jours pour en réparer l'huile, en forte qu’ il étoit
clair 8ctranfparent. J’en donnai une cuillerée à café
à un pigeon d’une groffeur médiocre. Au bout de
quatre minutes il eut des convulfions , 8c ne put
fe tenir fur fes pieds , même une heure après 3 mais
il n’en mourut pas.
: « J’en donnai trois cuillerées comme ci-deffus à
un petit cochon d’Inde, 8c il n’éprouva rien-,
» J’ en donnai deux cuillerées à un pigeon : au
bout d’une minute, il ne fe tenoit plus debout. Une
minute après, il eut de fortes convulfions, 8c il
mourut en trois minutes.
« je répétai toutes ces expériences furlesmêmes
animaux le .jour fuiyant, & -elles,eiirent le même
réfui tat.
« Le feu! pigeon qui avala deux cuillerées d’ef-
prit, mourut. Je voulus employer le même efprit
avant que l'huile fut précipitée : dans, cet état, il
étoit moins clair , plus odorant 8c plus piquant. Le
peu d’adttvité de l’efprit employé ci-deffus provient
, comme on va le voir, dé ce que j’en a vois
laiffé précipiter l'huile pendant pluiieurs jours 5
& en effet, celui que j’avois employé à Londres
étoit trouble, & il étoit beaucoup n^s meurtrier.
' « Je donnai donc à divers animaux, comme
lapins & cochons d’Inde , de••groffeur:moyenne ,
trois-euillerées à café de l'efprit trouble dont je
parle, 8c la plupart en moururent dans les convul-
lions & en peu dé tems. Cet efprit eft donc Beau-'.
coup plus adtif 8c plus meurtrier que Vautre. ; <
Éfprit de la fécondé drflillationi donné intérieurement,
» Je donnai à un petit cochon d’ Inde une cuillerée
à café de cet efprit redtifié deux fois. Il mourut
prefqu’à l’inftant.
« Je fis avaler à un gros lapin la cuillerée ordinaire
de cet efprit 3 il tomba fur le ■ champ,, &
mou fu t peu de tems après.
«J’en donnai à un cochon d’Inde de groffeur
moyenne.* environ quatre gouttes. Dans l’acte de la
déglutition , il lui fortit par la gueule une matière
liquide jaune & verte. Cela arrive fouvent quand
on donne l’efprit à boire à ces animaux , & n’ar-,
rive jamais lorfqu’on leur fait avaler J’huile. Il n’eut
d’ailleurs aucun autre ligne de maladie..
- « Je donnai fix gouttes de cet efprit à un grOs-
lapin avec quarante gouttes d’eau: L’animal fe :
coucha pluiieurs fois fur fon ventre, parut fo-rt,
inquiet, mais il n’ en mourut cependant pas.'
» J’en donnai trois gouttes'à un pigeon , qui
tomba mort en moins d'une minute.
« J’en donnai quatre gouttes à une grenouille
ah bout de deux minütes.elle paroi doit morts, &
deux minutes après /quoiqu'on la ftimulâc, fes
parties.n’avoient plus aucun mou-ve/itent.
Pkiegme de l'efprit de la féconde dijlillation.
_« Ce phlegme étoit à peine fpiritueux & mor-
dicant, mais il étoit très-tranfparent.
«J’en donnai à beaucoup a animaux , comme
pigeons, lapins & cochons d’Inde. Les pigeons
auxquels j ’en donnai une cuillerée à café, moururent
tous 3 mais aucun de ceux auxquels je n’en
donnai que quelques gouttes n’eut de mal fenfible,
ou ils moururent très-tard, ou ils n’eurent que des
convul fions.
» Quelques lapins 8c cochons d’Jnde très-petits
moururent, & d’autres eurent des convulfions
ou ne furent point malades. D’autres plus gros
ne moururent ni n’eurent de mal fenfible. ïi en
mourut cependant quelques-uns, à qui j’en avois
donné trois à quatre cuillerées.
/ « Ce phlegme eft donc moins meurtrier que
l’efprit.
Phlegme de ,l'efprit de la fécondé dif iliation , obtenu
par T évaporation des deux tiers du foleil.
«J’ai laiffé évaporer au foleil environ trois onces
d’efprit de la fécondé diftillation. Le réfidu étoit
liquide , tranfparent, mais à peine odorant 3 &
lorfqu’on en mettoit fur la langue, il excitoit encore
quelque.fenfation de mordicarion , quoique
beaucoup moins qu’auparavant. II étoit réduit à
une ,feulé once. J’en donnai une demi-cuillerée
à café à; un pigeè®3 il tomba auffitôt dans de
grandes-.conyullio.ns/8c mourut à l ’inftant. J’eus
le même réfùltjat fur cinq autres pigeons qui moururent
fur le*charrip. Ces expériences feroient pen-
fer que le poifon ne rconfifte pas dans la partie odorante
ni peut-’être dans la partie brûlante du lau-
rier-cerife, puifque l’odeur &c la faveur étoient fi
peu dechofe, & cependant les animaux font morts
fi promptement.
» Je donnai à deux pigeons une cuillerée à café
du: phlegme dont il s’agit 3 ils moururent fubite-
ment.
« J’en donnai trois, gouttes à un pigeon ; il parut
ne fouffrir aucun mal : d’où l’on peut dire que
cet autre phlegme eft moins meurtrier que l’efprit.
, Efprit de la fécondé dijlillation j mis dans la gueule.
Je voulois fa voir fi cet èfprit fi adfcf 8^ fi meurtrier
parviendroit à tuer , étant fimplement appliqué
dans l’intérieur de la gueule desanimaux.
« J'humedtai- de cet èfprit un petit linge, 8c je
l’ infirmai, dans le bec d’un pigeon fans qu’il en
pût arriver une goût té 'dans le.- ventricule, ou
même dans l’oefophnge : au bout de trente fécondés1
le pigeon tomba dans îles convulfions,, & mourût '
un moment après^ f
1 « r J’imbibai du mêmeefprit un autre linge, que
je tins ; longuement, dans ia gueule d’un cochond'Inde
d’Inde de groffeur médiocre. Il ne donna aucun
ligne de maladie.
» Je répétai ia même expérience fur deux autres
pigeons, qui moururent en moins de deux
minutes.
« Je la répétai fur deux cochons d’Inde, 8c ils
parurent n’avoir aucun mal.
« Cet efprit peut donc tuer les animaux foibles
fans toucher à l’oefophage & au ventricule.
Efprit de la fécondé difiliation > mis far les y eux.
» Mais il reftoit à favoir II, étant appliqué à
d’autres parties délicates du corps, cet efprit fe-
roit encore meurtrier. Je crus devoir faire mes expériences
fur les yeux, qui font fi fenfibles & à découvert.
Je fis tomber pluiieurs gouttes de cet efprit
fur les yeux d’un cochon d’Inde. Il fe plaignit
beaucoup , mais il n’eut ni convulfion, ni inflammation
, ni aucun autre ligne de maladie du
poifon.
« Je fis la même expérience fur les yeux de
deux autres cochons d’Inde , 8c le réfultat fut
le même. Je la répétai fur les yeux de deux lapins 3
mais, quelqu’évident qu’il fût que l’efprit leur
étoit incommode, ils ne moururent ni n’eurent
des convulfions, & leurs yeux ne s’enflammèrent
pas fenfiblement.
« Ces expériences ne prouvent pas encore que
l’efprit de laurier-cerife foit entièrement innocent
lorsqu'il eft appliqué fur les yeux, parce que ces
animaux font difficiles à mourir, 8c réfiftent beaucoup
à l’aétion de l’efprit lorfqu’on le leur applique
fimplement dans ia gueule.
« Il eft vrai que je couvris de ce même efprit
les yeux à deux cochons d’Inde très-petits , &
qui ne pefoient que trois onces. Je remis de l’ef-
prît plus de vingt fois dans leurs deux yeux, mais
en vain ; ils n’eurent aucun ligne de maladie du
poifon 3 il ne parut point d’inflammation à leurs
yeux, quoiqu’ils témoignaient de la douleur quand
je leur appliquai l ’efprit.
« Mais je crus qu’il feroit bien de faire auffi
quelques expériences fur les pigeons. Je baignai
donc les yeux à un pigeon pluiieurs fois de fuite
avec un linge imbibé de l’efprit dont je viens de
parler. Peu de tems après il vomit plufieurs fois,
& tomba fur fa poitrine. L’iris au voifinage de la
cornée tranfparente étoit un peu enflammée, la
pupille étoit mobile & de grandeur naturelle.
» Je fis tomber quelques gouttes de cet efprit
fur tes yeux d’un autre pigeon, & je les y tins appliqués
pendant deux minutes 8c plus, il tomba
dans les convulfions, 8c mourut peu d’inftans après
fans inflammation aux yeux.
«Je mis à un troifième pigeon, fur un oeil feulement,
pluiieurs gouttes, d’efprit pendant trois
minutes : i’iris étoit toute enflammée, les paupières
l’étpient auffi en quelques parties : il tomba
peu dé tems après .dans les convulfions, 8c auffitôt j
Chimie. T'orne IV.
■ il parut tout-à - fait mort. Au bout d’un quart
d’heure il revint peu à peu, 8c parut enfin bien
remis 3 mais il retomba de nouveau dans les convulfions
8c parut mort pour la fécondé fois, 8c
peu de tems après il revint encore. L’iris de l’oeil
dans lequel j'avois mis l’efprit étoit toute rouge
comme fi elle eût été injectée. La pupille étoit
immobile 8c très-élargie 3 l’iris de l’autre oeil étoit
rouge auffi , mais fort peu , 8c la pupille étoit
mobile 8c de grandeur naturelle. Après la fécondé
rechute 8c le fécond rétabliffement de l’animal,
la pupille 8c l ’iris étoient comme la première fois ;
mais après la troifième , après laquelle il fe remit
tout-à-fait , la pupille redevint mobile comme
l’autre, l’iris fe trouva beaucoup moins rouge,
8c les deux pupilles reprirent leur grandeur naturelle.
! « Je fis tomber dans l’oeil à un autre pigeon
plufieurs gouttes d’efprit, 8c je les y tins pendant
quelques minutes ; il tomba dans les convulfions
& ne fe foutint plus fur les pieds. L’iris étoit légèrement
enflammée, 8c celle de l’autre oeil l’é-
toit un peu auffi, mais infiniment moins. Le pigeon
fe remit peu à peu , 8c alors je trouvai l’iris
immobile , élargie 8c enflammée, 8c l’autre étoit
mobile à la lumière, un peu enflammée 8c de grandeur
naturelle. Ce pigeon tomba par trois fois
comme mort, 8c revint toujours ; les pupilles 8c
les iris de fes yeux étoient toujours afledtées ,
comme je viens de le dire 3 mais finalement, au
bout de quelques heures , tout revint dans fon
état naturel.
Efprit de la féconde difiliation > mis fur les blejfures.
% « Il étoit naturel de croire qu’étant appliqué
immédiatement fur les parties bleffées, cet efprit
devoit tuer encore plus facilement. Je fis une
grande bleffure aux jambes à un pigeon , 8c j’y
infinuai une grande quantité de cette liqueur : le
pigeon ne donna aucun ligne de maladie.
«Je répétai cette expérience fur deux autres
pigeons; elle eut le même réfultat.
« A deux autres, je mis fur les bieffures un
linge imbibé d’efprit, 8c je l’y laiffai plufieurs minutes
3 ils n’eurent aucune maladie.
» Je voulus voir s’il feroit auffi peu adtif fur
les mufcles de la poitrine : les ayant découverts 8c
bleffés en plufieurs endroits, j’y appliquai l’efprit
immédiatement, & je les fomentai avec des linges
qui en étoient imbibés ; le pigeon ne mourut
point, 8c n’eut point de convulfions ni d’autre
maladie.
« Je voulus répéter cette expérience fur trois
autres pigeons j ils ne moururent ni ne parurent
fouffrir.
«J’étois furie point de conclure qui- l’efprit de
laurier-cerife, de quelque manière qu on l’applique
aux bieffures, n’eft point un poifon 8c ne tue pas,
quoiqu’ il produife cet effet lorfqu’on le met lur
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