs mouvemens
convulfifs très-violens.
» Tous ceux qui n’avoient point encore été témoins
de ces effets furent fingulié ement effrayés,
& conçurent de vives craintes fur l’état de M. Un-
derwoldt, en voyant la pâleur livide de fa figure,
la décompofition des traits de fa phifionomie, les
convulfions violentes horribles, 8c les mouvemens
rapides 8c furnaturels dont tout fon corps étoit
agité. Et certes, fi l’on n’eût été prévenu d’avance
, d’après le propre aveu de M. Underwoldt,
que tous ces phénomènes étaient les lignes de la
jouiffance la plus délicieufe , on auroit cru qu’il
eût été en proie aux douleurs les plus cuifantes*
Quelques fécondés après que M. Underwoldt fut
couché par terre, il fe releva fort gai, très-dif-
pos, & en afférant tout le monde qui l’interro-
geoit, qu’il avoit éprouvé les fenfations les plus
vives & les plus douces.
» L’état de repos & de tranquillité qui fuccéda
avec tant de rapidité, chez M. Underwoldt, aux
agitations les plus fortes, fit foupçonner à quelques
perfonnes, qu’ime partie au moins de ces
effets pouvoit être fimulée. Cette opinion prit
chez eux une apparence de réalité lorfqu’ils virent
que M. Thénard, très-connu par fon amour de la
vérité, & M. Thierry, élève très-distingué de
M. Vauquelin , qui en refpfrèrent autant que
M. Underwoldt, n’en éprouvèrent prefqu’aucun
effet, fi ce n’eft un léger trouble dans la vue, une
couleur livide dans la figure , & une accélération
dans le pouls.
» Cependant M. Vauquelin , qui avoit examiné
avec attention les mouvemens dont M. Underwoldt
avoit été agité, penfoit qu’ils étoient bien
véritablement dus à [’action du g a i, tant il lui
paroiffpit difficile d’en produire de fëmbiables par
artifice.
» Mais îe feul moyen qu’il eut de juger e n t r e
les uns & les autres , étoit de fe fou mettre lai-
même à. fes effets : en conféquence il prit ricin
une veffie du même ga%, 8c fè mit à en r e f p i r e r ,
Voici les phénomènes qui fe manifef i è r e n t à l’extérieur,
& les effets qu’il reffentit intérieurement,
ainfi. qu'il l’ a raconté après l'expérience*