
ration du kermès que'je viens de préfenter, l’hiftoire
de la fcience offre une fuite de recherches & de travaux
infructueux fur la nature de cefingulier coin-
pofé. Geoffroy eft le premier chimilté qui fe foit
occupé de l'analyfe du kermè's; il avoir prétendu
que foixante-douze parties étoient compofées de
dix-fept de métal, dé quatorze d'alcali & de qua-
rante-un de foufre. Il eit évident qiie Geoffroy n'a
examiné que du mauvais kermès mal lavé, car tous
les chimmes qui ont travaillé depuis lui fur cette
matière, n’y ont pas trouvé d'alcali, ou n'y en
ont trouvé que des atomes échappés au layage.
Bergman, dans fa Dilfertation très-intéreffante fur
les antimoniaux fulfurés, a commis des errèu’rs,
& ëft tombé', fur la nature & la compofition de
ce corps, dans des contradictions qui étonnent de
la part d'un homme aufli habile. Dans un endroit
de cet ouvrage ( expérience 30) , il dit que cent
parties de kermès lui ont donné , par l’acide muriatique1,
o ,$2 de poudre blanche antimoniale, &
qu’il n’a pu' recueillir que o,o2 de. foufre , fans
parler de 0,40 de matière perdue dans cette ana-
lyfe ihexaCte. Il eft vrai qu’ il dit ailleurs avoir obtenu
du même poids de ce compofé quinze pouces
cubiques de gaz hydrogène fulfuré 5 mais ce pro- .
duit ne remplit pas à beaucoup près la lacune de
0,40. Ailleurs il avance que cent parties de kermès
contiennent 0,52 de métal ( on vient de voir que
ces 0,52 étoient de l’oxide blanc d’antimoine, &
non du métal) , & 0,48 de foufre 5 mais il avoir
dit un peu plus haut n’en avoir pu recueillir que
~ 6,08. Il faut conclure de là que l'analyfe du kermès
minéral n’avoit pas encore été bien faite par Bergman.
On fait que ce compofé fe fond en foie d'antimoine
ou oxide fulfuré vitreux opaque, que,
traité par l’acide muriatique, il perd fa couleur,
donne du gaz hydrogène fulfuré j qu’il eft diffo-
hiblë dans lès fulfurés & hydrofulfures alcalins.
M. Berthollet, en le faifant connoître comme un
hydrofulfure d'oxide d’antimoine, en a donné une
^notion bien plus exaéfce que celles qui avoient été
pré Tentées jufqu’à lui.
M. Thenafrd , dans fes Recherches fur les •
-Oxides de Vantimoine , a mis en quelque forte la
dernière main à ce travail. 11 réfulte de fon analyfe
de divers antimoniaux fulfurés comparés , pîu-
fieurs vérités nouvelles, qui, en confirmant les
premières vérités énoncées par M. Berthollet,!
-y ajoutent une précifion qu’eftês n’âvoient point
encore. Suivant M. Thénard, le kermès n’eft qu’uni
oxide brun d’antimoine uni à de l’hydrogène fui-ï
furé & à un peu de foufre. Sa différence d'avec,
le foufre doré confifte moins dans la proportion-
des matières, que dans l’état de l’oxide : ici l’oxide j
d'antimoine eft orangé au lieu d’être brun. C ’eft
à cet état varié de l’oxide, que ces compofés doi-
vent leur couleur diverfe. Ils font diffolublés dans
les hydrofulfures alcalins, & non dans les alcalis, f
Enfin, le kermès agit fur l’air, lui enlève de l’oxi-
gène, l’analyfe comme un inftrument eüdiomé- 1
trique i & pâliffant à mefure qu’il s’y oxide de
plus en plus, finit ainfi par blanchir tout-à-fait.
M. Thénard a trouvé par'ùne arialyfe recherchée
& difficile, pour laquelle il lui a fallu refaire celles
de l’acide fulfurique, du fulfàte dé baryte 8e de
l’hydrogène fulfuré que Te kermès minerai contient
:
72,76c d’oxide d’antimoine brun,
20,298 d’hydrogène fulfuré j
4,1 y6 de foufre j
2,756 penc en eau , &c.
Que le foufre doré contient :
68,300 d’oxide d'antimoine orangé 5
17,877 d’hydrogène fuituréj
l i a i 2‘,oob de foufre.
Ces nouveaux réfultats font d’accord avec des
expériences anciennes, dont la théorie n’avoit pas
été conçue,jufqu’ici.
On prépare fur le champ du kermès par le mélange
d’une diffolution muriatique d’antimoine &
de fulfuré hydrogéné f ou encore mieux d hydro-
. fulfuré de potaffe : ce. mélange donne tout à coup
un précipité d’un rouge-brun, parce que l’hydrogène
enlève un peu d’oxigène à l’oxlde blanc
avant de le précipiter. On le forme encore en ex-
pofant de l ’oxide d’antimoine blanc, humide ou
délayé dans l ’eau, au contaét du gaz hydrogène
fulfuré, & par la même théorie. Quant au procédé
par lequel Bergman croyoit avoir fait du kermès en
fondant ou plutôt en ramolliffant enfemble parties
égales de foufre & d’oxide d’antimoine préparé
par le nitre (n°. 29 ), il eft bien évident que ce
n’eft point un véritable kermès, puifau’il ne contient
point allez d'hydrofulfure pour le conftituer
tel, & que ce n’eft qu’un oxide d'antimoine fulfuré
fondu.
Ce que je viens d’expofer fur Y oxide d'antimoine
brun hydrofulfure ou kermès, dont j’ai été
obligé de modifier la première dénomination de
la nomenclature méthodique, à caufe des découvertes
de MM. Berthollet & Thénard, fur la pré-
fence de l’hydrogène fulfuré & des divers oxides
d’antimoine qui en déterminent la véritable nature
, prouve que , pour en faire une analyfe
exa&e, ilfalloit, après avoireftimé la proportion
d'hydrogène fulfuré qui s'en dégage par l’aétion
des acides , déterminer celle du foufre en le brûlant
complètement par l'acide nitrique ou l'acide
muriatique oxigéné, & en précipitant l ’acide fuî-
furique ainfi formé par le nitrate ou le muriare
de baryte, & celle de l'oxide d’antimoine , en le
diffolvant dans l’acide muriatique & en le précipitant
par l’eau. J’obferverai encore, à cette
occafion , que les acides rie peuvent pas fervir
à l’analyjfè de l’oxide d’antimoine hydrofulfure ,
en réparant fimplement le foufre & en diffolvant
fon oxide comme on l’a cru , puifque , dans cette
opération , le foufre retient, toujours une portion
d’oxide d’antimoine. J’obferverai encore que cet
oxide hydrofulfuré paroît fe décompofer pendant
fa fufion en oxide fulfuré vitreux. Je ferai remarquer
enfin qu'il paroît y avoir divers oxides d’antimoine
hydrofulfutés, variant dans la proportion
de leurs principes , fuivant une foule de circonf-
tances différentes qui accompagnent fa formation.
(Foyei le mot Antimoine. )
KIRSCHENWASSER. Cette liqueur , qu’on
prononce en France kirchvajfe, e ft, comme fon
nom allemand l’exprime, un alcool fait avec des
cerifes fermentées & diftillées ; les mots eau de
cerifes font la traduction exaCte du mot kirfehen-
wajfer.
Dans les pays où les petites cerifes brunes &
noires, connues fous lenomdemerifes , font abondantes
& prefque fpontanées dans les bois, on les
cueille mûres, on les met dans de grands tonneaux
défoncés & placés de bout, on en écrafe une
partie. On les l'aiffe fermenter quelques femaines
à une température de douze à feize degrés. Enfuite
on les met à l’alambic de cuivre après avoir broyé
une petite partie Ùes noyaux ; on diftille en modérant
le feu, & on tire une eau-de-vie foible
qu’on reCtifie à une chaleur douce pour avoir le
véritable , kirfchenwajfer. On conçoit pourquoi il
a uné odeur de noyau très-fenfible.
L’ufage de cette liqueur, comme boiffon alcoolique
, eft devenu général en Europe : on en prépare
aujourd’hui dans ,un grand nombre de dépar-
temens de la France, & celui de l’Allemagne ne
lui eft plus fupérieur. (Voyeç les articles Alcool,
EautDe-vie, Fermentation & Vin.)
KOUPHOLITHE, f. f., c’ eft à-dire, pierre légère.
La kouvholithe forme des groupes de petites
lames translucides, d’un blanc un peu nacré, &
quelquefois d’une couleur jaunâtre. Ces lames font
très-minces, & ont à peine un millimètre de largeur.
Celles qui fort le mieux prononcées paroif-
fent tendre vers la figure du carré ou d'un vhombe
peu obtus.
Cette fubftance fe fond , au chalumeau, avec
bourfouflement & phofphorelcence, en un émail
fpongieux. J'ai remarqué qu'elle devenoit électrique
à l'aide de la chaleur. L’acide nitrique n'a
point d'aCtion fur elle, foit qü'on l'emploie concentré
ou étendu d’eau.
M. Gillet a trouvé cette fubftance près de Bar-
règes, vis-à-vis les bains de Saint-Sauveur, dans
la carrière de Riémeau, où fes lames adhéroient
a un filon de chaux carbonatée , dite marbret bleu
turquin. Elle a été obfervée depuis au pic d’Éred-
ütz, par M. Picot Lapéyroufe, qui lui a donné
le nom d e koupholithe. La pierre qui lui fert de
fupport dans ce gifement eft une roche argi-
leufe, mêlée de chlorite, dans laquelle font engagés
des criftaux aciculaires d’épidote.
La koupholithe a été regardée d’abord comme
une zéolithe, & dans ce cas il laudroit la rap- ]
porter à notre méfotype. Mais M. Lelièvre penche
plutôt à croire qu’elle doit être affociée à la
préhnite. Si on la trouvoit en lames d’une étendue
fenfible, & qui euffent de plus une forme régulière,
il y auroit deux manières de réfoudre la
queftionj l’une, par la mefure des angles, qui
indiqueroient une méfotype ou une préhnite, lin-
van t que les grandes faces des lames feroient des
carrés ou des rhombes d’environ ioo degrés & 80
degrés ; l’autre, par la polition de l’axe éleétriqué,
qui, dans le cas d’une méfotype, pafferoit par le
centre des grandes faces & leur feroit perpendiculaire
, & qui fe dirigeroit au contraire dans
le fens de la’grande diagonale fi la fubftance fe rap-
portoit à la préhnite.
M. Vauquelin a fait l’analyfe de la koupholithe.
En voici les réfultats :
Silice..... v ................... ........................ . ; 48,0
Alumine ......................................... .... 24,0
C h a u x . ...................... ............. 23,0
Fer oxide. . . . . . . . . . . . . Y ....................... 4,0
E au.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . c,o
Magnéfie.. . . . . . . . . . . , . . . . ................ c,o
Perte............ . . ........................................... 1,0
100,0
Les principes contenus dans la koupholithe font
les mêmes que ceux de la préhnite, & s’y trouvent
à peu près dans les mêmes proportions : ainfi ,
comme l’a penfé M. Lelièvre, l’on peut regarder
la koupholithe comme urie variété de la préhnite.
Voyeç ce mot. ( Article extrait de la Minéralogie de
M. Haüy. )
KUNIFF, efpèce de boiffon animale, légèrement
fermentée , provenant du mélange de divers
laits, que les Tartares préparent & dont ils font
un ufage avantageux.
Ils ajoutent au lait de jument récemment tiré,
un huitième dé lait de vache & un fixième d’eau.
Ces’ liqueurs, laiffëes vingt-quatre heures en repos
dans un endroit frais, &r épaiffies par ce féjour ,
font enfuite battues pour bien mêler le caillé, la
crème & le petit-lait qui fe font féparés. On les
• bat deux ou trois fois de fuite après un nouveau
repos de vingt-quatre heures, & on les conferve
pour l’ufage.
, On fera remarquer à l’article La it , que tous
les peuples ont différens procédés ou différentes
recettes pour faire cailler le lait, & que chacun
d’eux eft-tellement attaché à fa méthode, qu'il
1 en préfère le produit à tous les autres. ( Voye{ tar-
\ ticle Lait.)
KUPFERNÎCKEL. C ’eft le nom de la principale
mine de nickel y il y eft combiné avec le foufre
| l’a-rfenic, le cobalt & le fer. (Voye^ i article
I Nickel. )