
exaélitude par la coupelle & par l’eau-forte'’, il
trouva que la ma fie entière de l’argèhtténoit quatre
grains d'or. Il mit cet argent en grenailles eti cémentation
avec du' foiiffe dans un creufet couvert
& bien lutté, & loiffqùe l’argerit eut été bien pénétré
par le fou-ffé il en fit la précipitation en y
mettant du fiux noir, du fiel de verre, de la limaille
de fer 5c de la lithargë. Après que le tout fut entré
parfaitement en fufion, il taina refroidir le creufet,
puis , l'ayant cafie, il trouva au fond' dé la riiaffé
d’éfcgent un petit culot d’o r , qui avoir là couleur
dé l'or qui eft allié1 aVeC de Tardent, & qui pefoit
trois grairrs & un quart. Il en étoit rèfté' un déîni-
grain dans l'argent. A l’effai il* trouva que cet or
étoit à vingt karats. Ayant réitéré cettéexpérience,
il eut lemaême fuccès, & il ne dobra pas qu'elle
ne réûfrît encore mieux en grand.
On fuit deux moyens principaux pour opérer la
précipitation dans le départ yar la voie fèche. Les
lins lé fervent du flux noir & autres fèls oit fubf-
tances alcalines"; d'autres rejettent cette méVhode,
& je fervent dé fer pour cette précipitation.
M. Jufti examine laquelle de ces deux méthodes
mérite'la préférence. Pour cet effet, il faut faire
attention a deux chofes : i°. à ce qui rend l’opération
plus .facile ; 2°. à ce qui la: rend moins cou-
teufe. Il rt’eft pas douteux que les alcalis fixes,
te’s que le flux noir, la pot aile & le fiel de verre,
font les fubftances les plus propres à fe combiner
avéc ié'fijnffe. Elles furpaïïent même le fer dans
cette prépriété, qui pourtant eft de tontes les
fubftaiïces métalliques celle qui a lé plus de difpo-
fition à s’unir avec le foufre. Ain fi en joignant le
fer avec ces fubftances alcalines, il n’eft pas dou- ‘
teux que la précipitation fe fera plus promptement
& plus parfaitement , & ces matières faillies1,'en
nageant a la furfàcé des métaux en fufion, doivent
émpêchef que lé foufre, pouffé par l'aétion du
feu-, h’entrijîne & ne volatilife avec lui un grand
nombre de molécules d’argent : d’Ou l’on voit* que
les fondansalcalins ont leur avantagé ; mais, d'un
aûtré côté, on ne peut fe difirmuler qu'ils n’aient
aufli leurs inconvéniens. D’abord , ils endommagent
confidérablement les creüfets, & les mettent
hors d’état-de ferVrr davantage. De plus, tout le
monde fait que les féîs alcalis', combinés avec le
foufre, fo'rmbnt cè' qu’on appelle l’hépar on lè
foie de foufre", qui à la vérité facilite là fufion
desmétaiix , maté qui diffout en même tèrrisf l’or
& l'argeht; dé manière qu'il n’éft pas poflîblè de
Dur rendre leur forme métallique fans beaucoup
de peines 8c de dépenfes confidérables. D’ailleurs,
ce foie de foufre rend ces métaux aigres & caffaris ;
de forte qu’il faut recourir à1 des fufîons réitérées
avec le fel ammoniaque, le riitre, le borax , &c.
pour dégager ces métaux de la mauvaifè qualité
qu’ils onrcontrariée ; ce qui augmente la dépende,
en faifant prendre une portion de l’argent, vu que
l’on ne retrouve point celui qui s’eft converti en
fcoiies*. M: Jufti a trouvé que le flax noir 8è le fiel
de verre , furtont quand ces deux fondans font’
combinés, produifent dans le feu une plus grande;
quantité de foie de foufre que l’on ne pourroic
l'imaginer.
D’après toutes ces confidérations , M. Jufti
donne la préférence à- l ’opération dans laquelle on.
emploie le fer au lieu de fubftances alcalines', vu
que ce métal eft à bon marché, qu’il a une très-
grande difpofition à afefôrber le foufre, & que
i par fort moyeu, on n’ eft pas expofé à perdre une
portion de l’argent. Cependant il eft à propos d’y
I joindre un peu'de fiel-de verre, qui eft une fubf-
| tance peu coûtenfe » elle facilitera la fufion , em-
; pêchera le foufre d'è difiiper ou d’entraîner avec
lui une portion de l’argent, favorifera la formation
• des fcories, & s’ il fe'forme du foie de foufre , ce
j ne fera qu’en très-pétitê quantité.
Pour que le départ' par la voie 'lèche fe fa (Te
• exactement, il faut que;tout l’argent foit parfai-
;; temènt pénétré paî! le foufre ; fans cela, ce métal
" tombe au fond du creufet : ori obtient des maffes
? métalliques trop grandes, & l’on eft dans le cas
r de réitérer*la même operation, afin de concentrer
; l'ôr dans un: plu?périt volüme d’argent, & d’en
t pouvoir faire avec avantage le départ par la voie
; humide.
Pour mêler l’argent avec le foufre', il faut, fui-
! vant M. Jufti, qu’ au préalable il foit grenelé. On
i mouille cette'grenaille avec deTéau ; on y joint du
\ foufre en poudre fine ; on roule le tout avec la
■ main-, de manière que chaque grain d’argent ait
une petite croûte de foufre. Si l’ argent eft parfaitement
pür , il fera à propos , avant de le mêler
avec le foufré', d en mettre à part autant de demi-
ohces qu’ il y a de marcs de ce métal
Cet argent ainfi préparé eft mis dans un creufet,
que l’on couvre d’un couvercle qu’on y lutte, de
peur queTa&ion du feu ne fâffê partir une grande
quantité de foufre, qui ne pourroit pas produire
fon„ effet; eri lie pénétrant' pas’ entièrement l’ar-
gent.
On donnera d’abord un' feu très-doux ; on placera
le creufet fur un fupport, & on fera un feti
circulaire qui approché peu à peu du Creufèt,
qu’ on laiffera écliaüffer jufqü’à ce qu’on voie une
flamme légère de foufrè for tir des jointures : alors
la diffolution de l’âfgënt par le foufrè fera faite.
Pëndànt cette opération, on préparera le fourneau
à: vent. Ori fera bien- de pratiquer dans le
cendrier un creux ou une foffe de terré glaife,
qué l’on tiendra bien rietté , afin que fi le creufet
vendit à fe'fendre, le métal y fût reçu.
Alors-on; ôtera le couvercle dû creufet qui con-
tièrit l’argerit combiné'avec le foufre ; &r fi l ’argent
nécôritiënt point de cuivré, ce qui eft affez
rare, ori y- mettra là; demi-once d’argent, qui,
comme on T a dit',: aura été retenue fur chaque
marc. Ori couvrira le creufet d’un couvercle dans
lequel on aura fait un trou , où l’on paffeta un fil
•I de fer affez- fort : on placera le creufet au fouriieau
à vent 5 on l ’entourera de charbons aufli également
qu’il fera poflible , après quoi on en remplira
entièrement fe fourneau, & l’on mettra des
charbons ardens par-dejTus, afin que le feu s’ allume
de haut ert bas. Lorfque le mélange fera entré
en parfaite fufion , ce qui arrivera très-promptement,
& ce dont.on pourra s’affuiei ,au moyen
du fil de fer qui traverfe le couvercle du creufet,
on ôtera le couvercle afin d’achever l’opération
à l’aide du précipitant qui fuit.
C’eft un mélange compofé de deux parties de
limaille de fer non rouillé, d’une partie de li-
tharge, d’une partie de fiel de verre & d’une partie
de fel marin fondu. Ce. mélange eft celui dont
on peut fe fervir avec le plus de fuccès dans la première
& la fécondé fufion de l’ argent combiné
avec le foufre 5 mais dans la troifième & la quatrième
fufion , & dans les fuivante.s, il fera à propos
d’y ajouter encore deux parties de plomb en
grenailles.
Dans la première fonte on emploiera autant de
demi-onces du mélange, que. l’on aura de marcs
d’argent dont on voudra faire le départ, en obfer-,
vant de ne mettre ce mélange que peu à peu , en
le répandant fur le métal fondu, de manière qu’il
en couvre la furface, & à.chaque fois on remuera
le tout avec le fil de fer.
Durant cette opération on donnera toujours un
feu violent, afin que le mélange entre parfaitement
en fufion.. Pour cet effet on fera bien de
couvrir le creufet, & de fortifier le feu à chaque :
•fois que l’on aura'mis de là compofition précipitante
: il faut auftî avx)ir foin que la chaleur foit j
égale partout, d’éviter la rupture du creufet.
Si l’on vpuloit -faire en une feule fois la réparation
de l’or & le mettre en un culot, il faudroit:
doubler la quantité du mélange qui fert :à préci- :
piter , &: .peut-être qu’alors on .ne pourroit Ce dif-
penfer d’employer le .flux noir dans ce mélange ;
mais il l’on veut faire cette opération à l’ordinaire
, on mettra autant de demi-onces de la ma j
tière précipitante, que l’on.aura de marcs à dé- ■
partir. On laiifera le mélange en fufion .pendant
dix minutes, après^uoi on le videra dans un cône:
bien chauffé 5 &c fi le creufet étoit trop.grand, on
y puiferoit une portion de lalmatière fondue, ,juf-;
qu’à- ce qu’on pût le remuer avec facilité.
M. Jufti afîure.que ce .mélange, qui a été indiqué
,pour fervir-.à la précipitation , procure un
-avantage confidérable, qui eft la facilité de fépa-
rer la partie régu'ine ou Je culot qui ,eft tombé:
au fond du creufet, d’avec l’argent qui eft.enGore
combiné avec le foufre , au lieu ,qu1l n’ en eft pas
de mên}e lorlqu’on emploie le-flux noir & le.plomb
en.grenailles ,dès le commencement ; car alors fil
nty a d’autre moyen pour féparer le-culot, ,que
de faire .refondre Le tout de nouveau, & alors on
retire le culot avec jme pincer te , parce qu’il n’entre
point en fufion cfi promptement que l’argent
uni au foufrè.
On eft obligé de retirer la précipitation quatre
à cinq fois, & même plus fi l’on veut féparer
parfaitement l’or & recouvrer l’argent qui eft uni
avec le foufre. Pour cet effet on remet Te çr^ufet
dans le fouiyieau : à chaque fois qu’on a vidé la
partie métallique dans le cône, on en détache les
fcories, c’eft-à-dire, l’argent pénétré de foufre,
que l’on remet de.nouveau à fondre dans le creufet
, & l’on en fait la précipitation de la manière
indiquée , excepté que, pour la troifième & la
quatrième fois qu’on précipitera, on joindra deux
parties de plomb au précipitant, comme on i’a
déjà dit; car fi l ’opération a été faite avec foin ,
tout l’or fe trouvera dans les deux premiers , ou
tout au moins dans les trois premiers culots. Les
.précipitations fubféquentes ne fe font que pour
recouvrer l’argent qui eft uni au foufre, & qui
eft comme fçorifié.
Cependant on ne peut guère retirer tout 1 argent
qui étoit paffé dans ces fcories, qui contiendront
toujours un marc de ce métal par qu-ntal,
quelque habile que foit celui qui opère. Le feul
moyen d’en tirer parti, c’eft de les traiter en grand
aux fonderies, en les fondant avec des minerais
d’argent. .
Quant a.ux différens,culots que l’on a obtenus
par la réparation, on les met en grenailles, chacun
féparément, & l’ on en fait l’effai par la coupellation
& par l’egu-forte, pour lavoir la .quantité
d’or que chacun contient. Ceux qui contiendront
un quart d’o r , feront départis par l’eau-iorte ;
ceux qui contiendront beaucoup moins qu un
quart de leur .poids d’o r , on les joindra à de nouvel
.argent tenant o r , pour un nouveau travail;
enfin, les culots-qui ne tiennent point une portion
fenfible d’pr, font raffinés 5e -mis en lingot. Si lé
départ a été.fait avec foin, le marc de cet argent
ne doit pas, fui vant M. Jufii, contenir au-delà
d’un dixième de grain d’o r , car jamais, par |a
voie fèche, on ne parvient à féparer totalement
,l ’or d’ ayec l’argent. >
Les procédés d.u départ par la voie fèche, faits
,en petit par les méthodes ci - de (Tus détaillées,
font minutieux , 8c d’autant .plus coûteux , qu’ils
s ’opèrent dans des laboratoires par petites parties
mifes dans des creüfets, & enfin par des voies
dociroaftiques.
Si.iîyi. Jufti, dont on,vient de décrire le procédé,.
ainfi que tous nos célèbres chimiftes , euf-
fent connu le travail en .grandes la métallurgie,
,ils auraient à coup fûr ..trouvé des moyens plus
Amples & infiniment moins coûteux de faire le
départ en fe fery.ant de fourneaux au lieu de creù-
fets} 8c au lieu de/oufçe y employer des matières
qui le.contiennent*
Feu M. Jars eft le premier qui ait indiqué, dafis
nos Voyages métallurgiques, la méthode de faire
le départ de l’or d’avec l’argent en grand 3 dans des
fourneaux de métallurgie.
Voici extrait de foa .procédé : il commence