
qui ne changé point à l'air. Comme ce précipité
eft très-léger, il tefte fufpendudàns la liqueur,
dont on augmente d'ailleurs la denfité en y diffol-
Vânt de là gommé , afin d'y mieux foutenir le gaU
laté de Fer.
Ordinairement Y encre n’eft pas très-noire au moment
de fa fabrication : il faut qu'elle ait abforbé
Une certaine quantité d'oxigène de l'âtmofphère ,
pour qu'elle prenne l'intenfité dé couleur néêef-
iaire pour faire bien paroître l’écritüre. Ce fait
eft fi généralement connu, qu'il y a beaucoup de
gens qui n'eftiment Yencre que lorfqu’elle eft blanche
dans le moment de l'emploi, & qui prétendent
qu'en noirciffant à l’air, ellfeêft efifuiteplus folide.
M. Prouft a prouvé que le fer ,' plus ou moins
oxidé, fai fort varier la nuance de Y encre depuis le
violet jufqu’au nôir.Jl confeille donc d'employer>
pour la fabrication de l’encre, le fùlfate de fer rouge
ou furoxigéné : ce qu’il dit à cet égard eft bien
prouvé pour Yencré & la teinture noire* On en
fonce très-promptement la couleur fi l'on ajoute
à Yehcre faite récemment avec du fulfate de fer
vert une petite proportion d’acide muriatique oxi-
géné. Cet acide fait pafler fur le champ le fulfate
de fer vert ou peu oxidé à l’état de fulfate de fer
rouge ou très-ôxidé.
On peut, au défaut de noix de galle, employer
Je brou de noix, le bois , l'écorce & les glands de
chêne , la noix de cyprès , la racine de noyer, le
fumac , l’écorce d*àune & de faute , l’iris des ma- j
rais, le thé, le café, le cachoux, &c. Ces végétaux !
aftringens, & qui contiennent tous plus ou moins
de tannin & d’acide gallique * précipitent en noir
les diffoJutions de fer très-oxidé dans les acides.
On afliire que Y encre * préparée avec ces divers
corps, n'eft jamais aufiiintenfe que celle faite avec
la noix de galle. Cependant il. y a lieu de croire
qu'à l'aiae de quelques eftais on peut parvenir à \
en fabriquer de très-noire & de très-Folide avec
d'autres fubftances aftringentes que la noix de ;
galle, qui eft d'un prix très-élèvé..
Il paroîr que les Anciens empîbyoient le charbon
dans la compofîtion de leur encre., & qu'ils
avoient reconnu que l'addition du charbon eft le
feul moyen de préparer une encre- indélébile.
M. Prouft a propofé pour cela le crayon d'Ef-
pagne, qu'il défigne comme une pierre qui n'eft
ni bitumineufe ni ampélite, qui fe trouve avec
l’amiante ,. & qui eft compofé d’alumine & dé fix
à fept pour cent de charbon pur.
. L’abus que des fauffaires ont fait de la propriété
qu'a l'acide muriatique oxigétté de diffoudre &
d'enlever totalement l'encre de deffus les papiers,
a engagé plufieurs chimiftes à chercher fa compo-
fition d'une entre indélébile. M. Wertrumb a propofé
la compofition fuivante, comme indeftruc-
tible : on fâit Bouillir une once de fernambouc &
trois onces de noix de galle, avec quarànte-fix
onces d'eau, jufqu’à réduction à trente-deux onces.:
on verfe cette décoCtion encore chaude fur
une demî-once de fulfate de fer, Un quart d’once
de gomme arabique & un quart d'once de fucrts
blanc. Après folution complète, on ajoute à Y encre
une once un quart d'indigo réduit en poudre fine,
& trois quarts d’once de noir de fumée qu'on
aura délayé dans une once d’eau-de-vie. M.Boffe
a propofé une formule plus fimplej la voici : on
fait bouillir une once de fernambouc avec douze
onces d’eau & une demi-once d'alun i lorfque le
liquide eft réduit à huit onces * on le paffe & on y
ajoute une once d'oxide de manganèfe, obtenu fin
par décantation , & mêlé avec une demi-once de
gomme arabique : cette efpèce d'encre n'eft pas
auiïi noire ni auffi indélébile que celle de M. Wertrumb.
D'ailleurs, ces recettes ne font pas affez
fimples, affez économiques, & ne rempliffent pas
encore le but qu'on doit fe propofer dan$ la compofition
d'une encre indeftruCtible par les acides.
On en fabrique de fort bonne en délayant avec
de Y encre ordinaire une fuffifante quantité d'encre
de la Chine, dont la bafe eft manifeftement une
matière char bonne ufe.
Encres de couleur. On fart des encres de
toutes les couleurs. Elles ne font, fuivant la jufte
définition de Macquer, que des teintures affez
rapprochées pour avoir une couleur forte, & auxquelles
on donne la vifeofité convenable pour faire
fonction d'encres à écrire ou à defliner. M. Alyon,
dans fon Cours élémentaire de chimie , a donné les
recettes fuivantes, qui réuffiffent allez bien. On
peut d’ailleurs en varier beaucoup les recettes :
nous avons préféré celles-ci comme les plus Amples
& les plus faciles-.
Encre bleue.
Prenez une once de tartrite acidulé de potaffer
pulvérifez avec une once de vert-de-gris ; placez
ce mélange fur un bain de fable légèrement chaud,
où vous le laifferez l'efpace de trois jours ; ajoutez
alors trois onces d’eau ,. & continuez de chauffer
' pendant fix heures ; filtrez là liqueur, & ajoutez-
y un peu de gomme arabique relie fera d’un bleu
foncé ftra très-bonne pour écrire.
Encre jaune*
Prenez quatre onces de graine d*Avignon con-
caffée, que vous ferez bouillir dans une chopine
d'eau avec demi-once de fulfate acide d'alumine j
filtrez'la liqueur après une heure d’ébullition
ajoutez-y un gros de gomme arabique*-
Encre rouge.
Prenez quatre onces de bois de fernambouc en*
poudre, que vous ferez bouillir dans une cafferole
de cuivre, avec une chopine d'eau & une detni-
OBce dà fulfate d’alumine j lorfque la liqueur fera1
diminuée de moitié, filtrez-la , & ajoutez-y un
gros de gomme arabique concaffée : écrivez avec
cette liqueur, & fi elle n’eft pas fuffifamment
rouge, vous lui donnerez de l’intenfité en y ajoutant
quelques pincées de fulfate d’alumine en
poudre.
Encre verte.
Prenez un pot de terre verniffé, dans lequel
vous ferez bouillir, pendant une demi-heure, deux
onces de vert-de-gris en poudre, avec une chopine
d’eau j remuez le tout avec une fpatule de
bois, & ajoutez-y une once de tartrite acidulé de
potafle j laiflez bouillir encore un quart d'heure ,
& filtrez en fuite à travers un linge } remettez la
liqueur fur le feu , de la faites bouillir jufqu’à
diminution d’un tiers pour l’ufage.
Encre violette.
Faites bouillir, comme ci-deffus, trois onces
de fernambouc avec une once de bois d’Inde, &
ajoutez-y de l’alun & de la gomme comme dans
\‘encre rouge.
Encre de la chine. Il y a beaucoup de rai-
fons de croire que Y encre de la Chine , qui arrive en
petits pains carrés, alongés , frappés dans des
moules & marqués de caractères chinois dorés,
eft formée par la liqueur noire de la .feiche évaporée
, avec de la gomme ou avec une colle animale.
On obferve, en effet, les mêmes nuances
dans Y encre de la feiche & Y encre de la Chine : on
trouve dans celle-ci, lorfqu’on la délaie, l’odeur
ambrée qu’on aobfervée dans la liqueur de la feiche
gardée quelque tems. Toutes deux d’ailleurs font
indélébiles par les réaCtifs chimiques.
M. Kafteleyn a inféré, dans le premier cahier du
Journal hollandais de phyfique & de chimie , année
1791 , une recette pour fabriquer une efpèce
à!encre de la Chine. Après avoir tenu rouge au feu>
pendant une heure, du noir de fumée dans une ;
cornue de verre, on le broie avec une diffolution
de colle de poifTon fur un porphyre chaud 5 on ré- :
duit le mélange en pâte par le defféchement, &
on le met enfuite dans des formes.
Ce n'eft là qu’une imitation artificielle de Y encre \
de la Chine} mais elle peut fuffire au défaut de
celle-ci. Je fuis perfuadé que des effais faits dans
nos ports où la feiche eft affez commune, pourront
conduire à préparer une encre aufli bonne
que celle de la Chine. C ’eft une recherche que je
recommande aux chimiftes habitans près des côtes,
& qui créera pour la France une branche d'induftrie
utile. ( Voyei l'article Encre de la seiche. )
Encre de la seiche. Un des caractères les;
plus remarquables de la feiche commune ( fepia
officinales) , efpèce de mollufque que l’on trouve
abondamment fur nos côtes, eft d'avoir un ïéfer-
,voir glanduleux rempli d’une liqueur noire quelle
répand à volonté lorfqu’elle eft pourfuivie. Cette
liqueur, nommée encre , trouble l’eau autour de
la feiche, & donne à l’animal les moyens d’échapper
à fes ennemis. Il ne paroît pas douteux, quoiqu’on
n’ait point encore d'analyfe exa&e de cette
liqueur, que Y encre de la feiche ne contienne du
charbon très-divifé fufpendu dans un liquide mu*-
queux ou gélatineux. Les acides & les alcalis ne
la décolorent point > elle dépofe, en pourriffant,
une poudré noire charhonneufe.
Quelques naturalises penfent que Y encre de la
feiche eft la bafe de Y encre de la Chine, qui, comme
on fait, eft indélébile & réfifte aux acides. Il y
a lieu d'efpérer qu'on pourra quelque jour tirer
parti de la liqueur noire de la feiche , pour imiter
cette préparation des Chinois. On pourroit au
moins préparer dans nos ports une encre indélébile ,
en fe procurant des feiches, en évaporant leur liqueur
noire jufqu'à une confiftance convenable ,
& en y ajoutant de la gomme, du fucre, ou même
.du fulfate de fer& de la noix de galle pour former
fa nuance.
Encre d'imprimerie. On fait un fecret de
cette encre qu'on ne prépare que dans quelques
ateliers. On -peut en fabriquer de bonne avec de
l'huile cuite & du noir de fumée qu'on broie
exactement fur un porphyre : quelques fabricanç
y mettent de la tfeérébentine , d’autres y font entrer
de la fuie , de l’eau-de-vie, de la colle de
boeuf. Il n'y a pas de doute que les procédés de
fabrication ne varient dans les divers ateliers où
on la prépare. Les imprimeurs habiles la fabriquent
de nature & de confiftance différente, fuivant les
papiers & les caractères qu'ils emploient dans leur
imprimerie.
Encres .de sympathie. On nomme encre de
fympathie les liqueurs qui ne montrent fur le papier
aucune trace vifible des caractères qu’on y a
écrits , & qui néanmoins fe colorent, foit en ex-
pofant le papier à différentes vapeurs du gaz, foit
en le lavant avec quelque diffolution, foit en le
chauffant, &c.
On conçoit qu'il peut y avoir an très-grand
nombre de liqueurs fufceptiblesde former des encres
de fympathie ] puifque toute diffolution ou liqueur
chimique fans couleur & fufceptible d'en prendre
une par un réaCtif quelconque, peut être rangée
dans cette claflè.
la plus fameufe & la plus remarquable des encres
de fympathie, celle qui porte le nom prefqu'exclu-
fivement en chimie depuis plus d’un demi-ffècle ,
c'eft la diffolution de fafre ou oxide de cobalt dans
l'acide nitro-muriatique. Les caractères tracés fur
le papier avec cette liqueur difparoiffent en fé-
chant î mais lorfqu'on approche {e papier du feu ,
les lettres fe montrent bientôt avec une belle couleur
veçte céladon. Des hommes induftrieux ont
& g 1