
on a fait fondre enfembie parties égales de. plomb
Sç de cobalt, on trouve que ces deux fubftances
11e font qu’attachées 'l’une à l’autre. Le plomb ,
en vertu de fa péfanteur fpécifiquey occupe la
partie inférieure , & le cobalt la partie lupé-
rieure, de manière qu’on atout lieu de croire
qu’ils ne fe font aucunement combinés 5 mais
iî on fait fondre ce même cobalt , après qu’il a
été ainfi traité, avec du fer, qui femble être le
métal le plus propre à faire union avec lu i, on
trouve au fond du creufet un petit régule de
plomb , parce que le fer & le plomb ne fe dif-
folvent point.
On crokoit d’abord que l’argent & le cobalt
ne peuvent fe diffoudre l’un l’ autre. En effet,
iî l’on veut faire fondre enfembie deux parties
de cobalt avec une partie d’argent, on trouve
l’argent en bas & le cobalt au deflus, Amplement
adhérent l’ un à l’autre ; cependant l’argent
devient plus caffant ; il eft d’une couleur
plus gvife, St le cobalt eft d’une couleur plus
blanche qu’auparavant* Si l’ on met cet argent
fur la coupelle , on remarquera que la partie du
cobalt s’ attachera en forme de cercle fur levaif-
feau , & on trouvera que l’argent a perdu un
huitième, qui fe retrouve A l ’on fait l’efTai fur
\e cobalt pour favoir l’argent qu’ il contient. En
général, le cobalt rend les autres métaux caf-
fans , & quoiqu’ il s’ unifie facilement avec le bif-
muth , il ne peut lui ôter fon tiflu feuilleté.
On eft étonné qu’un chimifte aufti exaét qué
l ’étoit Gillert, ait annoncé une union facile entre
le cobalt & le bifmuth, tandis qu’il eft très-
reconnu que ces deux métaux fondus enfembie fe
féparent, & que le bifmuth occupe le deffous
comme on l ’a dit plus haut.
M. Baume a décrit dans fa Chimie expérimentale
& -raifonnée 3 les alliages du cobalt avec plusieurs
fubftances métalliques. Voici le précis de fes
©bfervations fur ces combinaifons.
Le nickel fe combine bien avec le cobalt y il
fert même d’intermède pour tenir uni le bifmuth
qui accompagne prefque toujours ce dernier.
On ignore les propriétés de l ’alliage de l’antimoine
avec le cobalt : il en eft de même de
l ’union de ce métal avec le zinc.
Le bifmuth s coupellé & fcorifié avec le cobalt,
auquel il ne s’allie point , & auquel il n’enlève
pas le foufre, en a favorifé l’oxidation.
Le mercure n’agit point fur le cobalt : une trituration
d’une heure dans un mortier de fer
chaud , n’a opéré aucune union'entre ces deux
fubftances métalliques.
Deux grammes d’étain fondus avec huit grammes
de cobalt fulfureux & autant de muriate de foude,
lui ont fourni un culot de huit grammes & demi,
bien combiné , ù petits grains ferrés, Sc d’une
légère couleur violette : les fcories avoient une
foible couleur de cramoifi-faJe.
Seize grammes de plomb fondus dans un creufet
avec huit grammes.de cobalt fulfuré, n’ont contracté
aucune u n io n le plomb étoit en culot lui
fond du creufet ; cependant, en l’examinant par
les acides, il contenoit un peu de : que
l'auteur a cru difperfé, &:non combiné : le cobalt
contenoit autant de: foufre qu’auparavanc.
Seize grammes de plomb & huit de- cobalt fulfuré
ont été traités à la coupelle : le plomb s’eft imbibé
, & le cobalt s’eft réduit en oxide noir, qui,
revivifié fuivant l’auteur, contenoit autant de
foufre qu’auparavant. Il eft difficile de croire que,.,
après avoir été chauffé dans un fourneau capable
de fondre en un verre net St tranfparent un
mélange de parties égales de craie & d’argile,
comme le dit l’auteur, le cobalt n’ait pas perdu
au moins une partie de fon foufre. M. Baumé
conclut de ces expériences,que le cobalt ne s’unit
point au plomb, & ne lui cède point fon foufre.
Il a obtenu un réfultat oppofé avec le fer ;
ce métal, fondu avec le cobalt, forme, dit-il, un
alliage compacte, à petits grains ferrés, femblable
à ceux de l’acier, très - dur , difficile à caflèr.
Le mélange de fer en limaille , de cobalt pulvé-
rifé & de fel marin s’eft fondu facilement. Les
fcories bien fondues' avoient une faufîe couleur
de rofe.
M. Baume n’a point examiné l ’union du cobalt
avec le cuivre > jl s’eft contenté de dire qu’on
ne connoiffoit point les propriétés de ces deux
fubftances métalliques l’une avec l’autre.
L’ argent & le cobalt fondus enfembie fe féparent
: l’argent eft au deiîous 5 il devient aigre:
on lui rend fa duétilité en le faifant fondre avec
du nitre. Il n’eft pas vrai , comme quelques
chimiftes l’ont dit , que l'argent devienne bleu
avec le cobalt.
Il n’a point examiné l ’aCtion réciproque de
l’or & Su cobalt ySc z. feulement annoncé leur
union comme inconnue.
Quant au platine, dernier métal qu’il examine
dans fa Chimie, il dit n’avoir point eflTayé de
combiner ces deux métaux par la fufion j il rapporte
l’expérience de Margraff, dans laquelle
il a précipité la diflolution de platine en poudre
jaunâtre par un morceau de cobalt qui s’eft
diftous , & a donné une couleur verdâtre à la
liqueur.
Bergman a préfenté dans fa Diflfertation fur les
attractions électives, une fuite de propriétés du
cobalt t qui font très-propres à le caraCtérifer.. Le
cobalt, dit-il dans fon paragraphe 66^ diffère du
nickel , en ce que fes di{foliations dans les acides
& l’ammoniaque font rouges ; en ce qu’il eft
précipité par les alcalis, en gris-rouffâtre ; en ce
que l’oxide donne une couleur bleue aux verres ;
en ce que, par la voie feche, il enleve les fulfures
alcalins au nickel 5 en ce qu’il ne peut s’unir à
l’argent, au bifmuth .& au plomb par la fufion;
en ce, que la couleur rouge de fon oxide, diflous
dans les acides, l’emportefur la verte que l’oxid©
rC»
’de nickel leur communique ,lors même que celui-
ci eft en plus grande quantité. „ ,
Suivant le même chimifte, le cobalt eit tres-
fortement attiré par l’acide oxalique, qui le
précipite des autres diffolutions acides en une
poudre d’un rofe - clair , peu dilfoîuble dans
l l ’eau. L’acide muriatique l’arrache auffi au ful-
: furique. Èn effet, fachant que le fulfate de co-
ifya.lt çft indiffoluble dans l’alcool , tandis que le
muriate du même métal y eft très-diffoluble, on
reconnoît que l’acide muriatique a enlevé 1 oxide
dé* cobalt au fulfurique , en obfervant que 1 alcool
ne précipite »point le fulfate de cobalt dif-
Tous dans l acide muriatique ; ce qui auroit lieu
s’il ne fe formoit pas du muriate de cobalt. ^ De
plus, ce mélange devient vert par la deflîccation 5
•ce qui eft une des propriétés cara&ériftiques de
ce muriate.
Bergman termine le paragraphe en difant que
l’acide arfénique n’enlève pas l'oxide , de cobalt
I ru vinaigre , ou qu’il ne précipite pas l’acétite
de cobalt y que quant aux autres attrapions de ce
•métal, elles exigent un examen ultériéiir. ^
! ' Quoique l'hiftoire du cobalt foit bien éloignée
d’être complète , on voit cependant par les
détails où nous venons d’entrer, qu’elle eft beaucoup
plus exaPe qu’elle ne l’étoit il y a vingt
ans , & que les propriétés qu’on y a reconnues
• fuffifent pour prouver que c’eft un métal particulier
, réellement différent de tous les autres.
; Le cobalt n’eft d’aucun ufage dans fon état
: métallique 5 mais on emploie fon oxide pour
colorer en bleu les verres , les émaux , les
faïences & les porcelaines. On en fabrique auffi
dés encres de fympathiê : il. pourroit entrer dans
. des alliages pour les durcir ou changer leur grain,
leur tiffu , leur duPilité , leur couleur, & en général
toutes leurs propriétés.
COCHENILLE. La cochenille tient le premier
rang parmi les matières colorantes animales. C'eft
la plus foîide, la plus brillante St la plus employée
dans la teinture : elle eft l’objet d’un commerce
,très-étendu ; elle a été le fujet de beaucoup de
'travaux. C ’eft avec cette matière qu’on prépare.
,l ’écarlate.
Sous ce rapport elle doit être connue avec foin
dans cet ouvrage. Nous emprunterons ce qui en
a été dit par M.' Berthollet dans fon Art de la
'teinture (1).
La cochenille a d’abord été prife pour- une
graine, mais les naturaliftes l’ont bientôt reconnue
pour un infePe. On nous l’apporte du Mexique
: cet infePe y vit fur différentes efpèces
d’opuntia. La femelle a le corps-applati du côté
du ventre, & hémifphérique fur le dos, qui eft
rayé par des rides tranfverfales : fa peau eft d’un
(0 - Elément de la teinture , tom. II, pag. 16z
fécondé édition.
brun fombre j fa bouche eft un point tabulé qui
fort du côté du thorax.: elle a fix pieds bruns,
très-courts, & point d'ailes. Le mâle a le corps
très-alongé, d’une couleur rouge - foncé, couvert
de deux ailes horizontalement a baillées. &
un peu croifées fur le dos > il a deux petites
antennes à la tête ,-& fix pieds plus grands que
ceux de la femelle. Son vol n’eft pas continu ,
mais il voltige en fautant très-rarement. Sa vie ,
qui n’eft que d’un mois , fe termine par fes
amours ; & la femelle , fécondée , vit un mois
dé plus, St meurt après le parc : elle eft quelquefois
ovipare & quelquefois vivipare. Après
leur naififance , les femelles fe difperfent fur les
articles de l’opuntia, & elles s’ y fixent par leur
trompe jufqu’à la fin de leur vie.
On récolte au Mexique deux fortes de cochenilles;
la cochenille filveftre, qu’on appelle, d’un
nom efpagnol , grana filveft'ra , & la cochenille
fine , ou grana fin a , qu’on nomme auffi mefieque,
du nom d’une province du Mexique, & qu’on
élève fur le nopal. La première eft plus petite, &
recouverte d’un duvet cotonneux qui la furcharge
d’un poids, inutile pour la teinture. Elle donne
donc , à poids égal, moins de couleur , & elle
eft d’un prix inférieur à celui de la cochenille
fine y mais ces défavantages font peut-être com-
penfés par fon éducation plus' facile & moins
difpendieufé, & par les effets mêmes de fon duvet,
qui la met en état de réfifter beaucoup mieux
aux pluies,& aux orages.
La cochenille filveftre y qu’on élève fur le nopal,
perd en partie la ténacité & la quantité de fort
coton, St elle acquiert une grandeur double de
celle qu’elle a fur les autres opuntias. On peut
donc efpérer qu’elle fe perfeélionntroit par une
éducation fuivie, qu’elle fe rapprocheroit de
plus en plus de la cochenille fine.
Thiéri de Menonville s’expofa aux plus grands
dangers pour aller obferver l’éducation de- la
cochenille au Mexique, pour en arracher cette
production précieufe , & pour en enrichir. la
coLonie de Saint Domingue. 11 rapporta avec lui
de la cochenille fine , de la cochtnille filveftre' &
des nopals, qui font l’efpèce d’opuntia la plus
propre à nourrir ces infectes.
Il s’occupa, à fon retour, du-plant du nopal &
de différentes efpèces d'opunria, & de l’éducation
des deux cochenilles ; mais la mort le furprit,
St la cochenille fine périt bientôt. Il avoit, à fon
retour , reconnu la. cochenille filveftre fur une
efpèce d’opuntia , nommé perefehia ou patte, de
tortue y qui’ fe trouve à Saint-Domingue. Cette
découverte: ne-demeura pas infruétueufe : Br.uley
s’occupa avec fuccès de l’éducation de cette cochenille
y. le cercle, des Philadelphes s’en occupa
de fon cô té , & publia un ouvrage pofthume*de
"Thiéri dé-Menonville , dans lequel on trouve une
inftrùétion très-détailléé fur ce qu! a rapport à1 la
culture dii nopal & des autres opuntias qui peuvent