
de réfine & retient en diffolution une matière plutôt
extra&ive que gommeufe ou muqueufe : leur
diffolution dans l'eau eft fouvent acide. L'acide
fulfurique concentré les décompose & les char-
bone. L'acide nitrique les convertit en partie en
acide oxalique. Les acides foi blés les diffolventî
& l'acide acéteux pâlie en particulier depuis long-
tems pour leur diffolvant fpécifiquë.
12°. Les alcalis n'ont pas la même ina&ion fur
les gommes-réfines entières , que fur la véritable réfine
; & quand les pharmaciens les ont employés
;& les emploient encore pour difloudre, comme
on le dit, la réfine en faifant bouillir des bois, des
écorces dans l'eau, ce n’eft point le principe ré-
iîneux que les alcalis enlèvent ainfi plus abondamment,
mais la portion d’extraéUf, oxigénée &
-devenue indiffoluble ainfi que je l'ai fait voir ailleurs
, c'eft-à-dire, une véritable matière gommo-
réfineufc, car cet extra&if, uni à l'alcali / entraîne
alors un peu de réfine. Il faut dire la même ehofe
d e l’ufâge de la magnéfie employée dans le même
but.
13 °. Parmi les matériaux immédiats des végétaux
qui ont quelqu'adion fur la gomme-réfine, il
faut compter le muqueux, le fucre & l ’extra dit
non oxigéné, qui la rendent, ou diffoluble dans
l'eau, ou mifcible à ce liquide, comme le prou-
vent toutes les opérations pharmaceutiques qu'on
fait pour radrainifiration médicale de cette fubf
tance.
- î4°. Les fucs ^ommo-réfineux-Çout extrêmement
nombreux dans les plantes, & l’on pqurroit en
diftinguer une* quantité immenfe d'efpèces ; mais
il ne doit être queftion ici que de celles qui font
le plus généralement connues & employées, foit
dans la médecine, qui en fait un a fiez grand ufage,
-foit dans les arts quels qu'ils foient.
A. L'oliban ou Y encens eft en larm = s jaunes tranf-
parentes, d'une odeur forte & défigréable quand
on le biule. 11 coule furies bords de la mer Rouge,
d'un genevrier, junip. lycia ou thurifera. Il donne
au feu de l'huile volatile , une liqueur acide,
& il laifle un charbon dû à la partie extradive
qu'il contient. En médecine, il fert à faire des fumigations
réfolutives. Malgré le nom qu'il porte;,
ce n’eft pas le corps gommo-réfineux qu’on brûle
comme encens, car il feroit âcre & fétide : on
verra qu'on emploie les baumes à cet ufage.
B. Le galb.amm eft un fuc gras, d'un jaune-brun,
d'une odeur nauféabonde, il coule en Syrie , en
Arabie , au Cap' de. Bonne-Efpérance , des inci-
fions faites à une plante férulacée-, nommée bubon
galbanum par Linné. Son odeur eft manifeftement
alliacée. Diftiilé à Eu nu , il donne une huile
-volatile bleue, qui devient rouge étant gardée} une
liqueur acide, une huile empyreumatique pefante.
-G'eft un très-bon fondant & un puiffant antifpaf-
-modique. Il entre dans beaucoup d'emplâtres &
d’onguers.
C. La fcammonée eft d'un gris-noirâtre, d’une
odeur forte &r nauféabonde quand on la broie ou
quand on la chauffe, d’une faveur amère & très-
âcre. On diftingue celle d’Alep , qui eft la plus
. pure, en fragmens-comme vermoulus3 recouverts
d’une pouflière grife homogène 5 celle de Smyrne
eft pelante, noire & mêlée de corps étrangers.
On l’extrait du convolvulus Jcammonia de Linné.
| La racine de cette plante, coupée & exprimée
; fur la place ou dans la terre, fournit un fuc blanc
qu'on recueille dans une cavité pratiquée fur la
; partie inférieure de cette racine, & qui devient
noir à mefure qu'il fe fèche. La fcammonée contient
une quantité variée d'extraits & de réfines ,
fuivantlesdifférenséchantillons, cequi faitqu’elle
produit des effets, très-différens chez divers malades.
On l’emploie comme purgative , à la dofe
de deux ou trois décigrammes, jufqu'à fixou huit.
Mêlée avec un extrait doux, comme celui de la
réglilfe, elle forme la diagrède ordinaire : on fe
fert anili, à cet effet, du fuc de coing, & on
nomme ce mélange diagrède cydonié. On l’admi-
niftre ordinairement triturée avec le fucre & les
amandes douces dans l'état d'émulfion. Il nous
manque encore une analyfe bien faite de cette
' gomme-réfine très-employée en médecine, ainfi que
; la plupart des fucs gommo-réfineux.
P, La gomme gutte. ( V^oyer ce mot.')
E. L'euphorbe eft en larmes jaunes, vermoulues
ou cariées, en petits cylindres tortillés, pleins de
. trous, d'une faveur cauftique §& fans odeur ; elle
coule des incifions de Y euphorbium , qui croît dans
; l'Eth opie , la Libye & la Mauritanie 5 elle fe raf-
femble autour des épines de cette plante, fur lef-
! quelles elle s epaiffit & fe moule5 elle contient
i une réfine très-âcre3 elle eft fi fortement purga-
I tive, qu’on la range parmi lès poilons. On ne l'em-
I ploie guère qu’à ^extérieur dans les caries, dont
! elle borne les progrès, ou comme cathérétique
fur les ulcères, dont elle ronge la furface.
F. L'afid foetida eft quelquefois en larmes jaunâtres,
& le plus fouvent en pains formés dedif-
; férens morceaux agglutinés, d'une couleur rouillée
& un peu nuancée de différens jaunes. Son odeur
d'ail extrêmement fétide, & fa faveur amère, nauféabonde
, désagréable, le font reconnoïtre, & le
diftinguent parmi toutes les autres gommes-réfines.
On le tire de la racine'd’une efpèce de ferula qui
croît en Perfe , dans la province de Ch o rafan&
que Linné a fur nommée ajfa foetida. La racine de
cette plante eft charnue & fucculente ; elle fournit
par l'expreflîon un fuc blanc d'une odeur affreufe,
que les Indiens mangent comme affaifonnement ,■
&r qu'ils appellent mets des dieux, par un contrafté
bien fingù-lier avec: le nom de fie'rcus diaboli qu’on
lui donne en Europe. Délayée dans l’eau , Yajfa
foetida, oppofée par Cé nom à celui à'ajfa duicis.
donné autrefois au benjoin, forme une efpèce de
lait ou de liqueur trouble, d'un blanc-roux, dont
l'odeur très-expanfible infeéte un grand efpace. ‘
On s'en fert à l'intérieur comme d'un puiflarit
antifpafmodique,
antifpafmôdique, & on l’applique comme difcuflif
à l'extérieur.
G. Vopopanax eft un fuc gommo-réfineux en
larmes irrégulières, d'un jaune-foncé ou rouillé,
d’une odeur forte, alliacée & fétide, d'une faveur
âcre, amère, très-défagr-éable. Il eft tiré du
pafiinaca opopanax de Linné, en Perfe , «en Turquie
, & même dans quelques contrées chaudes
de la France & de l'Italie.
On croit ce fiic compofé d’à peu près parties
égales d’extraétif & de réfine.
Il fert en médecine, comme fondant & réfo-
Jutif 3 il entre dans plufieurs compofitions empiaf-
tiques.
H. Le bdcllium eft un fuc brunâtre qu’on croit
être très-analogue au galbanum. On ne connoît
point fon origine. Les botaniftes très-éclairés le
regardent comme fort différent de celui des Anciens
, qui étoit très-eftimé.
On le croit compofé d’à peu près parties égales
d’extradlif & de réfine. Il a moins de faveur &
d'odeur que le galbanum, & lui eft manifeftement
inférieur en vertus. Il n'eft prefquè plus employé
en médecine , quoiqu'il entre encore dans quelques
compofitions pharmaceutiques.
. I. Le fagapenum eft un fuc gommo-réfineux en
larmes blanches, jaunâtres ou couleur de rouille,
d'une odeur porracée , défagréable, infupporta-
ble quand on le jette fur des charbons allumés.
Sa faveur eft âcre, amère & rebutante. Il vient
d'Égypte, de la Perfe, de l'Inde. On ignore l'arbre
qui le fournit.
En général, ce fuc reffemble, par fes propriétés
, à la gomme ammoniaque, au galbanum, à
l ’opopanax , &c. Toutes les matières alliacées
gommo-réfineufes paroiflent provenir des fucs
propres d’ombellifères. On ne fait plus d'ufage
du fagapenum en particulier.
K. La farcocolle, fuc gommo-réfineux, ainfi
nommé parce qu'on lui a attribué la propriété de
favori fer les cicatrices, & de faire comme recoller
les chairs, eft reconnoifiable par fa forme de
petits grains femblables à ceux du millet, blancs,
jaunes ou rouges. Elle n'a point d'odeur : fa faveur
eft amère & nauféabonde; elle eft apportée de la
Perfe & de l'Arabie. Le végétal qui la fournit eft
inconnu. Elle eft plus extradive que réfineufe.
On ne croit plus aujourd'hui à la vertu cicatrifante
de la farcocolle, & eile n'eft plus que très-peu en
■ ufage pour quelques compofitions.
L. La myrrhe tft un fuc concret, en larmes rougeâtres
, brillantes , fouvent couvertes d'une
ouflière rouillée, d'une odeur forte afifez agréale
, d’une faveur amère un peu aftringente , &
qui préfentent dans leur fra&ure des lignes blan-
-ches de la forme d’un ongle, Quelqu- s unes de
■ ces larmes font entièrement gommeuiës, fades &
diffolubîes dans l’eau. Elle offre l’apparence d’un
■ mélange. La myrrhe vient d’Egypte, furtout
d'Arabie, de l'ancien pays des Troglodites* On
Chimie. Tome IV.
ne connoît pas la plante qui la fournit : elle contient
beaucoup plus d’extrait & de mucilage, que
de réfine. Quand on la broie & qu’on la tient
quelque tems dans la bouche, elle fe ramollit, fe
délaie, blanchit & devient duétile comme de la
cire. On l’emploie en médecine,.comme un très-
bon ftomachique, comme un antifpafmodique &
un fortifiant. Cartheufer recommande aux gens
de lettresqui ont l'eftomac délicat, d’en mâcher
& de l'avaler délayée dans la falive. On s’en fert
en chirurgie pour déterger les ulcères fanieux, &
pour arrêter les progrès de la carie. On l’emploie
en poudre ou diffoute dans l'alcool.
M. La gomme ammoniaqié eft quelquefois en
larmes ifolées , blanches à l'intérieur, & jaunes
extérieurement, & fouvent en mafles afifez femblables
à celles du-benjoin, forfnées de larmes
blanches, liées par un fuc plus gluant & plus coloré.
Leur couleur blanche & leur odeur fétide
les font aifément diftinguer du benjoin, dont elles
fe rapprochent afifez. On foupçonne que cette
gomme-réfine , qui nous eft apportée d’Afrique ,
eft tirée d'une plante ombellifèr-e, à caufe des fe*
mences qui y font mêlées; mais on ne connoît pas
la plante qui la donne, ni le lieu où elle croît, ni
la manière dont on la prépare.
Les phénomènes de la diftblution de cette fubf-
tance par l’eau & par l’alcool, & furtout fon inflammabilité,
la rapprochent des réfino-extraêlifs
de Rouelle.
On fe fert en médecine, de la gomme ammoniaque
comme d’un très-bon fondant dans les obf-
truêtions rebelles. On la donne à la dofe de quelques
grains en pillules ou en émulfion. Elle entre
aufli dans la compofition de quelques emplâtres
fondans & réfolutifs, ainfi que plufieurs aes autres
gommes-réfines précédentes.
iy. Ce que je viens d’expofer des principales
efpèces de gommes-réfines prouve que leur ufage
eft furtout applicable à la médecine, & qu'il eft
prefque nul pour les arts, fi-l'on en excepte un
léger emploi de quelques-unes pour la peinture.
16. Il eft bien remarquable que gommes-refines
font, ou purgatives , draftiaues, & même
prefque cauftiques ou antifpafmodiqucs j en forte
qu'on peut les divifer en deux genres par rapport
à leurs propriétés médicinales.
GOUDRON. Le goudron. eW une efpèce d'huile
empyreumatique, provenant de la diftillation des
bois réfineux ou de la houille.
Pour faire le goudron de bois, on place des
troncs & furtout des Touches ou racines de pin &
de fapin fur le plan incliné d’un four, on les couvre
de terre ou de gazon, & on y met le feu
comme pour faire le charbon. L'huile que la cha-
| leur en dégage, coule fur le plan incliné, & fe raf-
! femble par une gouttière dans des tonneaux pla-
; cés à l'extrémité de ce plan. Les fours on: quelquefois
la forme d'un cône renverfé, 6c c’eit aloris-
N a n